Le conflit entre l'Église et l'État Vingt façons dont Dieu se sert de la persécution pour paître son Église
Le conflit entre l'Église et l'État Vingt façons dont Dieu se sert de la persécution pour paître son Église
Note de la rédaction de China Partnership
Wang Yi est pasteur de l’Église Early Rain Covenant de Chengdu. Le 9 décembre 2018, on a annoncé la nouvelle de l’arrestation de Wang Yi, de la détention massive des dirigeants de cette Église et de ses fidèles, de la séparation de leurs familles et de la destruction de leurs biens personnels ainsi que de l’église. Cet article a été initialement publié sur le blogue personnel de Wang Yi le 9 novembre 2017 et convient parfaitement aux événements du week-end du 9 décembre 2018. Merci de prier avec ferveur pour vos frères et sœurs de Chengdu, en particulier pour ceux qui n’ont pas encore été localisés.
Lettre de Wang Yi⤒🔗
À mes frères et sœurs qui sont appelés « à vivre dans le siècle présent d’une manière sensée, juste et pieuse » (Tt 2.12) : que la paix soit avec vous!
Quand Paul a parlé de mariage, il était d’avis qu’il valait mieux être célibataire que marié. Cependant, il ne parlait pas de la signification du mariage dans le plan de la création et de la rédemption. Paul n’a pas nié la valeur du mariage ni l’importance d’avoir des enfants; il a plutôt exhorté les croyants à rester dans l’état où ils sont, « car la figure de ce monde passe ». Ceux qui sont mariés devraient rester mariés, ne pas chercher à divorcer. De même, ceux qui sont célibataires devraient rester célibataires, ne pas chercher à se marier. Tout ceci dans un seul but : pour que les membres du peuple de Dieu ne se préoccupent pas d’eux-mêmes, de leur femme, de leurs enfants ou des choses du monde, mais plutôt qu’ils se préoccupent des affaires du Seigneur et de la manière dont ils peuvent plaire au Seigneur (1 Co 7.26-32).
Lorsque nous parlons du conflit entre la foi et le monde, ce verset exprime la conviction que tout devrait être considéré dans la perspective que « la figure de ce monde passe » (1 Co 7.31). De plus, toutes les choses doivent être abordées avec le vif désir de « s’inquiéter des choses du Seigneur, des moyens de plaire au Seigneur » (1 Co 7.32).
Sans cette forte conscience eschatologique de la nature éphémère du monde et du conflit entre le monde et la foi, tout ce que nous pensons est dépourvu de sens. Sans cette prise de conscience, tout ce que nous disons est faux.
Quelqu’un m’a fait part de son inquiétude quant au fait que la posture de l’Église durant cette période de tension entre l’Église et l’État est celle de la préparation à la guerre, ce qui aura pour effet de porter un dur coup aux soins pastoraux quotidiens. J’ai dit à ce croyant que c’est généralement par la préparation et les exercices de guerre que les soldats accomplissent leur entraînement quotidien. Plus la situation est urgente, plus la formation devient efficace. Pour l’Église, en l’absence de guerre spirituelle, il n’y a pas de soins pastoraux quotidiens qui lui sont prodigués. D’une part, c’est à travers le combat que le Seigneur prend soin de ses disciples; d’autre part, le but de paître son troupeau est de nous préparer au combat.
J’ai vu de nombreuses Églises chinoises mourir spirituellement à cause de leur manque de préparation. En temps de persécution, des milliers de personnes dans l’Église du Seigneur peuvent être tuées par le diable; mais après la persécution, des millions sont tuées.
Voici donc vingt réflexions que je veux partager avec vous sur notre sujet d’aujourd’hui : Quels bienfaits spirituels le conflit actuel entre l’État et l’Église procure-t-il à l’Église et aux chrétiens? Comment ce conflit est-il utilisé par Dieu pour paître son Église?
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La menace de persécution est un test pour voir si, par peur de la mort, nous allons choisir de devenir asservis. Nos cœurs ont-ils vraiment été libérés par l’Évangile et continueront-ils de vivre honorablement, peu importe le système ou l’environnement dans lequel nous vivons?
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Nos peurs nous montrent l’esclavage qui est encore profondément ancré dans nos cœurs. Le conflit entre l’Église et l’État est un test révélant le résidu d’esclavage qui nous habite.
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La persécution montre que le pouvoir de l’épée a une autre valeur importante pour l’Église. Dieu se sert de la croix comme ligne de démarcation entre l’Église et le monde. La croix est le moyen que Dieu utilise pour montrer au monde la grande puissance de l’Évangile. Son intention est de faire connaître par l’Église sa sagesse infiniment variée aux puissances et aux autorités dans les sphères célestes.
