Actes 1 et 2 - La Pentecôte et la vraie spiritualité
Actes 1 et 2 - La Pentecôte et la vraie spiritualité
- Confusion sur la vraie spiritualité
- L’Esprit parle par les Écritures
- Le don de l’Esprit
- La signification de la Pentecôte
Qu’est-ce que la spiritualité, la véritable spiritualité? Qu’est-ce qui fait qu’une personne est véritablement « spirituelle »? Comment reconnaître une telle personne? Comment savoir si vous êtes spirituel?
1. Confusion sur la vraie spiritualité⤒🔗
Notre époque est très préoccupée par ce genre de questions. La grande popularité d’Oprah Winfrey s’explique apparemment en grande partie parce qu’elle a convaincu beaucoup de gens qu’elle a trouvé la vraie spiritualité en se libérant, croit-elle, de son éducation chrétienne répressive, et elle est prête à nous expliquer comment nous pouvons la trouver par nous-mêmes.
L’intérêt de la vedette de l’écran Richard Gere et d’autres personnes pour le Dalaï-Lama va bien au-delà d’une préoccupation pour la liberté et pour les droits politiques du peuple tibétain. Beaucoup sont attirés par lui en tant que chef religieux parce qu’ils pensent qu’il incarne et connaît la voie de la spiritualité authentique.
Lorsque nous nous interrogeons sur les raisons de ces affirmations contemporaines, les réponses qui nous sont données sont généralement assez vagues, mais deux choses ressortent clairement : la spiritualité est personnelle et plurielle. Je dois la trouver en moi et je dois la trouver pour moi-même.
Pour les chrétiens, qui ont confiance dans le Christ comme leur Sauveur et Seigneur, et qui croient que la Bible est la Parole de Dieu, il ne devrait pas être difficile de montrer ce qui est erroné et fondamentalement faux dans une grande partie de la spiritualité actuelle. Celle-ci reflète le relativisme et le pluralisme religieux de notre époque, avec son aversion intransigeante pour l’enseignement de la Bible sur la spiritualité.
La Bible est indubitablement claire sur deux réalités spirituelles fondamentales. Premièrement, tous les êtres humains sont pécheurs, en fait si désespérément pécheurs, si inexcusablement coupables et impuissants qu’ils sont spirituellement morts. Deuxièmement, Jésus-Christ, en raison de ce qu’il a fait durant sa vie, sa mort et sa résurrection, est le seul Sauveur des pécheurs capable de nous délivrer de notre péché et de ses conséquences. Lui et lui seul est capable de nous rendre spirituellement vivants.
Pourtant, un flot presque ininterrompu de documentation ne cesse de présenter un ensemble confus d’affirmations et de contre-affirmations. Il en résulte cet état de fait déconcertant : le Saint-Esprit de Dieu, donné pour unifier l’Église, est devenu une occasion de tension et de division au sein de l’Église.
2. L’Esprit parle par les Écritures←⤒🔗
Quelle est la solution à cette situation affligeante? Y en a-t-il une? Oui, il y en a une. Remarquez ce que je n’ai pas dit juste auparavant. Je n’ai pas dit que l’Esprit est la source ou la cause de la division entre les chrétiens au sujet de son œuvre et de ses dons. La source de cette discorde se trouve ailleurs. Elle vient du fait que l’on n’écoute pas l’Esprit.
Mais où puis-je entendre ce que l’Esprit nous dit, et comment puis-je être sûr que c’est l’Esprit que j’entends? La réponse à cette question cruciale ne vient pas d’une personne ou d’une Église prétendant parler avec une autorité décisive pour l’Esprit ou à propos de l’Esprit. Elle ne se trouve pas non plus dans mon expérience de l’Esprit ou dans celle de quelqu’un d’autre.
Au contraire, la réponse, la seule réponse, est dans cette phrase mémorable : « le Saint-Esprit parlant par l’Écriture » (Confession de foi de Westminster, article 1.10). Seule la Bible est inspirée de Dieu aujourd’hui, du début à la fin, en raison de son origine unique, « inspirée de Dieu » dans le passé (2 Tm 3.16). Elle est la seule voix certaine et infailliblement fiable de l’Esprit pour l’Église d’aujourd’hui sur toutes les questions relatives à la foi et à la vie chrétiennes, y compris celles qui concernent l’Esprit et son œuvre. Nous n’apprenons à connaître l’Esprit et son œuvre qu’en écoutant l’Esprit, du début à la fin (1 Co 2.10-14). Nous découvrons ce que nous devons attendre de son action dans nos vies seulement lorsque, en possession de la Bible, nous sommes armés de « l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu » (Ép 6.17) et que nous sommes exposés à cette épée pénétrante de l’Esprit qui, « vivante et efficace », s’adresse à nous au cœur de notre être et dans nos préoccupations les plus profondes (Hé 4.12).
