Quelle est la différence entre le destin et la destinée?
Quelle est la différence entre le destin et la destinée?
« Quelle est la différence entre le destin et la destinée? »
Question d’un correspondant
On ne peut pas dire qu’il y ait vraiment une différence entre ces deux termes, qui sont en gros synonymes. Mais cette question m’amène à vous parler de la perspective biblique sur ce que nous appelons le destin ou la destinée. Pour beaucoup, notre destinée individuelle n’est que ce que nous faisons de notre propre vie, nous en sommes les seuls responsables. Pour d’autres, la destinée est quelque chose d’écrit auparavant, l’ensemble de tous les événements qui nous arrivent au cours de notre vie, et auxquels nous ne pouvons rien changer : nous ne faisons que subir passivement un ordre immuable d’événements qui intervient sans que nous puissions y changer quoi que ce soit. C’est ce qu’on appelle le fatalisme. Il ne sert à rien de vouloir infléchir le cours des événements, de toute manière, ce qui doit arriver arrivera. « Che sera sera » comme dit la célèbre chanson que chantait en son temps Doris Day.
La Bible, elle, nous apprend toute autre chose au cours de ses pages. Oui, Dieu est en contrôle de notre vie, et il en connaît le début comme la fin. Le Psaume 139 l’exprime de la façon suivante :
« Mon corps n’était pas caché devant toi, lorsque j’ai été fait en secret, tissé dans les profondeurs de la terre. Quand je n’étais qu’une masse informe, tu me voyais; et sur ton livre étaient tous inscrits les jours qui m’étaient fixés avant qu’aucun d’eux existe. Que tes pensées, ô Dieu, me semblent impénétrables! Que la somme en est grande! Si je les compte, elles sont plus nombreuses que les grains de sable. Je m’éveille, et je suis encore avec toi » (Ps 139.15-18).
La question que nous devons nous poser est la suivante : le fait que Dieu, dans l’immensité incommensurable de sa sagesse et puissance divines, connaisse tous les jours qu’il nous a fixés avant qu’aucun d’eux n’existe, signifie-t-il que nous ne sommes que les jouets du destin, dénués de toute responsabilité en ce qui concerne nos actes et nos paroles? Ce n’est certes pas ce que la Bible enseigne. Voici quelques versets du chapitre 4 de la Genèse, plus exactement le récit du meurtre d’Abel par son frère Caïn. Que dit Dieu à Caïn lorsque celui-ci est irrité et a l’air abattu parce que Dieu n’a pas porté un regard favorable sur son offrande?
« L’Éternel dit à Caïn : Pourquoi es-tu irrité, et pourquoi ton visage est-il abattu? Si tu agis bien, tu relèveras la tête, mais si tu n’agis pas bien, le péché est tapi à ta porte, et ses désirs se portent vers toi : mais toi, domine sur lui. Cependant, Caïn adressa la parole à son frère Abel et comme ils étaient dans les champs Caïn se dressa contre son frère Abel et le tua » (Gn 4.6-8).
Vous avez remarqué que Dieu ne dit pas à Caïn : « Ta destinée est de devenir le meurtrier de ton frère, il n’y a rien que tu puisses faire pour empêcher cela d’arriver, donc vas-y, tue-le! » C’est en fait tout le contraire. Dieu avertit Caïn et le met face à sa responsabilité. Il faut qu’il lutte consciemment et volontairement contre le péché qui est tapi à sa porte. Mais Caïn n’écoute pas la parole divine et se laisse emporter par ses penchants mauvais.
Tout au long des pages de la Bible nous trouvons des avertissements semblables. Le peuple de Dieu est rappelé à l’ordre par les prophètes qu’il lui envoie. Il doit obéir à la loi bonne et parfaite donnée par Dieu par l’intermédiaire de Moïse. Il doit se soumettre aux impératifs éthiques de la loi qui enjoint d’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa force et de toute sa pensée, et d’aimer son prochain comme soi-même. Il n’y a aucun fatalisme dans tout cela, la responsabilité humaine n’est jamais éludée, quelle que soit la manière dont Dieu conduit les destinées individuelles et collectives, et qui échappe à notre compréhension humaine bien trop limitée.
