Matthieu 28 - La mission de l'Église
Matthieu 28 - La mission de l'Église
« Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. »
Matthieu 28.18-20
- La prérogative à l’origine de la mission de l’Église
- Le modèle de la mission de l’Église
- La promesse liée à l’ordre missionnaire
- Conclusion
Ces paroles de l’Évangile de Matthieu sont si familières que nous y référons par l’expression « l’ordre missionnaire ». On dit que la familiarité engendre le mépris. Je ne veux pas dire que nous méprisons cette portion familière de la Parole de Dieu, mais la familiarité engendre parfois la négligence. Lorsque nous considérons un passage familier des Écritures, nous pensons qu’il ne nous apprendra rien de nouveau, tellement nous pensons bien le connaître. Notre familiarité avec le texte peut également nous amener à négliger certaines des vérités les plus importantes qu’il contient.
Une vérité importante souvent négligée par les chrétiens évangéliques lorsqu’ils considèrent l’ordre missionnaire est que notre Seigneur a adressé ces paroles non pas à des croyants individuels, mais à l’Église. Remarquez que les hommes qui se sont rendus en Galilée selon les directives de Jésus étaient « les onze disciples ». Ces hommes étaient les apôtres, des hommes choisis par Jésus pour qu’ils deviennent les premiers dirigeants et les fondateurs de l’Église du Nouveau Testament. Remarquez également que Jésus mentionne spécifiquement le sacrement du baptême. Les sacrements n’ont pas été confiés à des croyants individuels, mais à l’Église; ce sont des prescriptions qui ont été données par Jésus à son Église pour qu’elle les observe.
Certains croient que ces paroles constituent seulement une partie du ministère de l’Église! Ils ont tort; ce n’est pas ainsi que nous devons les comprendre. Nous avons dans ces paroles la totalité du mandat que l’Église a reçu de son Roi. Tout ce que nous faisons en tant qu’Église et qui ne peut être justifié par ces paroles et tout ce qu’elles impliquent manifestement n’a pas sa raison d’être. Il est donc de notre devoir de considérer attentivement ces paroles de notre Seigneur.
1. La prérogative à l’origine de la mission de l’Église⤒🔗
En tant que missionnaire étranger, on me pose souvent la question : « De quel droit allez-vous dans un autre pays et dans une autre culture imposer votre religion à des gens qui n’en veulent peut-être pas? » Les missionnaires ne sont pas les seuls à entendre de telles questions. L’Église se fait sans cesse poser la question : « De quel droit faites-vous les choses que vous faites? » Nous n’aimons peut-être pas ces questions, mais nous devons être prêts à défendre l’espérance qui est en nous (1 Pi 3.15). Ces paroles de Jésus-Christ nous assurent que nous avons la réponse! La mission que l’Église a reçue s’appuie sur la prérogative de son Seigneur exprimée dans ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. »
Cette réponse devrait nous donner de l’audace dans l’exécution de notre tâche. Le monde non croyant essaie d’enfermer l’Église dans une boîte. On dit à l’Église qu’elle sera tolérée seulement si elle reste « à sa place ». Malheureusement, nous nous soumettons trop docilement à cette usurpation de la prérogative de notre Seigneur. Nous pouvons cependant répondre avec audace à l’incrédulité : « Ce n’est pas à vous de définir quelle est notre place dans ce monde, nous recevons notre mandat de celui qui est le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. »
Cependant, tout comme la prérogative de Jésus notre Roi nous donne de l’audace pour faire face au monde incrédule, de même elle établit une limite à notre activité en tant qu’Église. Jésus déclare que c’est lui qui a reçu « tout pouvoir dans le ciel et sur la terre » et non pas nous. Cela signifie que l’Église exerce son mandat avec une autorité dérivée et non avec une autorité absolue. Bref, elle ne doit dire et faire que ce que son Seigneur souverain lui a permis de dire et de faire.
Un jour, j’ai demandé à un collègue quelle était sa vision pour l’Ouganda. Il m’a répondu : « Je n’ai pas de vision pour l’Ouganda. » Quel choc! Mon collègue avait cependant raison, car la seule vision légitime pour l’Ouganda est celle de notre Seigneur Jésus-Christ.
