Luc 22 - Sueur de sang
Luc 22 - Sueur de sang
« Après être sorti, il alla, selon sa coutume, au mont des Oliviers. Ses disciples le suivirent. Arrivé à cet endroit, il leur dit : Priez, afin de ne pas entrer en tentation. Puis il s’écarta d’eux d’environ un jet de pierre, se mit à genoux et pria, en disant : Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe. Toutefois que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne, qui soit faite. Alors un ange lui apparut du ciel, pour le fortifier. En proie à l’angoisse, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des grumeaux de sang, qui tombaient à terre. Il se releva de sa prière et vint vers les disciples, qu’il trouva endormis de tristesse et il leur dit : Pourquoi dormez-vous? Levez-vous, priez, afin de ne pas entrer en tentation. »
Luc 22.39-46
Gethsémani, Gethsémani! Un jardin où Jésus a souffert. Jardin de souffrances terribles. De la sueur de sang est sortie de lui; sa transpiration était du sang. Gethsémani, lieu d’angoisse et de tourments! Qu’est-ce qui a forcé son sang à transpirer comme de la sueur? Comment le sang a-t-il pu sortir de son front à grosses gouttes? Deux forces épouvantables pesaient sur lui : le poids de nos péchés et le poids de la colère de Dieu. Gethsémani, lieu d’angoisse et d’agonie!
Nous pensons souvent au sang qui a coulé sur la croix. Mais le Seigneur a commencé à verser son sang avant la croix. Les soldats ont mis sur sa tête une couronne d’épines, son sang a coulé. Pilate l’a fait fouetter, son dos a été frappé jusqu’au sang. Sur la croix, les clous enfoncés dans sa chair ont fait couler le sang de ses mains meurtries. Finalement, on a transpercé son côté avec une lance. Il a versé tout son sang, jusqu’à ce qu’il sorte de l’eau. Preuve qu’il était bel et bien mort. « Sans effusion de sang, il n’y a pas de pardon », nous dit la lettre aux Hébreux (Hé 9.22). Son sang a coulé pour le pardon de nos péchés. « En lui, nous avons la rédemption par son sang, le pardon des péchés selon la richesse de sa grâce » (Ép 1.7).
Mais pourquoi Gethsémani? Pourquoi du sang mélangé à la sueur? La sueur vient du péché. C’est un signe de malédiction : « C’est à la sueur de ton front que tu mangeras du pain » (Gn 3.19). Mais la sueur mélangée au sang, c’est encore pire. L’Évangile nous révèle ici quelque chose de très important pour notre salut. Il y a une grande différence entre Gethsémani et Golgotha, entre le jardin des Oliviers et la croix. À la croix, le sang a coulé à cause des épines pointues enfoncées sur sa tête. Il a coulé à cause des clous plantés à coups de marteau. Il a coulé à cause du javelot lancé dans son côté. Des objets tranchants ont fait couler son sang. Cependant, au jardin, le sang a coulé sans aucune blessure physique. Gethsémani : pas la moindre égratignure. Et pourtant, du sang est bel et bien sorti de son corps, sur son front. Il est tombé goutte à goutte sur le sol, mais comment? Comment est-ce possible, sans aucune coupure? Par quelle action mystérieuse? Il a coulé à cause d’une pression qui venait de l’intérieur. Une pression si grande qu’elle a fait dilater les capillaires sanguins sous la peau, jusqu’au point d’éclater.
Jésus était triste à mourir. « Mon âme est triste jusqu’à la mort » (Mt 26.38). Il s’est jeté devant son Père. Il a prié, son âme en agonie. Pas de fouet, pas d’épée, pas de clou. Seulement la présence de son Père. « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe de douleur » (Lc 22.42). Jésus anticipe. Il voit d’avance. Il voit, dans la prière, ceux qui s’en viennent pour l’arrêter. Il pressent déjà toutes ses souffrances physiques. Il est très sensible à la souffrance morale et spirituelle, puisqu’il est sans péché. Son Père lui présente la coupe de colère qu’il doit boire au complet sur la croix. Il souffre intérieurement, dans son âme, pour ensuite souffrir dans son corps et dans son âme encore davantage. « Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne, qui soit faite » (Lc 22.42). Obéissance parfaite. « Je vais t’obéir, Père. » Ça va lui coûter la vie.
