Psaume 56 - Des larmes mises en bouteille
Psaume 56 - Des larmes mises en bouteille
Cette vie est une vallée de larmes : c’est ce qu’ont déclaré d’innombrables hymnes et sermons.
Même si certains d’entre nous ne pleurent pas facilement et que des larmes n’apparaissent que rarement au coin des yeux, les cœurs peuvent être submergés par la douleur. Qu’il s’agisse de la maladie d’un ami, de la douleur causée par la brutalité de l’humanité, de la lutte épuisante contre le péché, de la confusion de la vie ou simplement de l’accumulation de stress jusqu’à un point de rupture, des larmes, réelles ou non, ont coulé sur tous les visages.
Quel intérêt y a-t-il à souffrir en pleurant? Certains affirment que « ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort ». L’Écriture communique cependant plus de sagesse que les devises des hommes.
Les Écritures nous apprennent que notre lutte contre le péché se poursuivra jusqu’à notre dernier souffle. Nous savons que Dieu discipline ceux qu’il aime. Nous savons que nous ne traversons pas seuls le feu et l’eau. Nous savons que Dieu fait tout pour le bien de ceux qui l’aiment. Nous savons que la souffrance du chrétien est inévitable.
Les Écritures décrivent un monde qui gémit comme dans les douleurs de l’enfantement et qui attend la délivrance finale. Ce jour-là, nous dit Jean, les yeux longtemps mouillés de larmes par le deuil seront desséchés, car Dieu essuiera toutes les larmes. L’absence de larmes est une belle image d’espérance, car les yeux rougis et les visages bouffis des personnes en deuil sont un portrait fidèle de la vie de ce côté-ci de la tombe. Pourtant, un jour, les larmes de tristesse disparaîtront — peut-être n’y aura-t-il que des larmes de joie lorsque nous nous réjouirons en présence de l’Agneau.
Ce jour-là, nous souviendrons-nous de la vallée de larmes d’où nous sommes venus? Notre mémoire de la douleur de cette vie sera-t-elle également effacée? Considérez les paroles de David dans le Psaume 56:9 : « Recueille mes larmes dans ton outre : Ne sont-elles pas inscrites dans ton livre? »
Il est fascinant de penser qu’il existe quelque part un registre de nos larmes. Dieu se souvient-il de chaque chagrin d’amour, l’enregistre-t-il pour la postérité? Pourrions-nous un jour feuilleter son livre et relire toutes nos vieilles lamentations?
Dans le Psaume 56:9, David demande à Dieu de ne pas oublier ses souffrances et ses larmes. Le titre du psaume indique les circonstances dans lesquelles il s’est trouvé : « Lorsque les Philistins le saisirent à Gath. » Cela nous renvoie à 1 Samuel 21:10-15, où David fait semblant d’être fou en présence d’Akish, le roi philistin. L’Écriture dit qu’il a recours à de telles tactiques en raison de la grande peur qu’il éprouve. David est épuisé de devoir s’enfuir, il craint pour sa vie et implore la miséricorde de Dieu.
Il s’écrie : « Recueille mes larmes dans ton outre : Ne sont-elles pas inscrites dans ton livre? » Littéralement, l’hébreu dit : « Mets mes larmes dans ta gourde. » Un tel sac pour les liquides était fait de peaux d’animaux cousues, un sac en cuir étanche avec une petite ouverture pour permettre de verser l’eau. Pensez aux gourdes fissurées et réparées des Gabaonites en Josué 9, lorsqu’ils se faisaient passer pour des voyageurs venus de loin.
David souhaite que Dieu recueille et conserve ses larmes de chagrin.
Pourquoi David fait-il cette étrange demande? Il semble qu’il ait désespéré de la réponse de Dieu à ses prières. De longs jours de fuite se sont écoulés sans que le ciel ne lui réponde. Voici David, des larmes coulant sur son visage, une liste de lamentations aussi longue que sa lance, et où est Dieu? Alors il supplie : « Enregistre mes lamentations, mets mes larmes dans ta bouteille. » Prends note de toutes mes larmes et laisse-les t’inciter à agir!
C’est une prière sincère pour que Dieu voie la profondeur de la souffrance de David, ses moindres détails et soupirs, et qu’il y réponde par sa miséricorde et sa puissance.
Le Psaume 56 exprime une urgence et une confiance : David est assuré que Dieu n’oubliera pas. Les larmes de David ne seront pas absorbées par le sol philistin et ne disparaîtront pas, car Dieu les verra et y répondra. Le Seigneur recueille les larmes de David comme étant précieuses et il consigne ses lamentations, parce qu’il répondra certainement à sa prière.
Ce que David savait, et ce que nous savons, c’est que Dieu n’est pas loin de ceux qui crient vers lui. Celui qui compte les cheveux de nos têtes n’oubliera pas les larmes sur nos visages.
Il voit ce que nous souffrons et nous assure que tout cela prépare quelque chose de plus grand. Comme le dit le Psaume 126 :
« Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec cris de triomphe. Celui qui s’en va en pleurant, quand il porte la semence à répandre, s’en revient avec des cris de triomphe, quand il porte ses gerbes » (Ps 126:5-6).
Les larmes que nous versons, qu’elles soient réelles et abondantes ou seulement celles du cœur, n’échappent pas à l’attention de Dieu. Le Psaume 56 parle d’abord des larmes versées lorsque les saints sont persécutés par leurs ennemis : ces larmes, comme le sang des martyrs, témoignent contre les méchants devant Dieu qui justifiera ses enfants. Toutefois, Dieu voit toutes nos larmes, les lamentations quotidiennes dues à la solitude, à la culpabilité, à la fatigue, à l’anxiété : ces larmes aussi sont vues par notre Dieu et ne coulent jamais sans être remarquées.
Dans sa profonde compassion, le Père met toutes nos larmes dans sa bouteille. Il le fait pour l’amour de Jésus, celui qu’il a envoyé comme homme de douleur dans ce monde gémissant. Pendant qu’il était ici, Jésus a pleuré, affligé par la mort, la détresse et le péché, puis les a vaincus par sa croix.
Aujourd’hui, au nom de Jésus, Dieu entend toutes nos lamentations et nous aide dans toutes nos luttes. Le Christ nous promet qu’un jour prochain, toutes ces larmes ne seront plus qu’un souvenir : nos visages seront à jamais essuyés, l’outre de Dieu sera vide à jamais.