La Parole de Dieu en langage humain
La Parole de Dieu en langage humain
- La linguistique
- L’origine du langage
- Le rapport entre le mot et la chose
- Combinaisons
- La confusion du langage
- Après la confusion du langage
- Un rapport permanent entre le mot et la chose désignée
- Quelques exemples
1. La linguistique⤒🔗
Nous commencerons la présente section en parlant sommairement de ce que nous pouvons apprendre ou non de la linguistique générale.
Une idée capitale de la linguistique actuelle est l’opinion qu’il n’y a pas un rapport organique entre le mot et l’idée désignée par ce mot. On signale alors le fait qu’un certain produit lacté par exemple peut être désigné, selon la langue qu’on parle, par les mots « fromage », « Käse », « cheese », « kaas », etc. La réalité nommée ici est dans le monde entier désignée par une grande quantité de mots, de sorte qu’il ne peut pas être question d’un rapport organique entre la chose et son nom. Telle est la thèse de la linguistique générale.
Quelque intéressante que soit cette donnée pour le cabinet d’étude, elle n’a pas d’importance pour la vie même de l’usager d’une langue. Pour le français, le néerlandais ou le coréen, il y a un rapport étroit entre le mot de sa langue et l’idée ou la réalité nommée par ce mot, un rapport où il peut y aller de la vie ou de la mort. Ce qui est important, c’est ce rapport-là qui existe pour l’usager lui-même d’une langue, et c’est ce rapport-là qui mérite notre attention.
Autant que possible, les linguistes ont essayé d’avoir une idée de l’évolution que les langues qu’on parle aujourd’hui ont subie. Ainsi, il existe selon eux une parenté entre le latin, le grec, le sanskrit, les langues germaniques, slaves et celtiques. On essaie de formuler des lois phonétiques, selon lesquelles certaines langues sont dérivées d’autres langues, par exemple les langues romanes du latin vulgaire.
Pour la linguistique, la question de l’origine du langage est un problème insoluble. Au 19e siècle, on a encore essayé de trouver une réponse à cette question selon les principes et les méthodes des sciences naturelles, c’est-à-dire conformément à la doctrine de l’évolution. Dans notre siècle cependant, on a laissé ce problème et la linguistique s’occupe avant tout du fonctionnement « hic et nunc » (ici et maintenant) des langues, du fonctionnement du système d’une langue, de la manière dont les usagers des langues diverses rangent leurs mots et construisent leurs phrases.
2. L’origine du langage←⤒🔗
Ce qui est resté un problème pour les linguistes ne doit pas être une énigme pour nous autres croyants. Les saintes Écritures nous apprennent que toute chose est de Dieu. Notre Dieu a été toujours et en tout le premier. C’est lui aussi qui a été le premier à parler. Dès le commencement du monde, il a dit les paroles que l’homme, s’il voulait être obéissant, devait répéter en respectant leurs formes et leur contenu.
Notre Sauveur aussi a porté témoignage de ce Dieu qui parle. Jean, l’apôtre qui pouvait se réjouir d’une affection particulière du Seigneur Jésus à son égard, et qui, pendant le souper, était couché sur son sein, a noté pour nous que son Maître, peu avant sa passion, a dit entre autres les paroles :
« Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles a son juge; la parole que j’ai annoncée, c’est elle qui le jugera au dernier jour. Car je n’ai point parlé de moi-même; mais le Père, qui m’a envoyé, m’a prescrit lui-même ce que je dois dire et annoncer. Et je sais que son commandement est la vie éternelle. C’est pourquoi les choses que je dis, je les dis comme le Père me les a dites » (Jn 12.48-49).
Comme notre Sauveur a été obéissant, obéissant aussi quand il s’agissait de parler! Il ne disait pas des paroles de son propre cœur, mais il répétait ce que son Père avait dit le premier. Il y a aujourd’hui des gens qui se nomment chrétiens et qui doutent que les paroles du Seigneur Jésus, qui sont écrites pour nous dans la Bible, aient vraiment été dites par notre Sauveur telles qu’elles nous ont été écrites. Nous autres, cependant, nous partons du parti pris de la foi que toute l’Écriture sainte, quant à la forme et au contenu, est la Parole de Dieu, infaillible et digne de foi, qui vient à nous avec autorité. Nous croyons que la Bible est le témoignage de Dieu qui, par l’intermédiaire d’hommes, prophètes et apôtres, fut écrit dans cette forme et avec ce contenu ainsi que le Saint-Esprit le trouvait bon.
