Bien-aimés du Seigneur,

Nous ne savons pas toujours comment prier. Le Seigneur Jésus, lui, sait parfaitement comment prier. Il prie pour nous avec une sagesse parfaite, avec une bonté parfaite, avec une connaissance parfaite de la volonté de son Père. « Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les garder du Malin » (Jn 17.15). Prière courte, mais profonde. Les disciples avaient besoin d’entendre cette prière de la bouche de leur Intercesseur. Nous aussi avons besoin de l’entendre : « Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les garder du Malin. » N’est-ce pas merveilleux de savoir que notre grand Intercesseur prie pour nous de cette manière? Une prière éminemment instructive, réjouissante, réconfortante. Cette prière contient un aspect négatif : « Je ne te prie pas de les ôter du monde », et un aspect positif : « mais je te prie de les garder du Malin ».

1. L’aspect négatif⤒🔗

« Je ne te prie pas de les ôter du monde. » N’est-ce pas étrange comme prière? Jésus se donne la peine de préciser à son Père une chose pour laquelle il ne prie pas. Bizarre! Pourquoi donc prend-il le temps de préciser ce pour quoi il ne prie pas, alors qu’il a sûrement bien des requêtes urgentes à présenter à son Père? D’autant plus que, dans le contexte, le temps presse. Au début de sa prière, Jésus dit : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie » (Jn 17.1). Juste avant, il dit à ses disciples : « Voici que l’heure vient, et même est elle venue, où vous serez dispersés chacun de son côté et où vous me laisserez seul » (Jn 16.32). Avant que Judas quitte le groupe pour aller faire son sale travail, Jean nous rapporte ceci : « Dès que Judas eut reçu le morceau, Satan entra en lui. Jésus lui dit : Ce que tu fais, fais-le vite » (Jn 13.27). Oui, le temps presse pour Jésus, l’heure est arrivée! L’heure du plan rédempteur en même temps que l’heure du déploiement des puissances des ténèbres. Tout s’accélère à vitesse grand V. Alors, pourquoi prendre le temps de dire : « Je ne te prie pas de les ôter du monde »? À quoi cela peut-il bien servir?

Le Père a-t-il vraiment besoin d’en être informé? En fait, cette prière est pour le bien des disciples. Leurs oreilles écoutent attentivement, et le Seigneur le sait. Il veut les instruire, il veut nous instruire. « Je ne te prie pas de les ôter du monde. » Pourquoi avons-nous besoin d’entendre cette prière?

Regardons la structure des versets 14 à 17. Le verset 15, qui rapporte cette prière, est pris en sandwich entre la fin du verset 14 et le verset 16. La fin du verset 14 explique pourquoi le monde a de la haine envers les chrétiens : « Parce qu’ils ne sont pas du monde, comme moi, je ne suis pas du monde. » Le verset 16 répète exactement la même phrase, mais de manière absolue, sans référence à la haine du monde : « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. »

Ensuite, le sandwich s’épaissit quand on ajoute le début du verset 14 avec le verset 17. Les deux versets font mention du rôle de la Parole de Dieu : « Je leur ai donné ta parole » – « Ta parole est la vérité », mais j’y reviendrai.

Jésus n’est pas du monde, c’est-à-dire qu’il ne vient pas de ce monde et qu’il n’appartient pas à ce monde mauvais, incrédule et corrompu. Le Fils de Dieu vient de Dieu, il appartient au Royaume de lumière. Il est venu établir ce Royaume de lumière. De même, nous les croyants, nous ne sommes pas du monde. Bien sûr, nous venons du monde. Notre origine est la même que l’ensemble de l’humanité corrompue. Jésus a déjà dit à ses disciples : « Je vous ai choisis du milieu du monde » (Jn 15.19). C’est notre origine, une origine mauvaise et corrompue. Nous appartenions au royaume des ténèbres, nous étions perdus dans nos péchés. Mais par pure grâce, notre Sauveur nous en a délivrés, il nous a lavés par son sang, il nous a régénérés par son Saint-Esprit. Il nous a transportés dans son merveilleux Royaume de lumière. Alors, désormais, comme dit Jésus aux versets 14 et 16 : « ils ne sont pas du monde, comme moi, je ne suis pas du monde ».

Quelle bonne nouvelle! Nous ne sommes pas, nous ne sommes plus de ce monde mauvais. Jésus vient de dire :

« C’est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde mais pour ceux que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi — et tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi — et je suis glorifié en eux » (Jn 17.9-10).

C’est merveilleux! Nous n’appartenons plus à ce monde mauvais parce que, désormais, nous appartenons corps et âme à notre Sauveur Jésus-Christ qui s’est donné pour nous. Nous appartenons à notre Père céleste qui nous a adoptés pour être ses enfants.

C’est la raison pour laquelle le monde a de la haine pour les chrétiens et pour l’Église.

« Si le monde a de la haine pour vous, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à lui; mais parce que vous n’êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela, le monde a de la haine pour vous » (Jn 15.18-19).

