Introduction à l'épître de Jacques
Introduction à l'épître de Jacques
- Auteur
- Circonstances de composition; destinataires
- Particularités
- Jacques et Paul
- Message
- Analyse du contenu
- Questions
1. Auteur⤒🔗
Cette lettre n’énonce pas le nom de son auteur et ne se présente même pas comme émanant d’un apôtre. L’auteur se décrit simplement comme « serviteur de Jésus-Christ ». Sans doute toute autre précision semblait-elle superflue. Il pensait que ses lecteurs comprendraient de quel « serviteur » il s’agissait. L’introduction laisse cependant entendre que l’auteur devait jouir d’une grande autorité parmi les chrétiens et avoir joué un rôle de premier plan dans l’Église. Il est tout naturel de penser à Jacques, le frère de Jésus.
Le Nouveau Testament mentionne plusieurs personnes portant ce même nom :
1. Jacques, fils de Zébédée, frère de Jean. Il fit partie du cercle des douze et fut mis à mort par Hérode Agrippas en l’an 44 (voir Ac 12).
2. Jacques, fils d’Alphée, un autre disciple du cercle des douze dont nous ne connaissons rien d’autre que le nom (Mt 10.3; Mc 3.18; Lc 6.15; Ac 1.13).
3. Jacques, frère de Jésus (Mt 13.55; Ga 1.1). Matthieu donne les noms d’autres personnes qui composèrent la famille de Jésus, dont Jude, Joseph et Jacques; ce dernier, ainsi que ses frères, ne crurent pas en lui (Mc 3.21; Jn 7.5). Selon 1 Corinthiens 15.7, le Seigneur ressuscité se montra aussi à Jacques, et à partir de ce moment, le frère incrédule crut au Seigneur. Il s’associa aussi aux douze disciples et devint l’une des colonnes de l’Église de Jérusalem (Ac 12.7). L’apôtre Paul le rencontrera à la fin de son troisième voyage missionnaire.
Homme de conduite irréprochable et de piété zélée, il est mort probablement martyr, peut-être lapidé, sous prétexte d’avoir violé la loi. Selon la tradition, ses prières incessantes auraient rendu ses genoux aussi calleux et durs que ceux d’un chameau! Son nom apparaît dans Actes 21.18-25. D’après 1 Corinthiens 9.5, il était marié. Il était connu sous le titre de « juste », comme son père Joseph (Mt 1.19) et Jésus (Jc 5.6). Il est plus que probable qu’il soit l’auteur de la lettre portant son nom.
2. Circonstances de composition; destinataires←⤒🔗
Cette lettre n’a pu être écrite après l’an 62, puisque selon la tradition ce fut à cette date que Jacques connut la mort. Les dates suggérées pour sa rédaction varient entre 55 et 60, ou même entre 44 et 49. D’autres la situent autour de la fin du premier siècle et même au début du second! Nous retiendrons l’hypothèse de la date la plus ancienne, la situant autour de l’année 45. Les arguments en faveur de cette date sont les suivants :
1. On n’y trouve pas exposées les grandes doctrines chrétiennes, qui à cette époque n’ont pas encore été élaborées. Pour l’heure, le christianisme apparaît comme étant essentiellement une conception juive, ce qui montre que l’auteur est à peine sorti du judaïsme.
2. Pour le moment, il n’y a pas de conflit entre chrétiens d’origine juive et païenne, ce qui ramène sa rédaction avant le Concile de Jérusalem.
3. En outre, la lettre ne mentionne pas les grandes hérésies courantes, comme le font les autres écrits apostoliques du Nouveau Testament.
4. Enfin, on retient en faveur de la date la plus ancienne la mention de la synagogue comme lieu de célébration cultuelle pour les premiers chrétiens, pas encore différenciés des juifs; les péchés mentionnés sont de nature à apparaître sur sol juif.
Ces arguments font admettre l’épître de Jacques comme la toute première du recueil de notre Nouveau Testament.