L’Église ne cherche pas à accomplir sa propre volonté, mais bien plutôt celle de Jésus-Christ! Cette volonté se trouve dans la Parole du Christ. Je ne veux pas dire qu’il faut que nous allions acheter une édition des Évangiles dans laquelle les paroles de Jésus sont imprimées en caractères rouges. Toutes les Écritures sont la Parole de Jésus-Christ, pas seulement les paroles qu’il a prononcées durant sa vie et son ministère terrestres.
Que signifie donc que Jésus-Christ détient tout pouvoir dans le ciel et sur la terre? Qu’est-ce que le pouvoir (ou l’autorité)? Dans la Bible, le mot pouvoir (ou autorité) combine les concepts de puissance et de droit. La prérogative de Jésus-Christ sur la mission de l’Église inclut aussi bien son droit de déterminer en quoi cette mission doit consister que son pouvoir d’en assurer l’exécution. Le pouvoir sans le droit n’est que du despotisme et le droit sans pouvoir conduit à l’échec. Toutefois, en Jésus-Christ et dans sa Parole se trouve le parfait mariage entre le droit absolu et le pouvoir absolu d’accomplir ce qu’il a établi dans son droit. Par conséquent, nous ferions bien d’examiner la nature de la volonté de Jésus-Christ pour son Église en ce qui a trait à la façon dont elle accomplit la mission qu’il lui a confiée.
2. Le modèle de la mission de l’Église←⤒🔗
Nous remarquons tout d’abord que l’Église doit être mobile. Jésus a dit : « Allez. » Cela ne veut pas dire que nous devrions poser des roues à notre bâtiment. Bien entendu, l’Église n’est pas constituée de bâtiments, mais de personnes que Dieu a appelées hors de ce monde. Si vous voulez savoir de quelle façon l’Église peut être mobile, vous n’avez qu’à regarder vos pieds! Vous pouvez aller à votre travail. Vous, les jeunes, vous pouvez aller à l’école. Vous pouvez aller chez vos voisins. Vous pouvez les inviter à venir entendre l’Évangile là où il est proclamé. La mobilité de l’Église ne se limite pas à partir en mission à l’étranger, car notre Seigneur nous donne à tous le même mandat, soit de rejoindre « toutes les nations » et, du point de vue divin, notre pays est une de ces nations.
L’autre chose qu’il convient de noter est que la mission de l’Église consiste à « faire des disciples ». Jésus ne nous a pas simplement dit de « convertir les gens ». Un disciple est une personne consacrée à suivre le Seigneur Jésus. C’est quelqu’un qui apprend de lui toute sa vie. J’avais l’habitude de dire à mes étudiants au Kenya, dont la langue est le swahili, qu’ils seraient toujours des mwanafunzi (étudiants) parce qu’ils sont disciples de Jésus. Je veux tout simplement dire que des disciples, ça ne se fait pas en un instant.
Il existe plusieurs groupes qui partent en mission à court terme dans des pays étrangers, habituellement pour une période de dix jours. Ils retournent ensuite dans leur propre pays, pensant avoir accompli l’ordre missionnaire. Ils croient qu’il en est ainsi parce qu’ils ont fait des visites d’évangélisation, ou parce qu’ils ont vu des personnes prendre une « décision pour le Seigneur », ou parce qu’ils ont fourni de l’argent pour la construction d’un lieu de culte. Quoi que l’on puisse dire au sujet des bienfaits de ces activités, une chose demeure certaine : ils n’ont pas fait des disciples. Nous ne pouvons pas faire des disciples en dix jours; cela exige une consécration à long terme et de la persévérance à long terme.
Remarquez ensuite ce que dit notre Sauveur : « Baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » Comme je l’ai dit précédemment, ces paroles indiquent que l’ordre missionnaire doit être accompli par l’Église. Cela nous amène à un autre aspect particulièrement pertinent dans le cadre du travail missionnaire à l’étranger. Notez que la tâche de l’Église est d’établir l’Église. Faire des disciples ne signifie pas former des croyants individuels isolés les uns des autres; faire des disciples implique de les incorporer dans la maison et la famille de Dieu. Le baptême est le rite d’entrée dans la communauté de l’alliance de Dieu et la communauté de l’alliance de Dieu, c’est l’Église.
