Le Dieu vivant
Le Dieu vivant
1. La tentation du doute⤒🔗
« Je crois en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. Je sais que ma foi me procure la vie éternelle, par Jésus-Christ mon Seigneur. » C’est dans l’engagement et la profession d’une telle foi que je puise la force de vivre. Néanmoins, quelle que soit ma force de croire, je sais que je ne suis jamais à l’abri du doute. Aussi longtemps que Satan s’agitera, il versera le poison du doute dans mon esprit et cherchera à saper ma foi en la réalité du Dieu vivant. Si je n’en étais pas conscient ou si je venais à nier l’action néfaste et destructrice de Satan, la raison en serait que je reste vulnérable aux attaques de l’adversaire malin. Quels que soient donc la honte et le sentiment de culpabilité que j’éprouve à avoir douté, je ne devrais jamais la dissimuler; je dois plutôt l’envisager ouvertement, afin de mieux m’assurer de la victoire de la foi au Dieu vivant. Voilà une attitude chrétienne à la fois lucide et dynamique.
Le chrétien n’ignore pas les multiples raisons qui existent pour douter de la réalité du Dieu vivant; des raisons ou des facteurs qui entrent en scène soit par les portes d’une certaine éducation moderne, soit lorsqu’il assume des positions responsables dans la vie. Nous vivons une époque excessivement « pragmatiste ». Nos contemporains veulent tout éprouver par le toucher, tout palper par les mains, « sentir » tout immédiatement. Pour eux, il n’y a de vrai que ce que l’on voit et ce que l’on constate empiriquement. Toute pensée « abstraite » est écartée de l’expérience. C’est ce qu’ils appellent le « cadre scientifique » dans lequel se placerait et se déroulerait notre existence quotidienne. Cette méthode dite scientifique a la prétention de s’appliquer jusque dans le domaine de la foi.
Examinons quelques instants l’avènement de cet esprit.
Avant l’ère dite « positiviste », qui a commencé il y a approximativement quatre siècles, les croyances religieuses étaient simplement et honnêtement admises. Depuis, elles ont laissé la place aux affirmations dogmatiques de la science moderne.
Au fur et à mesure que la science découvrait les lois régissant la nature et l’univers, certains chrétiens inclinaient à abandonner certaines idées « naïves » du passé, idées que par erreur l’on supposait affirmées dans et par la Bible. Mais ils n’en sont pas restés là et ils se sont laissé enfermer dans une acceptation dite scientifique du monde qui, s’imposant avec force, leur enlevait la conviction même de la réalité du Dieu vivant. Ou bien la Bible n’avait rien à offrir en ce qui concerne l’explication scientifique du monde, ou bien elle se trompait lourdement. De toute manière, pour sauver la face et ne pas faire figure de pauvres retardés, ces chrétiens affichaient la conviction que la Bible laissait d’énormes blancs dans l’explication de l’origine du monde et dans celle des lois de la nature. Ces chrétiens n’ont pas semblé abandonner leur foi en Dieu; mais leur « Dieu » n’était autre que celui de ces « blancs » et de ces « vides », une explication plus ou moins complémentaire du monde et non plus le Dieu vivant de la révélation.
Prenons un exemple, encore très courant, de ceux qui tiennent « à sauver la face »; celui de la théorie de l’évolution. Bien des chrétiens admettent encore, même contre les évidences de la science, l’idée d’une certaine évolution des espèces, comme celle des familles. Ne pouvant trouver d’autre solution ou d’autre explication à l’origine des choses, ils laissent quand même une place au Dieu Créateur. Dieu devient alors « remplisseur » de vides plus que Créateur. Mais il n’a pas fallu longtemps pour que ces chrétiens parviennent à éliminer même ce Dieu des « vides », en s’en tenant uniquement à ce qu’ils appelaient la conception scientifique du monde. Dieu ou l’hypothèse de Dieu n’était plus indispensable pour expliquer le merveilleux mécanisme de cette vaste horloge appelée univers.
