Le baptême de l'Esprit
Le baptême de l'Esprit
L’une des questions les plus aiguës qui se posent actuellement à nombre de chrétiens, plongés dans la confusion à cause d’enseignements contradictoires et par la surenchère exercée par les pentecôtistes, est celle du baptême de l’Esprit.
Dans notre étude Essai sur le Saint-Esprit et l’expérience chrétienne, nous donnons l’interprétation pentecôtiste du baptême de l’Esprit et nous réfutons celle-ci par des arguments bibliques. Ceux qui désirent approfondir la question peuvent la consulter. Nous en donnerons ici un résumé et, surtout, nous présenterons la position biblique sur le sujet.
D’après le pentecôtisme, le baptême en Esprit constituerait « une deuxième bénédiction », une bénédiction spéciale accordée au chrétien après sa conversion, lui assurant le don du parler en langues, qui en serait la preuve irréfutable. Cela signifie, en clair, que tout en étant converti, si on n’a pas le don du parler en langues on n’est pas baptisé de l’Esprit, on n’a pas reçu son sceau, on est privé de sa plénitude!
Un survol rapide du Nouveau Testament nous montrera sans ambiguïté que le baptême de l’Esprit appartient à cette catégorie d’expressions qui nous assurent que le Saint-Esprit habite effectivement tout fidèle régénéré, c’est-à-dire, tout chrétien qui confesse sa foi en Jésus-Christ et qui, par conséquent, est converti au Seigneur. Car le baptême en Esprit est étroitement associé à la naissance d’en haut et à la conversion, tandis qu’aux yeux du pentecôtisme, ces deux étapes seraient différentes de celle de la réception de l’Esprit.
Pour bien comprendre le sens de la doctrine, commençons par un examen rapide du vocabulaire du Nouveau Testament. Des expressions telles que « réception de l’Esprit », « baptême de l’Esprit », « plénitude de l’Esprit » y reviennent, et elles sont des expressions interchangeables, c’est-à-dire qu’elles signifient une seule et même réalité.
Actes 1.5 prédit l’événement de la Pentecôte et le don de l’Esprit, ce qui ne signifie rien de moins que le baptême de l’Esprit. Actes 2.4 mentionne la plénitude de l’Esprit. Entre la réception et la plénitude, il n’existe aucune différence. Actes 1.8 annonce que l’Esprit surviendra sur les disciples. Actes 2.38 annonce que les disciples ont reçu l’Esprit.
Ainsi, recevoir l’Esprit, avoir reçu l’Esprit, être rempli de l’Esprit, baptisé de, par, ou en l’Esprit sont des termes qui désignent tous un seul et même fait. L’Esprit de Dieu accomplit un seul acte, et cet acte est tantôt désigné par le mot de « réception », tantôt par celui de « baptême », ailleurs par l’expression de « plénitude ». Ce qui s’est passé dans la maisonnée de Corneille dans Actes 10 n’est absolument pas différent de ce qui s’était produit d’après Actes 2. L’Esprit de Dieu est survenu sur les membres de la maisonnée du païen Corneille, et au verset 47 il est souligné qu’ils l’ont reçu.
Ceci pour l’explication du vocabulaire et des expressions. D’autres preuves existent également pour confirmer notre conviction.
Tous les récits bibliques laissent clairement entendre que tous les croyants convertis, qui croient au Seigneur Jésus comme leur Sauveur et Seigneur et le déclarent le Chef et la Tête de l’Église, ont reçu l’Esprit Saint, son Esprit, parce que l’effusion de l’Esprit le jour de la Pentecôte fut l’accomplissement de la promesse du don universel de l’Esprit, d’après Joël 2.28-32.
Le passage du livre des Actes souligne que tous ont reçu l’Esprit. Il n’y eut donc aucune exception. L’Esprit survint sur tous les croyants, ces premiers disciples qui se trouvaient réunis en un même lieu. Il n’y a donc pas deux types ou catégories de chrétiens, ceux qui auraient le privilège de recevoir l’Esprit et d’en être baptisés, et ceux qui, même convertis et croyants, en seraient privés.
Toujours selon Actes 2.36, tous ceux qui répondront à l’appel de Pierre sont assurés du don de l’Esprit. Le don de l’Esprit n’est pas quelque chose de surajouté, après coup, à la foi et à la conversion par grâce. Tout est lié ensemble, tout se produit simultanément, la foi et la repentance, le baptême et la réception de l’Esprit. Quelques lignes plus loin, on lira également que les convertis « acceptèrent sa parole » (Ac 2.41). On doit conclure de cela que la réception joyeuse de l’Évangile assure la réception ferme de l’Esprit du Christ. La même idée est répétée dans 1 Corinthiens 12.13 : « En un seul Esprit, nous avons tous été baptisés pour former un seul corps. »
Dans le Nouveau Testament, de manière invariable, c’est le Christ qui baptise en l’Esprit (Mt 3.11). Actes 2.28 fait la même déclaration. C’est le Seigneur monté au ciel qui répand son Esprit. L’Esprit ne vient pas de son propre chef. Il ne baptise personne, il est en qui — ou dans qui — on est baptisé. L’apôtre, dans le texte cité plus haut, déclare encore : « Nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit » (1 Co 12.13). L’original peut se traduire par « nous avons été tous arrosés par l’Esprit, en vue de former un seul corps ». Nous avons donc tous été baptisés, immergés, irrigués par l’Esprit. Or, tous les croyants — ceux qui ont la foi au Christ et confessent son nom — sont les membres de son corps vivant. Ils ont tous des dons spirituels venant du même Esprit, essentiels au bon fonctionnement du corps, afin que nul ne se croie supérieur ni inférieur à autrui.
