Les débats christologiques anciens (10) - La christologie d'Apollinaire de Laodicée
Les débats christologiques anciens (10) - La christologie d'Apollinaire de Laodicée
Le Concile de Constantinople (381) condamna l’idée d’Apollinaire, selon laquelle le Logos aurait pris la place de l’âme de l’homme Jésus. L’humanité de Christ n’aurait donc pas eu une âme humaine. Après sa condamnation, il a pris le point de vue du trichotomisme. Alors il enseigna que l’humanité de Christ n’était pas sans âme, mais que la place de l’esprit a été prise par le Logos. Cette modification ne change rien d’essentiel, le Concile ayant condamné Apollinaire parce que son opinion était en opposition avec ce que la Bible dit de la véritable et complète nature humaine de Christ. Les disciples d’Apollinaire ont aussi nié la connaissance humaine de Christ. Cette opinion fut fondée sur l’absence de l’esprit humain en Christ. Les objections à l’apollinarisme s’appliquent contre toutes les idées selon lesquelles l’évolution de la connaissance humaine doit être niée.
Apollinaire naquit vers 310 à Laodicée, port syrien au sud d’Antioche. Il fit de solides études de philosophie et de littérature et eut Aristote pour maître à penser. Il combattit les ariens et prit le parti des orthodoxes. En 360 ou 361, il monta sur le siège épiscopal de Laodicée. L’école d’Antioche, connue pour son littéralisme scripturaire, portait l’accent sur l’humanité de Jésus dont elle soulignait la perfection. Elle le faisait parfois en des termes tels que l’unité personnelle en était compromise et qu’il semblait impossible que l’homme parfait qu’était Jésus fût en même temps Dieu. Ce dualisme excessif conduisait par une voie détournée à l’arianisme. C’est pourquoi Apollinaire le combattit. Pour maintenir l’unité personnelle en Jésus-Christ, et donc pour défendre son homoousie, il affirma que le Christ n’avait pas d’âme humaine, que le Logos divin en tenait lieu.
À ses débuts, alors qu’il pensait encore de façon dichotomique, Apollinaire concevait le Logos comme étant le « pneuma » (esprit) de la personne du Christ, et l’humanité comme étant son corps. Plus tard, quand il eut adopté la trichotomie platonicienne, il fit du Logos le « nous » (intelligence) et de l’humanité la « psuchè » (âme) et le « sôma » (corps) du Fils de Dieu devenu homme. Vers 375, il fut dénoncé à Rome par son disciple Vitalis, prêtre d’Antioche. Rompant ouvertement avec l’Église, Apollinaire sacra plusieurs évêques. Il fut immédiatement pris à partie par les plus ardents nicéens, ses anciens amis (Épiphane, Basile), condamné et déposé avec ses partisans par le pape Damase au synode romain de 377, puis en 379 à Antioche, et enfin au Concile de Constantinople en 381. Apollinaire avait exposé sa doctrine peu après 376 dans un grand ouvrage intitulé Démonstration de l’incarnation divine en la ressemblance de l’homme, dont subsistent de nombreux extraits dans la vigoureuse réfutation qu’en fit Grégoire de Nysse vers 380.