La doctrine de l'Écriture (14) - L'Écriture sainte, source de la prédication
La doctrine de l'Écriture (14) - L'Écriture sainte, source de la prédication
L’Église du Nouveau Testament a la charge de prêcher la Parole de Dieu. Prêchant la Parole, elle doit demeurer sur le fondement apostolique. Elle doit transmettre la prédication sans rien y ajouter. Comment l’Église peut-elle connaître cette prédication? Elle en trouve la norme tout d’abord dans le Nouveau Testament. Cependant, le Nouveau Testament est essentiellement lié à l’Ancien Testament. La prédication apostolique qui est la règle pour l’Église nous présente l’Ancien Testament comme un livre qui témoigne du Christ. On peut même dire que sans l’Ancien Testament les apôtres n’auraient pas connu le Christ comme le Messie. C’est un trait essentiel de la prédication apostolique de prêcher Jésus comme le Christ des Écritures (de l’Ancien Testament). L’attachement au fondement apostolique doit impliquer l’attachement au témoignage vétérotestamentaire du Christ. L’Ancien Testament trace l’histoire du rapprochement de Dieu avant qu’il atteigne son but provisoire en la première venue du Christ. On ne peut parfaitement comprendre qui est le Christ, dont les apôtres témoignent, si ce n’est à partir de l’Ancien Testament. Les prédictions que nous donne l’Ancien Testament ne perdent pas leur valeur par leur accomplissement.
Il serait donc contraire au fait que le Christ veut bâtir son Église sur le fondement des apôtres, si cette Église ne voulait pas reconnaître aussi le témoignage vétérotestamentaire du Christ en tant que norme de sa prédication. Pour les apôtres, une bonne conception du salut consiste à accepter le Nouveau Testament comme accomplissement de celui dont nous parlait l’Ancien Testament. Il est essentiel pour l’Église d’être le nouvel Israël. D’autre part, il ne faut pas, dans l’Église, lire l’Ancien Testament sans la lumière du Nouveau Testament. On ne peut pleinement comprendre le sens de l’Ancien Testament à moins de connaître le Christ. Les Juifs qui ne reconnaissent pas le Christ ne comprennent pas vraiment le sens de l’Ancien Testament. Un voile couvre leur visage et leur cœur quand ils font la lecture de l’Ancien Testament. Ils n’y trouvent que la lettre qui tue. C’est l’Esprit qui vivifie. Ce n’est que lorsque l’Esprit ôte le voile qu’ils comprennent l’Ancien Testament dans sa véritable essence, comme le témoignage du Christ. L’Esprit exerce son œuvre vivifiante lorsque les cœurs se convertissent au Seigneur (2 Co 3).
Il existe donc une interaction. La connaissance du Christ donnait aux apôtres la possibilité de reconnaître Jésus comme le Christ; d’autre part, la naissance de Jésus comme le Sauveur leur faisait comprendre l’Ancien Testament comme un témoignage rendu au Christ. Encore maintenant, nous ne comprenons pas pleinement qui est le Christ dont le Nouveau Testament témoigne sans connaître l’Ancien Testament. Cependant, sans le Nouveau Testament, nous ne pouvons pas pleinement comprendre l’Ancien Testament comme témoignage au Christ. Cela ne veut pas dire qu’une véritable compréhension de l’Ancien Testament était impossible durant la période précédant la venue du Christ. Déjà durant l’Ancienne Alliance, une telle compréhension de l’Ancien Testament était possible. Déjà par les Écritures, l’Esprit pouvait mener à attendre le Christ. Siméon et Anne la prophétesse nous offrent un bon exemple. Une telle attente devait aboutir à la reconnaissance du Christ au moment de sa venue sur la terre.
Certes, la compréhension de l’Ancien Testament ne pouvait pas encore atteindre la profondeur sans la lumière de l’accomplissement. Le passage de 2 Corinthiens 3 s’oppose à l’attitude des Juifs qui, lors de la période du Nouveau Testament, pensent comprendre l’Ancien Testament bien qu’ils ne soient pas convertis au Seigneur. Celui qui, sous la lumière du Nouveau Testament, lit l’Ancien Testament peut plus profondément comprendre le sens de l’Ancien Testament que ne pouvaient les croyants de l’Ancienne Alliance. Quand on connaît celui à qui tout l’Ancien Testament renvoie, on comprend mieux la profondeur du sens de l’Ancien Testament.
Il ne faut pas s’étonner que les Juifs incrédules très souvent n’aient pas reconnu la valeur des arguments des apôtres tirés de l’Ancien Testament. Ces « preuves » ont un caractère tout à fait particulier. Il s’agit des « preuves » qui veulent conduire à la foi en Jésus comme le Christ des Écritures, en l’Église comme le peuple de la Nouvelle Alliance. Ces preuves ne supposent pas que par le moyen des raisonnements logiques nous puissions déduire la prédication néotestamentaire des livres de l’Ancien Testament. Certes, ce qui est prêché comme l’accomplissement de l’Ancien Testament ne peut pas s’opposer au sens de l’Ancien Testament. C’est pourquoi on trouve aussi quelquefois dans le Nouveau Testament de véritables discussions sur l’interprétation juive de l’Ancien Testament. Cependant, cela ne doit pas mener à la conclusion que par le raisonnement pur le Nouveau Testament peut être déduit de l’Ancien Testament. Les apôtres ont donc beaucoup insisté sur le rapport essentiel entre leur prédication et l’Ancien Testament. C’est pourquoi la prédication de l’Église doit se baser, elle aussi, outre la prédication apostolique, sur l’Ancien Testament. Cela n’implique pas que la prédication ecclésiastique ne puisse jamais avoir un caractère vétérotestamentaire.