Puis un ange vient du ciel pour le fortifier. L’ange ne vient pas enlever la douleur. L’ange ne vient pas souffrir à sa place. L’ange vient lui donner des forces, pour que Jésus puisse porter la souffrance et affronter la mort à notre place. Pour souffrir, il faut être fort. Il faut recevoir des forces d’en haut. Encore plus pour affronter la puissance de la mort! Quelle humiliation! Jésus, le Créateur des anges, abaissé au point d’avoir besoin d’un ange pour le soutenir. Imaginez! Lui le Fils de Dieu! En même temps, c’était pour lui un grand réconfort : un ange venu directement du ciel, spécialement pour lui. Le Père ne l’a pas complètement abandonné, pas encore… L’ange le fortifie dans son combat et Jésus redouble d’ardeur dans la prière. Mais l’angoisse ne fait qu’augmenter. Jésus commence à transpirer du sang à ce moment précis.
Gethsémani, Gethsémani, jardin d’angoisse et d’agonie. Gethsémani, un jardin au pied du mont des Oliviers. Un endroit où Jésus aimait se retirer, tranquille, à l’écart. Gethsémani signifie pressoir. Il y avait dans le jardin, près de l’oliveraie, un pressoir pour extraire l’huile d’olive. On cueillait des olives et on se servait du pressoir pour en faire de l’huile. Gethsémani, le pressoir.
Pour Jésus, la pression est intérieure; elle devient de plus en plus forte, jusqu’à extraire le sang de son front. La tranquillité dans la prière est disparue. Il n’a pas simplement peur de mourir. Il souffre entre les mains de Dieu. C’est le poids de nos péchés qu’il portait; c’est le fardeau de la colère de Dieu qui le pressait. Il prend la coupe de colère dans ses mains et l’approche de ses lèvres. Qui d’autre que le Fils était capable de supporter ce poids si écrasant? Un ancien prédicateur a déjà écrit un sermon très célèbre intitulé : « Entre les mains d’un Dieu en colère », une prédication terrible sur l’enfer. Eh bien, ici, à Gethsémani, Jésus se donne en offrande entre les mains d’un Dieu en colère.
Dans le jardin, personne n’a pris son sang, aucune main humaine n’est venue le frapper avec une arme, un couteau, une épée tranchante. Jésus était simplement en prière. Ses disciples, à côté, dormaient, incapables de veiller avec lui à l’heure la plus dramatique de l’histoire. Dieu seul était là pour le frapper. Gethsémani, le pressoir où nos péchés sont écrasés. Et là, Jésus, de lui-même, volontairement, a donné une partie de son sang, par obéissance. « Personne ne m’ôte la vie, mais je la donne de moi-même » (Jn 10.18). Il a donné sa vie de sa propre volonté, par amour pour ses brebis. Jésus, en prière, par obéissance, a versé de lui-même son sang devant Dieu, pour vous et moi.
C’est ce qui lui permet de se relever, de secouer ses disciples, d’aller au-devant de ses meurtriers, de tendre les mains. Dans l’Évangile de Marc, nous lisons : « C’en est fait. L’heure est venue; voici que le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs. Levez-vous, allons; celui qui me livre s’approche » (Mc 14.41-42). En d’autres mots : « Prenez-moi, arrêtez-moi, la volonté de mon Père, c’est que j’aille à la croix. » Il est prêt maintenant. Il peut permettre aux hommes de prendre sa vie. Le fouet, les épines, les clous, la lance maintenant s’en viennent. Ces armes sont bien aiguisées, tranchantes. Elles vont frapper. Elles vont couper. Elles vont déchirer. Mais il fallait d’abord la sueur de sang sur le front qui tombe à terre goutte à goutte. Il fallait d’abord l’angoisse et la pression intérieure de Gethsémani.