Ce qui nous ramène à la deuxième épaisseur de notre sandwich au début du verset 14 : « Je leur ai donné ta parole, et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme moi, je ne suis pas du monde. » Nous avons déjà vu au verset 13 que Jésus nous a donné sa Parole d’abord pour notre joie. Toutefois, sa Parole nous amène aussi des souffrances, puisque ceux qui reçoivent la Parole de Dieu seront détestés par le monde.

Nous commençons à mieux comprendre pourquoi il est nécessaire que Jésus prie cette prière négative au verset 15 : « Je ne te prie pas de les ôter du monde. » Mais oui! Nous en avons besoin! Car qui parmi nous désire spontanément habiter un endroit mauvais, sombre et hostile? Qui rêve d’être détesté par le monde mauvais à cause de ses convictions chrétiennes? Jésus vient d’annoncer à répétition son départ prochain vers le Père. Il le fait encore dans sa prière :

« Je t’ai glorifié sur la terre; j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire. Et maintenant, toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j’avais auprès de toi, avant que le monde fût » (Jn 17.4-5).

Oh! que ça doit être merveilleux pour le Seigneur Jésus d’habiter aujourd’hui dans cette gloire resplendissante! Oh! que cette gloire doit être merveilleuse à contempler par les anges du ciel! Oh! que j’ai hâte d’admirer cette gloire éclatante! Et pour nous assurer que c’est bien là notre espérance certaine, Jésus en rajoute au verset 24 : « Père, je veux que là où je suis, ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire. » Oh! que ce jour sera grand et merveilleux! Oh! que nous avons hâte de pouvoir enfin savourer la contemplation de sa gloire dans son Royaume éternel!

Mais ce jour n’est pas pour maintenant, pas encore, car Jésus prie abruptement : « Je ne te prie pas de les ôter du monde. » Aïe! Cette prière négative a sûrement été douloureuse aux oreilles de Pierre, Jean, Thomas et des autres. Ils auraient sûrement préféré entendre : « Père, ôte-les du monde aussi rapidement que possible et prends-les avec moi pour qu’ils contemplent ma gloire dans quelques jours. » Mais non! Les disciples avaient besoin d’entendre cette prière, car il fallait les convaincre qu’ils devaient rester encore dans ce monde. Nous aussi avons besoin d’en être convaincus, car nous aussi devons encore rester dans ce monde, tant que Dieu ne nous retire pas un à un de cette vie et tant que Jésus ne vient pas nous prendre tous ensemble à son retour.

Pourquoi ne pas nous ôter de ce monde mauvais? D’abord, parce que le temps que nous restons dans ce monde, le Seigneur Jésus est glorifié en nous.

« Et je suis glorifié en eux. Je ne suis plus dans le monde, eux sont dans le monde, et moi je vais à toi. Père saint, garde-les en ton nom, ce nom que tu m’as donné, afin qu’ils soient un comme nous » (Jn 17.10-11).

Quand Dieu protège son Église dans le monde, il nous permet de vivre en communion les uns avec les autres, et cette vie ensemble est à la gloire de Jésus-Christ. « Je suis glorifié en eux. » Dieu nous laisse encore un temps dans ce monde corrompu premièrement pour glorifier notre Sauveur ensemble.

La deuxième raison se trouve au verset 18 : « Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde. » Il ne fallait pas que les apôtres soient ôtés de ce monde, du moins pas tout de suite, parce que le Seigneur leur a confié une grande mission dans le monde. Nous aussi, qui ne sommes pas du monde, nous sommes envoyés dans le monde en mission spéciale : proclamer la repentance, annoncer la colère de Dieu sur ceux qui refusent de se repentir, proclamer l’Évangile du salut par pure grâce en Jésus-Christ, annoncer la venue du Royaume de lumière. « Je ne te prie pas de les ôter du monde, car je les envoie en mission dans le monde. »

La troisième raison se trouve aux versets 17 et 19. Nous devons rester dans le monde pour notre sanctification. Mais j’y reviendrai dans un instant.

« Je ne te prie pas de les ôter du monde. » Comprenons-nous l’importance de cette prière négative? Cette prière nous instruit, nous réjouit, nous réconforte. Elle nous instruit, car elle nous rappelle notre mission, une mission essentielle qu’il nous a lui-même donnée. Cette prière nous réjouit, car elle nous rappelle notre raison d’être. Nous sommes ici pour sa gloire, quelles que soient les circonstances. Cette prière nous réconforte, car elle nous rappelle que Dieu nous sanctifie, nous transforme, nous fait grandir à travers nos souffrances dans ce monde. Dieu ne veut pas simplement nous dorloter pendant que nous faisons la belle vie dans nos pantoufles confortables. Il veut notre sanctification à travers nos combats dans ce monde. Soyons certains que cette prière négative de Jésus est selon la volonté du Père, car Jésus prie toujours selon la volonté de son Père. Et soyons certains que la volonté du Père est bonne, agréable et parfaite.