L’Écriture sainte nous enseigne que le premier homme, Adam, a appris sa langue de Dieu même, son Créateur. Dieu donna des noms à certaines œuvres de sa création. Ainsi il appela la lumière « jour », et les ténèbres il les appela « nuit ». À l’étendue, il donna le nom de « ciel », il appela le sec « terre » et l’amas des eaux « mers ». Ces œuvres des mains de Dieu devaient porter les noms que Dieu leur donnait. Nous ne savons pas comment ces noms, ces mots ont sonné dans la langue que parlaient Adam et sa femme.
Cela n’a pas une très grande importance. L’essentiel est qu’Adam et sa femme, et leurs enfants aussi, quand ils parlaient entre eux de ces œuvres de la création, les désignaient par les mots que Dieu avait prescrits et leur avait dits pour la première fois. Ainsi Dieu, après avoir créé l’homme, lui a aussi appris sa langue. En effet, nous savons de l’Écriture sainte que Dieu parlait avec Adam de toutes sortes de choses. Quand Adam entendait la voix qui lui était connue et familière, il savait que l’Éternel Dieu parcourait le jardin. Dieu parla avec lui de l’arbre de la connaissance du bien, du mal et de la mort. Il lui a appris les mots et les idées désignées par ces mots, comme par exemple être fécond, multiplier, remplir la terre, dominer sur les poissons, les oiseaux, le bétail, les reptiles. Dieu a parlé avec lui de sa nourriture, l’herbe portant de la semence, et de la nourriture de tout animal de la terre, l’herbe verte. Dieu a appris tous ces mots à l’homme pour les prononcer dans sa langue, pour s’en servir quand il parlait, pour les faire fonctionner en composant ses phrases.
Le fait que l’homme savait employer sa langue d’une manière excellente est évident, car il a donné des noms à tout être vivant, à tout le bétail, aux oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs. L’Éternel Dieu fit venir tous ces animaux vers lui, pour voir comment il les appellerait. Tout être vivant porterait le nom que l’homme lui donnerait. Ici, l’Éternel se retire un moment, pour ainsi dire, et donne à l’homme la liberté d’opérer avec la langue qu’il lui a apprise. Ne mésestimons pas ce travail qu’Adam accomplit sous le regard attentif de l’Éternel Dieu qui écoutait. Combien de noms est-ce que l’homme devait donner, des centaines, des milliers, des dizaines de milliers? Un nom pour chaque animal, pour tout être vivant selon son espèce. Le vocabulaire dans lequel l’homme puisait et que Dieu lui avait appris, combien grand devait-il être déjà! Et puis, quelle extension donna-t-il lui-même à la langue qu’il avait déjà à sa disposition!
Il s’agit ici d’un système, d’un système de langue, et pas seulement d’un vocabulaire, ce qui se révèle du nom que l’homme donna à sa femme. À elle aussi, Adam donna un nom : elle s’appellerait femme. Du fait que du mot « homme » (en hébreu « ish ») ait formé un mot féminin (en hébreu « ishah »), on pourra conclure, il nous semble, qu’Adam dans sa langue avec son système de langue, quelle que fût la manière dont il fonctionnait, était capable de former un mot féminin d’un mot masculin existant déjà.
3. Le rapport entre le mot et la chose←⤒🔗
Dieu a appris à l’homme sa langue pour donner un nom à un acte, un événement, un état, une qualité ou une chose, en établissant lui-même, c’est ce que nous devons bien réaliser, le rapport entre le mot et la chose. Aussi longtemps que l’homme obéissant respecterait ce rapport, sa relation avec son Créateur serait bonne, et aucun malentendu ne serait possible entre lui, sa femme et leurs enfants. Ainsi, pour eux, il existait un rapport étroit entre les œuvres des mains de Dieu et les mots dont ils se servaient pour parler de cette création, un rapport que Dieu lui-même avait établi. Entre l’homme et son Créateur, entre l’homme, sa femme et leurs descendants, de bonnes relations et une vraie communication ne seraient possibles qu’à condition que l’homme s’en tînt à ce rapport établi par Dieu, qu’il se servît des noms que Dieu avait donnés lui-même, et qu’il répétât ce que son Créateur lui avait dit le premier. Le rapport entre les noms employés par Adam et les animaux désignés par ces noms n’était pas non plus arbitraire, mais prescrit formellement. En effet, ils porteraient le nom qu’Adam leur donnerait, approuvé par Dieu même, et dont l’emploi était obligatoire pour les enfants d’Adam.