Prétendre, ainsi que le font les pentecôtistes, qu’on peut naître de nouveau, c’est-à-dire être un chrétien véritable, sans avoir reçu l’Esprit ni avoir été baptisé par lui, est une erreur parmi les plus graves. Car si tous les croyants sont unis au Christ, ils le sont aussi, par conséquent, à son Esprit. S’il n’en était pas ainsi, il faudrait penser que les trois personnes de la Trinité sont divisées et que chacune d’entre elles agit indépendamment des autres. Or, nous savons que le Père aime le Fils, et que le Fils obéit au Père; nous savons aussi que l’Esprit qui nous est envoyé par le Père et par le Fils est celui qui les unit, et qui est leur Agent principal autant parmi les fidèles que dans le monde. Il n’existe pas de parti ni de faction au sein de la sainte Trinité!
La mission de l’Esprit-Paraclet n’est pas essentiellement différente, et encore moins opposée, à celle du Fils. Il convient de relire attentivement les discours dits d’adieux dans l’Évangile selon Jean (chapitres 14 à 17). Être en Christ signifie tout simplement être en son Esprit. Car le Seigneur ne nous donne rien avec parcimonie; bien au contraire, il s’offre lui-même. Ce qui signifie qu’il nous offre le meilleur des dons : son propre Esprit. Sa vie spirituelle peut couler désormais dans nos veines régénérées, ce qui nous permet de déclarer à la suite de Paul : « Christ vit en moi » (Ga 2.20). Nous sommes véritablement ancrés en lui (Col 2.7). L’Esprit est le don ineffable (2 Co 9.15), la promesse par excellence du Père, le sceau placé sur notre adoption filiale (Ép 1.13). Participer à l’expérience du Christ c’est avoir atteint le sommet de la bénédiction que le Père accorde à notre foi (2 Co 13.14).
Le baptême en l’Esprit fait intégralement partie de notre salut. La foi et le don de l’Esprit sont indissolublement liés. L’apôtre Paul posait la condition sine qua non aux chrétiens des Églises de la Galatie : « Il faut croire » (voir aussi Ép 1.13 et Ga 3.4). C’est par la foi que l’Esprit nous est accordé. Le don de l’Esprit était déjà le noyau, le centre même de la bénédiction promise dans l’Ancienne Alliance. Même dans l’Ancien Testament le salut n’aurait pu se concevoir sans la réception de l’Esprit. Nous ne pouvons pas être bénéficiaires de l’Alliance de grâce sans aussi bénéficier du don de son Esprit.
L’Alliance visait précisément la réception de l’Esprit. « Christ nous a libérés de la malédiction de la loi […] afin que nous recevions la promesse de l’Esprit par la foi » (Ga 3.13-14). La foi nous met en rapport avec le Christ, nous incorpore à lui. Alors nous atteignons notre maturité (Col 2.10).
Notons, enfin, que les Églises auxquelles s’adressait l’apôtre Paul avaient de très graves problèmes à résoudre. La discorde, l’erreur, les factions et même l’hérésie, autant que l’immoralité et la mondanité les guettaient. Toutes ces Églises semblent dépourvues de spiritualité. À propos de Laodicée, les pentecôtistes pourraient dire qu’elle manquait du feu de l’Esprit, mais Paul, lui, envisage les choses sous un autre point de vue. Ce n’est pas l’absence de l’Esprit qui les caractérise, mais le fait que ces Églises faibles ne parvenaient pas à reconnaître les implications — les conclusions morales — de la vie selon l’Évangile (voir Rm 6.2; 1 Co 6.2; Ga 3.3). Or précisément, le fait qu’elles avaient toutes reçu l’Esprit rendait leur faiblesse et leurs défaillances encore plus intolérables.
Le baptême de l’Esprit est un fait fondamental de la foi et de l’expérience chrétiennes; il constitue l’initiation même de notre vie dans la foi. Sans lui, nous ne pouvons pas exister, ni croire, ni servir le Christ.
Ce qui est vrai pour le baptême l’est aussi pour le sceau de l’Esprit et pour sa plénitude. Nous renvoyons le lecteur à notre étude sur le Saint-Esprit.
Nous conclurons par notre absolue conviction que si on croit en Jésus-Christ comme Sauveur et comme Seigneur, si on confesse son nom publiquement et qu’on le suit comme un disciple fidèle, on ne doit pas avoir le moindre doute d’avoir reçu le baptême de l’Esprit; on ne doit pas douter d’avoir reçu son sceau et sa plénitude qui par moments peut devenir, certes, plus grande qu’à d’autres.
Notre conseil sera de ne pas se laisser séduire ni égarer par les erreurs répandues par des chrétiens se voulant plus spirituels que les autres, et qui parfois semblent troubler même ceux qui ont été enracinés dans la foi transmise aux saints une fois pour toutes.