17. L’alliance et l’Église
17. L’alliance et l’Église
- Enfants de Dieu
- Enfants d’Abraham
- Des branches greffées
- Exemples et avertissements
- Être séparés
- Agar et Sarah
- Le mur de séparation abattu
- Soyez saints, car je suis saint
- Fiancée et fiancé
Il est communément admis qu’Israël est le peuple historique de l’alliance de Dieu. Ce qui n’est pas toujours reconnu, comme nous l’avons vu dans les chapitres précédents, c’est que le Nouveau Testament parle dans les mêmes termes de l’Église, qui est aujourd’hui le peuple de Dieu en Christ. Tout ce qui était vrai du peuple historique de Dieu est vrai aujourd’hui du peuple de Dieu dans la nouvelle alliance dans une mesure encore plus grande.
Cette réalité s’applique à la fois aux promesses et aux obligations de l’alliance. En réalité, l’Église du Nouveau Testament a de plus grandes obligations, puisqu’elle partage aussi en Christ des richesses et des bénédictions plus grandes. Illustrons cela par des expressions pertinentes tirées des Évangiles et des épîtres apostoliques.
1. Enfants de Dieu⤒🔗
Jean écrit dans son Évangile :
« Certains pourtant l’ont accueilli [le Christ]; ils ont cru en lui. À tous ceux-là, il a accordé le privilège de devenir enfants de Dieu. Ce n’est pas par une naissance naturelle, ni sous l’impulsion d’un désir, ou encore par la volonté d’un homme, qu’ils le sont devenus; mais c’est de Dieu qu’ils sont nés » (1.12-13; BDS).
Les croyants ont droit au titre d’« enfants de Dieu ».
Ce nom n’est pas simplement tombé du ciel. Nous lisons dans Deutéronome 14.1 que le Seigneur dit aussi d’Israël : « Vous êtes les enfants de l’Éternel, votre Dieu. » Inversement, lorsque le peuple d’Israël se rebelle contre l’Éternel et refuse de le servir, Moïse dit :
« Mais vous, peuple mauvais et déraisonnable, vous avez offensé le Seigneur. Honte à vous! Vous n’êtes plus ses enfants! Peuple abruti, peuple insensé, peut-on se conduire ainsi envers lui? N’est-il pas votre père, votre créateur, celui qui a fait de vous son peuple? » (Dt 32.5-6; BFC).
Les prophètes rappellent constamment aux membres du peuple d’Israël qu’ils doivent vivre et se comporter comme des enfants de Dieu (p. ex. És 8.18; Jr 3.12-13).
Toutefois, le lien est désormais beaucoup plus étroit, parce que le Christ, le Fils unique, nous a montré le Père et donné l’Esprit.
« Et vous n’avez point reçu un esprit de servitude pour être encore dans la crainte; mais vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions : Abba! Père! L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ » (Rm 8.15-17).
Il est très important de voir la relation d’alliance comme une relation entre un Père céleste et ses enfants terrestres. C’est une relation d’amour, un amour qui prit naissance du côté de Dieu. « Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu! Et nous le sommes » (1 Jn 3.1).
Nous sommes enfants de Dieu par adoption par le sacrifice du Fils de Dieu, éternel et naturel, qui déclara, avant son ascension : « je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jn 20.17). Nous pouvons nous attribuer le nom d’enfants de Dieu en Christ, et c’est un don que nous avons reçu dans l’alliance, confirmé dans le sang du Christ, notre Sauveur.
2. Enfants d’Abraham←⤒🔗
Lorsque Dieu scella son alliance avec Abraham il le choisit, lui et sa descendance, comme peuple duquel naîtrait le Messie. C’était un grand privilège, et les Juifs, en tant que descendants d’Abraham, étaient fiers de leur héritage. Lorsque le Seigneur Jésus dit aux Juifs incrédules qu’ils ne seraient libres que s’ils croyaient en lui, ils répliquèrent : « Nous sommes la postérité d’Abraham, et nous ne fûmes jamais esclaves de personne; comment dis-tu : Vous deviendrez libres? » (Jn 8.33). Le Seigneur répondit alors que les Juifs étaient physiquement descendants d’Abraham, mais qu’en réalité ils étaient enfants du diable. Car les vrais enfants de Dieu se reconnaissent à leur amour pour le Christ.