4. Combinaisons←⤒🔗
Adam et sa femme disposaient d’un système de langue que l’Éternel Dieu avait créé pour eux, qu’il leur avait dicté, avec lequel il leur avait appris à travailler, à combiner des mots et à former des phrases, ce qui nous oblige à rejeter toute idée d’un rapport arbitraire entre le mot et la chose désignée, entre le mot et la réalité. Chaque violation de ce rapport que Dieu avait établi, chaque abus des noms que Dieu avait désirés et approuvés auraient des suites désastreuses.
Tout à l’heure, nous avons parlé de la faculté de l’homme de combiner des mots. Nous entendons par cela pas tant la formation de mots composés, par exemple le mot arc-en-ciel, que la présence de mots l’un à côté de l’autre ou joints les uns aux autres dans une phrase, dans ce que les linguistes nomment la chaîne parlée. Dieu donna cet ordre à l’homme : « Tu pourras manger de tous les arbres du jardin; mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras. » Dans la dernière partie de cet ordre de l’Éternel Dieu, nous trouvons trois éléments principaux, à savoir : manger, l’arbre de la connaissance du bien et du mal, mourir. Il est clair que la combinaison de ces mots n’était pas arbitraire, et que c’était une question de vie ou de mort que de respecter ou non cette combinaison. Il y avait aussi pour l’homme un rapport indissoluble entre chacun de ces trois termes et leur contenu ou signification. Adam savait exactement ce que ces mots désignaient et, en les entendant, il pensait à ces choses, à ces événements et à ces actes que Dieu même avait liés à ces sons d’une manière indissoluble. Et finalement, il y avait un rapport indissoluble entre le contenu, la signification de cette combinaison et sa réalisation dans l’existence de l’homme. En effet, l’Éternel agit selon sa parole, il exécute ce qu’il a dit. Ses paroles ne sont pas vaines.
Or, tant que l’homme quand il parlait s’en tiendrait à cette combinaison que Dieu avait donnée, tant qu’il répéterait avec obéissance cette série de mots et qu’il agirait conformément, ce serait bon. Cependant, vous savez la suite de l’histoire. Le serpent, le diable, le père du mensonge, s’adressa à Ève, la femme, avec sa combinaison à lui. Dans les paroles du serpent, nous trouvons également trois éléments principaux : manger, l’arbre de la connaissance du bien et du mal, être comme Dieu. La combinaison donnée par Dieu était changée et, avec cela, le mensonge était entré dans le monde de Dieu. Le serpent se servit bien des mots que Dieu avait appris à l’homme et il respecta le rapport entre ces mots et les choses désignées par eux. C’est ce qu’il lui fallut faire encore dans ce stade, car autrement son intention aurait échoué. Mais il ne respecta pas l’union indissoluble de la combinaison : manger, l’arbre, mourir. Celle-ci fut changée en : manger, l’arbre, être comme Dieu. Comme le contenu de cette combinaison, le mensonge, n’était pas conforme au contenu de la combinaison dictée par Dieu, sa réalisation dans l’existence de l’homme était une impossibilité. C’était une parole vaine.
Malgré la chute et la désobéissance de l’homme, Dieu a continué à parler avec lui, il a continué à lui enseigner des mots. C’étaient en partie des mots nouveaux auxquels l’Éternel liait d’une manière indissoluble des idées nouvelles, exprimées en langage humain : enfanter avec douleur, des épines et des ronces, tirer sa nourriture du sol à force de peine, retourner dans la poussière, mais aussi inimitié entre la postérité de la femme et la postérité du serpent.
