La façon dont nous nous adressons aux autres est importante. Elle révèle en partie notre attitude envers eux. Si vous deviez parler au président des États-Unis, l’appelleriez-vous « Monsieur le Président », ou bien « Monsieur O », ou encore « Patron », ou bien « mon pote »? Les trois dernières possibilités ne communiquent pas la même attitude de respect que « Monsieur le Président ». Nous enseignons à nos enfants à dire « Madame » ou « Monsieur » aux personnes en autorité et non pas à les appeler par leur prénom. Savoir aborder l’autre de manière appropriée est tout simplement faire preuve de bon sens. Si nous ne le faisons pas correctement, nous risquons d’offenser les autres et de brouiller nos relations avec eux.

De même, nous devrions faire très attention à la façon dont nous nous adressons à Dieu dans la prière. Dans la prière que le Seigneur nous a enseignée, Jésus nous montre à prier et c’est par les mots « Notre Père » qu’il commence. L’exemple de Jésus nous enseigne comment nous devrions nous adresser à Dieu dans la prière. Ces deux petits mots sont chargés de signification. Tout comme lorsque nous nous adressons à d’autres personnes, notre manière de nous adresser à Dieu reflète notre attitude envers lui.

Lorsque nous commençons par dire « Notre Père », nous reconnaissons que nous ne sommes pas plus grands que Dieu. Nous reconnaissons que notre relation avec Dieu est tout à fait particulière : il est notre Père et nous sommes ses enfants. Tout comme les enfants font confiance à leur père terrestre, de même devrions-nous faire confiance à notre Père céleste, qui est bien plus grand que tout père terrestre. Christ nous a enseigné cette vérité en Luc 11.10-13 : « Si donc, vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent. » Nous devons avoir cette confiance semblable à celle d’un enfant lorsque nous nous présentons devant le trône de la grâce dans la prière.

Le titre « Notre Père » fait également allusion à la grandeur de Dieu et à ce qu’il a fait pour nous. Pas n’importe qui peut appeler Dieu « Père ». Dieu est devenu notre Père à travers l’adoption. Le titre de Dieu le Père doit nous rappeler le don glorieux de son Fils Jésus-Christ, car c’est seulement par le sang de Jésus-Christ que nous pouvons nous approcher de Dieu en disant « Abba, Père » (Ga 4.6). Nous naissons perdus dans nos péchés et morts dans nos fautes. Nous sommes esclaves de nos convoitises charnelles. Toutefois, grâce à la victoire de Jésus-Christ à la croix et par sa résurrection, nous avons été rachetés.

Dieu nous donne la foi qui nous unit au Christ, nous transférant du royaume des ténèbres au royaume de la lumière, nous accordant du ciel les bénédictions du Christ et la vie éternelle, alors que nous méritions la mort et l’enfer, faisant de nous des citoyens du Royaume de Dieu, alors que nous étions des étrangers. La grâce de Dieu va encore bien plus loin. Non seulement Dieu fait-il de nous des citoyens de son Royaume, il fait de nous ses enfants mêmes, qui mangent à sa table et qui deviennent cohéritiers du Royaume avec Christ.

Cette œuvre de Jésus-Christ est le fondement de la prière. Nous pouvons prier Dieu avec confiance à cause de ce que Jésus a fait pour nous. Nos prières doivent être caractérisées par la confiance et le souvenir de ce que nous avons reçu dans la foi au Christ. Le Catéchisme appelle cela « la source » de la prière. C’est la base, le fondement, le principe sous-jacent, la colle qui tient tout ensemble, ou toute autre métaphore que l’on désire utiliser. Ce qui importe de comprendre, c’est que l’œuvre du Christ est la raison pour laquelle nous sommes en mesure de nous présenter devant Dieu et de l’appeler « Notre Père ».

Cette façon de s’adresser à Dieu, non seulement reflète notre attitude, mais a aussi pour but « d’éveiller en nous, dès le commencement de notre prière, le respect filial et la confiance en Dieu », comme le dit le Catéchisme à la question 120. Si nous sommes honnêtes, nous devons admettre que nous ne nous présentons pas toujours devant le Seigneur dans la prière avec la bonne attitude. Parfois, nous nous présentons sans la confiance ou le respect que nous devrions avoir. Le début de notre prière peut donc servir à nous rappeler avec quelle attitude et quelle révérence nous devons nous approcher de lui.

En tant que parents, nous apprenons à nos enfants à dire « Oui, Papa » ou « Oui, s’il vous plaît », au lieu de simplement dire « Oui ». De cette façon, nous leur apprenons à répondre correctement ou à demander correctement des choses au moyen des mots qu’ils utilisent. Au début, quand ils utilisent le mot « Papa » ou l’expression « s’il vous plaît », ils ne les utilisent peut-être pas avec la bonne intention ou peut-être ne comprennent-ils même pas ce qu’ils disent. Pourtant, nous leur apprenons comment s’adresser aux autres, ce qui finit par éveiller en eux la bonne attitude à adopter. Il en est de même du début de la prière du « Notre Père ». Les disciples demandent à Jésus comment prier et voilà ce qu’il leur enseigne. Il veut immédiatement éveiller en eux une attitude de confiance et de respect, telle celle d’un enfant envers leur Père céleste. C’est ainsi qu’il commence la prière par « Notre Père qui es aux cieux » pour s’assurer que la bonne attitude soit éveillée en eux.

Cela signifie-t-il que nous devons commencer toutes nos prières par « Notre Père »? Non, la prière du Seigneur est une prière modèle qui nous est donnée pour nous apprendre à prier. « Notre Père » n’est ni une expression magique ni une quelconque incantation parfaite. Il est permis de commencer la prière avec d’autres paroles, mais ce qui est nécessaire, c’est que, lorsque nous prions, nous ayons la bonne attitude et le bon état d’esprit. Quand nous prions, nous devrions nous adresser à Dieu en tant qu’humbles serviteurs qui lui font confiance en tant que Père. Nous devons nous approcher de Dieu avec foi, dans la connaissance de l’œuvre que Jésus-Christ a accomplie pour nous.

Cela signifie également que l’idée de prier Dieu comme s’il était notre copain, enseignée par tant de gens aujourd’hui, n’est pas vraiment appropriée. Dieu est effectivement notre ami, mais il est bien plus que cela. Il est aussi notre Roi, le Seigneur des seigneurs, le Dieu des dieux. Quand nous nous adressons à Dieu comme s’il était notre copain, nous négligeons d’intégrer le respect et la confiance que nous devrions avoir lorsque nous nous présentons devant le trône de la grâce dans la prière. La prière ne ramène pas Dieu à notre niveau. Nous ne sommes pas au même niveau que Dieu. En fait, la façon dont nous commençons nos prières devrait diriger nos pensées vers le ciel. La façon dont nous nous adressons à Dieu doit refléter qui il est et quelle relation il entretient avec nous. C’est pourquoi le Christ nous enseigne à commencer notre prière par « Notre Père ».