D’où vient la foi et comment grandit-elle?
D’où vient la foi et comment grandit-elle?
Puisque c’est seulement la foi qui nous rend participants de Christ et de tous ses bienfaits, d’où vient-elle?
Le Saint-Esprit la produit dans mon cœur1 par la prédication du Saint Évangile2 et la confirme par l’usage des saints sacrements3.
1. Jn 3.5; 1 Co 2.10-14; Ép 2.8-9; Ph 1.29.
2. Rm 10.17; 1 Pi 1.22-25.
3. Mt 28.19-20; Rm 4.11; 1 Co 10.16.Catéchisme de Heidelberg, Q&R 65
1. D’où vient la foi?⤒🔗
Comment devient-on croyant? La question est importante, car la seule façon d’être juste devant Dieu, c’est par la foi en Jésus-Christ. Les questions précédentes du Catéchisme ont déjà traité des sujets suivants :
- la nécessité d’avoir la foi : sans elle, nous sommes perdus (Q&R 20);
- la nature de la vraie foi : une connaissance certaine et une confiance du cœur (Q&R 21);
- le contenu de la vraie foi : résumé dans le Symbole des apôtres (Q&R 22 à 58);
- les bienfaits de la vraie foi : nous sommes justifiés devant Dieu par pure grâce (Q&R 59 à 64).
Nous verrons maintenant la source et le soutien de la vraie foi. Autrement dit, comment la foi naît-elle et comment la foi peut-elle grandir et être fortifiée? La réponse à cette question est bien simple : par le Saint-Esprit. D’où vient la foi? Nous répondons : « Le Saint-Esprit la produit dans mon cœur […] et la confirme… » (Q&R 65). Il la produit et la confirme. Le Saint-Esprit fait naître la foi et ensuite il la fortifie tout au long de notre vie.
À notre époque marquée par la haute technologie et par l’usage généralisé des ordinateurs, des vidéos et de l’Internet, une autre réponse aurait peut-être été espérée — une réponse plus moderne, plus technique ou plus scientifique. Beaucoup de progrès ont été réalisés depuis que la Bible a été écrite, et nous pourrions penser que la technologie pourrait peut-être contribuer à produire la foi… En fait, le Saint-Esprit agit de façon secrète, puissante et mystérieuse, à l’abri du regard scrutateur des microscopes et des appareils scientifiques. De même, à cause de nos cœurs pécheurs et orgueilleux, une réponse plus arminienne aurait peut-être été espérée, affirmant que la foi serait le produit d’une décision personnelle, d’un choix libre, qui me permettrait de venir à la foi par moi-même. Eh bien non, la réponse que nous confessons affirme que la foi est entièrement l’œuvre du Saint-Esprit. Il agit de façon libre et souveraine. « Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi de quiconque est né de l’Esprit » (Jn 3.8).
Cette vérité n’est pas nouvelle. Nous l’avons déjà vue à la question 21 :
« Qu’est-ce qu’une vraie foi? Ce n’est pas seulement une connaissance certaine par laquelle je tiens pour vrai tout ce que Dieu nous a révélé par sa Parole; c’est aussi une confiance du cœur que l’Esprit Saint produit en moi par l’Évangile… »
Nous sommes comme des aveugles assis dans l’obscurité. Nous avons besoin de lumière, mais nous avons également besoin que nos yeux soient guéris pour que nous puissions capter cette lumière. La lumière dans la pièce, c’est l’Évangile, et la guérison des yeux, c’est l’œuvre du Saint-Esprit dans nos cœurs.
« Ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, et ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment, à nous, Dieu nous l’a révélé par l’Esprit » (1 Co 2.9-10).
2. Mais comment le Saint-Esprit agit-il?←⤒🔗
Le Saint-Esprit utilise des moyens, des outils pour faire son œuvre. Deux outils principaux sont mentionnés : « la prédication du saint Évangile » et « l’usage des saints sacrements » (Q&R 65). La Parole et les sacrements sont deux outils privilégiés dans l’atelier du Saint-Esprit. Souvenons-nous du contexte dans lequel cette confession a été écrite. Au 16e siècle, les réformateurs sont revenus à l’enseignement des Écritures et ont dû s’opposer aux faux enseignements de Rome. Qu’enseignait l’Église romaine à ce sujet? Quelle réponse donnait-elle à la question « D’où vient la foi? » Rome disait que la foi est essentiellement produite par les sacrements.