L’auteur adresse sa lettre aux douze tribus de la dispersion. Il s’agit de chrétiens d’origine juive se trouvant hors de la Palestine. Ce qui les caractérise, c’est le danger de se laisser décourager sous l’oppression et la persécution qui agresse leur foi s’ils ne s’attachent qu’à une foi cérébrale, privée de toute vertu chrétienne. Dans les 108 versets qui composent son épître, Jacques n’utilise pas moins de 54 impératifs. Il encourage à la fermeté face à la tentation ainsi qu’à prendre garde à des fautes et à des erreurs morales.
Les passages de 2.1,5,7 et 5.7 rendent suffisamment clair qu’il s’agit de chrétiens d’origine juive et non de juifs en général. En ce sens, elle est une lettre catholique, c’est-à-dire universelle. Elle s’adresse à l’Église de Jésus-Christ dans son ensemble. Ces Églises fondées par des juifs restent en étroite liaison avec Jérusalem et considèrent Jacques comme leur père spirituel.
3. Particularités←⤒🔗
L’épître de Jacques fait partie des lettres dites catholiques (les autres sont 1 et 2 Pierre, 1, 2 et 3 Jean et l’épître de Jude). Ces épîtres ont été rédigées par quatre auteurs, dont deux sont des apôtres et les deux autres des frères de Jésus. Si l’on compare ces épîtres entre elles, on constate que celle de Jacques est essentiellement éthique (morale), celle de Pierre « expérimentale », Jean expose dans les siennes la vérité et Jude s’occupe d’exhorter. Il serait également intéressant de comparer ces quatre auteurs à Paul. Ce dernier développe, bien que non exclusivement, la doctrine chrétienne; Jacques s’occupe de la vie chrétienne; Pierre enseigne au sujet des épreuves du chrétien; Paul insiste sur l’enseignement ou la doctrine; Jacques sur les œuvres; Pierre sur l’espérance et Jean sur l’amour.
Tant par sa forme que par son fond, la lettre de Jacques occupe une place tout à fait particulière parmi les lettres apostoliques. En fait, elle fait penser au livre des Proverbes. Nous y trouvons de nombreuses citations (ou plutôt des allusions) à l’Ancien Testament. Cette lettre est un miroir qui réfléchit le Sermon sur la Montagne, la joie dans l’épreuve, la perfection, l’exaucement de la prière, l’humilité, la condamnation de la colère, l’exercice de la miséricorde, la pratique de la foi, la paix, l’amour, la fragilité des richesses de ce monde, l’exemple des prophètes, etc. En revanche, elle manque des grandes affirmations de la foi chrétienne. Le mot Évangile n’est jamais mentionné; le nom du Christ n’apparaît que deux fois et aucune mention n’est faite à l’incarnation, à la résurrection ou à l’ascension. Ces absences s’expliquent par le caractère essentiellement pratique de l’épître, qui a pourtant une profonde signification doctrinale. Les passages classiques sur l’origine du mal, la foi et les œuvres, la langue, les deux sortes de sagesse, etc., le prouvent.
Ce ne sont pas des circonstances particulières qui font de Jacques l’auteur de cette lettre. Son but semble être tout simplement celui de combattre dans les Églises — qui pour l’instant sont judéo-chrétiennes — les inconséquences de la foi dans la vie de tous les jours. Dieu ne se contente pas d’une foi purement intellectuelle (les démons aussi croient!). Sans s’astreindre à un ordre rigoureusement logique, l’auteur s’attaque, l’un après l’autre, aux vices qui semblent s’être introduits dans les Églises, les caractérise en traits brûlants, les flétrit et les condamne avec une éloquence qui jaillit d’une conscience sainte et indignée. Il suffit d’examiner par exemple les sujets suivants :
- Contre l’impatience et l’insoumission dans l’épreuve (1.2-9)
- Contre la superficialité et le formalisme 1.19-27)
- Contre la discrimination (2.1-13)
- Contre la foi morte (2.14-26)
- Contre le péché de la langue (3.1-18)
- Contre les différentes formes d’orgueil (4.1-17)
- Contre l’impatience et l’insoumission (5.7-20)
Parmi les particularités remarquées dans cette lettre, nous devons souligner nombre de similarités avec l’enseignement de Jésus. Nous y trouverons l’écho des discours de notre Seigneur, et une comparaison entre Jacques 5.12 et Matthieu 5.34-37 suffirait pour le démontrer. D’autres exemples abondent aussi, comme des « fragments » du Sermon sur la Montagne ou l’annonce de la destruction de Jérusalem. Il serait intéressant de comparer nombre de passages dans Matthieu 5 et 7 et dans Jacques (consulter une Bible à parallèles). Aucune autre lettre du Nouveau Testament n’offre une telle variété d’allusions indirectes aux enseignements de Jésus. Il ne faut pas s’étonner de cette similarité frappante, surtout entre le Sermon sur la Montagne et notre lettre, car Jacques et Jésus sont frères selon la chair. Néanmoins, ce n’est pas ce lien de parenté physique que Jacques cherche à souligner. Il s’appelle, très humblement, « le serviteur de Jésus-Christ ».