Il y a beaucoup de bonnes choses que les chrétiens peuvent faire dans le monde et je ne veux pas décourager qui que ce soit de faire le bien. Cependant, si notre activité ne contribue pas à l’établissement et à l’édification de l’Église, elle n’a pas sa place légitime dans la mission que notre Seigneur nous confie dans ce passage. En termes simples, ce texte nous enseigne que l’Église donne naissance à l’Église.
Nous trouvons un dernier élément à noter dans les paroles suivantes : « Enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit. » Cela revient simplement à dire que nous devons annoncer « tout le conseil de Dieu », sans rien dissimuler, comme Paul lui-même le faisait (Ac. 20.27). Cela signifie que, lorsque nous travaillons à l’accomplissement de l’ordre missionnaire, la totalité des Écritures doit constituer le contenu de ce que nous enseignons.
Voilà donc le modèle que le Seigneur nous a donné pour le ministère de son Église. Nous sommes appelés à aller dans le monde. En commençant par chez nous, nous sommes appelés à aller, en nous engageant à œuvrer à long terme en vue de voir des gens transformés à l’image de Jésus-Christ. Nous sommes appelés à incorporer ces gens dans la communauté de l’alliance. Nous sommes également appelés à nous appliquer à leur enseigner toute la volonté de Jésus-Christ pour eux alors qu’ils apprennent à le suivre.
3. La promesse liée à l’ordre missionnaire←⤒🔗
La mission que Jésus nous confie est vraiment une tâche énorme qui pourrait très bien nous décourager. Jésus nous encourage en nous donnant l’espérance que sa mission s’accomplira. Les paroles de notre Sauveur se terminent par une merveilleuse promesse : « Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. » Quelle magnifique promesse! Une promesse pleine d’un doux réconfort. Le Seigneur de gloire promet d’être présent avec nous aussi longtemps que ce monde durera.
Nous devons cependant noter que cette promesse nous est donnée dans un contexte particulier. Ce n’est pas une promesse générale donnée à des gens qui professent la foi, mais qui sont fainéants et qui se reposent dans leur sécurité. C’est une promesse ayant pour but de réconforter ceux qui ont besoin de réconfort. La promesse de la présence du Christ avec nous est une promesse de sa présence pendant que nous allons, pendant que nous faisons des disciples, pendant que nous baptisons et pendant que nous enseignons tout le conseil de Dieu.
Si nous sommes fidèles à sa mission, c’est une promesse dont nous avons énormément besoin. La Bible nous assure que ceux qui sont fidèles à l’appel du Seigneur auront de nombreuses difficultés. Elle nous dit : « Vous aurez des tribulations dans le monde » (Jn 16.33). Elle nous dit également : « Tous ceux d’ailleurs qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés » (2 Tm 3.12). Quelle sera notre consolation lorsque ces temps viendront? Qu’est-ce qui nous encouragera lorsque les apparences extérieures ne sembleront mener qu’à la frustration, au désespoir ou à l’échec? C’est lorsque nous passons par de tels moments que nous avons besoin de la promesse qui nous est donnée dans ce passage. Le Seigneur qui nous envoie sera lui-même avec nous dans tous ces temps difficiles.
Cette promesse est donc l’appel du clairon de la victoire, car elle nous rappelle cette grande vérité, une vérité que nous sommes tentés d’oublier lorsque nous sommes au milieu des difficultés. La cause pour laquelle nous luttons n’est pas notre cause, mais celle du Christ. Il n’est pas un observateur passif — il est celui qui nous a envoyés. De plus, celui qui nous a envoyés est celui qui a reçu « tout pouvoir dans le ciel et sur la terre ». Son plan peut-il échouer? Sa volonté peut-elle être contrecarrée? Nous avons une espérance certaine alors que nous travaillons à l’accomplissement de sa mission, car il promet « Je suis avec vous tous les jours » et, de concert avec les Écritures, nous disons que « Celui qui a fait la promesse est fidèle » (Hé 10.23).
4. Conclusion←⤒🔗
Nous pouvons résumer tout cela de la manière suivante : nous sommes appelés à travailler à l’œuvre de Jésus-Christ, de la manière voulue par Jésus-Christ, en vue d’atteindre les buts de Jésus-Christ, en comptant sur la promesse de Jésus-Christ. Que notre Seigneur vivant nous donne la grâce d’être fidèles à son ordre missionnaire!