5. La confusion du langage←⤒🔗
Jusqu’à la construction de la tour de Babel, dont le chapitre 11 de la Genèse fait mention, l’homme, sa femme et puis tous leurs descendants ont parlé la langue dont l’Éternel Dieu avait été le grand Maître. Ils se servaient des mots et, s’ils étaient obéissants, également des combinaisons, dans le sens indiqué ci-dessus, que Dieu avait dictés à leur père Adam. Pour donner un nom aux animaux, ils se servaient des mots qu’Adam avait employés pour la première fois et auxquels l’Éternel avait donné sa sainte approbation. D’Adam à Noé et de Noé à Péleg (Gn 10.25), ce vocabulaire et ce système de langue ont été transmis par les parents aux enfants. Cette seule langue et ces mêmes mots ont été parlés et employés par des millions de descendants de l’homme. En outre, le rapport entre le mot et la chose désignée par ce mot n’était pas arbitraire, mais Dieu l’avait désiré ainsi et l’avait ainsi établi. Une violation du rapport entre le mot et la chose désignée par ce mot par un ou plusieurs usagers de cette langue aurait occasionné des malentendus et un dérangement de la communication.
Quant aux combinaisons de mots établies par l’Éternel Dieu, l’homme pouvait ou bien les répéter et employer sa langue tout en observant le contenu de ces combinaisons, et alors il était obéissant, ou bien, quand il était désobéissant, les supprimer, tronquer, altérer et ainsi introduire le mensonge dans ses propos et attirer la colère de Dieu sur lui-même.
Toute la terre avait donc une seule langue et les mêmes mots. Des termes employés par l’hébreu dans le texte de Genèse 11, on peut conclure qu’il s’agissait d’un seul vocabulaire aussi bien que d’un seul système de langue. À ces mêmes mots dans ce seul système de langue correspondaient pour chaque usager de la langue les idées et les choses que Dieu même y avait liées à l’origine. Ceux qui craignaient Dieu s’en tenaient en outre aux combinaisons de mots que Dieu avait établies et les autres violaient ces combinaisons.
Ce ne sont pas les hommes, mais Dieu lui-même qui mit fin à cette situation au pays de Schinéar, de telle sorte que le rapport originel entre le mot et la chose désignée fut en effet rompu, mais que l’union indissoluble des combinaisons de mots, établies par Dieu, demeurait intacte dans chaque langue nouvelle. Il ne faut pas perdre de vue que ce fut l’Éternel lui-même qui confondit le langage de toute la terre. Dans ce cas aussi, il s’agit d’un acte de Dieu, où toute idée d’une évolution ou de quelque chose d’arbitraire doit être repoussée. Genèse 11 nous enseigne que ce fut l’Éternel qui, au pays de Schinéar, confondit le langage des enfants des hommes, le langage de toute la terre, afin qu’ils n’entendissent plus la langue les uns des autres. Comme Dieu même y opéra cette confusion d’une manière qui nous est inconnue et que nous ne pouvons comprendre et que, par conséquent, il ne peut pas être question ici d’un processus naturel, d’une évolution ou d’une différenciation normales, les hommes ou les groupes d’hommes commencèrent à parler des langues selon que l’Éternel leur donna de s’exprimer.
De ces langues que les différents groupes d’hommes commencèrent alors à parler, de ces mots et de ces systèmes de langue divers, l’Éternel Dieu était l’Auteur, le grand Artisan. Lui-même créa ces langues par son Esprit. C’est par lui que ces nations, à cet endroit-là et à cette époque-là, commencèrent à parler les langues qu’il leur avait destinées, à chacune d’elles : les langues des nations des îles (Gn 10.5), les langues des fils de Cham (Gn 10.20), les langues des fils de Sem (Gn 10.31). Nous devons bien nous rendre compte que c’était encore l’Éternel Dieu même qui établit ici le rapport entre les mots de chaque langue qu’il créa et les choses désignées par ces mots, entre le mot de telle ou telle langue et le contenu de ce mot. Lui-même établit ce rapport, de sorte que la communication entre les usagers de la langue de chaque groupe, de chaque nation, et l’expression de pensées étaient toujours possibles selon le plan que Dieu avait arrêté.
Les usagers de la langue de chaque nation étaient capables de répéter dans leur propre langue et d’observer dans leur propos les combinaisons de mots que Dieu avait déjà établies et celles aussi qu’il ferait connaître plus tard au temps et de la manière qui lui plairaient.