L’apôtre Paul revient sur ce point en indiquant clairement qu’Abraham est le père de tous les croyants, Juifs tout comme non-Juifs (Rm 4.16-17). Plus tard, traitant de la triste réalité du rejet de la part de nombreux Juifs du Seigneur Jésus, il écrit :
« Car tous ceux qui descendent d’Israël ne sont pas Israël, et bien qu’ils soient la postérité d’Abraham, ils ne sont pas tous ses enfants […] c’est-à-dire que ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu, mais que ce sont les enfants de la promesse qui sont regardés comme la postérité » (Rm 9.6‑9).
Les vrais enfants d’Abraham acceptent le Seigneur Jésus-Christ comme leur Sauveur.
Dans l’épître aux Galates, en soulignant que la justification s’opère par la foi, Paul montre que cela est vrai sous les deux alliances. Abraham était déjà justifié par la foi. Paul ajoute : « reconnaissez donc que ce sont ceux qui ont la foi qui sont fils d’Abraham » (Ga 3.7). La conclusion est que par la foi nous sommes fils de Dieu, héritiers des promesses de l’alliance données à Abraham et à sa (vraie) postérité (Ga 3.26). L’Église d’aujourd’hui est la postérité d’Abraham, le peuple de l’alliance de Dieu.
3. Des branches greffées←⤒🔗
L’union étroite qui existe entre les croyants d’aujourd’hui et le peuple d’Israël est aussi illustrée par l’apôtre Paul dans le discours sur l’olivier et les branches greffées, que nous trouvons dans Romains 11.
Le peuple d’Israël peut être comparé à un olivier. C’est un arbre cultivé, comme l’indique correctement La Bible du Semeur, un arbre que l’on fait pousser et que l’on sélectionne pour produire une abondante récolte. Il est aussi saint, consacré à Dieu (v. 16). Cependant, la situation est que certaines branches sont détachées pour cause d’incroyance. Elles ne produisaient aucun fruit (voir Jean 15 au sujet du cep et des sarments). Les Juifs non croyants sont retranchés du peuple d’Israël.
À la place de ces branches détachées sont greffées des pousses d’olivier sauvage. Ces pousses sauvages sont les chrétiens issus des non-Juifs. En temps normal, une telle expérience serait risquée. Une branche sauvage ne produit pas de fruits de culture. Mais ici oui. Par la grâce et par la foi, ces branches sauvages produisent du bon fruit.
Paul, à partir de tout cela, tire d’importantes conclusions. Les croyants dans l’Église du Nouveau Testament, notamment ceux issus des non-Juifs, sont greffés au vrai Israël, le peuple historique de l’alliance. Ils sont par conséquent soumis aux mêmes règles : ils doivent porter du fruit ou être retranchés. Nous voyons de nouveau ici l’unité dans l’histoire de la rédemption. Les croyants non juifs ne forment pas une nouvelle Église ayant toutes sortes de nouvelles lois et conditions; ils sont simplement greffés au peuple historique de l’alliance. Cela devrait les rendre humbles devant Dieu et reconnaissants pour sa grâce.
Il n’est alors pas étonnant que dans le chapitre suivant (Rm 12.1) l’apôtre exhorte l’Église du Nouveau Testament, « par les compassions de Dieu », à offrir des sacrifices de reconnaissance convenables. Cela aussi constitue un langage d’alliance : « … offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable1 ». Le sacrifice que nous offrons aujourd’hui n’est pas un sacrifice d’animaux; il s’agit d’un sacrifice spirituel, qui a aussi des implications physiques (Paul parle de « vos corps »). Nous nous offrons nous-mêmes dans la foi et l’obéissance par le Saint-Esprit. Le service de l’alliance a gagné en signification et en profondeur depuis l’ascension du Christ et le déversement du Saint-Esprit.