2. L’aspect positif←⤒🔗

« Je te prie de les garder du Malin. » C’est maintenant sa prière positive. « Ponèros » en grec peut se traduire par le mal ou encore le Malin. Ce mot désigne ce qui est mauvais ou encore celui qui est mauvais. D’habitude, ici, on traduit par Malin, car l’œuvre du diable est souvent évoquée dans le contexte. « Maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors » (Jn 12.31). « Dès que Judas eut reçu le morceau, Satan entra en lui » (Jn 13.27). « Je ne parlerai plus guère avec vous, car le prince du monde vient. Il n’a rien en moi » (Jn 14.30). « Le prince de ce monde est jugé » (Jn 16.11). Remarquez bien, trois fois, Jésus le nomme « le prince du monde » ou « le prince de ce monde ». Puisque Jésus parle abondamment du monde dans sa prière, il est normal qu’il demande à son Père de nous garder du prince de ce monde. Judas est devenu la proie de Satan. Il va de soi que Jésus prie pour que les autres soient protégés de Satan. Le Malin est l’ennemi numéro un de l’Église!

Les disciples avaient désespérément besoin de cette prière au milieu de leur grande turbulence. À notre tour, nous avons désespérément besoin de cette prière au milieu de nos turbulences. Pourquoi? Parce que nous sommes trop faibles pour nous battre contre Satan. Parce que nous n’avons pas l’intelligence pour détecter ses ruses malicieuses. Parce que nous n’avons pas la sagesse pour arracher de nos têtes les idées mensongères qu’il nous suggère. Parce que nous n’avons ni la force ni la volonté de lui résister par nous-mêmes. Parce qu’il est le prince de ce monde et qu’il possède dans ce monde tout un arsenal de ressources et toute une armée d’alliés à sa disposition pour nous attaquer, nous séduire et nous détruire.

Courage! Courage! Notre grand Intercesseur prie pour nous cette prière fervente et incessante : « Père saint, je te prie de les garder du Malin. » Comprenons-nous le puissant encouragement que cette prière nous procure? Certainement, Dieu répondra à cette prière. Il nous gardera du Malin, ce qui nous rendra capables de lui résister. Mais nous avons besoin de moyens, il nous faut des armes. Voilà pourquoi le Seigneur ajoute une autre prière au verset 17 : « Sanctifie-les par ta vérité : ta parole est la vérité. » Nous revenons à la deuxième épaisseur de notre sandwich, avec les versets 14 et 17 qui vont ensemble. « Je leur ai donné ta parole, et le monde les a haïs » (Jn 17.14). C’est très ennuyeux, ceux qui reçoivent la Parole de Dieu sont détestés du monde à cause de cette Parole. Eh bien, cette même Parole revient au verset 17 pour jouer un très grand rôle : « Sanctifie-les par ta vérité : ta parole est la vérité. » Recevoir sa Parole nous permet de combattre le combat spirituel contre les puissances des ténèbres. Sa Parole est l’épée de l’Esprit qui nous permet de vivre dans ce monde à la gloire de Dieu.

« Sanctifie-les » veut dire « qu’ils soient mis à part pour Dieu », « qu’ils soient consacrés à ton service », « qu’ils soient séparés moralement et spirituellement de ce monde mauvais », « qu’ils soient saints comme toi, Père, tu es saint », « qu’ils soient transformés de jour en jour par ton Esprit à l’image de Jésus ». Oui, la Parole de Dieu nous attire des ennuis dans le monde à cause de son message. En même temps, sa Parole nous débarrasse du péché dans nos vies. Sa Parole nous donne la force de résister au diable. Sa Parole nous transforme et nous sanctifie pendant notre séjour dans ce monde. C’est avec sa Parole que Dieu nous envoie en mission dans le monde pour proclamer la bonne nouvelle de l’Évangile. Quand nous sommes gardés du Malin au milieu de cette génération corrompue et perverse, nous brillons comme des flambeaux dans le monde, portant la parole de vie.

« Je te prie de les garder du Malin. » Quelle précieuse prière! Cette prière nous instruit, nous réjouit, nous réconforte. Elle nous instruit parce qu’elle identifie notre ennemi et nous rappelle notre incapacité face cet ennemi redoutable. Elle nous réjouit parce qu’elle nous annonce la victoire certaine de l’Église, par la puissance de Dieu qui répondra à cette prière. Elle nous réconforte parce qu’elle nous garantit la protection de notre bon Père céleste qui nous accompagne tous les jours de notre vie dans ce monde périlleux.

Le Seigneur Jésus, notre grand Intercesseur, sait parfaitement comment prier. Il prie pour nous avec une sagesse parfaite, avec une bonté parfaite, avec une connaissance parfaite de la volonté de son Père. La volonté de notre Père céleste est bonne, agréable et parfaite. Amen.