Pourquoi Jésus a-t-il souffert?
Pourquoi Jésus a-t-il souffert?
Qu’entends-tu par ces mots : il a souffert?
Que durant toute sa vie terrestre, mais tout particulièrement à la fin, il a porté en son corps et en son âme le poids de la colère de Dieu contre le péché de tout le genre humain1, afin que par ses souffrances et son unique sacrifice expiatoire2, il rachète notre corps et notre âme de la damnation éternelle3 et nous acquière la grâce de Dieu, la justice et la vie éternelle4.
1. És 53.1-12; 1 Tm 2.6; 1 Pi 2.21-24; 1 Pi 3.18.
2. Rm 3.25-26; 1 Co 5.7; Ép 5.2; Hé 10.14; 1 Jn 2.2; 1 Jn 4.10.
3. Rm 8.1-4; Ga 3.13; Col 1.13; Hé 9.12; 1 Pi 1.18-19.
4. Jn 3.16; Rm 3.24-26; 2 Co 5.21; Hé 9.15.Catéchisme de Heidelberg, Q&R 37
- Pourquoi tant de souffrances?
- Mais quel rapport y a-t-il entre le péché et la souffrance?
- Les souffrances du Christ
- Pourquoi le Christ a-t-il souffert?
- Pourquoi les chrétiens souffrent-ils encore?
Pourquoi Jésus a-t-il souffert? C’est la grande question qui est devant nous et qui devrait tous nous interpeller au plus profond de notre être. Nous devrions toutefois d’abord nous demander : D’où vient la souffrance? La souffrance est toujours un sujet d’actualité. Il y a tellement de souffrance dans le monde : les accidents, les maladies, les difficultés financières, la perte d’un être cher, la solitude, le rejet, les anxiétés, les guerres dans le monde, etc.
1. Pourquoi tant de souffrances?⤒🔗
Plusieurs ont proposé des réponses très variées pour tenter d’expliquer l’origine de la souffrance. La Bible donne une réponse toute simple. Au début, Dieu a créé le monde sans souffrance et sans malheur. La création était très bonne d’après l’estimation même de Dieu (Gn 1.31). Le paradis était un endroit de paix et de bonheur sans la moindre souffrance. La situation a dramatiquement changé avec l’entrée du péché. Dieu avait bien averti Adam; il pouvait manger de tous les arbres du jardin, à l’exception d’un seul, sinon il allait mourir — et, bien sûr, la mort inclut la souffrance. Adam et Ève ont mangé le fruit défendu. Ils sont morts spirituellement. Plus tard, ils sont morts physiquement. Mais déjà, physiquement et moralement, dans leur corps et dans leur âme, ils ont commencé à souffrir. Le péché de l’homme est à l’origine de la souffrance dans le monde.
Quelles souffrances Dieu leur a-t-il envoyées? Les souffrances de l’enfantement sont apparues. Ce ne sont pas uniquement la grossesse et l’accouchement qui sont douloureux. Élever des enfants est une expérience qui comporte des joies, mais aussi des difficultés. La souffrance s’est aussi manifestée dans le domaine du travail. La terre est devenue moins productive, le travail plus pénible, les épines et les chardons se sont mis à pousser. Nous voyons tout cela en Genèse 3.
Aujourd’hui, on ne manque pas de nourriture dans notre pays, mais le travail apporte son lot de stress et de frustration. D’autres régions du monde sont affligées par la malnutrition, voire la famine. Depuis la chute, les relations humaines sont également empreintes de souffrance. Adam et Ève se sont mis à s’accuser l’un l’autre, l’harmonie conjugale s’est détériorée. Par la suite, ils ont perdu tragiquement un de leurs fils, brutalement tué par leur autre fils. Quelle souffrance pour des parents! Mariage, famille, travail, santé, relation avec Dieu, paix intérieure, tous ces domaines sont devenus profondément marqués par toutes sortes de souffrances. À cause du péché!
2. Mais quel rapport y a-t-il entre le péché et la souffrance?←⤒🔗
Pourquoi la souffrance est-elle la conséquence du péché? C’est à cause de la colère de Dieu : « La colère de Dieu se révèle du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes qui retiennent injustement la vérité captive… » (Rm 1.18). De quelle manière Dieu exprime-t-il sa colère? Romains 1 nous dit qu’il a abandonné les hommes à eux-mêmes, à leurs convoitises et à leurs pensées déréglées, ce qui produit encore plus de désordre et de péché et, par conséquent, encore plus de souffrance. La vie comporte bien des dangers, car la terre est un endroit dangereux. Le pire danger, c’est la colère de Dieu! Qu’il est terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant!