Or, la révélation biblique — et à sa suite l’Église — proclame depuis toujours Dieu comme l’unique source de la vie et l’origine de tout être, de tout mouvement, de toute respiration. C’est lui qui a effectivement engendré l’univers par son acte créateur direct. Mais pour bien des chrétiens, Dieu continue à ne remplir que les « blancs » auxquels nous faisions allusion plus haut. Pour eux, c’est le savant moderne qui est censé déchiffrer le secret des origines et sonner l’explication du « comment » de la réalité. Certains vont jusqu’à attendre qu’il crée la vie. Et si le succès venait à couronner ces efforts scientifiques, ce Dieu laissé pour compte qu’ils ont voulu affecter au remplissage de quelques vides serait déclaré officiellement mort.
C’est là l’un des facteurs, sans doute parmi les plus répandus, qui entretient ou inspire la tentation du doute. Et, comme il se devait, certains théologiens n’ont pas manqué d’anticiper cette prétendue mort de Dieu. Bien que ces étranges hérauts modernes de la mort de Dieu diffèrent quant à leurs idées, ils sont unanimes pour prétendre qu’il n’existe pas un Être suprême et surnaturel, là-haut, susceptible d’intervenir dans le cours des événements et de régler les affaires des hommes; qu’il n’y a personne avec un message révélé parvenant à l’homme; ni message ni secours destiné à l’homme se débattant dans d’effarants problèmes et menant une lutte désespérée entre la vie et la mort. Peut-être la « religion » a-t-elle encore quelque valeur; mais si elle doit survivre, il faut qu’elle prenne une nouvelle forme, adaptée, ajustée, conforme aux idées et aux aspirations des hommes.
Voilà donc une autre raison de douter. L’homme moderne, ne cesse-t-on de rabâcher, ne cherche et ne souhaite nullement entendre une Parole — encore moins recevoir des ordres — venant d’en haut.
Ainsi, reconnaissons franchement que peu nombreux sont ceux d’entre nous, en tout cas très peu parmi les jeunes, à qui soient épargnées de telles tentations. Il n’est pas toujours aisé de persévérer dans la foi dans de telles conditions. Le mot d’ordre moderne est : « révolution ». Ce qui nous vient du passé est un héritage encombrant; il faut s’en défaire à tout prix. L’humanité souffrante crie malgré elle vers le ciel, mais le ciel lui apparaît vide et elle n’entend que l’écho de ses cris résonnant dans l’étendue de l’espace sidéral. Mais l’humanité, même avec son esprit scientifique, se résoudra-t-elle à l’idée que personne, vraiment personne, ne prête l’oreille à ses cris et n’accueille ses plaintes?
2. Des preuves de l’existence de Dieu?←⤒🔗
Parvenus à ce point, posons-nous une autre question, vitale aussi bien pour les croyants que nous sommes que pour les non-croyants : avons-nous des preuves de l’existence de Dieu?
Le chrétien, le premier à être assailli par le doute, est aussi assailli par une autre tentation : chercher à produire des preuves de l’existence de Dieu.
Celles-ci ont toujours existé — et même proliféré — au cours des âges. Or, si nous comprenons la noblesse de l’intention de ceux qui veulent prouver l’existence de Dieu — alors que partout ailleurs on proclame sa mort —, la tentative, elle, est foncièrement illégitime, car il n’existe point de preuve de cet ordre; il n’existe que notre foi au Dieu révélé et vivant.
Lorsque les pharisiens de l’époque de Jésus ont réclamé un signe ou une preuve, le Seigneur leur a répondu (voir Mt 12.33-39).
Nous n’oublions pas que l’un des meilleurs esprits de la chrétienté, Thomas d’Aquin, a consacré sa somme théologique à vouloir produire des preuves rationnelles de l’existence de Dieu. Thomas d’Aquin n’a pourtant rien fait d’autre que de reprendre, comme s’ils étaient chrétiens, les arguments et la méthode d’Aristote, un penseur païen. Il a ainsi introduit dans l’Église, de manière illégitime, des preuves plus encombrantes encore pour la foi que l’absence de preuves rationnelles.
Il n’est pourtant pas difficile de concevoir pourquoi une preuve de cet ordre ne s’applique pas à la réalité de Dieu. Car, ou bien le Dieu de notre foi, celui de la révélation biblique, est le Dieu vivant qui échappe à tout contrôle humain, ou bien c’est nous, créatures, qui décidons en fin de compte du sort de Dieu. Mais dans ce cas, Dieu est-il Dieu? N’est-il pas plutôt une idée, certes prouvée, mais assujettie à « l’idée » de l’homme?