Mais qu’en est-il de l’expérience chrétienne de l’Esprit? Ne compte-t-elle pas pour quelque chose? Bien sûr que oui. Mais ni mon expérience, ni la vôtre, ni celle d’aucun autre chrétien n’est la source définitive pour fixer notre compréhension et déterminer nos attentes quant à l’œuvre de l’Esprit dans nos vies. Cette source est l’Écriture et l’Écriture seule, comprise correctement. Notre expérience est essentielle, mais seulement dans la mesure où elle corrobore cet enseignement en s’y conformant.
3. Le don de l’Esprit←⤒🔗
Il y a sans doute plus d’une façon d’examiner brièvement l’enseignement de la Bible sur l’œuvre du Saint-Esprit. Il en est une, cependant, que nous ne devrions pas adopter, bien qu’elle soit largement suivie aujourd’hui, notamment dans les milieux pentecôtistes et autres cercles charismatiques. Cette approche se concentre sur le livre des Actes des apôtres, en particulier sur les récits de baptême du Saint-Esprit et les exemples de parler en langues, de prophéties et de miracles. Ces récits sont ensuite lus comme fournissant des modèles à reproduire dans l’expérience des chrétiens d’aujourd’hui.
Cette approche passe à côté du but premier du livre des Actes, qui est indiqué dans Actes 1.8 : « Mais vous recevrez une puissance, celle du Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » Le « vous » du verset 8 désigne les apôtres, c’est-à-dire ceux qui ont été mis à part pour être les témoins autorisés du Christ, principalement de sa résurrection (Ac 1.20-26). En conséquence, la promesse du verset 8 exprime un programme d’activité apostolique qui inclut d’autres membres de l’Église associés à eux. Le reste du livre des Actes décrit la réalisation continue et l’achèvement de ce programme apostolique.
En d’autres termes, l’objectif général du livre des Actes est de documenter un programme apostolique qui a été mené à bien et complété : la diffusion apostolique de l’Évangile, l’extension de l’Église, « de Jérusalem… jusqu’aux extrémités de la terre » (Rome). Les Actes des apôtres décrivent l’extension, par les apôtres, de cet Évangile qui construit l’Église, en incluant d’abord des juifs (Jérusalem et la Judée), puis des demi-juifs (la Samarie) et enfin des non-juifs (les extrémités païennes de la terre). Leur activité indique l’universalité du dessein salvateur de Dieu, puisque la proclamation du salut promis et réalisé en Christ s’étend d’une nation, Israël, à toutes les nations.
Cet aspect de l’activité des apôtres est illustré de façon magnifique dans Éphésiens 2.19-22, où Paul représente l’Église comme un bâtiment en construction. Dans un contexte (versets 11-18) où l’universalité du salut et l’unité des juifs et des païens en Christ, réalisées par l’Évangile, sont à nouveau mises en avant, les apôtres (et les prophètes), avec le Christ comme pierre angulaire, constituent le fondement de l’unique maison de l’Église que Dieu est en train de construire dans la période comprise entre l’ascension du Christ et son retour.
En d’autres termes, cette maison est un modèle historique. La pose des fondations apostoliques et prophétiques de la maison de l’Église est terminée. Il ne s’agit pas d’une activité continue qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui. Il n’est pas non plus nécessaire de la refaire périodiquement (en supposant, comme nous le devons, que Dieu, son maître architecte-bâtisseur, sait ce qu’il fait!). De même que l’œuvre du Christ, la pierre angulaire de la fondation (voir 1 Co 3.11), est achevée, irremplaçable et ininterrompue, ainsi en est-il du rôle fondateur des apôtres. La réponse à l’œuvre achevée une fois pour toutes du Christ est le témoignage achevé une fois pour toutes des apôtres au sujet de cette œuvre salvatrice et de ses implications. L’Église d’aujourd’hui se trouve dans sa période postapostolique où, selon le modèle de Paul, sa superstructure est en cours d’érection, une activité continue jusqu’au retour du Christ qui repose fermement sur les fondations apostoliques, achevées, bien posées et centrées sur le Christ.
