La paresseuse calomnie colportée sur le mouvement pro-vie
La paresseuse calomnie colportée sur le mouvement pro-vie
La semaine dernière, un ami m’a envoyé un épisode du balado The Roys Report1, comprenant une interview entre la blogueuse Julie Roys et Tim Alberta de The Atlantic à propos de son nouveau livre The Kingdom, the Power, and the Glory : American Evangelicals in an Age of Extremism [Le règne, la puissance et la gloire : Les évangéliques américains à l’ère de l’extrémisme]. Au cours de la discussion, M. Alberta a fait remarquer que le mouvement pro-vie aurait dû consacrer les cinq dernières décennies à changer la culture et à mettre l’accent sur la compassion plutôt qu’à conclure des accords politiques acharnés; si cela avait été le cas, a-t-il fait remarquer, le consensus américain sur l’avortement aurait pu être très différent aujourd’hui.
Je tiens à répondre à ce commentaire parce qu’il est en train de devenir rapidement l’opinion consensuelle d’un certain type de chrétiens, et M. Alberta est un auteur intelligent. Le mouvement pro-vie est un mouvement comptant des millions de personnes, dont seule une petite fraction est directement engagée dans l’action politique. Il existe des groupes spécifiquement politiques — Susan B. Anthony List étant le plus important d’entre eux, de même que des organisations telles que Students for Life of America [Étudiants pour la vie des États-Unis] qui tentent de s’imposer sur ce terrain également —, mais la plupart des pro-vie ne font pas de sollicitation ou ne soutiennent pas les politiciens du parti républicain. La plupart d’entre eux font un travail pastoral ou prophétique : ils conseillent les gens sur le trottoir, ils travaillent dans des centres de grossesse d’urgence, ils tiennent des stands d’information, ils se tiennent à l’extérieur des cliniques.
En fait, ce mois-ci, le Charlotte Lozier Institute, Care Net [Réseau de soins], Heartbeat International [Battement de cœur International] et le National Institute of Family and Life Advocates [Institut national de défense de la famille et de la vie] ont publié un rapport intitulé Hope for a New Generation [L’espoir pour une nouvelle génération]2, qui passe en revue l’étendue de ce travail. Le rapport détaille le travail de 2750 centres d’aide à la grossesse dans tous les 50 États et constate, comme le note le Dr Michael New dans le National Review, « une augmentation impressionnante de l’impact des centres d’aide à la grossesse pro-vie3 ».
En 2022, par exemple, ces centres « ont accueilli plus de 970 000 clients et fourni pour plus de 358 millions de dollars de biens et de services aux femmes, aux jeunes et aux familles », y compris « tout ce qui va des poussettes et des berceaux aux échographies et aux tests de grossesse4 ». Quatre-vingt-dix-sept pour cent des personnes qui ont demandé de l’aide à un centre pro-vie ont fait état d’une expérience positive.
Une grande partie de ces 358 millions de dollars, je tiens à le souligner, est de l’argent privé provenant des poches des personnes pro-vie pour aider les Américains vulnérables. Lorsqu’il s’agit de compassion et de joindre l’acte à la parole, les pro-vie américains n’ont rien à envier aux autres dans le monde pour ce qui est de la volonté de s’engager et de se sacrifier.
Contrairement à ce qu’affirme M. Alberta, ces centres de soins de grossesse pro-vie sont constamment la cible des politiciens progressistes et de l’industrie de l’avortement parce qu’ils ne proposent pas d’avortement. Les législatures des États démocrates tentent de les réglementer; la presse grand public les accuse de « mentir » et de « manipuler les femmes »; ces arguments proviennent directement de Planned Parenthood [La planification familiale] et du reste de l’industrie de l’avortement, qui les considèrent comme des concurrents et veulent qu’ils soient supprimés ou qu’ils ferment. C’est pourquoi, lorsque la première version de la décision Dobbs a été divulguée, des terroristes nationaux se faisant appeler « Jane’s Revenge5 » ont pris pour cible… les centres de soins de grossesse pro-vie. Les pro-vie se concentrent sur les alternatives de compassion; nous sommes diabolisés pour cela aussi.