Lorsque l’homme prétend, même avec les meilleures intentions, « prouver Dieu », automatiquement et à son insu il soutient l’idée que Dieu n’existe pas. « Ayant fait de mon mieux, je dois conclure que Dieu n’existe pas », dira-t-il finalement. Or, le Dieu vivant dont nous parlons et sur qui se fonde notre foi n’autorise aucune créature à le soumettre à un tel examen. Il n’y a que l’athée arrogant ou l’agnostique irresponsable qui le soumettront à un tel scrutin. Que nous reste-t-il à faire? Premièrement, ne pas nous laisser intimider par ceux qui affirment qu’il n’y a pas de preuves de l’existence de Dieu. Avec la même force et la même ferveur, nous devrions riposter en disant qu’il n’existe pas non plus de preuves de la non-existence de Dieu!
De manière plus positive, sommes-nous entièrement convaincus que nous cherchons un fondement solide pour notre foi au Dieu vivant? Il se pourrait que certains d’entre nous continuent à croire en Dieu à cause de quelque preuve populaire, aussi évidente que fragile, qu’ils s’écrient en regardant la terre, la lune, les étoiles : « Mais bien sûr que tout ceci prouve l’existence de Dieu! » Voltaire en faisait autant, mais ces preuves-là n’ont pas fait de lui un fidèle membre de l’Église confessant la foi au Dieu vivant. Nous devons commencer par confesser notre foi en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. Celui-ci est le Dieu de la révélation, celui dont la voix s’entend sur les pages de la Bible. Certes, le Psaume 19 proclame : « Les cieux racontent la gloire de Dieu. » Mais là n’est pas une preuve. Il ne nous reste donc que le principe de la foi. « C’est par la foi que nous comprenons que le monde a été formé par la parole de Dieu » (Hé 11.6).
En regardant les cieux, nous voyons la splendeur de Dieu, parce qu’auparavant nous avons entendu sa voix dans sa Parole. Aussi, nous confessons tout d’abord notre foi au Dieu vivant.
Le chrétien, le lecteur assidu de la Bible, fera remarquer que l’apôtre Paul, lui, s’appuyait sur une preuve tirée de la création pour défendre Dieu et pour confondre ses adversaires. On connaît sans doute le passage qui se trouve dans le chapitre premier de sa lettre aux Romains (versets 18 à 23). L’apôtre y affirme que Dieu parle aux hommes par les choses qu’il a créées. La création, par conséquent, nous transmet un message concernant la divinité de Dieu et son pouvoir éternel. Nous croyons fermement que les choses créées font clairement apercevoir les attributs divins du Créateur. Notre objection se porte sur un autre point, à savoir que ce qui est clairement perçu à l’œil nu ne saurait être analysé scientifiquement pour devenir ensuite une preuve, un étai pour la foi. Ce qui est clairement aperçu des données créées nous parvient aussi comme une révélation directe, que nous aurons à accepter et à croire afin d’honorer Dieu et de lui être fermement reconnaissants. Parce que nous connaissons ces données, nous n’avons plus aucune excuse en face de Dieu; nous n’avons plus aucun droit d’être vains et futiles dans nos pensées, plus aucune excuse pour changer la gloire immortelle de Dieu en images corruptibles, produits de notre imagination idolâtre.
Je ne voudrais pas faire croire que les arguments classiques de l’existence de Dieu sont dépourvus de toute valeur. Je tiens plus simplement à souligner qu’ils ne possèdent pas de force absolue et définitive. Ils ne constituent pas le fondement de la foi au Dieu vivant. Leur seule valeur consiste à montrer le caractère « raisonné » et « raisonnable » de la foi chrétienne. Ils démontrent que la foi — chrétienne et biblique — n’a rien « d’absurde ». Je ne crois pas en Dieu parce que c’est absurde. En cela je reconnais que de telles preuves peuvent jouer un certain rôle, surtout à notre époque où tout et tous s’acharnent à faire de la foi quelque chose d’irrationnel, l’identifiant exclusivement à un certain sentimentalisme, à certains états d’âme, la réduisent à une expression psychologique et, finalement, font de l’homme lui-même et ce qu’il éprouve dans son for intérieur non seulement le fondement de la foi, mais aussi sa source. Vous rendez-vous compte quelle foi misérable serait la nôtre si ses preuves consistaient uniquement dans les impressions, les goûts, les tendances et les fantaisies des hommes? Il n’y aurait plus de Dieu vivant, il n’y aurait que des hommes générateurs de dieux à leur image et selon leur misérable ressemblance1.