Aujourd’hui, l’Église romaine n’a pas vraiment changé son enseignement. Le Catéchisme de l’Église catholique de 1992 dit au paragraphe 1210 : « Les sept sacrements […] donnent naissance et croissance, guérison et mission à la vie de foi des chrétiens. » Le sacrement du baptême serait nécessaire pour que nous soyons sauvés. Nous lisons au paragraphe 1277 : « Le baptême constitue la naissance à la vie nouvelle dans le Christ. Selon la volonté du Seigneur, il est nécessaire pour le salut… » Puis au paragraphe 1254 : « Le baptême est la source de la vie nouvelle dans le Christ de laquelle jaillit toute la vie chrétienne. » Le baptême infuserait donc une grâce qu’il faudrait comprendre comme une sorte de substance conférée par le sacrement, un peu comme un vaccin qui nous protège des maladies. Nous n’aurions pas vraiment besoin de connaître la Parole de Dieu. Nous pourrions rester ignorants, pourvu que nous recevions les sacrements. Pour les catholiques romains, les sacrements ont priorité sur la Parole. Le témoignage des Écritures est bien différent à cet égard.
3. Qu’est-ce qui vient en premier, la Parole ou les sacrements?←⤒🔗
C’est la Parole qui a priorité. C’est par la Parole que l’Esprit produit la foi.
« La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole du Christ » (Rm 10.17).
« Vous avez été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu. […] Cette parole est celle qui vous a été annoncée par l’Évangile » (1 Pi 1.23, 25).
La proclamation de l’Évangile par les apôtres nous en donne de nombreux exemples. « Notre Évangile n’est pas venu jusqu’à vous en paroles seulement, mais aussi avec puissance, avec l’Esprit Saint et une pleine certitude » (1 Th 1.5).
Si la Parole est le premier outil du Saint-Esprit, où se trouve alors son atelier? Où aller pour qu’il œuvre dans nos cœurs? Son atelier se trouve là où sa Parole est fidèlement lue et prêchée. Le Saint-Esprit a d’abord inspiré les Écritures. Il a guidé les auteurs de la Bible pour qu’ils écrivent sa Parole de manière infaillible. C’est ce qu’on appelle l’inspiration des Écritures. « Toute Écriture est inspirée de Dieu… » (2 Tm 3.16), c’est-à-dire soufflée de la bouche même de Dieu. Aujourd’hui, Dieu utilise des gens pour proclamer sa Parole et accomplir son œuvre dans nos cœurs. Le Saint-Esprit utilise la lecture personnelle de la Bible, l’enseignement des parents auprès de leurs enfants, les écoles chrétiennes, etc. Mais le moyen privilégié qu’il utilise est celui de la proclamation de sa Parole par des hommes appelés et ordonnés à ce ministère. Il n’envoie pas seulement une lettre par courriel ou par la poste. Il nous envoie des ambassadeurs officiels qui viennent nous annoncer le message de la Bonne Nouvelle.
Pensons par exemple à une compagnie qui vend des produits pharmaceutiques. Elle ne fait pas qu’envoyer des dépliants publicitaires aux pharmaciens. Elle envoie des représentants qui se rendent en personne à la pharmacie. Le Seigneur envoie non seulement un message, mais aussi des messagers porteurs du message.
« Comment croiront-ils en celui dont ils n’ont pas entendu parler? Et comment entendront-ils parler de lui, sans prédicateurs? Et comment y aura-t-il des prédicateurs s’ils ne sont pas envoyés? Selon qu’il est écrit : Qu’ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent de bonnes nouvelles » (Rm 10.14).
Cela signifie-t-il que les messagers d’aujourd’hui sont inspirés et infaillibles comme la Bible? Non, le Seigneur n’a pas promis de diriger les pasteurs, les missionnaires et les prédicateurs de manière à ce qu’ils parlent et prêchent sans erreur. C’est pour cela, entre autres, que Dieu a institué le ministère des anciens, afin de veiller à la bonne doctrine et à la bonne conduite des serviteurs de l’Évangile. Mais ce qui est tout à fait remarquable, c’est que le Saint-Esprit se plaît à utiliser des outils aussi faibles que des prédicateurs de sa Parole qui ne sont que de pauvres pécheurs pardonnés. Il le fait pour produire et faire grandir la foi dans nos cœurs. Comme le dit l’apôtre Paul, nous sommes des vases de terre dans lequel se trouve un précieux trésor (2 Co 4).
4. Quelles sont les implications pour nous?←⤒🔗
Le Saint-Esprit peut agir comme il veut, mais, normalement, il utilise les moyens et les outils habituels que sont la Parole et les sacrements. Certains ont tendance à séparer le Saint-Esprit de la Parole de Dieu par laquelle il agit. Le Saint-Esprit agirait et parlerait directement à nos cœurs sans l’usage de sa Parole écrite. Ne séparons jamais sa Parole et son Esprit. Nous avons des responsabilités dans l’atelier du Seigneur. Nous ne sommes pas des morceaux de bois. Nous devons nous servir des moyens par lesquels le Saint-Esprit agit dans nos cœurs. Si nous ne lisons pas la Parole et si nous ne nous mettons pas à l’écoute de la prédication, n’espérons pas que Dieu produise en nous la foi, et ne soyons pas surpris si notre foi ne grandit pas. Nous avons la responsabilité de nous servir des outils que le Saint-Esprit utilise et qu’il met à notre disposition. C’est un privilège de proclamer sa Parole et de nous mettre à l’écoute de sa Parole. Ce privilège n’est pas donné à tous! Ne l’oublions jamais.