Ce que nous devons plutôt affirmer c’est le sens d’une authentique vocation chrétienne qui nous est adressée par le Créateur : voilà le véritable sens de notre destinée. Chacun a reçu des dons particuliers, un appel particulier à servir Dieu dans telle ou telle capacité. Les enfants eux-mêmes sont appelés à une vocation particulière qui est de se soumettre à l’autorité de leurs parents ou de ceux qui les instruisent, et de s’appliquer dans leur travail scolaire. Les personnes les plus âgées sont appelées à manifester de la sagesse et à la partager avec les générations plus jeunes. Le fait qu’elles ne soient plus dans le monde professionnel ne signifie aucunement qu’elles n’ont plus aucune vocation à exercer. Que dit l’apôtre Paul dans sa lettre à Tite, au début du chapitre 2?
« Dis aux hommes âgés d’être maîtres d’eux-mêmes, respectables, réfléchis, pleins de force dans la foi, l’amour et la persévérance. Qu’il en soit de même des femmes âgées : qu’elles aient un comportement digne de Dieu; qu’elles ne soient pas médisantes ni adonnées à la boisson. Qu’elles s’attachent plutôt à enseigner le bien : qu’elles conduisent ainsi les jeunes femmes à la sagesse en leur apprenant à aimer leur mari et leurs enfants, à mener une vie équilibrée et pure, à être des maîtresses de maison bonnes et actives, à être soumises à leur mari. Ainsi la Parole de Dieu ne sera pas discréditée » (Tt 2.2-5).
Le dernier point, et non le moins important, concernant la destinée chrétienne, concerne notre fin dernière. Notre destinée est, en fin de compte, une destination : celle qui nous mène vers le but de notre existence, le Seigneur lui-même. Certes, tous les jours de notre vie nous sommes appelés à vivre en communion avec lui, c’est un appel pressant que nous trouvons sur toutes les pages de l’Écriture. Cependant, cet appel se concrétisera de manière finale au moment de notre mort physique. Notre destinée, si nous avons bien entendu l’appel divin et sommes restés fidèles à notre vocation, nous aura conduits vers notre destination : vivre en communion parfaite avec Dieu dans l’éternité, sans rien qui puisse désormais nous en séparer; sans la séduction du tentateur rencontrée à tout bout de champ, sans chutes et rechutes pénibles. La couronne de la victoire aura été remportée en fin de course, et rien ni personne ne pourra nous la dérober.
Comment ne pas penser aux paroles sublimes de l’apôtre Paul parvenu en fin de course, lorsqu’il écrit ceci à son ami Timothée au chapitre 4 de se seconde lettre? Il attend son exécution après avoir comparu devant l’empereur romain inique et cruel Néron et lui avoir annoncé l’Évangile glorieux du Christ Roi :
« Car, en ce qui me concerne, écrit-il, je suis près d’offrir ma vie comme une libation pour Dieu. Le moment de mon départ est arrivé. J’ai combattu le bon combat. J’ai achevé ma course. J’ai gardé la foi. Le prix de la victoire, c’est-à-dire une justice éternelle, est déjà préparé pour moi. Le Seigneur, le juste Juge, me le remettra au jour du jugement, et pas seulement à moi, mais à tous ceux qui, avec amour, attendent sa venue » (2 Tm 4.6-8).
Quoi de plus exaltant que ces paroles pour ceux qui se savent eux aussi en fin de course? Mais même si nous ne sommes pas encore parvenus en fin de course, même si nous pouvons penser que bien des jours sont inscrits sur le livre divin en ce qui concerne notre vie ici-bas (quoique nous n’en sachions rien), ces paroles devraient nous accompagner journellement. Il nous faut garder les yeux fixés sur la venue du Seigneur, car c’est lui notre destination finale, c’est la vie éternelle en lui et par lui. C’est lui qui accordera à ceux qui lui seront restés fidèles la couronne de la victoire, lui qui a remporté cette victoire tout d’abord sur la croix, par son obéissance totale au Père céleste, et de manière éclatante au matin de sa résurrection. Notre destinée se situe dans son sillage.
Puissiez-vous non seulement découvrir, mais aussi affermir le sens de votre destinée ici-bas dans ces paroles d’espérance qui renversent toute sagesse humaine. Elles vous libéreront aussi bien d’un fatalisme stérile et destructeur, que d’une confiance en vos propres forces et vos propres initiatives tout aussi vaines, lorsqu’elles ne sont pas solidement ancrées dans la personne et l’œuvre de Jésus-Christ.