6. Après la confusion du langage←⤒🔗
Les langues dans lesquelles l’Éternel Dieu donna aux différentes nations de s’exprimer lors de la confusion au pays de Schinéar se sont développées après; quelques-unes ont disparu, tandis que d’autres subirent des différenciations qui, à la longue, firent naître des langues ou des dialectes nouveaux. Nous ne savons rien ou presque rien, du moins quant aux premiers siècles après la confusion, des événements, des situations, des conditions de vie, des processus qui ont déclenché ces développements, les ont fait durer ou les ont stoppés. Comme nous l’avons écrit au commencement de cette section, c’est de ces choses-là que la linguistique s’occupe, entre autres, en réservant une large place aux recherches du fonctionnement des différentes langues « hic et nunc », ici et maintenant.
Quelque passionnante et utile que soit cette étude, elle ne nous mène pas au but qu’il nous faut surtout viser. Les choses qui, en premier lieu, demandent notre attention sont autres et plus importantes que les problèmes que les linguistes essaient de résoudre. Pour la question qui nous occupe maintenant, nous pensons surtout aux paroles de Jacques qui ont été écrites pour nous aux Actes des apôtres, chapitre 15. Au dix-huitième verset de ce chapitre, nous lisons que les choses que fait le Seigneur lui sont connues de toute éternité. C’est cette parole de l’Écriture sainte que nous ne devons pas perdre de vue quand nous méditons sur la confusion du langage au pays de Schinéar.
7. Un rapport permanent entre le mot et la chose désignée←⤒🔗
Quand Dieu confondit le langage, il savait bien que, plus tard, pour sauver ses élus, il devrait proclamer et faire proclamer son plan de salut dans les langues des hommes. Il savait bien que toutes ses grandes œuvres de rédemption, toutes ses merveilles devraient être annoncées dans toutes les langues des hommes et que ceux-ci devraient comprendre les paroles. C’est pourquoi, au pays de Schinéar, il créa les langues telles que son plan de salut, ses promesses et ses menaces pourraient être annoncés aux hommes dans ces langues et par tous ces différents mots et sons et qu’ils sauraient les comprendre.
Aussi certains théologiens libéraux commettent trois erreurs funestes : créer une opposition entre le langage humain et la Parole de Dieu; prétendre que les paroles de Dieu (ce qu’il veut révéler) ne sauraient être exprimées en langage humain; soutenir que ces nouvelles de Dieu ne sauraient être renfermées dans les langues des hommes et qu’il se serait donc adapté aux langues et aux idées de ces hommes.
Loin de nous cette pensée! Dieu même créa ces instruments, ces langues, ces messagères de ses nouvelles de façon qu’ils étaient bons pour raconter toutes ses merveilles. Ceci en premier lieu.
Puis nous devons bien réaliser que l’Éternel Dieu va se servir lui-même de la langue des hommes à qui il va se révéler, plus exactement après les événements au pays de Schinéar. Comme il avait parlé à Adam et à Noé dans leur langue à eux, tout en maintenant le rapport établi par lui-même entre le mot et la chose désignée, ainsi il va parler à Abraham, à Isaac, à Jacob, à Moïse aussi dans leurs langues à eux, et, en faisant cela, il ratifie pour toujours un rapport existant entre un mot et la chose désignée, ou bien il établit un rapport, également pour toujours, entre certains mots et les choses ou les idées désignées par ces mots.
Parce que Dieu recommença à parler aux hommes, il établit lui-même un rapport indissoluble entre ses œuvres de rédemption et leurs noms exprimés dans la langue et par les mots que les hommes à qui il se révéla parlaient à cette époque.
8. Quelques exemples←⤒🔗
L’Écriture sainte atteste de Moïse que l’Éternel le connaissait face à face (Dt 34.10). En bien des endroits, la Bible fait mention du fait que Dieu parlait avec lui. Pour se révéler et faire connaître ses œuvres, l’Éternel se servait de la langue que parlaient Moïse et les enfants d’Israël en ce temps-là. Dans cette langue, Dieu fit connaître son nom : le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. Dans cette langue, l’Éternel dit à Moïse de jeter par terre son bâton et, après que celle-ci fût devenue un serpent, de saisir la bête par la queue (Ex 4.3-4). Pour Moïse, dans sa langue, il existait un rapport indissoluble entre le mot « bâton » et la chose désignée par ce mot, entre le mot « serpent » et la bête qu’il désignait. Quand il parlait, l’Éternel se servait de ces rapports existants, de sorte que Moïse comprenait ce qu’il disait. C’est pourquoi, quand nous lisons l’histoire, nous devons nous aussi maintenir ce rapport.