Il existe aussi une étroite ressemblance entre la phraséologie de la lettre et les paroles de Jacques que nous rapporte Luc dans Actes 15. Cela apparaît plus clairement encore d’après l’original (comparer Ac 15.23 avec Jc 1.11; Ac 15.33 avec Jc 2.5; Ac 15.14 avec Jc 1.16,19 et 2.5).
Notre lettre se distingue encore des autres, et notamment des autres lettres catholiques, par son caractère éminemment éthique. En cela, elle nous rappelle étrangement le livre des Proverbes de l’Ancien Testament. Dans ce livre, on chercherait aussi en vain de grandes affirmations théologiques à la manière des prophètes ou de saint Paul. Pourtant, le livre des Proverbes n’offre pas un simple spécimen de sagesse humaine, mais plutôt un commentaire de la loi, dont l’intention est de conduire pratiquement le peuple de Dieu. Justement, cette Alliance constitue l’arrière-plan de la « sagesse de Jacques ».
Bien qu’il ne parle pas extensivement au sujet du salut qui est le nôtre en Christ, il le présuppose, en offrant sa sagesse pratique pour la vie quotidienne et en permettant à la Parole qui est la suprême sagesse de s’exprimer sous la forme de proverbes. Le Christ n’est-il pas devenu notre Sagesse? (1 Co 1.30). Le livre des Proverbes ne traite pas de l’espérance messianique; de même, Jacques ne rend pas un témoignage élaboré à la personne et à la mission de Jésus-Christ. Mais la lettre présuppose la confession de l’Église et elle inclut une brève déclaration qui rend clair que Jésus n’est pas un simple maître de morale.
Notons enfin son caractère littéraire et rhétorique élevé. La lettre est écrite en un excellent grec. Elle possède un style imagé rappelant les prophètes hébreux et contient plus d’illustrations tirées de la nature que toutes les autres lettres du Nouveau Testament. Cela rappelle le style de notre Seigneur dans les Évangiles synoptiques.
Ce ton et la matière du contenu reflètent bien la date et les circonstances de composition, une atmosphère palestinienne. On peut encore la qualifier de parénétique (exhortation-consolation), influencée par la tradition des Évangiles, sans toutefois qu’il y ait une dépendance littéraire absolue.
4. Jacques et Paul←⤒🔗
Consacrons un paragraphe à la relation entre Jacques et Paul. À la suite de Luther, certains ont opposé Jacques à l’apôtre des Gentils. Ce jugement incorrect et regrettable du réformateur allemand se fondait sur l’interprétation de Galates 2.12. Il nous semble qu’à cet endroit Paul souligne que la foi est un élément essentiel de la vie nouvelle en Christ. Jacques, de son côté, démontre qu’elle n’est réelle que si elle est vécue dans la vie pratique. Bien qu’il observe les ordonnances de l’Ancien Testament, on ne peut le tenir pour un judaïsant, car il ne cherche pas à imposer les institutions de l’Ancienne Alliance.