L’apôtre Paul dit que la croix est un scandale pour les Juifs et une folie pour les Grecs. Beaucoup de gens ne comprennent pas pourquoi Jésus est mort. Comment se fait-il que des soldats aient pu clouer Jésus sur une croix? Le Sauveur du monde serait-il une simple victime de la méchanceté humaine? Tué par des pécheurs, sans autre explication? Ça n’a pas de sens. Il faut voir plus profond. Gethsémani nous aide à voir. Le jardin éclaire la croix. Gethsémani prépare Golgotha. La grande question est celle-ci : Comment se fait-il que Jésus ait transpiré du sang devant Dieu? En prière, seul devant la face de Dieu. La raison est spirituelle. La pression est intérieure : le poids de nos péchés, le fardeau de la colère de Dieu. Le Père lui présentait la coupe de sa colère qu’il devait prendre dans ses mains, en examiner attentivement le contenu et accepter de la boire au complet. Oui, Jésus s’est offert en victime expiatoire. Le prophète Ésaïe l’a vu longtemps d’avance : « Il a plu à l’Éternel de le briser par la souffrance. Il a été livré en sacrifice de culpabilité » (És 53.10). « Il était écrasé à cause de nos fautes. Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui » (És 53.5). Voilà le véritable sens de la croix, folie pour ceux qui périssent et sagesse de Dieu pour ceux qui sont sauvés. C’est seulement par la foi que nous pouvons saisir et nous réjouir.
« C’est lui que Dieu a destiné comme moyen d’expiation pour ceux qui auraient la foi en son sang, afin de montrer sa justice. Parce qu’il avait laissé impunis les péchés commis auparavant, au temps de sa patience, il a voulu montrer sa justice dans le temps présent, de manière à être reconnu juste, tout en justifiant celui qui a la foi en Jésus » (Rm 3.25-26).
Vous vous souvenez d’Abraham qui amena son fils Isaac pour le sacrifier. Isaac a demandé : « Mon père, où est l’agneau pour l’holocauste? » (Gn 22.7). Isaac n’a pas transpiré une seule goutte de sang. Isaac était naïf. Il ne savait pas ce qui s’en venait. Jésus n’est pas naïf. Jésus connaît tout. Il sait parfaitement ce qui s’en vient. Il transpire du sang : « Père, je suis l’Agneau. »
Gethsémani, le jardin d’angoisses! Gethsémani, le jardin du pressoir! C’est ma faute, c’est moi qui en suis responsable, c’est à cause de mes péchés. C’est à cause de nos péchés. À Gethsémani, Jésus transpira son sang pour vous et moi. Il le fit dans une parfaite obéissance. Si nous devions porter le poids de nos péchés, s’il fallait porter le fardeau de la colère de Dieu, nous serions broyés, écrasés complètement. Mais nous n’avons pas besoin. Dieu nous a fait échapper à sa colère. Il nous a libérés du châtiment que nous méritions. Jésus a pris notre place. Il est devenu notre justice. « Le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché » (1 Jn 1.7). « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice » (1 Jn 1.9).
Chers frères et sœurs, Gethsémani est devenu notre soulagement et notre paix. La pression insupportable de la colère de Dieu, nous la méritions. Nous en sommes libérés! « Étant justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ » (Rm 5.1). Libres et joyeux! Oui! Éternellement reconnaissants! Oui! Désormais, c’est l’amour du Christ qui nous presse. Car s’il est mort pour nous, c’est afin que nous les vivants nous ne vivions plus pour nous-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour nous (2 Co 5.14-15). Offrons-nous alors tout entiers en sacrifice vivant de reconnaissance (Rm 12.1-2). Vivons désormais non pas pour nous, mais pour lui, puisqu’il est mort pour nous.
Dans l’épreuve, prenons patience. Supportons la douleur. Persévérons, sans nous décourager. Nous travaillons à la sueur de notre front. Mais nous n’avons pas encore transpiré de notre sang. Dieu ne nous demande pas une telle chose. Ne refusons pas, par orgueil ou par crainte, les épreuves et les souffrances. Demandons à Dieu la force de les accepter avec humilité et avec courage. Les épreuves nous sont données, non pour expier nos péchés, mais pour notre instruction. Elles produisent en nous la persévérance; la persévérance produit la victoire dans l’épreuve, et cette victoire produit l’espérance. Et l’espérance ne trompe pas, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné (Rm 5.3-5).
Trouvons notre joie, notre force, notre justice en Jésus-Christ. Nous avons été libérés de notre culpabilité. Alors, consacrons nos vies entières au service du Seigneur, nous, nos familles, nos travaux, nos projets. Louons Dieu! Remercions le Seigneur, pour le sang qu’il a versé dans le jardin.
Gethsémani, notre joie et notre paix! Amen.