3. Les souffrances du Christ←⤒🔗
Notons que Jésus n’a pas souffert seulement durant les derniers instants avant sa mort. Il a souffert « durant toute sa vie terrestre » (Q&R 37). Quelles souffrances a-t-il endurées avant sa naissance? Il a souffert du fait qu’il est devenu semblable à nous. Il s’est humilié à porter notre nature humaine et à venir vivre dans un monde corrompu, pollué par le péché et par la méchanceté humaine. Il a souffert lorsqu’on a dit à Marie et à Joseph qu’il n’y avait pas de place dans l’auberge à Bethléem. Avant même de naître, Jésus était déjà rejeté par les siens!
Quelles souffrances a-t-il endurées quand il était bébé? Nous connaissons l’histoire de sa naissance humiliante dans une étable. Sa royauté a été très peu reconnue parmi son propre peuple. Seuls des bergers et des mages sont venus l’adorer, tandis que les chefs religieux juifs sont restés indifférents et que le roi Hérode s’est cruellement opposé à lui. Après l’avoir cherché à Jérusalem, quand il était âgé de douze ans, Joseph et Marie eux-mêmes n’ont pas bien compris son identité ni sa vocation.
Quelles souffrances a-t-il subies durant son ministère public? Il a d’abord été durement tenté par le diable au désert. Par la suite, des foules l’ont suivi, mais les foules l’ont aussi abandonné lorsqu’il ne faisait plus leur affaire. Même ses disciples ne l’ont pas compris. Le Fils de l’homme n’avait pas même d’endroit où reposer sa tête. Il s’est fait des amis, mais aussi des ennemis dangereux. Vers la fin de son ministère terrestre, un disciple l’a trahi, un autre l’a renié, les autres l’ont abandonné. Pilate l’a jugé, la foule a crié « Crucifie-le! » Il a été rejeté par les dirigeants d’Israël. Les soldats l’ont fouetté, l’ont couronné d’épines, se sont moqués de lui. On l’a finalement crucifié comme vulgaire criminel, maudit de Dieu et des hommes.
Tant de souffrances! Le prophète Ésaïe avait bien vu à l’avance de quoi sa vie serait faite : « Homme de douleur, habitué à la souffrance » (És 53.3). Il a vécu 33 ans. Il a souffert 33 ans, dans son corps et dans son âme : « Il a plu à l’Éternel de le briser par la souffrance » (És 53.10).
4. Pourquoi le Christ a-t-il souffert?←⤒🔗
Il a souffert à cause du péché. Il était sans péché, il était parfaitement saint, mais il a souffert à cause du péché! À cause de mon péché. Le péché attire la colère de Dieu, comme un paratonnerre attire la foudre du ciel.
« Durant toute sa vie terrestre, mais tout particulièrement à la fin, il a porté en son corps et en son âme le poids de la colère de Dieu contre le péché de tout le genre humain… » (Q&R 37).
Par toutes ses souffrances, Jésus a payé pour nos péchés. Il a porté l’énorme poids de la colère de Dieu contre le péché, mais, sous ce poids, il n’a pas été écrasé jusqu’à la destruction.
Puisque Jésus a porté le poids de la colère de Dieu, puisqu’il a payé pour le péché, la colère de Dieu est terminée pour lui. Dieu a été satisfait et, à cause de cela, les souffrances du Christ ont eu une fin. La lumière est revenue après les trois heures d’obscurité. Jésus a pu s’exclamer : « Tout est accompli! » (Jn 19.30). Il a pu dire avec confiance : « Père, je remets mon esprit entre tes mains » (Lc 23.46). Après sa mort, il a pu ressusciter d’entre les morts. Tout cela atteste la fin de la colère de Dieu, pleinement satisfait de l’œuvre rédemptrice de son Fils bien-aimé, en qui il a mis toute son affection.
Nous sommes ici au cœur de la Bonne Nouvelle. Par ses souffrances et par sa mort, Jésus a expié les péchés de son peuple. Son Père a « envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés » (1 Jn 4.10). Pour tous ceux qui sont unis au Christ par une vraie foi, leurs péchés sont pardonnés, entièrement lavés. Il n’y a plus de colère de Dieu contre nous à cause de nos péchés. La colère que nous méritions a été déversée sur lui. S’il n’y a plus de colère, il n’y a plus de condamnation, ni durant cette vie ni dans la vie à venir. « Christ aussi est mort une seule fois pour les péchés, lui juste pour des injustes, afin de vous amener à Dieu » (1 Pi 3.18). La grâce remplace la colère, la vie remplace la mort.
« Par ses souffrances et son unique sacrifice expiatoire, il rachète notre corps et notre âme de la damnation éternelle et nous acquiert la grâce de Dieu, la justice et la vie éternelle » (Q&R 37).
Nous sommes libérés! Libérés de la colère de Dieu! La colère de Dieu n’est plus sur nous! Quelle bonne nouvelle! Cela signifie qu’il n’y a plus de souffrances à cause du poids de la colère de Dieu.