Il y a des savants qui, parce qu’ils ne veulent pas accepter les miracles et qu’ils n’admettent pas l’intervention de Dieu, se mettent à défigurer cette histoire. Selon ces gens, il faut expliquer les miracles mentionnés dans l’Écriture sainte à la lumière de la conception moderne du monde. Ce que la Bible veut nous faire savoir serait autre chose que ce que les paroles de l’Écriture sainte nous font connaître. Mais en parlant ainsi, ils délient le rapport entre le mot et la chose désignée, ce rapport dont l’Éternel se servait quand il parlait. Quand Moïse entendit les mots « bâton » et « saisir la bête par la queue », il savait exactement quelles choses l’Éternel désignait par ces mots. Aussi est-ce un grand mal quand on prétend aujourd’hui que ces mots veulent exprimer autre chose que ce que Moïse entendait par là. C’est délier le rapport que l’Éternel lui-même avait accepté, dont il s’était servi et que, par conséquent, nous devons maintenir. Aussi devra-t-on, quand on veut faire une traduction du récit de ce miracle, prendre garde à nommer les choses désignées par Moïse dans sa langue à lui par les mots dont d’autres langues se servent habituellement pour nommer ces mêmes choses. Il en est de même d’ailleurs de toutes les paroles de l’Écriture sainte.
Ainsi, l’évangéliste Matthieu a écrit pour nous que le Seigneur Jésus a dit : « Après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée » (Mt 26.32). Comme nous l’avons vu au commencement de cette section, le Seigneur Jésus a répété avec obéissance ce que son Père lui avait ordonné de dire. Dans les paroles de notre Sauveur que nous venons de citer, nous trouvons deux éléments principaux : ressusciter, précéder en Galilée. Comme c’était le cas lorsque Dieu parlait avec Adam, ainsi il y a encore ici une union indissoluble de la combinaison de ces termes. Puis il y a encore un rapport indissoluble pour les usagers de la langue que parlait le Seigneur Jésus entre le mot « ressusciter » et la chose désignée par ce mot. Il en est de même naturellement pour les mots « précéder en Galilée ». Finalement, il y a encore un rapport indissoluble entre le contenu, le sens de cette combinaison et ses suites pour l’existence et la vie de l’homme.
Mais ces paroles aussi de l’Écriture sainte ont été défigurées et dénaturées par des théologiens vaniteux. Ils nient la résurrection corporelle du Seigneur Jésus et prétendent qu’un autre message se fait entendre par ces paroles, à savoir que le Seigneur Jésus ressuscite dans les cœurs des hommes. Par ce mensonge, ils délient le rapport entre la chose et le mot employé pour cette chose dans la langue que parlaient les Juifs en ce temps-là, rapport dont Dieu même se servit et que nous devons donc respecter. Ils désunissent la combinaison liée par Dieu : ressusciter, précéder en Galilée, et la changent en : ressusciter, venir dans les cœurs des hommes. Par conséquent, ils n’auront pas part non plus au salut réservé à ceux qui croient et respectent la combinaison que Dieu a établie.
C’est pour nous une question vitale que de reconnaître et respecter dans tous nos propos les rapports établis par Dieu entre le mot de la langue de la révélation et la chose désignée par ce mot, l’union des combinaisons que Dieu a données. Il en est de même quand il s’agit de traduire les mots parce qu’aucun rapport ni aucune combinaison de mots ne sont arbitraires. Il restera des difficultés pour le traducteur, parfois de grandes difficultés. Il ne sera pas toujours possible, par des mots d’une autre langue, de rendre d’une manière tout à fait adéquate le sens, le contenu de certains mots, par lesquels Dieu s’est révélé à ses serviteurs et par lesquels il s’est adressé à eux. C’est là aussi un effet de la confusion du langage. Alors il faudra chercher les termes ou les locutions qui rendent la signification originale aussi exactement que possible. Ces recherches du sens exact d’un mot de la langue originale et de termes équivalents de l’autre langue sont difficiles, mais absolument nécessaires pour maintenir, autant qu’il nous sera possible, le rapport entre le mot dont Dieu se servit originairement et la chose désignée par ce mot en ce temps-là.