Alors pourquoi des journalistes comme Tim Alberta affirment-ils que le mouvement pro-vie est avant tout un animal politique? La réponse frustrante à cette question est que peu de journalistes ou de chercheurs s’intéressent à la présentation d’une image holistique du mouvement. La seule tentative significative récente serait The Story of Abortion in America6 [L’histoire de l’avortement aux États-Unis] de Marvin Olasky et Leah Savas; The Family Roe : An American Story7 [La famille Roe : une histoire américaine], de Joshua Prager, qui effleure les contours du mouvement mais se concentre principalement sur une poignée de personnages. Lorsque les journalistes s’intéressent au mouvement pro-vie, c’est pour analyser son impact politique sur les nominations judiciaires, les courses électorales individuelles et, surtout, Donald Trump.
On peut pardonner au consommateur moyen de médias de penser que la seule chose importante que le mouvement pro-vie ait faite au cours des deux dernières décennies a été de soutenir la candidature de Donald Trump — parce que ce consommateur moyen ne lira certainement pas d’articles d’intérêt humain sur le travail de terrain que les pro-vie accomplissent dans leurs communautés.
Le mouvement pro-vie a un bras politique, et il y a beaucoup de critiques raisonnables à formuler à son encontre. Il ne s’agit toutefois que d’une petite faction d’un mouvement énorme qui œuvre dans les 50 États américains depuis plus d’un demi-siècle. Ce n’est pas que le mouvement pro-vie se soit concentré sur la politique à l’exclusion du travail communautaire; c’est parce que la presse ne s’intéresse qu’à cet aspect du mouvement.
Des dizaines de milliers d’Américains sont en vie aujourd’hui grâce au travail de centaines de milliers de héros méconnus qui se sont inlassablement portés volontaires dans des centres de grossesse d’urgence, qui se sont tenus devant des cliniques d’avortement pour proposer des alternatives, qui ont tenu des stands pro-vie sur les campus et dans les rues. C’est une belle histoire. J’aimerais que des journalistes s’intéressent aussi à cette histoire8.
Notes
1. « The Corrupting of American Evangelicalism » [La corruption de l’évangélisme américain], The Roys Report.
2. Hope for a New Generation [L’espoir d’une nouvelle génération]. A Legacy of Live and Love Report Series [Une série de rapports sur l’héritage de la vie et de l’amour]. Une collaboration de l’Institut Charlotte Lozier, de Care Net, de Heartbeat International et du National Institute of Family and Life Advocates.
3. Michael J. New, « Pro-Life Pregnancy Centers Provided a Record Number of Services in 2022 » [Les centres de grossesse pro-vie ont fourni un nombre record de services en 2022], National Review, 15 décembre 2023.
4. « Pro-life pregnancy centers provided nearly $360 million worth of goods and services in 2022: report » [Les centres de grossesse pro-vie ont fourni des biens et des services d’une valeur de près de 360 millions de dollars en 2022 : rapport], LifeSite, 18 décembre 2023.
5. Jonathon Van Maren, « Jane’s Revenge : The rise of abortion terrorism in America » [La vengeance de Jane : la montée du terrorisme de l’avortement en Amérique], The Bridgehead, 9 juin 2022.
6. Jonathon Van Maren, « And the Baby Waves Back » [Et le bébé répond], The American Conservative, 17 avril 2023.
7. Jonathon Van Maren, « Bombshell new bio of Norma McCorvey reveals Roe baby’s identity » [Une nouvelle biographie de Norma McCorvey révèle l’identité de l’enfant de Roe], The Brideghead, 1er novembre 2021.
8. Pour un survol de l’histoire du mouvement pro-vie depuis le début du christianisme, voir également mon article L’histoire magnifique et inspirante de 2000 ans de mouvement pro-vie.