Les Actes des apôtres ne sont donc pas une chronique ouverte et sans fin d’épisodes choisis en vrac dans les premiers jours de l’histoire de l’Église pour être imités aujourd’hui. Les Actes ne se prêtent pas à l’ajout d’un chapitre 29 pour compléter le récit qu’il laisse présumément inachevé. Au contraire, le livre des Actes se termine là où Luc l’avait prévu, avec l’achèvement de la tâche apostolique mondiale qu’il avait entrepris de documenter. Remarquons à cet égard que Paul est conscient que, par son ministère « d’apôtre des païens » (Rm 11.13), l’Évangile se répand « dans le monde entier », « à toute créature » (Col 1.5-6, 23).
4. La signification de la Pentecôte←⤒🔗
Qu’en est-il alors de la Pentecôte? Si l’expérience des apôtres et des autres personnes présentes avec eux, décrite dans Actes 2, ne constitue pas un modèle ou un schéma à rechercher et à reproduire dans la vie des chrétiens jusqu’au retour du Christ, quelle est la signification de ce qui s’est passé ce jour-là?
Bien qu’elle se situe vers le début des Actes, la Pentecôte est manifestement le point culminant du livre dans son ensemble, de toute l’histoire que Luc raconte. Pourquoi? La Pentecôte a cette importance capitale parce que le baptême du Saint-Esprit (Ac 1.5) — également décrit comme étant l’Esprit qui a été « envoyé » ou « répandu » (Lc 24.49; Ac 2.33) — parachève l’œuvre accomplie une fois pour toutes du Christ. L’importance de la Pentecôte n’est rien de moins que cela.
Nous passons à côté de l’essentiel de la Pentecôte si nous nous concentrons sur l’expérience de ceux qui étaient présents et sur son supposé potentiel en tant que modèle pour notre expérience, aussi frappante et mémorable qu’ait pu être cette expérience ce jour-là. La Pentecôte est bien plus importante que leur expérience. Sans ce qui s’est passé ce jour-là, l’œuvre du Christ sur terre serait restée inachevée.
Cette importance peut être perçue sous deux angles connexes dans l’Évangile selon Luc et le livre des Actes. Dans Actes 1.5, Jésus regarde à la fois vers l’avant et vers l’arrière en reliant sa promesse que bientôt les apôtres seraient baptisés de l’Esprit – une promesse accomplie à la Pentecôte, comme nous savons – au ministère de Jean le Baptiste marqué par son baptême d’eau.
Les premiers versets de Luc 3 résument le ministère de Jean en exposant ce qui était au cœur de ce ministère et en le définissant dans son ensemble. Les versets 15-17 relatent une comparaison que Jean a faite en réponse à la question de la foule qui voulait savoir s’il était le Messie. Dans cette comparaison, le baptême est le dénominateur commun qui souligne la différence entre le ministère de Jean et celui du Messie à venir. Mais pourquoi le baptême sert-il de base de comparaison? Parce que, dans chacun de leur ministère, le baptême constitue un élément fondamental. « Je ne suis pas le Messie, dit en effet Jean, je ne suis que le précurseur, celui qui prépare la venue imminente du Messie. En conséquence, mon baptême est un baptême d’eau; il n’est qu’un signe annonciateur. En revanche, le baptême du Messie, élément fondamental de son ministère, sera un baptême d’Esprit Saint et de feu. Ce baptême est la réalité annoncée par mon ministère, marqué par le baptême d’eau. »
Dans ce passage, Jean passe donc en revue le ministère du Christ dans son ensemble, et au cœur de celui-ci, aussi central que toute autre chose, se trouve le baptême du Saint-Esprit. De ce point de vue, l’œuvre du Christ sur terre, qui a culminé sur la croix pour l’expiation des péchés de ceux qu’il est venu sauver, est correctement considérée comme un grand effort pour leur assurer et leur donner le don du Saint-Esprit. C’est ce que le Christ a fait pour son peuple le jour de la Pentecôte. Il n’y a rien de subsidiaire ou de secondaire dans ce qui s’est passé à la Pentecôte; ce n’était pas une simple « seconde bénédiction ». Le baptême de l’Esprit qui a eu lieu à ce moment-là est une question de premier ordre, une bénédiction de la plus haute importance, une bénédiction qui fait partie intégrante du salut que le Christ est venu accomplir. Sans ce baptême, sans ce don, l’œuvre du Christ pour notre salut ne serait pas complète.
Ces réflexions sur la révélation de Jean le Baptiste concernant Jésus sont confirmées par Pierre dans son sermon du jour de la Pentecôte. Alors que cette prédication touche à sa fin, il affirme avec force :
« Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité; nous en sommes tous témoins. Élevé par la droite de Dieu, il a reçu du Père l’Esprit Saint qui avait été promis, et il l’a répandu, comme vous le voyez et l’entendez » (Ac 2.32-33).