4. Exemples et avertissements←⤒🔗
Plus haut, en traitant du motif de l’Exode, j’ai fait référence à ce qui est écrit dans 1 Corinthiens 10. Nous y avons remarqué la similitude entre l’Israël historique et l’Église contemporaine. Le peuple historique fut « baptisé » en Moïse, et il « mangea et but » le Christ. Malgré ces dons extraordinaires, il se tourna vers l’idolâtrie et fut sévèrement puni.
Nous ne pouvons pas ignorer ce récit (et d’autres similaires) et dire : « Bah! C’était l’Ancien Testament, cela ne se produit plus aujourd’hui. » L’apôtre Paul nous rappelle le lien que nous avons avec l’ancien Israël. Dieu traite toujours avec nous de manière alliancielle, ce qui signifie que l’obéissance sera gracieusement bénie sur la base de la promesse de Dieu, et que la désobéissance entraînera la colère divine sur la base de la justice de Dieu.
Paul écrit donc : « Or, ces choses sont arrivées pour nous servir d’exemples, afin que nous n’ayons pas de mauvais désirs, comme ils en ont eu » (1 Co 10.6). Et encore, « Ces choses leur sont arrivées pour servir d’exemples, et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des siècles » (1 Co 10.11).
Notez de nouveau l’unité dans l’histoire de l’alliance. Si Israël fut puni pour son idolâtrie, pourquoi pensons-nous échapper à la punition pour le même péché? La punition d’Israël constitue pour nous un exemple, car nous ne formons qu’un seul corps avec ce peuple historique, ayant le même Seigneur et Sauveur (v. 1-4).
L’avertissement nous est lancé en termes encore plus forts. En effet, nous ne pouvons ignorer que notre situation est différente sur un point. Paul nous décrit comme des personnes qui sont parvenues à la fin des siècles (v. 11). Nous vivons dans les derniers jours. Nous en savons bien plus qu’Israël. Notre exode est infiniment plus grand. Nous savons que le Christ est mort et ressuscité. Nous avons part à l’onction du Saint-Esprit. Dieu, par conséquent, a de plus grandes attentes envers nous. Voilà la demande sérieuse de l’alliance aujourd’hui : « Ainsi donc, que celui qui croit être debout prenne garde de tomber! » (v. 12).
Paul peut nous appliquer dans une plus forte mesure ce qui s’appliquait à l’Israël historique, car nous sommes le peuple de l’alliance du Seigneur sur une base plus solide, le sacrifice du Christ. Noblesse oblige : avoir plus de richesses signifie avoir plus de responsabilités.
5. Être séparés←⤒🔗
L’une des caractéristiques de la vie d’Israël comme peuple de l’alliance était que l’antithèse avec les nations devait être maintenue. Comme peuple de Dieu, avoir le statut d’alliance signifiait rompre avec les nations voisines et ne pas prendre part à leurs péchés.
Cette séparation n’avait rien à voir avec un faux sentiment de supériorité, mais était une règle donnée pour préserver la sainteté et l’intégrité d’Israël comme peuple de Dieu. Nous retrouvons cette même ligne de pensée dans le Nouveau Testament. Traitant de la question des mariages mixtes, l’apôtre Paul écrit : « Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger » (2 Co 6.14). Son argument est que l’Église est « le temple du Dieu vivant » (2 Co 6.16). Paul poursuit alors pour démontrer cela à partir de l’Ancien Testament. Il écrit : « comme Dieu l’a dit : J’habiterai et je marcherai au milieu d’eux; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple ». Dieu habite avec son peuple, il est présent au milieu de lui. L’apôtre cite Lévitique 26.12 et 13 : « Je marcherai au milieu de vous, je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple. Je suis l’Éternel, votre Dieu, qui vous ai fait sortir du pays d’Égypte, qui vous ai tirés de la servitude; j’ai brisé les liens de votre joug… » Il semble que cela puisse s’appliquer sans plus d’explications à l’Église du Nouveau Testament.
