La providence
La providence
Toutes choses sont conduites par la providence
« Il soutient tout par sa Parole puissante » (Hé 1.3).
Jésus-Christ le Fils de Dieu, et Dieu bénit éternellement, qui a créé toutes choses, les conserve, les soutient par sa volonté, par son commandement, et sa volonté est si puissante que par lui toutes les choses subsistent, et elles subsistent autant qu’il le veut.
« C’est lui qui donne à tous la vie, et la respiration, et toutes choses. Par lui, nous avons la vie, et le mouvement et l’être » (Ac 17.25, 28).
C’est de Dieu que tous les êtres tirent leur existence, tous les animaux ne respirent que parce qu’il leur a donné la respiration, et tout ce qu’on possède vient de lui.
C’est Dieu qui nous a donné l’intelligence pour produire des actions raisonnables; et qui non seulement nous a donné une vie semblable à celle des animaux, mais encore une autre beaucoup plus excellente, par laquelle nous pouvons connaître tout ce qui peut être connu par des êtres finis.
C’est Dieu qui nous a donné les facultés animales desquelles dépendent nos mouvements, qui les soutient, et qui les conserve, et qui de moment en moment leur fournit des forces pour agir de sorte qu’elles ne produisent aucune opération, sinon par son assistance. C’est lui enfin qui nous donne l’être, et qui l’entretient; sans lui, nous serions dans le néant, ou nous y retomberions promptement.
« Éternel, tu conserves et les hommes et les bêtes » (Ps 36.7).
Ta miséricorde est si grande qu’elle ne s’étend pas seulement sur les hommes qui se conduisent par la raison, mais encore sur les bêtes qui ne suivent que leurs sens. Elle nourrit et conserve en plusieurs manières les uns et les autres; et même les méchants, dans le temps qu’ils le méprisent, et qu’ils violent, sans aucune crainte, ses divins préceptes.
« Il abreuve les montagnes de ses chambres hautes, et la terre est abreuvée du fruit de ses œuvres. Il fait germer le foin pour le bétail et l’herbe, pour le service de l’homme, afin de faire sortir le pain de la terre; et le vin qui réjouit le cœur de l’homme, etc » (Ps 104.13-14).
Ta providence ne fait pas seulement couler les fontaines dans les vallées, pour l’usage des hommes et des bêtes; mais tu répands encore d’en haut les pluies sur les montagnes; et la terre ainsi humectée par la pluie que tu envoies produit en abondance des herbes et des plantes, et toute sorte de fruits capables de rassasier tous ses habitants. L’homme les cultive, mais c’est toi, Seigneur, qui les fais croître. Ainsi il les doit regarder comme ton ouvrage, et les tenir plutôt de ta libéralité que de son travail. Tu ne nourris pas moins les bêtes que les hommes, tu donnes aux unes le foin, et aux autres l’herbe d’où naît le froment, et les autres grains destinés à sa nourriture. Tu donnes à l’homme du pain, qui est la nourriture destinée pour le soutenir; et le vin, pour le fortifier et pour le réjouir, ou pour lui donner une vigueur nouvelle, lorsqu’il est dans la langueur.
« Les yeux de tous les animaux s’attendent à toi, et tu leur donnes leur pâture en leur temps. Tu ouvres ta main, et tu rassasies toutes les créatures vivantes » (Ps 145.15).
Ta bonté se fait sentir à toutes les créatures, aussi tous les animaux ont comme les yeux tournés vers toi, et tu leur donnes leur nourriture dans le temps propre. Tous les jours, tu ouvres ta main libérale pour les remplir des effets de ta bonté. Ainsi toutes les créatures vivantes dépendent absolument de toi, soit pour leur nourriture, soit pour la subsistance de leur être, sans rapport à leur nourriture. Si les animaux recueillent de quoi se nourrir, c’est parce que Dieu le leur donne, et ils ne sont remplis de biens que lorsqu’il ouvre sa main pour les en combler. Ils ne subsistent dans leur être que parce qu’il les regarde favorablement, c’est qu’il les soutient par sa volonté toute-puissante, et dans le moment qu’il détourne d’eux son regard favorable, ils tombent dans le trouble et dans la défaillance, et retournent dans la poussière dont ils ont été formés, et sont privés de la vie qu’il leur communiquait en les regardant. Voyez Ps 104.29-30.
