Matthieu 22 - Chute, aliénation et restauration
Matthieu 22 - Chute, aliénation et restauration
« Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C’est là le commandement le plus important. Et il y en a un second qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tout ce qu’enseignent la loi et les prophètes est contenu dans ces deux commandements. »
Matthieu 22.34-40
Dans ses premières pages, dès le troisième chapitre du livre de la Genèse, la Bible parle de la chute de l’homme, c’est-à-dire de l’éloignement radical intervenu entre l’homme et son Créateur, en raison d’un manque de foi et d’une désobéissance aux conséquences désastreuses. Comment caractériser les effets de la chute sur les humains? On peut dire qu’il s’agit d’une perte du sens de l’identité humaine.
La Genèse nous dit que ce qui constitue l’essence même de tout être humain, c’est qu’il a été créé à l’image même de Dieu, selon sa ressemblance. Chaque personne réunit à la fois une unité et une diversité : unité et diversité de l’âme et du corps, unité et diversité des différentes fonctions et relations de l’être.
Toutefois, après la chute — cet événement catastrophique de portée cosmique —, la condition de l’homme l’a conduit à douter de son identité et de son unité. Nous cherchons à nous connaître en nous regardant dans un miroir brisé, qui nous renvoie une image déphasée, déformée, de nous-mêmes. Ceci parce que l’homme a rejeté le parfait miroir où il peut se connaître, celui tendu par son Créateur, et qui passe par une relation vivante avec celui-ci.
Une relation brisée avec Dieu le Créateur signifie une relation brisée avec nous-mêmes et avec les autres, une triple aliénation en quelque sorte. Vous connaissez sans doute l’adage du philosophe grec Socrate : « Connais-toi toi-même. » Certes, voilà un bel idéal vers lequel tendre. Mais comment l’atteindre? Jean Calvin, le réformateur du 16e siècle, commence son grand ouvrage, l’Institution de la religion chrétienne, par cette phrase programmatique :
« Toute la somme presque de notre sagesse, laquelle, à tout compter, mérite d’être réputée vraie et entière sagesse, est située en deux parties : c’est qu’en connaissant Dieu, chacun de nous aussi se connaisse. »
Mais ne nous leurrons pas. Connaître Dieu, se connaître soi-même et connaître les autres, c’est avant tout aimer Dieu, s’aimer soi-même et aimer les autres. Cela va de pair. Et c’est du reste ce que nous enseigne la Parole divine, le parfait miroir dans lequel nous pouvons nous contempler pour de bon, sans risquer de trouver une image déformée de Dieu ou de nous même.
Un jour, un enseignant de la loi a demandé à Jésus-Christ : « Maître, quel est, dans la loi, le commandement le plus grand? » Et Jésus, reprenant les paroles de l’Ancien Testament, lui a répondu :
« Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C’est là le commandement le plus important. Et il y en a un second qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tout ce qu’enseignent la loi et les prophètes est contenu dans ces deux commandements » (Mt 22.34-40).
La loi, dans la Bible, n’est pas un élément d’oppression, de limitation, mais au contraire elle tend vers la liberté en nous enseignant les préceptes d’amour. Toute l’Écriture sainte tend à ce but, et elle se concentre sur la personne de Jésus-Christ, qui est venu incarner l’amour parfait du Père céleste pour ses créatures aliénées. Écoutons donc ce que dit Jacques à propos de l’Écriture, dans sa lettre que l’on trouve vers la fin du Nouveau Testament :
« Seulement, ne vous contentez pas de l’écouter, traduisez-là en actes, sans quoi vous vous tromperiez vous-mêmes. En effet, si quelqu’un se contente d’écouter la Parole sans y conformer ses actes, il ressemble à un homme qui, en s’observant dans un miroir, découvre son vrai visage : après s’être ainsi observé, il s’en va et oublie ce qu’il est. Voici, au contraire, un homme qui scrute la loi parfaite qui donne la liberté, il lui demeure fidèlement attaché, et au lieu de l’oublier après l’avoir entendue, il y conforme ses actes : cet homme sera heureux dans tout ce qu’il fait » (Jc 1.22-25).