Dans le Nouveau Testament, Jacques n’apparaît nulle part comme l’adversaire de Paul. Au contraire, les relations entre les deux semblent avoir été bonnes (Ga 1.19; 2.9). Si Paul s’oppose à certains émissaires de Jacques (Ga 2.12), il n’est nullement question d’un conflit entre lui et Jacques. On peut même dire que celui-ci apparaît comme le défenseur de la cause de Paul (Ac 15.13-29). Jusqu’à la fin, il reste l’ami du missionnaire des Gentils (Ac 21.18-25).
On peut dire que, dans une certaine mesure, les deux hommes envisagent le même sujet à partir de deux angles différents. Quoi qu’il en soit, pour Jacques la foi reste essentielle (1.3,6; 2.2-5; 2.24; 5.5,15). La foi qu’il critique si sévèrement est celle d’une orthodoxie morte, à laquelle Paul se serait à son tour opposé avec toute la vigueur de son âme et de sa pensée. Car l’apôtre de la justification par la foi reste résolument le partisan des bonnes œuvres, précisément considérées comme le fruit de la foi (Rm 2.6-10; 2 Co 9.8; Ép 2.9-10; Col 1.1-4; 1 Th 1.3; 2 Th 2.17). Si nous regrettions l’enseignement pratique de Jacques, il nous faudrait regretter également celui de Jésus en personne.
Jacques s’emploie à garder les chrétiens convertis aussi bien du paganisme que de porter le fardeau de toute la loi mosaïque (Ac 15.13-21). Jacques ne parle pas d’observer la loi cérémonielle, mais sa préoccupation se trouve autour de la parfaite loi de la liberté (1.15). Il le rappelle à ses lecteurs (2.8) et, en soulignant ces points-là, il suit la voie empruntée par Paul (Rm 13.8). Il souligne la primauté de la foi. Lorsque Paul rejette la justification par les œuvres, il s’agit d’une justification sur la base d’une adhésion scrupuleuse à la loi. Lorsque Jacques parle de ses « œuvres », il n’entend pas une vie chrétienne soumise servilement et de façon légaliste à une loi.
Mais une foi vivante devra se manifester autrement que dans une orthodoxie morte. Sur ce point, Paul serait entièrement d’accord. N’écrit-il pas d’ailleurs cela dans Romains 6.22? La foi est agissante par l’amour (Ga 5.6). Ces déclarations sont tirées des mêmes lettres qui parlent sans équivoque contre la justification par les œuvres de la loi cérémonielle. Aussi bien pour Paul que pour Jacques, la foi n’a pas d’effet si elle n’est pas vivante, produisant de bonnes œuvres. Aussi, il n’est pas juste de parler de conflit entre les deux auteurs. À la rigueur, Paul s’opposerait à ceux qui, s’appuyant sur les déclarations de Jacques, abuseraient de sa sagesse en la tournant en un nouveau légalisme.
5. Message←⤒🔗
Le thème général de la lettre pourrait se résumer aisément en une seule phrase : « Les œuvres sont indispensables pour démontrer la foi ». Les chrétiens d’origine juive, qui avaient quitté la religion avec sa forte insistance sur les bonnes œuvres, risquent de passer d’un extrême à l’autre, laissant de côté tout intérêt à l’égard des implications pratiques de la nouvelle foi. Il faut donc les conseiller et les encourager à poursuivre les bonnes œuvres, non comme une condition du salut, mais comme le signe ou la preuve de leur rédemption. Jacques refuse d’accepter ceux qui ne professent la foi que par le discours. Il souligne la nécessité de la foi, mais d’une foi active et vivante. On ne peut contenter Dieu par une piété apparente et une foi purement cérébrale. D’où les exhortations pratiques (par exemple la patience opposée à l’insoumission dans l’épreuve; la colère de l’homme naturel qui n’accomplit pas la justice de Dieu; la nécessité de résister au mal et au Malin, et celui-ci fuira; la prière qui est efficace à condition qu’elle soit le fruit de la foi), et les dénonciations violentes (contre le formalisme, les méfaits de la langue, l’arrogance spirituelle, etc.).