La déclaration de Paul, selon laquelle nous sommes le temple du Seigneur (2 Co 6.16), est importante. Ici se situe en effet la différence avec le peuple historique. Ici, nous voyons non seulement l’unité, mais aussi la progression : alors Dieu habita parmi eux, mais il demeura dans le temple; nous sommes nous-mêmes désormais le temple de Dieu, et il habite en nous par son Saint-Esprit.
Puis s’ensuit le commandement : « Sortez du milieu d’eux, et séparez-vous, dit le Seigneur; ne touchez pas à ce qui est impur, et je vous accueillerai. » Ce passage vient d’Ésaïe 52.11-12, où les exilés de retour de Babylone sont exhortés à partir et à ne rien emporter qui puisse les contaminer. Il est intéressant de constater que le même avertissement concernant Babylone se retrouve dans Apocalypse 18.4 : « Sortez du milieu d’elle, mon peuple », ne participez pas à ses péchés et n’ayez point part à ses fléaux. Il semble que ce commandement soit valable jusqu’à la fin de l’histoire.
Nous aujourd’hui, comme l’Israël historique, sommes dans le monde, mais pas du monde, et devons par conséquent nous garder d’être pollués par le monde (voir aussi Jc 1.27). Si nous respectons cela, nous vivrons à notre époque ce qu’implique la promesse de Dieu : « Je serai pour vous un Père, et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout-puissant. » Ce verset fait référence à Exode 4 et Ésaïe 43.
Paul utilise ces passages d’Exode, du Lévitique et d’Ésaïe pour montrer le statut allianciel présent du peuple de Dieu et pour fournir une base scripturaire à la prohibition de toute unité avec ceux qui n’appartiennent pas au peuple de Dieu. Dans l’alliance, Dieu nous a donné de riches promesses, et en conséquence Paul est en mesure de poursuivre dans 2 Corinthiens 7.1 : « Ayant donc de telles promesses, bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, en achevant notre sanctification dans la crainte de Dieu. »
Ayant été purifiés dans le sang du Christ, nous devons demeurer saints et ne pouvons pas retourner au style de vie duquel nous avons été rachetés.
6. Agar et Sarah←⤒🔗
J’ai déjà fait référence à l’épître aux Galates, dans laquelle Paul appelle les croyants du Nouveau Testament enfants d’Abraham et fils de Dieu (3.7,26). Ce qui nous intéresse maintenant est de quelle manière Paul, dans la même épître, fait référence à Agar et Sarah.
Paul explique que ce qui est rapporté concernant ses deux femmes peut être pris au sens figuré (Ga 4.24). Elles représentent deux alliances. Agar représente l’alliance conclue au Sinaï, car les enfants d’Abraham y furent réduits en esclavage. Ils furent assujettis à une loi qu’ils ne pouvaient observer. La loi ne put les délivrer, mais en réalité elle les lia. Il s’agit de l’actuelle Jérusalem qui se trouve en Palestine. Israël devint comme Ismaël. Mais Sarah représente la nouvelle alliance. Paul écrit : « Mais la Jérusalem d’en haut est libre, c’est notre mère » (Ga 4.26).
Il n’est pas difficile de voir comment Paul en arrive à ces déclarations. « Agar » est la voie de la volonté humaine, de la chair, du salut par soi-même. Agar pense être libre, mais demeure esclave. C’est ce qu’Israël devint lorsqu’il chercha le salut par les œuvres de la loi. Mais Sarah est la voie de la promesse divine, du salut par la grâce au moyen de la foi. Et c’est ce qui caractérise l’Église du Nouveau Testament.
L’Église du Christ est la postérité d’Abraham, l’enfant de Sarah, le peuple de la promesse et de l’alliance d’amour éternelle de Dieu. Elle est reliée non pas à la Jérusalem terrestre avec ses lois et ses règles, mais à la Jérusalem d’en haut, où le Christ demeure. Elle est par conséquent libre, rachetée du péché et de la mort. De cette manière, l’apôtre nous montre nos richesses en Christ comme peuple de la nouvelle alliance.
