La responsabilité de l'homme
La responsabilité de l'homme
- Dans le jardin d’Éden
- L’exemple de pharaon
- La responsabilité des incroyants
- La responsabilité des croyants
- La Bible démontre cette double réalité
Dieu est 100 % souverain; l’homme est 100 % responsable. Bien que paradoxales, ces deux affirmations doivent être conservées et rappelées l’une et l’autre1.
1. Dans le jardin d’Éden⤒🔗
Dans le jardin d’Éden, l’homme et la femme n’étaient pas obligés de succomber. S’il nous est possible, à nous qui sommes pécheurs, de résister au diable et de le faire fuir (Jc 4.7; 1 Pi 5.9), comme Jésus l’a fait (Mt 4.1-11), il est évident qu’Adam et Ève le pouvaient aussi. Mais ils se sont laissés séduire et ont transgressé le commandement de Dieu. Ils avaient la possibilité de dire non. Cependant, bien que le péché soit entré dans le monde en entraînant une multitude d’injustices et de souffrances, nous ne voyons à aucun moment, dans la Bible, que Dieu a perdu quelque souveraineté que ce soit (Lm 3.37-38; Rm 5.6; Mt 24.36…). Nous voyons aussi que Caïn, après le meurtre, est regardé par Dieu comme responsable (Gn 4.6-7).
2. L’exemple de pharaon←⤒🔗
L’exemple de pharaon est significatif (Ex 5 à 12). Neuf fois, il est écrit que Dieu endurcit le cœur de pharaon, mais d’abord neuf fois Pharaon endurcit son propre cœur. Pharaon est-il la pauvre victime du dessein de Dieu? Bien sûr que non2. Pharaon est orgueilleux et n’entend se soumettre à personne (Ex 5.2-9). Dieu dit à Moïse : « Pharaon a le cœur endurci » (Ex 7.14). Le principe de responsabilité apparaît nettement au chapitre 9, au moment des premières plaies :
« Ceux des serviteurs de pharaon qui craignirent la parole de l’Éternel firent retirer dans les maisons leurs serviteurs et leurs troupeaux. Mais ceux qui ne prirent pas à cœur la parole de l’Éternel laissèrent leurs serviteurs et leurs troupeaux dans les champs » (Ex 9.20-21).
Ce texte renvoie bien à la conscience de chacun et pas au choix arbitraire de Dieu.
3. La responsabilité des incroyants←⤒🔗
La responsabilité des incroyants est nettement soulignée au début de la lettre aux Romains. Parlant des hommes en général — y compris de ceux qui n’ont jamais entendu parler de Dieu —, Paul dit qu’« ils sont inexcusables », car « ce qu’on peut connaître de Dieu est visible dans sa création ». Mais « ayant connu Dieu, ils ne l’ont pas glorifié comme Dieu et, se vantant d’être sages, ils sont devenus fous », avec des conséquences tangibles, notamment l’idolâtrie, l’homosexualité et la confusion des consciences (Rm 1.18-32). Le mot « inexcusable » est dur à entendre. Au chapitre 2 de cette même lettre, Paul dit que ceux qui ne connaissent pas Dieu ont néanmoins une conscience du bien et du mal qui les rend responsables de ce qu’ils font, leur conscience « les excusant et les accusant tour à tour » (Rm 2.15).
En un sens, c’est respecter la dignité de chaque homme que de le regarder comme responsable de ses actes (sans nier les circonstances de sa vie pour autant).
« L’âme qui pèche, c’est celle qui mourra. Le fils ne portera pas l’iniquité de son père, et le père ne portera pas l’iniquité de son fils. La justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur lui » (Éz 18.20).
Même un jeune enfant devrait être regardé comme responsable de son comportement, de ses choix. « L’enfant laisse déjà voir par ses actions si sa conduite sera pure et droite » (Pr 20.11).
4. La responsabilité des croyants←⤒🔗
Il sera demandé plus à ceux qui ont beaucoup reçu3. Ainsi, la même faute commise par un chrétien est plus grave, car elle attriste le Saint-Esprit (Ép 4.30) et nuit au corps de Christ (1 Co 6.4-8; 8.11). D’où l’emploi des mots « irréprochable » (Ph 2.15; 1 Tm 5.7), « irrépréhensible » (Ép 1.4; Co 1.22). Ces termes s’opposent-ils à la dimension de la grâce? Pas du tout. Ils rappellent l’importance de l’attitude par rapport à la grâce4. Pour le croyant, l’enjeu n’est pas le salut; c’est l’édification de l’Église et le témoignage rendu à Dieu5.