La lettre consiste en de petits groupes d’aphorismes, d’avertissements et d’instructions, sans un plan logique et rigoureux. Bien que nous ayons reconnu le caractère particulièrement « pragmatique » de la lettre et son intérêt « terre à terre », il serait injuste de penser qu’elle est dépourvue de toute signification théologique. Quel enseignement doctrinal pouvons-nous en retirer? Voici une brève présentation qui soulignera certains éléments groupés :
1. L’unité de la nature de Dieu est affirmée (2.19; 4.12). La Trinité des personnes n’est pas insinuée, mais les attributs divins sont mentionnés. Dieu est le Créateur des astres (1.17; 5.4) et des hommes (3.9). Il est immuable (1.17). Il est l’auteur de tout bien, particulièrement de la sagesse (1.5), de la régénération (1.18), de la révélation prophétique (5.10). Il est le Père des hommes (3.9). Il leur donne sa grâce (4.6-8), il exauce leurs prières confiantes (1.5; 5.15,18). Il leur remet leurs péchés (5.15). Il est inaccessible au mal, il ne cause pas la tentation (1.13). Il est le Législateur et le Juge universel; il peut sauver et perdre (4.12). Mais son jugement au jour de la parousie (5.1-9) sera sans miséricorde pour celui qui n’aura pas exercé la miséricorde envers son prochain (2.13).
2. Jésus-Christ n’est nommé explicitement que deux fois (1.1; 2.21), mais il a son titre complet (Seigneur, Sauveur, Messie, notre Seigneur Jésus-Christ), accompagné de la mention de sa glorification (2.1). On peut se demander s’il est aussi question de lui dans 2.7 et 5.7.
3. L’homme est fait à l’image de Dieu (3.9). Il est poussé au mal par sa propre convoitise (1.14; 4.1) et par le démon (3.6; 3.15; 4.7). Régénéré par l’Évangile (1.18,21), il est destiné à la vie éternelle (1.12). Il est sauvé définitivement non par la parole qui ne serait que simple adhésion intellectuelle, mais par celle qui est associée à la charité fraternelle (2.14-26); par la miséricorde (1.27, 2.13), par l’abstention de la médisance (4.11) ou des querelles (3.14-18; 4.11-13), par l’impartialité envers tous (2.1), par la prière d’intercession (5.16) et l’exhortation spirituelle (5.19); en un mot, par la pratique de la loi royale (2.8) de l’Évangile (1.21). Il est affermi dans sa foi par les épreuves, à condition qu’il ait la sagesse pour en comprendre la portée (1.2); cette sagesse divine sur la vie et sur les événements s’obtient par une prière pleine d’espérance (1.5-8), car ce genre de prière est efficace (5.18).
4. L’Église est à la fois l’assemblée locale (2.2) et l’assemblée générale de tous les chrétiens dispersés (1.1) qui sont frères les uns des autres (1.2,16,19). Si l’assemblée locale a des anciens ou presbytres (5.14), dont le ministère s’exerce auprès des malades et sans doute auprès des néophytes, elle a également des docteurs enseignants qui peuvent être aussi des chefs (c’est le cas pour l’auteur; 3.1), et alors ils sont à leur tour presbytres.
La lettre de Jacques a des accents contemporains. Son intérêt pour la justice (de nos jours, on l’appellerait justice sociale) frappe la corde sensible des cœurs chrétiens contemporains. La lettre rappelle fortement les prophètes de l’Ancien Testament, notamment Amos, qui à son époque dénonçait avec une violence inhabituelle les injustices commises dans sa nation. C’est pourquoi Jacques a été nommé l’Amos du Nouveau Testament. Ses lecteurs, rachetés par Jésus-Christ, doivent manifester leur foi en actes, en parole et en pensée. Ils doivent endurer la tribulation et les tentations jusqu’à ce que le Seigneur revienne.
