Tout est accompli (3) - Le nom de Jésus
Tout est accompli (3) - Le nom de Jésus
Quelle est la relation qui unit l’Ancien et le Nouveau Testament de la Bible tout en les distinguant l’un de l’autre? Convient-il aux chrétiens d’aujourd’hui de célébrer les fêtes juives de l’Ancien Testament ainsi que bien d’autres prescriptions telles que le peuple d’Israël le faisait avant la venue du Messie promis? Certains, au sein même de l’Église, le soutiennent. Dans deux articles précédents, j’ai tâché d’expliquer en quoi Jésus-Christ a accompli ce qui était requis dans l’Ancien Testament, de telle sorte que célébrer ce qui annonçait sa venue et son œuvre rédemptrice n’a plus de sens depuis son incarnation. Cela surtout dans la mesure où lui-même a commandé à ses disciples d’observer des signes, tels que le baptême, qui ont trait à cet accomplissement et en remplacent d’autres, qui contenaient en eux une dimension prophétique pointant vers sa venue (comme la circoncision).
Pour nous guider dans la juste compréhension du rôle de la loi et de l’Ancien Testament pour la foi des chrétiens, je cite encore l’article 25 de la Confession de foi des Pays-Bas ou Belgica, rédigée au temps de la grande Réforme protestante du 16e siècle :
« Nous croyons que les cérémonies et figures de la loi ont cessé à la venue du Christ, et toutes les ombres ont pris fin de sorte que l’usage chez les chrétiens doit en être aboli. Toutefois, la vérité et la substance de celles-ci demeurent en Jésus-Christ, en qui elles ont leur accomplissement. Cependant, nous usons encore des témoignages pris de la loi et des prophètes pour nous affermir en l’Évangile et pour régler notre vie en toute honnêteté, pour la gloire de Dieu, selon sa volonté. »
Je voudrais maintenant aborder certains aspects des enseignements qui se répandent dans beaucoup d’Églises de nos jours et qui contredisent assez directement cet article de foi.
Les tenants de la prétendue vision messianique évitent par exemple le nom de Jésus, pour se référer au Christ comme « Messias », ou encore — pour conserver le nom hébreu original — Mashiah. Que devons-nous penser de cet usage? Il n’y a aucun doute que le mot grec Christos, le Christ, est l’équivalent de l’hébreu Mashiah. Ce qui est non moins certain, c’est que le Messie promis et attendu par le peuple d’Israël durant tout l’Ancien Testament reçoit avant même sa naissance le nom spécifique de Jésus, Iesous en grec, Ieshouah en araméen, la langue sémitique apparentée à l’hébreu qui était parlée couramment en Palestine au temps de Jésus.
En fait, deux passages des Évangiles sont on ne peut plus explicites à cet égard. Au premier chapitre de l’Évangile selon Matthieu, un ange apparaît à Joseph dans un songe et lui dit :
« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie, ta femme, car l’enfant qu’elle a conçu vient du Saint-Esprit. Elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1.20-21).
Au chapitre 1 de l’Évangile selon Luc, l’ange Gabriel apparaît à Marie et lui dit : « Voici, tu deviendras enceinte, tu enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus » (Lc 1.31). On voit clairement par là que les parents de Jésus ont séparément reçu l’ordre d’appeler cet enfant Jésus.
Son nom signifie spécifiquement Sauveur, il est d’ailleurs apparenté aux noms hébraïques de Josué — qui mena le peuple d’Israël dans la terre promise après la mort de Moïse et le séjour de quarante ans dans le désert — ainsi qu’au nom des prophètes Ésaïe et Osée, toujours dans l’Ancien Testament. Ce nom de Jésus est constamment utilisé par ses disciples lors de leur proclamation d’abord aux juifs, ensuite aux autres nations. L’apôtre Paul en particulier l’utilise très souvent dans ses lettres aux toutes jeunes Églises chrétiennes. La salutation initiale dans chacune de ses lettres lie ensemble le nom de Jésus à celui de Christ : Jésus-Christ, ou encore le Christ-Jésus. Prenez par exemple le début de la lettre aux chrétiens de Colosses :
« Paul, apôtre du Christ-Jésus par la volonté de Dieu, et le frère Timothée, aux saints et fidèles frères en Christ qui sont à Colosses : Que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père! Nous rendons grâces à Dieu le Père de notre Seigneur Jésus-Christ et nous prions sans cesse pour vous » (Col 1.1-3).
