Cet article a pour sujet le divorce, qui n'est pas seulement la séparation, mais la rupture définitive du mariage. Le divorce n'est pas accepté par la Parole de Dieu, sauf dans le cas des deux clauses d'exception.

Source: Pastorale de la famille. 2 pages.

Le divorce

Le parallèle que l’apôtre Paul fait entre l’amour du Christ pour son Église et l’amour du mari pour sa femme montre que toute atteinte au mariage est en somme une atteinte à la rédemption. Peut-on imaginer que le Christ puisse divorcer d’avec son Église?

La Bible ne dit pas que le divorce est impossible, mais elle précise que c’est « à cause de la dureté de nos cœurs » (Mt 19.8). Elle en prend acte, par réalisme. On pourrait dire que c’est un moindre mal, un mal pour éviter un mal plus grand, dans certains cas seulement. « Il faut admettre qu’il y a des cas où l’amputation est la seule possibilité », écrit le pasteur Maurice Ray.

La Bible parle du divorce; elle parle aussi de séparation, ce qui n’est pas la même chose. Une séparation, surtout si elle est décidée « d’un commun accord, pour un temps » (1 Co 7.5), peut s’avérer nécessaire pour permettre à chacun de reprendre son souffle, de se consacrer à la prière, de se repositionner dans la foi. Il n’est pas improbable qu’après une telle séparation, deux conjoints puissent de nouveau s’accorder. Le divorce, lui, c’est la rupture du mariage, son reniement en quelque sorte, si on reprend un terme de Paul (2 Tm 2.12).

On a peut-être trop relativisé, dans les milieux protestants, la parole biblique : « Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni » (Mt 19.6). Quelles que soient les modalités d’un mariage, dès lors qu’il unit deux personnes majeures et consentantes, on peut considérer que ces personnes sont unies par Dieu. C’est pourquoi Paul écrit par exemple : « Si une femme est séparée de son mari, qu’elle demeure sans se marier, ou qu’elle se réconcilie avec son mari » (1 Co 7.11).

Il est clair que la pensée de Dieu pour le mariage, c’est que seule la mort y met un terme. Paul s’appuie sur cette pensée pour illustrer ce qu’il veut dire sur le rapport de l’homme vis-à-vis de la loi (Rm 7.1-3). Seule une mort peut affranchir! C’est la règle. Mais l’intention de Paul, dans ce chapitre, n’est pas de traiter pastoralement de la question du mariage ou du remariage, et il serait abusif de retenir la règle pour l’appliquer unilatéralement1.

La dimension pragmatique ou pastorale de l’Écriture est visible dans ce qu’il est convenu d’appeler les deux « clauses d’exception » :

  • L’infidélité sexuelle (pornéia, Mt 5.32) altère si gravement le lien conjugal (Mt 19.9) qu’elle semble rendre le divorce (et le remariage?) possible. Dire cela ne signifie pas que la repentance, le pardon et la restauration ne soient pas possibles. Ils sont possibles et attendus!
  • Si le conjoint non chrétien décide d’abandonner le conjoint chrétien (et non de se séparer seulement) (1 Co 7.15) : le frère ou la sœur, alors, n’est plus lié. Quelle portée donner à l’expression : « il n’est pas lié »? On peut comprendre que certains voient là une situation qui ressemble à celle du veuvage.

Aujourd’hui, nous devons nous garder d’agir « en réaction à », car trop à droite ne vaut pas mieux que trop à gauche. Nous devons garder les principes permanents et les appliquer dans une perspective pastorale. La pratique pastorale n’indique pas la voie facile; elle indique la voie qui permet d’avancer sans être ni sous la loi ni sans la loi.

Note

1. Les libéraux disent que nous nous accommodons avec l’Écriture quand cela nous arrange, tandis que nous sommes intransigeants sur d’autres sujets comme l’homosexualité. Mais tous ces sujets ne sont pas équivalents. Le divorce, par exemple, peut être suivi d’une démarche pastorale sérieuse et d’une repentance qui autorise sans doute de nouveaux recommencements. Rien de tel pour la pratique homosexuelle revendiquée.