Jude 1 - La révolte de Qoré
Jude 1 - La révolte de Qoré
« Malheur à eux! car ils ont suivi la voie de Caïn; c’est dans l’égarement de Balaam que, pour un salaire, ils se sont jetés; et c’est par la révolte de Qoré qu’ils ont péri! »
Jude 1.11
Qoré et ses gens avaient protesté contre Aaron, le souverain sacrificateur, et contre Moïse, le libérateur, en cherchant à usurper leur rang et leur fonction, pourtant assignés par Dieu. Qoré avait réuni autour de lui un certain nombre de partisans (voir aussi Ps 106.16-18). Le récit du livre de l’Ancien Testament nous rapporte que la terre s’ouvrit et les engloutit. Leurs disciples, au nombre de 250, furent, eux, consumés par le feu.
Les hérétiques du temps de Jude leur sont comparés. Le sens de cette comparaison apparaît suffisamment bien. Ils s’opposent aux autorités légalement instituées. À cet endroit, il n’est pas aisé de distinguer entre l’autorité civile et l’autorité ecclésiastique. Peut-on déduire qu’il s’agit des deux à la fois? Nous ne nous prononcerons pas avec dogmatisme en faveur de l’une ou de l’autre des deux hypothèses.
Qoré est, lui aussi, une figure négative notoire dans la tradition juive extrabiblique. Il représente l’antinomiste classique. En s’opposant à toute autorité humaine, qu’il s’agisse de l’autorité ecclésiastique ou civile, il se rebelle surtout contre le Seigneur Dieu. Aux yeux de Jude, ainsi que d’après tout l’Ancien Testament et la tradition juive, Moïse est le représentant officiel de la loi et, par conséquent, celui de Dieu. Sans doute à cet endroit Jude estime-t-il que les hérétiques s’opposent ouvertement à la loi donnée par l’intermédiaire de Moïse. Jude accuse les adversaires de défier l’autorité légitime et par conséquent celle de Dieu. D’après un certain Targum, Qoré est le schismatique par excellence (voir à ce propos 1 Tm 1.20; 2 Tm 3.1-9; Tt 1.10-11; 3.10-11).
Le terme grec « antilogia » peut aussi bien se traduire par dispute verbale, c’est-à-dire contestation par la parole, que par révolte ou rébellion (le « apôlonto », « périr », est un aoriste équivalent d’un parfait prophétique indiquant également un jugement futur).
Ainsi, par ces trois exemples tirés de l’histoire de l’ancien Israël (Caïn, Balaam, Qoré), Jude cherche à dessiner les traits des adversaires de la foi transmise une fois pour toutes. Ils sont dépourvus d’affection fraternelle comme Caïn et cupides comme Balaam, à tel point qu’ils vont jusqu’à trahir la cause de l’Évangile; enfin, leur comportement rappelle celui de Qoré, le rebelle par excellence.