La mort de Jésus a-t-elle apaisé la colère de Dieu contre les péchés de toutes les personnes sur la terre? Non. La colère de Dieu a été apaisée seulement envers ceux qui croient au Seigneur Jésus, se repentent de leurs péchés, s’en détournent et cherchent leur salut en lui seul. Nous devons nous examiner et nous demander : Est-ce que je crois que l’œuvre de Jésus-Christ sur la croix est aussi pour moi? Heureux tous ceux qui répondent oui à cette question! Car il n’y aura jamais plus de colère de Dieu contre eux. Par contre, ceux qui ne croient pas en lui demeurent sous sa colère. « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle; celui qui ne se confie pas au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui » (Jn 3.36). Pour eux, la vie actuelle sur terre est très dangereuse et la vie à venir après cette vie le sera encore davantage. Non seulement auront-ils à subir les souffrances de cette vie chaque jour, sans la grande consolation divine d’appartenir à Jésus-Christ, mais à la fin, à leur mort, ils devront subir les souffrances et les tourments éternels à cause de leurs propres péchés! Des souffrances épouvantables et éternelles!
5. Pourquoi les chrétiens souffrent-ils encore?←⤒🔗
Il reste toutefois une question. Si Dieu n’est plus en colère contre ses enfants, s’il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ (Rm 8.1), il ne devrait plus y avoir de souffrance non plus pour eux. Si la colère de Dieu est apaisée, le rapport entre le péché et la souffrance n’existe plus. Jésus nous a acquis non seulement le pardon, mais aussi la grâce, la justice et la vie éternelle. Pourtant, nous savons très bien qu’il y a encore toutes sortes de souffrances dans nos vies. Comment expliquer cela? Pourquoi donc les chrétiens souffrent-ils encore?
Oui, nous souffrons quand nous sommes malades, quand des amis nous rejettent, quand nous avons des problèmes au travail ou à la maison, quand nous sommes aux prises avec des problèmes de santé mentale, quand nous subissons la perte d’un être cher, etc. Nous souffrons dans notre corps et dans notre âme. Soyons assurés que, pour les enfants de Dieu, ces souffrances ne sont pas dues à la colère de Dieu à cause de nos péchés. Dieu nous voit entièrement justes. Par la foi, nous sommes déclarés justes. Alors pourquoi encore des souffrances dans nos vies?
Il faut reconnaître que nous devons quand même assumer les conséquences de nos péchés. Un meurtrier peut demander pardon à Dieu et trouver le pardon en Jésus-Christ, mais il devra quand même purger sa peine en prison. Si je gaspille mon argent, je dois confesser mon péché au Seigneur et trouver le pardon en lui, mais ma famille en subira quand même des conséquences. Si je fais des excès de table ou si je ne prends pas soin de ma santé, le pardon est toujours disponible au pied de la croix, mais je devrai en porter les conséquences.
Cela dit, pour ceux qui se repentent de leurs péchés, ces conséquences ne doivent pas être associées à la colère de Dieu. Car lorsque Dieu pardonne, c’est pardonné à jamais, il ne revient plus là-dessus. Alors pourquoi devons-nous encore souffrir? Pour diverses raisons dont certaines nous sont cachées et n’appartiennent qu’à la sagesse de Dieu, et d’autres qui nous sont révélées. Par exemple, parce que le Seigneur veut se glorifier (Jn 9.1.3) ou encore parce qu’il utilise ce moyen pour nous enseigner. De cette façon, il nous garde humbles et dépendants de lui. C’est par la souffrance que notre Père nous forme, par amour pour Jésus. Il le fait pour que nous devenions saints comme lui est saint.
« Dieu nous corrige pour notre véritable intérêt, afin de nous faire participer à sa sainteté » (Hé 12.10). L’auteur de l’épître aux Hébreux encourage ces croyants mis à l’épreuve à considérer l’exemple de Jésus :
« Au lieu de la joie qui lui était proposée, il a supporté la croix, méprisé la honte et s’est assis à la droite du trône de Dieu. Considérez en effet celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle opposition contre sa personne, afin que vous ne vous fatiguiez pas, l’âme découragée » (Hé 12.2-3).
L’auteur rappelle ensuite l’exhortation de Proverbes 3 qui parle de la discipline du Seigneur. Cette discipline n’est pas motivée par la colère de Dieu. Il ne nous punit pas selon ce que nous méritons. Il nous discipline selon ce dont nous avons besoin, ce qui est très différent.
Soyons donc patients, sans nous décourager, car notre Père veut nous enseigner beaucoup de choses à travers la souffrance afin que nous portions un fruit paisible de justice. « Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi. Ta houlette et ton bâton, voilà mon réconfort » (Ps 23.4).