Matthieu 24 - Les signes des temps (1) - La persévérance dans l'épreuve avant le retour du Christ
Matthieu 24 - Les signes des temps (1) - La persévérance dans l'épreuve avant le retour du Christ
Matthieu 24
La question de la fin du monde, de sa proximité ou de son éventualité préoccupe la plupart des humains. Pas seulement les chrétiens d’ailleurs, mais tous, à des degrés divers. Car les problèmes liés aux ressources naturelles, à leur distribution ou à leur épuisement possible ont de quoi inquiéter les uns et les autres, alors que la population mondiale croît de manière exponentielle et que ces ressources sont soit dilapidées, soit mal exploitées, soit confisquées par les uns au détriment des autres. Sans parler de la menace nucléaire, de la violence latente propagée par certains groupes ou pays cherchant à établir leur domination mondiale d’une manière ou d’une autre. Le futur de la planète semble bien compromis, et cela amène inévitablement beaucoup à se demander si nos jours et les jours de toute l’humanité ne sont pas comptés.
Il est très facile de broder sur ce thème, et de tomber dans une forme de catastrophisme alarmiste. Combien de films à grand spectacle ou de romans de science-fiction ne sont-ils pas d’ailleurs basés sur ce catastrophisme, attirant derrière eux une masse de spectateurs ou de lecteurs avides de sensations morbides? L’homme (pas seulement les enfants du reste, mais tout autant les adultes) aime beaucoup jouer à se faire peur; il trouve dans ce jeu une dimension à la fois fascinante et distrayante, qui lui permet de se prouver à lui-même qu’il peut se surpasser et échapper à toutes sortes de dangers. Un des ressorts du spectacle consiste justement à inventer des dangers artificiels dont les héros parviennent en fin de compte à s’échapper.
Mais il n’y a pas que les menaces artificielles concoctées de toutes pièces, ou encore celles censées refléter ce qui pourrait bien se passer un jour, pour donner des frissons à une société en mal de spectacle et de fantasmes. Il y a les menaces bien réelles dont chacun peut se rendre compte qu’elles sont à notre porte : crise financière internationale, famines, tremblements de terre et ouragans, conflits armés, etc. À leur propos, on entend souvent utiliser à tort et à travers le mot « apocalypse » et l’adjectif « apocalyptique », surtout lorsqu’il est question de désastres naturels à grande échelle, de menaces d’ordre planétaire. Comme si le dernier livre de la Bible, l’Apocalypse de Jean, ne faisait que décrire de tels désastres et n’annonçait pas avant tout la victoire finale et totale du véritable Maître du monde, Jésus-Christ, celui à qui toute autorité, dans les cieux comme sur la terre, a été remise.
Un jour, ses disciples lui ont justement posé la question critique de la fin des temps. Écoutez donc ce passage du chapitre vingt-quatre de l’Évangile selon Matthieu :
« Là-dessus, Jésus quitta la cour du Temple. Tandis qu’il s’éloignait, ses disciples s’approchèrent pour lui faire remarquer l’architecture du Temple. Alors il leur dit : Oui, regardez bien tout cela! Vraiment, je vous l’assure : tout sera démoli : il ne restera pas une pierre sur une autre. Comme il était assis sur le mont des Oliviers, ses disciples s’approchèrent, le prirent à part, et lui demandèrent : Dis-nous quand cela se produira et quel signe annoncera ta venue et la fin du monde » (Mt 24.1-3).
Sans continuer maintenant la lecture de ce chapitre essentiel, notons que ce que va leur répondre Jésus-Christ ne correspond pas aux tentatives stupides et fausses de tant d’illuminés pour déterminer une date exacte à la fin du monde, comme si les hommes pouvaient deviner par eux-mêmes ce qui appartient exclusivement à la connaissance et au pouvoir divins. Lors de ce discours rapporté par l’évangéliste Matthieu, Jésus dira sans ambages à ses disciples : « Quant au jour et à l’heure où cela se produira, personne ne les connaît, ni les anges du ciel, ni même le Fils; personne, sauf le Père, et lui seul » (Mt 24.36).
Alors oui, il est clair que la Bible déclare que le monde tel que nous le connaissons actuellement aura une fin, tout comme il y a eu un commencement de l’univers. Eh oui, Jésus appelle ses disciples à comprendre les signes des temps, à lire et comprendre le moment de l’histoire que nous vivons aujourd’hui dans sa continuité avec le passé et comme maillon menant inévitablement à un point final d’accomplissement. Toujours dans ce même discours, Jésus dit à ses disciples :
« Que l’exemple du figuier vous serve d’enseignement : quand ses rameaux deviennent tendres et que ses feuilles poussent, vous savez que l’été est proche. De même, quand vous verrez tous ces événements, sachez que le Fils de l’homme est proche, comme aux portes de la ville » (Mt 24.32-33).
