La souveraineté de Dieu (2)
La souveraineté de Dieu (2)
- L’élection
- Ceux que le Père donne à son Fils
- La prière sacerdotale
- Recevoir et croire
- Avant ma naissance?
- Avant la création du monde?
1. L’élection⤒🔗
Ce que nous avons rappelé va nous aider à parler de l’élection, ce qui n’est pas facile pour des personnes soucieuses de logique ou de rationalité. Ce n’est pas nouveau. Je cite Charles Spurgeon : « Certains hommes ne peuvent supporter d’entendre parler de la doctrine de l’élection. Je suppose qu’ils aimeraient choisir leur propre femme. Mais ils ne veulent pas que Christ choisisse son épouse, l’Église. » Il dit encore : « Quoi que l’on puisse dire au sujet de la doctrine de l’élection, elle est inscrite dans la Parole de Dieu comme avec un burin de fer. »
Souvenons-nous de ces quelques mots du début de l’Évangile de Marc : « Jésus appela ceux qu’il voulut » (Mc 3.13). Ailleurs, Jésus confirme : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis afin que vous alliiez, et que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure » (Jn 15.16). Cela est dit d’une manière qui peut s’appliquer à d’autres qu’aux disciples qui étaient auprès de lui1.
2. Ceux que le Père donne à son Fils←⤒🔗
Chez Jean, cette révélation est développée au chapitre 6 :
« Tous ceux que le Père me donne viendront à moi, et je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi; car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. Or, la volonté de celui qui m’a envoyé, c’est que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour. La volonté de mon Père, c’est que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6.37-40).
Méditons un instant ces paroles de Jésus. On voit que cela ne vient pas de lui (cela aurait pu être seulement affectif…), mais de son Père. Et le Père ne dit pas seulement au Fils : Celui-là, celle-là, mais il donne celui-là et celle-là à son Fils!
Aux Juifs qui ne comprenaient pas, Jésus répondit : « Ne murmurez pas entre vous. Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire; et je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6.43-44). Ainsi, le Père donne des hommes et des femmes à son Fils; puis il les attire jusqu’à Jésus. Sinon, dit Jésus, « personne ne peut venir à moi »2.
Nous avons une illustration avec la conversion de Lydie, la marchande de pourpre :
« Lydie était une femme craignant Dieu3 et elle écoutait. Le Seigneur lui ouvrit le cœur pour qu’elle fût attentive à ce que disait Paul. Lorsqu’elle fut baptisée, avec sa famille… » (Ac 16.14).
Ici, la responsabilité de Lydie et l’action prépondérante de Dieu sont intimement liées, comme d’ailleurs dans cette affirmation au sujet des incroyants : « Ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés » (2 Th 2.10).
3. La prière sacerdotale4 ←⤒🔗
Au chapitre 17 de Jean, je lis :
« J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m’as donnés du milieu du monde. Ils étaient à toi, et tu me les as donnés; et ils ont gardé ta parole. Maintenant, ils ont connu que tout ce que tu m’as donné vient de toi. Car je leur ai donné les paroles que tu m’as données; et ils les ont reçues, et ils ont vraiment connu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé. C’est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi » (Jn 17.6-9).
Ici, Jésus nous introduit dans des profondeurs insondables du dessein de Dieu (comme Paul en Éphésiens). Remarquons l’ordre des verbes : « Ils étaient à toi; ils ont gardé ta parole; ils l’ont reçue; ils ont connu que je suis sorti de toi, et ils ont cru. » Tout ne commence pas au moment où je crois : le verbe croire vient en dernier dans cette énumération. La foi n’est pas le germe, c’est le fruit! L’appartenance à Dieu est antérieure à tout le reste. Tout commence par là : « ils étaient à toi »!
4. Recevoir et croire←⤒🔗
Le propre d’une révélation — car il s’agit bien de cela — ce n’est pas d’être expliquée, c’est d’être reçue, connue et crue (c’est l’ordre des verbes, ici!).
Charles Spurgeon dit :
« Je crois dans la doctrine de l’élection, parce que je suis certain que si Dieu ne m’avait pas choisi, je ne l’aurais jamais choisi moi-même; et je suis sûr qu’il m’avait choisi avant ma naissance, sinon il ne m’aurait jamais choisi après; et il devait m’avoir choisi pour des raisons que j’ignore, parce que je n’arrive pas à comprendre en moi-même pourquoi il a jeté son regard sur moi avec cet amour particulier. Voilà pourquoi je suis forcé d’accepter cette doctrine. »
Et il ajoute, pour ceux qui peinent à l’accepter :
« Vous devez d’abord nier l’authenticité et la pleine inspiration de l’Écriture sainte avant de pouvoir légitimement et véritablement nier l’élection. »5
5. Avant ma naissance?←⤒🔗
Nous retrouvons cela plusieurs fois dans l’Écriture.
« Mon corps n’était point caché devant toi, lorsque j’ai été fait dans un lieu secret, tissé dans les profondeurs de la terre. Quand je n’étais qu’une masse informe, tes yeux me voyaient; et sur ton livre étaient tous inscrits les jours qui m’étaient destinés, avant qu’aucun d’eux n’existât. Que tes pensées, ô Dieu, me semblent impénétrables! Que le nombre en est grand! » (Ps 139.15-17).
Il y a aussi la vocation de Jérémie :
« La parole de l’Éternel me fut adressée, en ces mots : Avant que je t’eusse formé dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant que tu fusses sorti de son sein, je t’avais consacré, je t’avais établi prophète des nations » (Jr 1.4-5).
Et de Paul : « Lorsqu’il plut à celui qui m’avait mis à part dès le sein de ma mère… » (Ga 1.15).
6. Avant la création du monde?←⤒🔗
« Ceux qu’il a connus d’avance6, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils » (Rm 8.29). On connaît le sens fort du verbe « connaître ».
Ce n’était pas seulement « savoir à l’avance » ce qui se passerait ensuite. Cela est dit en toutes lettres au début de la lettre aux Éphésiens.
« En Jésus-Christ, Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui, nous ayant prédestinés dans son amour à être ses enfants d’adoption par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté » (Ép 1.4-5).
Lire Rm 11.35-367.
Notes
1. Pour Luther le salut par la grâce est un salut extra nos, c’est-à-dire provenant de l’extérieur de nous-mêmes.
2. Nous reviendrons sur ce point lors de la dernière étude, sur l’évangélisation.
3. Était-elle meilleure que les autres? Non, mais déjà Dieu avait rendu son cœur sensible à la grâce! Voir Lc 7.2-8.
4. La prière que Jésus adresse à son Père pour les siens, en tant que souverain Sacrificateur, avant de vivre sa passion; prière que l’on peut imaginer se prolongeant aujourd’hui encore (Rm 8.34; Hé 7.25).
5. Le libre arbitre d’Érasme laisse penser que la volonté de l’homme demeure libre, et que la foi est le fruit de cette volonté et non un don de la grâce de Dieu.
6. Ne pas confondre avec la prescience de Dieu qui dirait ceci : « Ceux dont Dieu savait d’avance qu’ils croiraient… »
7. Voir mon article intitulé La souveraineté de Dieu et la responsabilité humaine selon la Confession de foi de La Rochelle.