1. Le visage hideux de la révolution
2. Les nouveaux marxistes

1. Le visage hideux de la révolution⤒🔗

Je reprends un sujet sur lequel j’ai déjà écrit dans un article intitulé Le wokisme : La nouvelle morale païenne. Nous vivons aujourd’hui dans une société de plus en plus post-chrétienne. Il est intéressant de noter que 56 % des électeurs américains considèrent le terme « woke » comme positif, associé au fait d’être informé et éduqué, alors que seulement 39 % le jugent négatif, l’assimilant à la censure et au politiquement correct¹. Dans son livre, America’s Cultural Revolution : How the Left Conquered Everything [La révolution culturelle américaine : comment la gauche radicale a tout conquis]², Christopher Rufo retrace les origines de la théorie critique de la race (TCR) et du wokisme, montrant comment l’Amérique a été tranquillement conquise par les héritiers idéologiques des néomarxistes radicaux des années 1960. Dans ses recherches novatrices sur la culture occidentale contemporaine, il a découvert un « visage hideux de la révolution » qui est « une pourriture qui se propage dans la vie américaine. Les fondations du pays commencent à trembler » [xi]³. Si cela est vrai, il est important que nous en soyons tous informés.

Nous vivons aujourd’hui dans une société de plus en plus post-chrétienne, facilement séduite par de fausses notions de la réalité. Une étude récente a révélé que le nombre moyen de personnes dans une Église chrétienne aux États-Unis en 2023 est de 60. C’est moins de la moitié de ce qu’il était il y a 20 ans, lorsque ce nombre était de 137. Ce déclin brutal a été qualifié de « grande désaffection ecclésiale » de l’Amérique⁴. Tout respect ou tout adoration du Dieu Créateur et Rédempteur est virtuellement absent⁵. Les gens ne peuvent pas vivre sans morale, puisque Dieu a créé un univers éthique. Ceux qui ne veulent pas respecter la morale de Dieu sont occupés à normaliser la philosophie LGBTQ, à éliminer la famille nucléaire et à vivre selon les normes morales du wokisme néomarxiste. Le marxisme est totalement antichrétien, il nie l’existence de Dieu et considère la matière comme ultime. Il adore la créature (la matière) plutôt que le Créateur (Rm 1.25). Marx était très ami avec le spécialiste radical du Nouveau Testament, Bruno Bauer, qui affirmait que les Évangiles chrétiens étaient des faux. Marx lui-même pensait qu’il était nécessaire de « reconnaître comme divinité suprême la conscience humaine elle-même⁶ », rejetant ainsi Dieu. La théorie critique de la race d’aujourd’hui est une forme moderne d’athéisme qui dérive du marxisme, comme nous le montrerons. La TCR croit en la « vérité » postmoderne, qui ne vient pas de Dieu, mais qui est plutôt une expression du pouvoir humain. Beaucoup, même parmi les chrétiens⁷, abandonnent leur foi personnelle dans le Dieu des Écritures et cherchent une nouvelle source de moralité. La fausse morale du wokisme joue sur la conscience sensible des jeunes Américains.

La suprématie blanche soutient, selon l’approche marxiste, que la société est toujours divisée en oppresseurs (propriétaires) et en opprimés (travailleurs). Dans le contexte actuel, les Blancs sont les oppresseurs et les minorités sont les opprimés (en particulier les Noirs, les femmes, les étrangers en situation irrégulière et les LGBTQ). La morale biblique est considérée comme oppressive en raison de ses normes en matière de comportement sexuel.

Comme je l’ai indiqué dans mon précédent article, Stanley Ridgley a fait un excellent travail de recherche sur le mouvement semi-religieux du wokisme dans son livre Brutal Minds [Les esprits brutaux]⁸, dont le sous-titre décrit ce qu’il a vu : The Dark World of Left-Wing Brainwashing in Our Universities [Le monde obscur du lavage de cerveau par la gauche dans nos universités]. Il y voit l’intention délibérée des administrateurs d’université non seulement de saper la capacité d’un étudiant à se lancer dans une réflexion académique classique, mais aussi de lui faire ressentir une profonde culpabilité « religieuse ». Je me suis souvent demandé pourquoi l’histoire de l’Occident et des États-Unis en particulier n’était pas enseignée dans les universités américaines. Le cri de ralliement de Jesse Jackson à l’université de Stanford en 1987 me vient à l’esprit : « Hey ho, what d’ya know, Western civ has got to go » [Hé ho, qu’est-ce que tu sais, la civilisation occidentale doit disparaître]. Nous constatons aujourd’hui que cette civilisation s’est bel et bien levée et qu’elle est partie!