À la fin du premier chapitre de sa première lettre aux chrétiens de Thessalonique, Paul identifie sans aucune ambiguïté le Fils de Dieu à Jésus. Écoutez plutôt :
« On raconte, à notre sujet, quel accès nous avons eu auprès de vous, et comment vous vous êtes convertis à Dieu, en vous détournant des idoles pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère à venir » (1 Th 1.9-10).
Dans un passage central de sa lettre aux chrétiens de Philippes, au chapitre 2, Paul parle de la nature pleinement divine du Christ, de sa mission de salut et de sa glorification après qu’il eut accompli cette mission.
« Ayez en vous la pensée qui était en Christ-Jésus, lui dont la condition était celle de Dieu, il n’a pas estimé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais il s’est dépouillé lui-même, en prenant la condition d’esclave, en devenant semblable aux hommes; après s’être trouvé dans la situation d’un homme, il s’est humilié lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort, la mort sur la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Ph 2.5-11).
Écoutez maintenant comment débute la seconde lettre de Pierre :
« Simon Pierre, serviteur et apôtre de Jésus-Christ, à ceux qui ont reçu en partage une foi du même prix que la nôtre, par la justice de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ : Que la grâce et la paix vous soient multipliées par la connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur! » (2 Pi 1.1-2).
Je pourrai continuer à multiplier les exemples tirés du Nouveau Testament, mais tel n’est pas l’objet de cet article. Ce qui est clair, c’est qu’on ne voit pas pourquoi le nom de Jésus, repris par tout le Nouveau Testament et que l’apôtre Paul appelle « le nom qui est au-dessus de tout nom » devrait être évité ou remplacé par celui de « Messias », ou encore « Mashiah », pour faire semblant d’être plus authentique et plus près des racines hébraïques du Nouveau Testament. Ce que cet usage exagéré montre en fait, c’est qu’on ne fait que jeter un voile sur la personne de Jésus comme seul vrai Messie, celui promis au travers des pages de l’Ancien Testament. Couplé à la pratique d’une observation rituelle assez stricte des fêtes de l’Ancien Testament, on retourne en fait à cette période, comme si en Jésus Dieu n’avait pas accompli ses promesses. On assiste à une nouvelle judaïsation du christianisme, assez semblable au fond à ce que Paul a combattu dans sa lettre aux chrétiens de Galatie, que j’ai mentionné plusieurs fois dans cette série d’articles.
Non pas que Paul, lui-même juif et qui avait été élevé dans le judaïsme le plus strict, n’ait pas aimé ses compatriotes et coreligionnaires, bien au contraire : c’est précisément parce qu’il les aimait énormément qu’il a tant souffert pour leur annoncer l’Évangile de Jésus-Christ! Or, quiconque est suffisamment honnête avec lui-même, sait qu’il est déjà impossible de connaître Dieu de manière adéquate par ses propres moyens, aussi forts que soient les signes de sa présence en et autour de nous. Si elle n’est pas éclairée par une lumière venue d’ailleurs, d’en haut, dirons-nous, cette quête de la conscience humaine sera constamment reprise et toujours vouée à l’échec. Elle n’aboutira qu’à une succession de spéculations et de déceptions. À moins d’être illuminé par le Saint-Esprit, l’homme tâtonne sans cesse et se cogne la tête contre les parois de son existence au moment même où il cherche désespérément à ouvrir pour lui de nouveaux horizons libérateurs, tournés vers l’éternité.
Ce voile qui se trouve devant sa face lorsqu’il cherche Dieu ne disparaît que lorsque l’homme contemple Dieu à travers la personne de Jésus-Christ, et par la foi en Jésus-Christ. Quelle abomination alors, lorsque certains, prétendant tourner les regards des autres vers Jésus-Christ, eux qui est le seul accès vers le Père céleste, ne font que jeter un voile sur la personne du Fils de Dieu, alors qu’il est le seul Médiateur entre Dieu et les hommes! Au lieu de faciliter l’accès vers Dieu, ils le bloquent en obscurcissant l’œuvre parfaite accomplie par son Fils unique.
Dans un prochain article, nous parlerons de la Pâque juive et de la manière dont Jésus a institué la Pâques chrétienne, en référence à sa personne et son œuvre. Car cette question est elle aussi au cœur de la compréhension juste de l’œuvre du Seigneur Jésus.