3. La preuve de la foi←⤒🔗
Qu’est-ce qui, à nos yeux, est légitimement la preuve de notre foi au Dieu vivant? Elle n’est pas acte gratuit, geste aveugle, pari à la manière de Pascal. Je crois en revanche que les « preuves » que je possède de l’existence du Dieu vivant sont bien rationnelles. L’intelligence y joue le premier rôle puisque la toute première tâche de mon intelligence et de ma raison — autant que de ma volonté et de mes sentiments — consiste à connaître et à reconnaître Dieu. Il existe des preuves qui confirment notre foi et la rendent tout à fait raisonnable en face du monde entier. Il est urgent de les connaître et de les préciser afin que les chrétiens ne se dispersent pas dans tous les sens et ne cherchent pas les preuves de l’existence de Dieu là où elles n’existent pas.
En voici la première : Jésus-Christ, dans sa vie et son ministère total, dans sa mort et dans sa résurrection, dans tous ses discours et dans tous ses actes, teste la preuve du Dieu vivant. Il affirmait être un avec lui; il s’est présenté sans équivoque comme le Fils de Dieu; il s’est déclaré la voie, la vérité, la vie. Il s’est offert comme le Pain et l’Eau de vie. Il est la Lumière du monde, source de vie éternelle. Si le Christ est bien ce qu’il a affirmé, nous avons alors la preuve la plus parfaite et la plus suffisante de l’existence du Dieu vivant. L’apôtre Jean concluait son Évangile de manière à prouver que Jésus-Christ est la révélation de ce Dieu vivant : « Ceci est écrit afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom » (Jn 20.31).
L’intention des signes et des preuves donnés par Jésus était d’amener tout homme à la foi. Parmi tous ces signes, le plus grand est sa résurrection. « Si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine », déclare saint Paul (1 Co 15.17; voir Mt 12.38-40). Bien entendu, on posera la question : mais Jésus est-il réellement ressuscité? Est-ce que la tombe refermée sur un cadavre a pu s’ouvrir? Sa résurrection peut-elle être prouvée?
Je ne ferai que reprendre ici une affirmation d’un des esprits les plus brillants du siècle passé, Matthew Arnold, écrivain britannique : « La résurrection du Christ est le fait historique le mieux attesté de toute l’histoire », écrivait-il. Son jugement demeure valable pour notre époque. La résurrection corporelle de Jésus-Christ peut résister à l’examen le plus minutieux et le plus sévère de ses détracteurs. Tout homme honnête peut l’admettre comme étant une réalité incontestable.
Une deuxième catégorie de preuves est celle des miracles bibliques. Chaque geste de Jésus produit le salut et porte la guérison. Le miracle biblique fait partie de la révélation de Dieu et de la rédemption qu’il accorde. Par leur moyen, Jésus se présente comme le Fils de Dieu et comme le Sauveur des hommes. Il n’est pas un vulgaire faiseur de prodiges, mais chacune de ses œuvres rend témoignage à sa filiation divine et à la gloire de Dieu. Voyez par exemple la résurrection de Lazare. La maladie et la mort de cet homme ont contribué à ce que le Fils de Dieu soit glorifié. « Après avoir entendu cela, Jésus dit : Cette maladie n’est pas pour la mort, mais pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle » (Jn 11.4).
Bien que Jésus aurait pu guérir son ami alors qu’il était malade, il se dit heureux de ne l’avoir pas fait, « afin que vous croyiez » (Jn 11.15). Devant la tombe, nous l’entendons enfin dire :
« Père, je te rends grâces de ce que tu m’as exaucé. Pour moi, je savais que tu m’exauces toujours, mais j’ai parlé à cause de la foule de ceux qui se tiennent ici, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé » (Jn 11.41-42).
Ce qui est vrai dans le cas de la résurrection de Lazare l’est aussi dans tous les autres miracles accomplis par Jésus.