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Le conflit entre l’Église et l’État peut nous aider à déterminer si l’obéissance que nous affichons dans la société chinoise découle d’une soumission servile à l’autorité ou d’un amour persévérant pour Dieu. Ce conflit nous aide à voir si nous cédons à une autorité puissante ou si nous montrons du courage comme des brebis parmi les loups. Quelle que soit notre réaction, une fois que la peur se répand, aucune réaction fondée sur la peur n’est motivée par l’amour.
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Voici la différence : L’obéissance qui découle de l’amour nous permettra de respecter un humble fonctionnaire du gouvernement qui agit légalement, ce qui nous conduira à lui témoigner un grand respect, comme s’il était un roi. En même temps, lorsque nous ferons face aux actes injustes de notre chef national, nous serons également assez courageux pour le considérer comme un tyran.
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Le conflit entre l’Église et l’État est également un test pour voir si nous sommes à la fois lâches et intimidateurs au fond du cœur, obéissant aux puissants, mais méprisant les humbles. Cette sorte d’obéissance n’est pas une obéissance biblique, mais est une marque de bassesse.
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Ce n’est que lorsque nous sommes capables d’obéir à ceux qui sont plus humbles que nous-mêmes que notre obéissance envers ceux qui sont plus puissants est conforme à la Bible. De même, ce n’est que lorsque nous sommes capables de mépriser l’injustice des plus puissants que notre reproche envers les humbles provient de l’humilité.
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Le conflit entre l’Église et l’État a clairement révélé cette différence de la manière la plus aiguë, une manière qui ne peut être dissimulée ou déguisée.
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Ce conflit est également un test pour voir si nous avons fait l’expérience de la dignité et de la liberté à cause du Christ. C’est ce que la Bible décrit comme une foi et une obéissance qui reconnaissent qu’« il n’y a pas d’autorité qui ne vienne de Dieu et les autorités qui existent ont été instituées par Dieu » (Rm 13.1). Ce type d’obéissance crée un tempérament conservateur, qui sait aussi bien quand c’est le temps d’obéir et quand c’est le temps de résister. La liberté du Christ conduit à une obéissance et à une résistance qui découlent toutes deux de la même soumission à l’ordre divin.
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Par conséquent, la persécution détermine si notre conservatisme théologique est vraiment enraciné dans l’Évangile. Lorsqu’un individu obéissant à Dieu et théologiquement conservateur obéit au gouvernement, le mal n’est pas encouragé, mais restreint. Lorsqu’un individu obéissant à Dieu et théologiquement conservateur résiste, l’ordre moral de la société n’est pas perturbé, mais consolidé.
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Ainsi, lorsque les chrétiens obéissent au gouvernement, les défenseurs de la démocratie qui amènent des changements positifs dans la société pourraient nous critiquer et nous accuser d’être des loyalistes qui aident le gouvernement à maintenir la stabilité sociale. Toutefois, lorsque les chrétiens choisissent d’obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes dans les conflits entre l’Église et l’État, nous sommes à nouveau accusés, cette fois par des pragmatiques, d’incitation à la subversion contre l’État.
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C’est également un test pour voir si nous chérissons ce qui a de la valeur aux yeux du monde ou bien ce qui reçoit l’approbation du Christ. Le conflit entre l’Église et l’État, comparé à tout autre type de conflit, révèle plus clairement la confrontation et la distinction entre l’Église et le monde. À cause de cet affrontement, les relations sociales des chrétiens seront exposées et réévaluées par le monde. L’un des bienfaits les plus importants du conflit entre l’Église et l’État est que tout chrétien confronté à ce conflit ne peut continuer à être un disciple silencieux.
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Par conséquent, chaque conflit entre l’Église et l’État tout au long de l’histoire est un moment où le Royaume de Dieu avance. Cela exige des croyants qu’ils cessent de vivre comme s’ils étaient en vacances et qu’ils retournent à leurs postes. Lorsque Paul dit de rester dans l’état où nous sommes, il fait référence au mode de vie que les chrétiens doivent afficher dans le monde et qui consiste à nous tenir prêts. Les conflits entre l’Église et l’État mettent fin à toute fausse paix et révèlent au contraire la vérité universelle d’un combat spirituel incessant et continuel. Dans cette guerre, le véritable obstacle n’est pas le monde ou le gouvernement, mais le pouvoir du péché et de la peur dans la vie du chrétien.
