Comment comprendre la Bible?
Comment comprendre la Bible?
Comment comprendre la Bible? Voilà le sujet de cet article. Vaste sujet, me direz-vous. D’énormes volumes ont été publiés sur ce thème depuis des siècles, un court article comme celui-ci aurait-il la prétention de résumer les milliers de pages écrites au cours de l’histoire sur une question aussi capitale? En fait, je voudrais simplement énoncer quelques règles qui permettent d’approcher la Bible, ce livre à succès mondial, de manière responsable.
Il est en effet fréquent d’entendre ou de lire des expositions de la Bible par des gens soi-disant qualifiés, qui en fait abusent de leurs titres et de leur position pour faire dire au texte de l’Écriture sainte tout le contraire de ce qu’il dit. On les entend justifier des idées abracadabrantes, par exemple après qu’ils aient extrait un verset totalement hors de son contexte pour l’accoler à un autre, lui aussi isolé de son contexte proche et plus large. C’est de cette manière que procèdent les sectes, qui fleurissent aujourd’hui comme elles ont fleuri hier, au cours de l’histoire de l’Église. Or, comme le souligne le dicton, un texte pris hors de son contexte n’est qu’un prétexte. Il ne suffit pas de prétendre s’appuyer sur l’autorité de la Bible en la citant à tout bout de champ, mais sans discernement, comme le font beaucoup de prédicateurs improvisés.
Mais commençons par nous demander s’il est possible d’étudier la Bible de manière soi-disant objective, sans aucune opinion ou croyance préalable. Une approche rigoureuse ou responsable de la Bible signifie-t-elle qu’on aborde celle-ci sans bagage religieux, sans présuppositions d’un ordre ou d’un autre? Évidemment non. Chacun de nous est animé de convictions quelconques, est nourri par une culture donnée, a une expérience personnelle qui oriente son regard et ses idées sur la Bible d’une manière ou d’une autre. Dans ce sens, on ne peut pas parler d’objectivité. Et si quelqu’un vient vers vous en prétendant avoir une approche scientifique de la Bible dépourvue de tout préjugé, de toute croyance, vous ferez bien de démontrer à cet individu la naïveté, voire la niaiserie de son opinion. Une telle personne s’aveugle tout simplement sur elle-même et ses facultés de jugement, et elle n’est tout simplement pas digne qu’on l’écoute davantage.
Pour confirmer ceci, vous aurez sans doute remarqué que, en ce qui me concerne, j’ai qualifié précédemment la Bible d’Écriture sainte. Dès le début, j’annonce la couleur, comme on dit. Pour nous, la Bible n’est pas simplement une collection d’écrits rassemblés ensemble au cours de plus de mille ans d’histoire, et qui témoignent de la vie religieuse et de l’histoire d’un peuple particulier. Elle est bien plus que cela, elle possède une unité interne et elle a un caractère de révélation divine qui en fait un texte inspiré par l’Esprit de Dieu, même si des auteurs humains sont responsables de sa rédaction au cours de ces quelque mille ans d’histoire humaine. Parole infaillible transmise par la bouche d’auteurs humains autrement faillibles, elle est digne d’être reçue et acceptée avec foi. Notre approche consiste à dire que ce n’est pas à nous de juger cette Parole et le message qu’elle nous transmet, mais plutôt qu’il nous faut nous laisser juger par elle, afin que par elle nous connaissions Dieu et que nous nous connaissions nous-mêmes. Car plus encore qu’une connaissance, c’est un salut qu’elle nous apporte, lorsqu’elle est acceptée avec foi. Voilà pour l’approche qui nous anime, pour nos présuppositions, comme on dit dans le langage spécialisé.
Cela dit, même avec de telles présuppositions, il nous faut aborder la Bible en respectant à la fois ses différentes parties et le tout qu’elle forme. Une bonne connaissance du tout et des parties est donc nécessaire. Donnons maintenant une liste de quelques principes de base qui devraient nous guider lorsque nous exposons les différents passages de l’Écriture sainte :
En premier lieu, il faut respecter le principe selon lequel l’Écriture doit être comparée avec l’Écriture. Cela signifie que les différents passages de la Bible doivent être mis en regard les uns vis-à-vis des autres pour que chacun prenne tout son relief. Cela ne signifie naturellement pas que chaque verset de la Bible doit être scrupuleusement comparé à tous les autres versets de l’Écriture, mais, par exemple, que le Nouveau Testament ne peut-être compris qu’à la lumière de l’Ancien, et vice-versa. Ainsi, le tout premier cadre de référence au sein duquel les textes de l’Écriture sont exposés reste l’Écriture elle-même. Il ne faut donc pas citer des versets de manière isolée du message global de la Bible, comme s’ils avaient à eux seuls valeur d’argument ou d’exposition définitive (c’est justement ce que font les sectes).
