Se fixer dans les choses créées est duperie pour l'âme
Se fixer dans les choses créées est duperie pour l'âme
18e jour du 8e mois
Lecture : Colossiens 3.1-8
Dieu des vertus, tournez-nous vers vous, montrez-nous votre face et nous serons sauvés. Oui, de quelque côté que s’oriente l’âme de l’homme, c’est pour sa douleur qu’elle se fixe partout ailleurs qu’en vous, se fixa-t-elle sur les plus belles choses en dehors de vous, en dehors de soi. Encore ces belles choses elles-mêmes n’existeraient pas, si elles ne procédaient pas de vous. Elles naissent et elles meurent; en naissant, elles commencent d’être, pour ainsi dire; elles croissent pour arriver à leur perfection, et une fois cette perfection atteinte, elles vieillissent et meurent. Tout n’arrive pas à la vieillesse, mais tout arrive à la mort. Donc lorsqu’elles naissent et s’efforcent vers l’être, plus rapidement elles croissent pour être, plus vite elles se précipitent vers le non-être. Telle est leur condition; voilà tout le rôle que vous leur avez assigné, parce qu’elles sont les parties de choses qui ne coexistent jamais simultanément et qui, par les vicissitudes de leur disparition et de leur apparition, composent le tout dont elles sont les parties. C’est pareillement que se déroule, jusqu’au bout notre conversation, grâce à une suite de mots articulés. Elle n’arriverait pas à se formuler tout entière, si chaque mot, une fois son office sonore rempli, ne s’évanouissait pour céder la place à un autre mot.
Prière
Vous, Seigneur, vous demeurez éternellement, mais « vous ne vous irriterez pas éternellement contre nous », puisque vous avez eu pitié de mon limon et de ma cendre et qu’il vous a plu de réformer, devant vos regards, mes difformités. Vous me pressiez d’un aiguillon secret, pour me priver de tout repos, jusqu’à ce que j’eusse acquis sur vous la certitude par une intérieure intuition. Mon enflure diminuait au contact mystérieux de votre remède, et l’œil trouble et obscurci de mon âme allait mieux de jour en jour, grâce au collyre énergique des douleurs salutaires.