Cet article a pour sujet le ministère d'un pasteur qui est un travail de serviteur au service de l'Église, à l'exemple du Christ qui est venu servir humblement.

3 pages. Traduit par Paulin Bédard

Comment puis-je aider?

Qui aspire à être un esclave? Un pasteur aspire à l’être. Ou un pasteur devrait aspirer à l’être.

C’est ce qu’écrit Paul dans 2 Corinthiens 4.5 : « Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes; c’est le Christ-Jésus, le Seigneur, que nous prêchons, et nous nous disons vos serviteurs à cause de Jésus. »

Au premier siècle, un serviteur ou un esclave ne s’appartenait pas à lui-même, il appartenait à quelqu’un d’autre. Il avait soit renoncé à son autonomie personnelle, soit on la lui avait enlevée, de sorte que toute sa vie était désormais consacrée à travailler durement au bénéfice d’un autre. Pour Paul, il s’agit là d’un aspect essentiel de son identité ministérielle : il est esclave.

Il précise même à son Église : nous sommes « vos serviteurs ». Il travaille pour eux, leur bien-être spirituel passe avant tout. Par son travail engagé, il veut voir ces pécheurs parvenir à la foi salvatrice en Christ. C’est ainsi qu’il parlait déjà de son ministère dans sa première lettre : « Bien que je sois libre à l’égard de tous, je me suis rendu le serviteur de tous, afin de gagner le plus grand nombre » (1 Co 9.19).

Il est donc ironique que certains à Corinthe aient dit que ce même Paul manquait de dévouement envers leur Église, qu’il manquait d’amour, ce qui l’amenait à exercer un pastorat ombrageux. Il veut qu’ils voient qu’il n’a jamais cherché à les intimider, mais toujours à les édifier. En tant que serviteur, il faisait tout pour les fortifier spirituellement.

Paul était prêt à se sacrifier, à souffrir, à mourir même, si cela pouvait aider les Corinthiens à garder le cap sur le véritable Évangile. C’est ce qu’il dit à propos de ses souffrances ministérielles : « Tout cela arrive à cause de vous » (2 Co 4.15). Tout cela avait pour but de servir l’Église.

Aujourd’hui, un pasteur hésite. Il se demande : « Jésus me demande-t-il vraiment d’être un esclave, ici, au 21e siècle? Dois-je vivre comme le serviteur de l’Église? »

Travailler comme un esclave ne correspond pas du tout à notre sensibilité moderne. Les lois du travail interdisent probablement d’inclure le terme « esclave » dans la description du travail d’un pasteur.

Alors pourquoi quelqu’un devrait-il accepter de servir de la sorte?

Notamment, Paul dit qu’il est le serviteur de l’Église « à cause de Jésus » (2 Co 4.5). Être un serviteur est essentiel dans la description du travail d’un pasteur parce que c’est exactement ce que le Christ a fait, c’est exactement qui le Christ était.

Bien qu’il soit Dieu tout-puissant, le Christ « s’est dépouillé lui-même, en prenant la condition d’esclave, en devenant semblable aux hommes; après s’être trouvé dans la situation d’un homme » (Ph 2.7). Le Christ estimait les autres plus que lui-même et ne cherchait pas son propre intérêt, mais il cherchait l’intérêt des autres. Cet humble service a conduit Jésus jusqu’à la mort sur une croix maudite.

L’expression « Ayez en vous la pensée qui était en Jésus-Christ » (Ph 2.5) signifie que c’est là la nature d’un véritable ministère et d’un véritable service chrétien. La pensée du Christ inspire un nouveau modèle de ministère.

Il nous enseigne qu’un vrai pasteur n’est pas un tyran brandissant une Bible, exerçant sans amour son pouvoir sur les gens.

Il n’est pas non plus une célébrité sanctifiée, avide d’être appréciée, complimentée et reconnue par l’Église.

Il n’est pas non plus un PDG ecclésiastique, cherchant à s’enrichir matériellement et à être servi par ses subordonnés.

Si un pasteur cherche à se plaire à lui-même, c’est parce qu’il a oublié de qui il est le serviteur. En fait, un pasteur égoïste renverse l’Évangile du Christ par son attitude et ses actions.

Au contraire, un vrai pasteur est un esclave du Christ. C’est un serviteur entièrement dévoué au progrès spirituel des croyants. Le pasteur doit prendre la résolution de se poser cette seule question à travers les diverses tâches de son ministère : « Que puis-je faire pour aider? » Servant avec la pensée du Christ, il peut poser constamment cette question aux personnes dont il a la charge :

  • Comment puis-je vous aider dans votre peine?
  • Comment puis-je vous aider dans vos difficultés?
  • Comment puis-je vous aider dans votre incertitude?
  • Comment puis-je vous enseigner?
  • Comment puis-je prier pour vous?
  • Comment puis-je vous encourager?
  • Permettez-moi de vous rendre service, dans la mesure du possible.

Cela est tout à fait conforme au modèle de ministère esquissé par Pierre :

« Faites paître le troupeau de Dieu qui est avec vous, non par contrainte, mais volontairement selon Dieu; ni pour un gain sordide, mais de bon cœur; non en tyrannisant ceux qui vous sont confiés, mais en devenant les modèles du troupeau » (1 Pi 5.2-3).

Qui aspire à être un esclave? Les pasteurs aspirent à l’être. Les pasteurs devraient aspirer à l’être.

Ainsi, le Christ se servira d’un serviteur humble et bien disposé pour accomplir beaucoup de bien dans son Église.