En second lieu, les passages de l’Écriture plus difficiles à comprendre doivent être expliqués à la lumière des passages plus faciles (c’est une des applications du premier principe que nous venons de voir ensemble).
En troisième lieu, il faut toujours tenir compte du genre littéraire dans lequel les auteurs bibliques se sont exprimés : soit poésie (par exemple les Psaumes, ou le Cantique des cantiques), soit narration historique (par exemple les livres des Rois ou des Chroniques), soit parabole (dans la bouche de Jésus-Christ), soit genre apocalyptique (larges passages du livre de Daniel, ou encore l’Apocalypse, qui est le dernier livre du Nouveau Testament), soit littérature dite de sagesse ou sapientiale (et qui a pour but de former à la sagesse, comme les Proverbes, ou l’Ecclésiaste), soit genre épistolaire (lettres de Paul ou de Pierre), etc. On ne peut exposer un récit historique comme on exposerait un passage rempli de symboles ou un passage rapportant une vision. Ainsi, dans une parabole de Jésus, il faut saisir le centre du message, le point vers lequel il veut attirer l’attention de ses auditeurs. Une connaissance du contexte historique global est toujours très utile pour l’exposition d’un passage tiré d’une narration historique.
En quatrième lieu, il faut toujours tenir compte du contexte immédiat précédant et suivant le passage que l’on expose, et du contexte plus large l’entourant. Par exemple, le chapitre 13 de la lettre de Paul aux chrétiens de Rome qui touche au respect dû aux autorités publiques doit prendre en compte l’exhortation du chapitre précédent de ne pas se faire justice soi-même. De manière plus large, il faut tenir compte du fait que le chapitre 13 intervient dans une partie plus large de la lettre aux Romains (à partir du chapitre 12) laquelle présente des exhortations sur la vie chrétienne sanctifiée, après que le pécheur croyant ait échappé à la condamnation divine et ait été justifié par la foi en Jésus-Christ. Répétons donc ici ce que j’ai dit plus haut (premier principe) : on ne peut citer hors contexte, et encore moins de manière isolée de l’ensemble du message de l’Écriture, un ou deux versets séparés qui ne tiennent pas compte de l’ensemble du message de la révélation.
En cinquième lieu, il faut tenir compte du développement de la révélation divine au cours de l’Écriture. Par exemple, il nous faut considérer la pratique de l’esclavage, qui est mentionnée dans l’Ancien Testament, à la lumière de ce qui est dit à ce sujet dans le Nouveau Testament, par exemple dans la lettre de Paul à Philémon. On ne peut pas justifier l’esclavage ou la polygamie aujourd’hui sous prétexte que ces pratiques sont mentionnées dans l’Ancien Testament.
En sixième lieu, il faut toujours garder à l’esprit que la révélation finale et définitive de Dieu intervient en son Fils Jésus-Christ, et que Christ est le point central vers lequel converge toute la Bible. C’est ce dont témoigne en particulier le début de la lettre aux Hébreux, dans le Nouveau Testament.
En septième lieu, il faut savoir que la Bible n’est pas un livre de « recettes » pourvoyant à l’explication de toute question venant à l’esprit (sur des thèmes scientifiques, historiques ou autres). Tel n’est pas le but de la révélation divine.
En huitième lieu, il nous faut comprendre que l’autorité du message de l’Écriture n’est pas liée à une époque particulière de l’histoire humaine. Cependant, certaines parties de la Bible n’ont plus pour nous un caractère contraignant (les lois de purification de l’Ancien Testament ou la circoncision ordonnée à Abraham par exemple).
Le neuvième principe est que sans l’œuvre illuminatrice du Saint-Esprit, il ne nous est pas possible de comprendre l’intention de l’Auteur divin des Écritures, par-delà les auteurs humains de la Bible. Soulignons fortement le rôle de la prière pour recevoir cette illumination.
Dixième principe enfin : chacun d’entre nous n’entreprend pas l’étude de la Bible comme s’il était le tout premier à le faire. Avant nous, des millions de chrétiens se sont attachés à pénétrer le sens des Écritures, dans la foi et la prière. Nous faisons partie d’une chaîne de croyants, et il est indispensable de prendre en compte, pour notre propre compréhension, la tradition qui nous précède, sans toutefois l’élever au rang de l’Écriture elle-même. C’est dans ce sens que nous faisons appel à l’œuvre accomplie par les réformateurs du 16e siècle ou à d’autres encore.
Puissent ces quelques principes vous guider dans votre étude biblique personnelle, afin que cette étude biblique vous enrichisse toujours davantage et vous fasse parvenir, sous la conduite du Saint-Esprit de Dieu qui a inspiré la rédaction de la Bible, à la connaissance du salut que Dieu a préparé pour tous ceux qui croiraient en son Fils Jésus-Christ.