Quatre événements sont liés ici : La résurrection de Jésus (qui révèle l’efficacité salvatrice de son ministère messianique dont le point culminant est la croix, versets 22-31), son ascension, sa réception de l’Esprit venu du Père et son effusion de l’Esprit à la Pentecôte.
Il est manifeste que ces événements sont inséparables; chacun d’entre eux ne s’est produit que si les autres ont déjà eu lieu ou sont en vue. Ensemble, la crucifixion, la résurrection, l’ascension, la réception de l’Esprit lors l’ascension et la Pentecôte constituent un seul complexe d’événements. La Pentecôte n’est pas plus capable de se répéter dans l’expérience chrétienne individuelle que la mort, la résurrection et l’ascension du Christ ne sont capables d’une telle répétition.
Malgré une idée fausse très répandue, la Pentecôte n’apporte pas une expérience fondamentalement nouvelle ou différente de l’Esprit. Les différences dans l’expérience de l’Esprit entre les croyants de l’Ancien Testament et ceux du Nouveau Testament sont réelles et importantes, mais pas plus que comparatives : elle est plus riche, plus grande et plus complète pour les seconds. Toutefois, la nouveauté de l’effusion de l’Esprit à la Pentecôte réside principalement dans deux considérations connexes. Premièrement, l’Esprit est finalement présent parce que l’œuvre du Christ, qui a accompli le salut, a été achevée. L’Esprit qui est venu à la Pentecôte, accomplissant la promesse du Père, est l’Esprit du Christ maintenant glorifié (« l’Esprit n’était pas encore donné, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié », Jn 7.39); il est l’Esprit eschatologique. Deuxièmement, l’Esprit qui est venu à la Pentecôte est l’Esprit répandu sur toute chair. Le peuple de Dieu est maintenant la communauté de l’Esprit, composée de païens aussi bien que de juifs, de toute nation, de toute tribu et de toute langue; il est l’Esprit universel.
Si la Pentecôte signifie quelque chose, c’est que l’Esprit est ici avec l’Église pour rester de façon permanente, irrévocable. Grâce à la Pentecôte, les croyants peuvent être sûrs que l’Esprit ne les abandonnera pas. Mais dire cela, c’est aussi dire que la Pentecôte signifie que le Christ est là pour de bon et qu’il n’abandonnera pas les croyants. En Jean 14, Jésus dit à ses disciples qu’il va vers le Père (verset 12) et leur promet qu’à ce moment-là, il demandera au Père de leur envoyer l’Esprit comme consolateur ou avocat (versets 16-17). Et il ajoute aussitôt : « Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai vers vous » (verset 18; voir aussi verset 23). Cette déclaration ne se réfère guère ni à ses apparitions temporaires de résurrection ni à son retour à la fin de l’histoire, mais à ce qui se produira dans l’envoi de l’Esprit.
La venue de l’Esprit, c’est la venue de Jésus. Les deux sont tellement inséparables dans leur activité que la présence de l’Esprit est la présence du Christ. Paul exprime cette réalité — dans ce qui est en fait un commentaire d’une seule phrase sur la Pentecôte — en disant que, dans sa résurrection, le Christ glorifié, en tant que dernier Adam, est devenu « l’Esprit vivifiant » (1 Co 15.45), c’est-à-dire l’Esprit qui donne la vie. C’est pourquoi, écrit-il ensuite, « le Seigneur [Christ] c’est l’Esprit » (2 Co 3.17).
Pour résumer nos réflexions sur le don de l’Esprit, lorsque Pierre, en prêchant l’Évangile le jour de la Pentecôte, a déclaré que ceux qui se repentent « recevront le don de l’Esprit Saint » (Ac 2.38), il ne promettait pas, du moins pas en premier lieu, le don du parler en langues dont ils venaient d’être témoins ni, d’ailleurs, tout autre don particulier que l’Esprit donne. Il avait plutôt en vue bien plus que cela : l’Esprit lui-même comme étant « la promesse du Père » (Ac 1.4; Lc 24.49). Le don n’est rien d’autre que le Donateur lui-même. En effet, le grand don, auquel tout croyant a part, c’est Dieu lui-même : Dieu notre Père, dans le Christ, par l’Esprit Saint. Nous sommes tenus de maintenir rien de moins que cette pleine perspective trinitaire sur toutes les questions qui concernent la vraie spiritualité.