Martin Luther, seul devant l’empereur Charles Quint et devant les légats du pape, est sommé de se rétracter. Il s’écrie : « Ma conscience est liée par la parole de Dieu, et il n’est pas bon d’aller contre sa conscience. Je ne puis autrement. Que Dieu me soit en aide. » Les conséquences seront considérables! Dépendance et responsabilité.
La Bible contient un très grand nombre de commandements ou d’exhortations qui tous rappellent et soulignent la responsabilité des hommes et notamment des chrétiens6. Après une longue liste d’exhortations, la première lettre aux Thessaloniciens se termine ainsi : « Celui qui vous a appelés est fidèle, et c’est lui qui le fera » (1 Th 5.15-24). C’est à nous de le faire, mais c’est Dieu qui l’accomplit!
5. La Bible démontre cette double réalité←⤒🔗
La Bible démontre cette double réalité de la souveraineté de Dieu et de la responsabilité de l’homme tout au long de ses pages. Souvent, on observe que le comportement de l’homme va déterminer celui de Dieu, notamment chaque fois qu’il y a une condition posée : « Si mon peuple s’humilie… » (2 Ch 7.14)7. Mais jamais la souveraineté de Dieu n’est niée. S’il fallait citer un seul verset, on pourrait choisir celui-ci : « Le Fils de l’homme s’en va selon ce qui est écrit, mais malheur à l’homme par qui il est livré. Mieux vaudrait pour cet homme qu’il ne fût pas né » (Mt 26.24)8. La trahison de Judas était prophétisée. Et cependant, c’était son choix9.
De la même manière, la mort de Jésus était annoncée, mais cela n’empêche pas le terrible combat de Gethsémané : « Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe », avec ce choix : « Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne » (Lc 22.42). En d’autres termes, c’est bien une obéissance (une justice) qui nous sauve, mais c’est celle d’un autre, celle de Jésus (Hé 10.7). « Lorsque le temps où il devait être enlevé du monde approcha, Jésus prit la résolution de se rendre à Jérusalem » (Lc 9.51). La souveraineté de Dieu ne fait jamais de nous des êtres passifs10.
La souveraineté de Dieu et la responsabilité du croyant se trouvent parfaitement réunies en Christ. D’où le « demeurez en moi! » de Jésus (Jn 15.4-8).
Notes
1. Elles sont à même de nous aider à détecter les dérives, à droite et à gauche.
2. « Tu me diras : Pourquoi Dieu blâme-t-il encore? Car qui est-ce qui résiste à sa volonté? » (Rm 9.19). Dans l’histoire, nombreux ont été les écrivains tentés de faire de Judas une malheureuse victime. Est-ce sérieux?
3. Voir par exemple l’avertissement adressé aux enseignants en Jacques 3.1 : ils seront jugés plus sévèrement.
4. On pense bien sûr à la parabole du serviteur impitoyable (Mt 18.27-30), à la parabole des talents (Mt 25.14-30), mais aussi à 1 Pi 4.10 : « Comme de bons administrateurs des diverses grâces de Dieu, que chacun… »
5. Cette responsabilité s’exerce par exemple au niveau de nos paroles. Lire Ép 4.25, 29; Jc 3.
6. Voir mes deux articles intitulés Les trois usages de la loi de Dieu et Le perfectionnisme.
7. Voir Mt 6.15 : « Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses. » Ce n’est pas un mérite, c’est une condition.
8. Luc le dit un peu autrement : « Le Fils de l’homme s’en va selon ce qui est déterminé. Mais malheur à l’homme par qui il est livré! » (Lc 22.22).
9. La notion de rétribution est largement présente dans l’Écriture : chacun (croyant et incroyant, semble-t-il) recevra selon ses œuvres. « Car le Fils de l’homme doit venir dans la gloire de son Père, avec ses anges; et alors il rendra à chacun selon ses œuvres » (Mt 16.27; Ap 22.12,15). Cela contredit-il la dimension de la grâce? Non pas.
10. Voir mes deux articles intitulés La souveraineté de Dieu favorise-t-elle la passivité? et Faites tous vos efforts.