« C’est lui qui donne la neige comme des flocons de laine, et qui répand la bruine comme de la cendre, etc » (Ps 147.16).
La neige que Dieu fait tomber sur la terre comme par flocons de laine; cette gelée blanche, qu’il y répand comme de la cendre, cette grêle qu’il fait pleuvoir comme autant de grains glacés, sont des preuves et des effets de sa volonté souveraine, qui rend tout d’un coup, quand il lui plaît, l’air d’une rigueur et d’un froid insupportable; mais c’est encore par un effet du même pouvoir absolu, que ce froid si rigoureux, qui resserre toutes choses, et qui rend solide l’élément le plus coulant, se change dans un moment, et qu’au premier souffle du vent de midi, cette neige, cette gelée blanche, et cette glace se fondent et coulent en eau. La divine providence sait ménager pour l’utilité de la terre, les choses mêmes qui paraissent lui être les plus contraires. C’est ainsi que la neige sert à échauffer les grains, leur servant comme d’un vêtement de laine pour les couvrir; elle brûle les mauvaises herbes, qui étoufferaient le blé, et elle engraisse la terre.
« Deux passereaux ne se vendent-ils pas une pite; et néanmoins, il ne tombera pas un d’eux en terre, sans notre Père. Et les cheveux mêmes de votre tête sont tous comptés » (Mt 10.29-30).
Quoique les passereaux soient d’un très petit prix, en sorte que deux se vendent pour la troisième partie d’un sou, cependant Dieu ne laisse pas d’en avoir soin, et de disposer par sa providence, de leur vie et de leur mort; et nos cheveux même, la chose du monde la plus vile, ne tombent pas sans une expresse permission de Dieu; et il n’y en a pas un qui soit oublié dans les soins de sa providence; ce qui est un grand sujet de confiance, et une grande preuve qu’il y a une providence.
« Les dispositions du cœur sont à l’homme, mais les paroles de la langue sont de l’Éternel » (Pr 16.1).
Quoiqu’il ne soit pas plus au pouvoir de l’homme de rien résoudre dans son Esprit, que d’exécuter ses résolutions, cependant on peut dire que l’homme est maître de ses pensées, en tant qu’il lui est naturellement plus aisé de penser que d’exécuter; mais il n’est pas dans son pouvoir lorsque Dieu ne veut pas, d’exprimer ses pensées par ses paroles, qui est pourtant la chose du monde qui semble être le plus en notre puissance; ainsi tous les projets, les desseins des hommes sont soumis à la providence; et l’homme ne peut rien faire ni rien dire que ce qu’il plaît à Dieu. On en voit un exemple en Balaam (Nb 23).
« On jette le sort au giron, mais tout ce qui doit arriver est de l’Éternel » (Pr 16.33).
Il n’y a rien qui paraisse plus fortuit, et purement de hasard, que le sort, cependant c’est Dieu qui en dispose; pour nous apprendre à remarquer son doigt dans tous les événements de la vie, et à rapporter tout à sa souveraine volonté. C’est une allusion à la coutume de mettre les billets, les petites boules, et telles autres choses, par le moyen desquelles on tirait au sort, ou dans un pan de la robe de celui qui recevait ces billets, ou dans quelque autre chose.
« Le cœur du roi est dans la main de l’Éternel, comme des ruisseaux d’eaux courantes, il l’incline à tout ce qu’il veut » (Pr 21.1).
Dieu tourne aussi facilement ce qu’il y a de plus grand dans le monde, comme le cœur des rois, qu’il est aisé à un fontenier de faire aller des petits ruisseaux d’eau dans les jardins, ou dans les prairies pour les arroser; en sorte que les rois, qui se croient les maîtres de leurs volontés, ne le sont pas plus que le moindre des hommes. Celui qui a fait les hommes fait des hommes tout ce qu’il lui plaît, lors même qu’ils font le contraire de ce qu’il leur a commandé.