Un regard superficiel porté sur cette épître pourrait facilement laisser l’impression que toute tentative d’en présenter un plan systématique serait vouée à l’échec. Ceci est dû au procédé littéraire appelé en grec diadiplasis. Des sentences sont liées entre elles sans présenter nécessairement un lien cohérent. Une clause vient s’ajouter à une autre par la répétition d’une parole différente. L’exemple le plus frappant est celui de 1.3-6 et 12-15.
Ce type de discours, vu superficiellement, rappelle une personne dont la conversation saute du coq à l’âne. Si ç’avait été le cas, il serait impossible de chercher un plan dans cet écrit, mais une étude plus sérieuse montre le contraire. Dans la section de 1.1-18, Jacques attire l’attention sur une seule pensée centrale et principale. Il exhorte les opprimés et les affligés à l’endurance. S’ils manquent de cette grâce, qu’ils la demandent à Dieu. Au lieu de perdre courage, qu’ils apprécient leur vocation spéciale. Le verset 12 fait état de la bénédiction. En outre, c’est un don de Dieu (souligné au verset 17).
Tout ceci montre donc une unité parfaite et admirable du corps de la lettre. Jacques ne s’est pas éloigné de son sujet et il ne fait pas de digression. En outre, il conclut comme il avait commencé : avec l’exhortation à endurer. On pourrait objecter que 1.19-27 manque d’unité logique. Mais est-ce bien le cas? Au verset 22, il dit qu’il ne faut pas seulement écouter la parole, mais également la pratiquer, et sa pensée continue jusqu’au verset 25; ensuite au verset 26, il se tourne vers l’usage de la langue. Finalement, au verset 27, il donne une brève description de la religion pure. À cet égard, il parle de se garder par rapport au monde. Or, au verset 21, il insistait sur la pureté de la foi et de la conduite. Ainsi, on peut très bien voir que Jacques ne manque pas de suite dans les idées. Nombre de commentateurs ont considéré sa lettre comme un sermon apostolique! L’essentiel dans celui-ci est l’affirmation que la foi authentique dépasse l’assentiment intellectuel et qu’elle se prouve par les actes.
6. Analyse du contenu←⤒🔗
Introduction : auteur et destinataires - 1.1
1. Épreuves et tentations - 1.2-18
2. Avertissements divers contre les péchés - 1.19 à 3.18
a. Hâte de prononcer une parole - 1.19-21
b. Écouter la parole sans la mettre en pratique - 1.22-25
c. Discriminations - 2.1-7
d. Obéissance partielle au Christ - 2.8-13
e. La foi stérile - 2.14-26
f. Abus du langage - 3.1-12
g. Fausse sagesse - 3.13-18
3. Réprimandes - 4.1 à 5.6
a. Mondanité et convoitises - 4.1-10
b. Commérage et calomnie - 4.11-12
c. Projets sans tenir compte de Dieu - 4.13-17
d. Mauvais usage de l’argent - 5.1-6
4. Exhortations - 5.7-20
a. Patient jusqu’à l’avènement du Seigneur - 5.7-12
b. Respectueux en discours - 5.13-18
c. Ramener à la vérité ceux qui errent - 5.19-20
7. Questions←⤒🔗
- À qui est comparé celui qui entend la Parole sans la mettre en pratique? (2.22-25).
- Quelles sont les illustrations de la foi agissante dans le chapitre 2?
- À quoi la langue est-elle comparée? (3.3-12).
- Où chercher l’origine des guerres? (4.1-12).
- Comment préparer notre avenir? (4.13-15).
- Qui sont nos exemples pour la patience? (5.7-11).
- Que faut-il faire dans la joie, la détresse et la tribulation? (1.3-15).
- Quelle est la différence entre épreuve et tentation?
- Analyser la définition de la religion. (1.26-27).
- Comparer la sagesse humaine avec la sagesse divine. (1.5-8 et 3.13-18).
- Prouver que l’exaucement de nos prières est assuré. (5.17-18).
- Existe-t-il une opposition entre Paul et Jacques?
- Montrer la relation entre la foi et les œuvres.
- Expliquer les principes qui doivent présider à notre discours.
- Illustrer des exemples de prières exaucées dans la Bible.