7. Le mur de séparation abattu←⤒🔗
L’épître aux Éphésiens décrit les richesses dont nous jouissons en Christ. Elle nous dit de quelle manière nous, qui étions autrefois morts par nos offenses et nos péchés, avons été rendus à la vie en Christ. Paul nous dit sans équivoque que notre salut est une question de grâce, au moyen de la foi (2.8-10).
Ayant souligné les grandes bénédictions dont nous jouissons en Christ, l’apôtre poursuit en nous rappelant qu’à une certaine époque nous en étions bien loin. Comme tous les non-Juifs, nous étions « sans Christ, privés du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde » (Ép 2.12). Dieu avait conclu une alliance avec son peuple Israël seul; aucun autre n’y avait part. Il est vrai qu’il y eut quelques exceptions, mais elles concernaient des individus. Israël était le seul peuple de l’alliance.
Cette situation a fondamentalement changé. « Mais maintenant, en Jésus-Christ, vous qui étiez jadis éloignés, vous avez été rapprochés par le sang de Christ » (v. 13). C’est le Seigneur Jésus qui ouvrit la voie aussi aux non-Juifs pour qu’ils deviennent enfants de Dieu. De cette manière, « le mur de séparation, l’inimitié », qui existait entre Juif et non-Juif fut renversé.
Nous savons d’après l’Écriture et l’histoire que l’intégration des non-Juifs à l’Église fut une pomme de discorde parmi les Juifs chrétiens. Mais Paul l’indique très clairement : les deux ont été unis en Christ. Cette unité n’est pas superficielle ni de pure forme, mais profonde, car le dessein du Christ était de « créer en lui-même avec les deux un seul homme nouveau » (v. 15).
Nous lisons ensuite un passage concernant le nouveau statut que Juifs et non-Juifs ont en partage en Christ : « Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers, ni des gens du dehors; mais vous êtes concitoyens des saints, gens de la maison de Dieu » (v. 19). Dieu inclut les non-Juifs croyants à son peuple et les reconnaît en Christ comme appartenant à la nation de son alliance.
En réalité, il n’y a plus de nation de l’alliance comme avant. L’Église de Dieu est catholique : elle se rassemble à partir de toutes les langues et de toutes les nations, à partir du monde entier. C’est exactement ce que Dieu promit dans le paradis : la création d’une nouvelle humanité, purifiée par le sang du Christ, remplie de son Esprit, vivant comme ses enfants.
Il devient clair d’après ce passage que les chrétiens de tous horizons peuvent savoir qu’ils sont le peuple de Dieu aujourd’hui, des membres de la maison de Dieu, le vrai Israël, avec qui Dieu établit une alliance éternelle.
Voilà quelque chose qui ne devrait jamais cesser de nous émerveiller : autrefois nous étions loin, mais nous faisons dorénavant partie de la famille de Dieu. Paul appelle cela un mystère (Ép 3.3,6), c’est-à-dire quelque chose qui n’était pas connu avant, mais qui est désormais révélé. Les non-Juifs sont héritiers avec Israël, membres d’un seul corps, et prennent part à la promesse dans le Christ Jésus. Dans l’épître aux Colossiens, Paul soutient la même idée (1.21‑23).
8. Soyez saints, car je suis saint←⤒🔗
Il y a un autre passage auquel je veux faire référence, parce qu’il établit un lien très clair avec notre thèse selon laquelle l’Église du Nouveau Testament est le peuple de l’alliance de Dieu aujourd’hui. Lévitique 11.44-45 nous parle des demandes que Dieu fait :
« Car je suis l’Éternel, votre Dieu; vous vous sanctifierez, et vous serez saints, car je suis saint; et vous ne vous rendrez point impurs par tous ces reptiles qui rampent sur la terre. Car je suis l’Éternel, qui vous ai fait monter du pays d’Égypte, pour être votre Dieu, et pour que vous soyez saints; car je suis saint. »
La demande de la sainteté constitue le thème du livre du Lévitique. Dieu a délivré son peuple d’Égypte (Exode), afin qu’il puisse vivre devant lui dans la sainteté et la consécration (Lévitique). Le mot « saint », signifiant mis à part et rendu pur, consacré à l’Éternel seul, apparaît plus souvent dans le livre du Lévitique que dans tout autre livre de la Bible, mais il résonne tout au long de l’Écriture. L’alliance est une alliance sainte et le peuple de Dieu doit être une sainte communauté de prêtres.