Il peut nous arriver d’accorder plus d’importance au messager qu’au message. Une telle attitude est spirituellement très dangereuse. Il y a des gens, par exemple, qui s’attachent beaucoup à leur pasteur, à tel point que, lorsque le pasteur doit partir et que l’Église appelle un autre pasteur, ces gens quittent l’Église. Ils sont plus attachés au messager qu’au message. D’autres se plaignent facilement de leurs dirigeants spirituels pour des détails ou parce que le vase humain est faible et n’est pas à leur goût. Réjouissons-nous plutôt d’avoir le privilège de nous mettre à l’écoute de la prédication de sa Parole et mettons-nous à l’écoute de ce que l’Esprit dit aux Églises.
Le Saint-Esprit est plus sage que nous. Il a plu au Seigneur, dans sa très grande sagesse, de sauver des pécheurs perdus au moyen de la folie de la prédication, une prédication qui ne repose pas sur la sagesse humaine, mais sur la puissance de Dieu. L’apôtre Paul lui-même pouvait dire :
« J’étais auprès de vous dans un état de faiblesse, de crainte et de grand tremblement; ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d’Esprit et de puissance, afin que votre foi ne soit pas fondée sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1 Co 2.3-5).
Nous avons aussi la responsabilité de nous assurer que la Parole est proclamée fidèlement. Une Église qui ne prêche plus fidèlement l’Évangile, qui la falsifie et la corrompt, ne peut pas espérer faire l’expérience de la puissance restauratrice du Saint-Esprit. Le choix de l’Église que nous fréquentons est donc de la plus haute importance. Il ne suffit pas de prétendre être l’atelier du Saint-Esprit. Il faut l’être réellement et le demeurer en vérité. Prions afin que Dieu nous garde fidèles et qu’il nous donne le désir renouvelé de voir l’Esprit œuvrer en nous et dans la vie d’autres personnes à qui l’Évangile est prêché. Que l’Esprit Saint fasse naître et grandir la foi dans la vie de plusieurs!
5. Quelle est l’utilité des sacrements?←⤒🔗
Dans sa sagesse et dans sa grâce, le Saint-Esprit a bien voulu se servir d’un deuxième outil dans son atelier qu’est l’Église. Cet outil, ce sont les sacrements. Nous en parlerons plus en détail dans les articles suivants, mais qu’il suffise pour le moment d’en donner cette explication sommaire.
Quelle est la différence entre la proclamation de la Parole et l’usage des sacrements? Les sacrements ne sont pas primordiaux comme l’est la Parole, mais ils ont tout de même leur importance. Leur rôle est de « confirmer la foi ». Qu’est-ce que cela veut dire? Le baptême et la sainte cène sont des outils importants dans l’atelier du Saint-Esprit, mais en tant que tel ils n’ajoutent rien à la Parole. Leur approche est différente. La Parole passe par les oreilles, tandis que les sacrements passent par les yeux, la bouche et le toucher. Leur effet est également différent. La Parole produit la foi et la fortifie, tandis que les sacrements ne produisent pas la foi, ils la fortifient seulement. Sans la Parole et sans la foi, les sacrements ne nous servent de rien.
N’oublions pas toutefois que les sacrements sont tout de même des outils importants utilisés par le Saint-Esprit — des outils qu’il ne faut pas négliger ni prendre à la légère pour grandir dans la foi. Ils nous servent d’images et d’illustrations pour nous aider dans nos faiblesses. Ils nous aident à diriger notre foi vers l’œuvre de Jésus-Christ à la croix.
Soyons reconnaissants au Seigneur pour la foi qu’il nous donne et qu’il veut faire grandir en nous. Désirons grandir dans la foi par l’action puissante du Saint-Esprit. Ne négligeons pas les moyens qu’il utilise dans son atelier. Ces moyens sont les mêmes aujourd’hui que ceux que Dieu utilisait autrefois, ils n’ont pas progressé avec la haute technologie et n’ont pas besoin d’être améliorés ou modifiés pour être plus efficaces. Ils sont toujours aussi bons aujourd’hui qu’ils l’étaient autrefois, car le Seigneur les a choisis pour œuvrer puissamment dans nos vies et il se plaît à s’en servir pour notre bien et pour sa gloire.