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Chaque conflit entre l’Église et l’État est un moment où Dieu purifie son Église. Comme l’ont dit les fondateurs des Églises non enregistrées : « La liberté est désirée par le grand nombre; la tension est acceptée par un groupe restreint. » Par la persécution, le Seigneur expulse les faux croyants de l’Église et expose les faux enseignants et les faux prédicateurs qui ne sont pas appelés à enseigner et perdent l’occasion de tirer profit de l’Église.
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Examinons-nous pour voir si nous sommes des passionnés de l’Évangile. Lorsque nous sommes menacés de mort à cause de l’Évangile, nous découvrons pour qui nous vivons réellement. Face au risque de perdre notre emploi, nous savons pour qui nous travaillons réellement. Quand nous risquons de perdre notre fortune et notre position pour l’amour de l’Évangile, nous découvrons si nous sommes des passionnés de l’argent ou des passionnés de l’Évangile.
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Par conséquent, l’un des grands bienfaits de ce conflit entre l’Église et l’État est de réaliser à quel point nous surestimons notre vie spirituelle. Cette erreur de calcul est à l’origine de presque tous les problèmes de notre vie quotidienne. Si Jésus n’avait pas été arrêté, Pierre n’aurait pas connu sa propre incapacité et les disciples n’auraient pas admis leur incrédulité. Les croyants qui vivent à l’aise méconnaissent généralement leur piété. Ce n’est que lorsque la température absolue baisse que nous ressentons le froid et que nous aspirons vraiment à voir la lumière.
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Les nouvelles qui nous parviennent au sujet de la persécution ainsi que la persécution elle-même nous offrent une réelle occasion de compatir avec les Églises persécutées, assassinées, emprisonnées et humiliées en Corée du Nord, au Moyen-Orient et dans le monde entier. Cela nous empêche de mépriser avec arrogance les missionnaires qui sont martyrisés pour le Seigneur ou de nous tenir loin de ceux qui sont zélés pour Dieu. L’expérience de la douleur nous aide à pleurer plus intensément avec ceux qui pleurent, et le danger de la servitude nous lie plus étroitement à ceux qui sont asservis.
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Le conflit entre l’Église et l’État est également le meilleur antidote contre l’individualisme et l’évangile de la prospérité. À travers le conflit, Dieu montre que la foi elle-même est une relation entre deux royaumes et non une vie spirituelle solitaire. Le conflit entre l’Église et l’État révèle la puissance de la communauté. Par exemple, 100 chrétiens rassemblés sont plus dangereux que 20 rassemblés. Un groupe de chrétiens avec des pasteurs, des anciens, des règles et des élections est plus dangereux qu’un groupe de chrétiens faiblement liés et sans aucune influence. À travers le danger, Dieu nous montre la valeur de la communauté. Le point de mire du Royaume du Christ n’est pas nous-mêmes, mais la communauté. Ce que les pouvoirs politiques terrestres craignent le plus, ce ne sont pas des chrétiens divisés, mais une sainte communauté gouvernée par Dieu.
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Par conséquent, le plus grand bienfait du conflit entre l’Église et l’État est notre union avec le Christ, qui lui-même a été jugé. César ne cherchait pas à savoir si l’on croyait en Jésus (comme on nous dit souvent : « Peu nous importe que vous croyiez en Jésus »), mais si l’on croyait que Jésus est le Roi. La persécution nous oblige à répondre au monde de la même manière que nous répondons au Seigneur : « Oui, il est le Roi. » Ainsi, nous permettons aux policiers de déchirer leurs vêtements et de dire : « Que pouvons-nous dire d’autre? Ils incitent à la subversion du pouvoir de l’État. »
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La raison de tout cela est que le conflit entre l’Église et l’État est déterminé par la nature de l’Évangile. Le conflit entre l’Église et l’État signifie la croix; et la croix signifie le conflit entre l’Église et l’État. Aux États-Unis, cela peut se présenter de deux manières extrêmes : les fusillades en masse dans les églises ou les verdicts de la Cour suprême. En Chine, cela se voit par la police secrète, l’emprisonnement, les interdictions, le contrôle des frontières, la menace à l’égard des propriétaires qui louent des locaux aux Églises, ainsi que le contrôle de la pensée et de la parole. La croix est la frontière entre le monde et l’Église. Pour aller du monde à l’Église, il faut passer par la croix. Il en est de même pour retourner de l’autre côté.
Votre frère, qui désire, avec vous, considérer tout comme une perte et voir la souffrance comme négligeable.