C’est pour cette sainteté que le Christ notre Sauveur versa son sang. Je fais référence à 1 Corinthiens 6.11, où Paul, parlant d’anciens péchés, dit : « Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ, et par l’Esprit de notre Dieu. » Et l’apôtre Jean d’écrire : « Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes mutuellement en communion, et le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché » (1 Jn 1.7).
L’apôtre Pierre prend ces mots du Lévitique et les applique à l’Église du Nouveau Testament :
« Comme des enfants obéissants, ne vous conformez pas aux convoitises que vous aviez autrefois, quand vous étiez dans l’ignorance. Mais, puisque celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite, selon qu’il est écrit : vous serez saints, car je suis saint » (1 Pi 1.14-15).
Paul fait référence à la même sainteté dans 1 Thessaloniciens 4.7 : Dieu nous a appelés à vivre une vie sainte. Jean mentionne aussi cette nécessité : « Quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui-même est pur » (1 Jn 3.3). L’apôtre Pierre relie cette sainteté au « sang précieux de Christ, […] un agneau sans défaut et sans tache » (1 Pi 1.19).
Il n’y a alors qu’un pas à faire pour parler de l’Église en ces termes : « vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis2 » (1 Pi 2.9). Tous ces titres viennent de l’Ancien Testament, où ils sont toujours reliés au statut et au devoir d’Israël comme un peuple d’alliance. On dit aujourd’hui exactement la même chose de la sainte Église catholique et apostolique. Toute la bonté de Dieu qui, sous l’ancienne alliance, s’appliquait à Israël s’applique par le Christ à son Église, le peuple de la nouvelle alliance. Il en va de même concernant la demande d’être un peuple saint.
Dans Hébreux 12.14, nous lisons : « Faites tous vos efforts pour être en paix avec tout le monde et cultivez la sainteté sans laquelle nul ne verra le Seigneur » (BDS). Le renouvellement et la sanctification de notre vie sont des exigences que nous devons prendre au sérieux. Sinon, nous méprisons la grâce de Dieu. Si l’on vit dans l’alliance, il faut insister sur la sainteté de vie. La rédemption et le renouvellement vont de pair.
9. Fiancée et fiancé←⤒🔗
Dans l’alliance d’amour, la relation entre Dieu et son peuple est parfois décrite comme une relation entre un fiancé et sa fiancée. Le fait que nous trouvions cette comparaison non seulement dans l’Ancien Testament, mais aussi dans le Nouveau illustre de manière frappante la continuité qui existe entre l’Israël historique et l’Église contemporaine.
Pendant des siècles, le Cantique des cantiques a été vu comme symbole de la relation entre le Christ et son Église. Bien que cette interprétation allégorique ne gagne pas ma faveur, je suis convaincu que ce livre contient des éléments symboliques. Quoi qu’il en soit, creuser cette question nous éloignerait trop du sujet. Par conséquent, je laisse là toute discussion sur ce livre biblique pour me tourner vers d’autres parties de l’Ancien Testament.
Les prophètes en particulier utilisent la métaphore du fiancé et de la fiancée. Lorsqu’Ésaïe prophétise la restauration d’Israël et le retour des exilés, il parle avec les mots de Dieu de cette manière :
« Porte tes yeux alentour, et regarde : Tous ils s’assemblent, ils viennent vers toi. Je suis vivant! dit l’Éternel, tu les revêtiras tous comme une parure, tu t’en ceindras comme une fiancée » (És 49.18).