Je voudrais donc vous inviter à cerner de plus près ces signes des temps que Jésus-Christ indique à ses disciples, afin qu’ensemble nous en comprenions la nature et que cela vous aide à mettre votre foi en celui qui est le point d’aboutissement de l’histoire humaine.
La chose la plus importante à saisir est déjà contenue dans la question des disciples à Jésus : son retour sur terre est intimement lié à la fin du monde. Dans la perspective biblique, il ne faut pas s’attendre à une catastrophe écologique majeure, ou à une collision entre une comète et la planète terre, ou encore à une guerre nucléaire fatale à l’humanité (ce que, comme je viens de vous le dire, on appelle communément et à tort un événement apocalyptique), mais avant tout au retour du Christ dans sa gloire. C’est cela que les confessions de foi les plus anciennes énoncent lorsqu’elles déclarent sobrement, comme le Symbole dit des apôtres : « Il reviendra de là pour juger les vivants et les morts. » Ce à quoi le Symbole de Nicée ajoute : « Son règne n’aura pas de fin. » Tous les signes que Jésus donne à ses disciples dans sa réponse sont avant tout des signes annonciateurs de sa venue et de l’établissement final de son règne. Si l’on comprend bien ceci, on évitera de tomber dans bien des pièges tendus par toutes sortes de faux prophètes et de devins qui égarent régulièrement les foules crédules.
Le second point concernant la fin des temps et le retour du Christ a trait à la fidélité des disciples à sa Parole. Car, comme je viens de le dire, les faux prophètes ne manqueront pas; ils tâcheront d’égarer les disciples, de les séduire par toutes sortes de faux enseignements. L’enjeu est donc avant tout la persévérance des croyants face aux persécutions et à la séduction des faux enseignements. Écoutez plutôt comment débute la réponse de Jésus aux disciples :
« Faites bien attention que personne ne vous induise en erreur. Car plusieurs viendront sous mon nom en disant : “Je suis le Messie”, et ils tromperont beaucoup de gens. Vous entendrez parler de guerres et de menaces de guerre. Attention! Ne vous laissez pas troubler par ces nouvelles, car cela doit arriver, mais ce ne sera pas encore la fin. En effet, on verra se dresser une nation contre une nation, un royaume contre un autre; il y aura des famines et des tremblements de terre en divers lieux. Mais ce ne sont que les premières douleurs de l’enfantement. Alors on vous persécutera et l’on vous mettra à mort. Toutes les nations vous haïront à cause de moi. À cause de cela, beaucoup abandonneront la foi, ils se trahiront et se haïront les uns les autres. De nombreux faux prophètes surgiront et ils tromperont beaucoup de gens. Parce que le mal ne cessera de croître, l’amour du plus grand nombre se refroidira. Mais celui qui tiendra bon jusqu’au bout sera sauvé. Cette Bonne Nouvelle du règne de Dieu sera proclamée dans le monde entier pour que tous les peuples en entendent le témoignage. Alors seulement viendra la fin » (Mt 24.4-14).
.Il est clair d’après ce passage que c’est la persévérance des croyants, leurs tribulations et leurs épreuves, leur résistance face à la tentation d’abandonner la foi en Jésus-Christ comme Messie unique, qui constituent le fil directeur des signes des temps. Les guerres, famines ou tremblements de terre, quant à eux, sont et seront là comme ils l’ont été depuis la chute du genre humain : ils font en quelque sorte partie de l’ordinaire de l’humanité. La plus grande partie du genre humain ne voit pas la progression des signes annoncée par Jésus-Christ, car elle ne pense pas que le sort des croyants joue un quelconque rôle dans cette progression. Voilà pourquoi, en dépit de toutes les préoccupations concernant la fin du monde, la plupart seront pris au dépourvu le jour où elle interviendra. Jésus le dit à ses disciples en ces termes toujours au chapitre vingt-quatre de l’Évangile selon Matthieu :
« Lors de la venue du Fils de l’homme, les choses se passeront comme au temps de Noé; en effet, à l’époque qui précéda le déluge, les gens étaient occupés à manger et à boire, à se marier et à marier leurs enfants, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche. Ils ne se doutèrent de rien, jusqu’à ce que vienne le déluge qui les emporta tous. Ce sera la même chose lorsque le Fils de l’homme viendra » (Mt 24.37-39).