Ouvrons ici une parenthèse et rappelons l’excellente observation que fait C.S. Lewis dans ses ouvrages. Il est absurde d’objecter que les contemporains de Jésus ignoraient les lois de la nature et que la raison de leur foi aux miracles s’explique par là. Non, affirme Lewis, ces hommes connaissaient les lois de la nature aussi parfaitement que nos contemporains. Et prenant pour exemple Joseph, le fiancé de Marie, l’auteur illustre sa pensée. C’est parce que Joseph savait que d’après les lois de la nature aucune vierge ne peut enfanter qu’il avait décidé de rompre avec elle. Il était au courant, comme chacun d’entre nous, des lois normales qui président à la procréation. Mais il a admis le miracle en tant que révélation et signe de l’intervention de Dieu, en vue du salut de son peuple.
Un autre théologien, Ethelbert Stauffer, dans son Histoire de Jésus, a étudié et examiné les miracles. En tant qu’historien critique, il y scrute toutes les sources, à la fois chrétiennes et juives, pour parvenir à la conclusion que Jésus a bel et bien accompli des miracles. Même les ennemis de Jésus étaient contraints de reconnaître les faits. « Alors les principaux sacrificateurs et les pharisiens assemblèrent le sanhédrin et dirent : Qu’allons-nous faire? Car cet homme fait beaucoup de miracles » (Jn 11.47). D’autres passages pourraient être rappelés à l’appui (Mt 9.34; Mc 1.44; Jn 7.1-8; Ac 2.22; Ac 10.36-39).
Le livre de ce théologien allemand est une excellente défense et illustration de ce que Jésus a affirmé sur sa personne et de la vérité de ces affirmations. Certes, je ne veux pas prétendre que les miracles forcent nécessairement la foi de quelqu’un. Même au temps de Jésus et malgré ses prodiges, les hommes n’ont pas cru en lui. Il reste pourtant vrai qu’ils font partie des preuves que nous possédons pour témoigner et pour étayer notre foi au Dieu vivant.
Reste enfin la dernière preuve : il s’agit de l’affirmation biblique, audacieuse et déroutante, qui prend les mots mêmes de Dieu pour nous parler du Dieu vivant. Lisez par exemple Ésaïe 44 à 46, qui décrit Dieu en procès avec son peuple. Il lui montre la folie qu’il y a à courir après ces idoles. Il insiste pour le ramener vers lui, parce qu’il n’y a pas d’autre Dieu que lui. Les autres « dieux » sont bouche cousue, ils sont incapables de parler ou d’agir. Quant au Dieu d’Israël, il est celui qui dit et les choses arrivent. Dieu donne des flashes de ce qui va se produire parce que c’est lui qui a établi toutes choses et qu’il les supervise, les contrôle et les conduit. C’est ainsi qu’il agira jusqu’à la fin, en vue du salut de son peuple. En d’autres termes, l’accomplissement des prophéties et la promesse de l’avènement du Royaume sont des arguments entre les mains de Dieu pour prouver qu’il est l’unique vivant. L’une des meilleures preuves de l’existence de Dieu se trouve dans le salut promis et dans la fondation de l’Église chrétienne. Et aussi dans la puissance de l’Esprit qui œuvre dans nos vies, dans la vôtre et dans la mienne. Aussi terminerons-nous par une doxologie : Alléluia, car notre Dieu, tout-puissant, est le Dieu vivant! Amen.
Est-il le Vivant, celui qui m’attire par son pouvoir et par sa grâce, par le salut de la croix? Est-il le Dieu qui veut refaire ma vie et reformer ma conduite? Sa connaissance est de nature contraignante. Elle est inévitable. Tôt ou tard, Dieu se présentera à nous et nous ne pourrons pas le fuir. Tant qu’il fait jour, il attend notre réponse, notre foi, notre conversion personnelle. Tout refus sera la porte ouverte vers le jugement, vers l’enfer et si alors nous connaîtrons Dieu, ce sera pour subir sa terrible colère.
Note
1. Ceci laisse hors considération la légitimité d’une pensée philosophique au sujet de l’existence de la déité. C’est à la philosophie chrétienne de décider de cette question à la lumière de sa condition spécifique. De très nombreux arguments philosophiques en faveur de la foi au Dieu vivant ont été formulés. C. S. Lewis, dans son Miracles et dans Les fondements du christianisme, présente ces arguments avec un grand talent. Cependant, même si nous restons reconnaissants à l’auteur, nous n’oublierons pas que le fondement de notre foi ne saurait se trouver dans un système philosophique comme tel.