Le retour des exilés peut être comparé à une fiancée qui rentre à la maison, à une épouse qui revient vers son époux aimant.
Dans Ésaïe 61 (le passage que le Seigneur Jésus cita plus tard dans la synagogue de Nazareth), nous trouvons l’expression d’une grande joie :
« Je me réjouirai en l’Éternel, mon âme sera ravie d’allégresse en mon Dieu; car il m’a revêtu des vêtements du salut, il m’a couvert du manteau de la délivrance, comme le fiancé s’orne d’un diadème, comme la fiancée se pare de ses joyaux » (v. 10).
Voyez aussi Ésaïe 62.5 : « … comme la fiancée fait la joie de son fiancé, ainsi tu feras la joie de ton Dieu ».
Dieu aime son peuple comme un fiancé aime sa fiancée, et cet amour est rendu avec joie par la fiancée. Voilà l’essence de l’alliance d’amour.
Il existe cependant chez les prophètes une plainte amère. La fiancée n’a pas toujours attendu son fiancé avec enthousiasme et elle ne lui a pas toujours été fidèle. Au contraire, elle s’est prostituée et a grandement peiné celui qui l’aimait. Jérémie 2 nous expose la lamentation de l’Éternel contre la femme infidèle. « Je me souviens de ton amour lorsque tu étais jeune, de ton affection lorsque tu étais fiancée, quand tu me suivais au désert… » (v. 2). Mais la fiancée se détourna : « Et toi, tu t’es prostituée à de nombreux amants » (Jr 3.1-2). D’autres prophètes, comme Ézéchiel et Osée, parlent aussi de l’infidélité de la fiancée envers son fiancé qui la choisit et la sauva. Quel plus grand péché peut-on imaginer? Comment Dieu peut-il continuer d’aimer une fiancée infidèle?
Malgré tout, dans le Nouveau Testament le Seigneur Jésus appelle l’Église sa fiancée qu’il sanctifiera par son sang et présentera sans tache devant le Père. Dans de nombreuses paraboles, le Christ parle de l’époux, de l’épouse et des noces. Paul décrit sa tâche comme apôtre en ces termes : « Car je suis jaloux de vous d’une jalousie de Dieu, parce que je vous ai fiancés à un seul époux, pour vous présenter à Christ comme une vierge pure » (2 Co 11.2).
Le livre de l’Apocalypse développe le thème de l’épouse et des noces. Dans Apocalypse 19.7 et 8, nous lisons :
« Réjouissons-nous, soyons dans l’allégresse, et donnons-lui gloire; car les noces de l’Agneau sont venues, son épouse s’est préparée, et il lui a été donné de se revêtir d’un fin lin, éclatant, pur; car le fin lin, ce sont les œuvres justes des saints. »
Nous lisons aussi : « Heureux ceux qui sont appelés au festin des noces de l’Agneau! »
Fiancée et fiancé. La fiancée restaurée et préparée par le fiancé pour une vie commune sur la nouvelle terre. Pourquoi? En raison du grand amour du fiancé pour sa fiancée; parce que l’alliance d’amour est maintenue de siècle en siècle.
Le Seigneur m’aime, car j’appartiens à sa fiancée. À notre baptême, il a justement été dit que nous serons purifiés de nos péchés et connaîtrons le renouvellement quotidien de notre vie « jusqu’à ce que nous soyons finalement présentés sans fautes au milieu de l’assemblée des élus de Dieu dans la vie éternelle3 ». Voyez aussi Éphésiens 5.27 où Paul explique comment le Christ fera paraître devant lui son Église « glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable ».
Nous nous tiendrons aux côtés du fiancé devant le Père, comme une fiancée parfaite.
Notes
1. N. D. T. : La TOB traduit cela par « culte spirituel ».
2. N. D. T. : « Que Dieu s’est acquis » (note de la NBS).
3. Formulaire pour le baptême des enfants, Book of Praise, p. 584, trad. Libre.