Le wokisme est un programme politique progressiste qui a infiltré la culture américaine dans ses administrations, ses entreprises et ses établissements d’enseignement, où les « agents de la diversité » de la DEI (« diversité, équité et inclusion ») veulent « annuler » tous ceux qui ne suivent pas les nouvelles règles. Ce « système hideux », pour reprendre les termes de Rufo, est dangereux parce qu’il se présente comme bon, recherchant la justice sociale et s’opposant au racisme.

Les auteurs qui cherchent à comprendre la culture actuelle trouvent ses racines dans la révolution culturelle des années soixante. Rufo souligne que, dans les années soixante, certains intellectuels radicaux se sont détournés des actions violentes de groupes raciaux comme les Black Panthers [les Panthères noires] et ont tenté de changer la culture sur le plan idéologique. Ils ont abandonné la violence raciste dans les rues en faveur d’une « longue marche à travers les institutions », qui ferait de la révolution culturelle une nouveauté philosophique attrayante, à développer dans les universités et les bureaucraties. C’était le travail original de l’École de Francfort, composée de marxistes juifs allemands qui, cherchant à fuir l’Allemagne hitlérienne, se sont installés à l’université de Columbia, où ils ont poursuivi leur étude du néo-marxisme contemporain. L’un d’entre eux, Herbert Marcuse, s’est installé sur la côte ouest et a exercé une grande influence sur les étudiants radicaux des années soixante. Marcuse et le radical marxiste Rudi Dutschke (qui a inventé l’expression « la longue marche à travers les institutions ») ont travaillé ensemble dès 1966. Marcuse a écrit à Dutschke en 1971 pour approuver cette stratégie : « Permettez-moi de vous dire que je considère votre notion de “longue marche à travers les institutions” comme le seul moyen efficace⁹ ».

La gauche moderne accomplit actuellement la prophétie de Marcuse selon laquelle, si la société occidentale pouvait être libérée de la répression capitaliste, les fondements moraux et religieux « oppressifs » de l’Occident s’effondreraient et la population découvrirait la véritable liberté [11]. Plutôt que de proposer une dictature du prolétariat (dans le vieux style marxiste), il a proposé « une dictature des intellectuels » [16]. Ce néo-marxisme est à l’origine de la théorie critique de la race.

Herbert Marcuse est également à l’origine de la « culture de l’annulation » contemporaine, c’est-à-dire du refus de la liberté d’expression. Avant que ce terme ne soit inventé, il défendait la notion de « tolérance répressive », c’est-à-dire l’idée que la libre expression des idées doit être réprimée. Seule la tolérance pour les idées progressistes (marxistes) devrait être autorisée, ce qui est l’expression unilatérale classique du marxisme. Le libéralisme, qui respecte la liberté d’expression, s’est égaré. Il a été remis en question dans les années soixante par les « boomers radicaux… ».

« Dans les années 80, il n’avait plus de sens, dans les années 2000, plus personne n’y croyait, et dans les années 2020, il s’agissait d’une croyance marginale défendue par quelques professeurs d’université en rupture avec la société.¹⁰ »

Le marxiste Marcuse a décidé que le nouveau prolétariat devait « utiliser la race plutôt que la classe pour renverser la société » [19]. C’est ainsi qu’est né le racisme en tant qu’idéologie révolutionnaire, qui est passé d’une position marginale pour se situer au centre de l’échiquier. Comme le montre Rufo, ils ont cherché à changer le langage, la loi et le discours historique. Ils ont réussi à contrôler les institutions et à redéfinir l’orthodoxie publique.

Presque par hasard, je suis tombé sur un fait peu connu qui est crucial pour comprendre les attaques contre la suprématie blanche, le privilège blanc et la colère blanche¹¹, et qui montre que la TCR est un complot marxiste et que l’accusation de racisme est une idée marxiste classique. Continuez votre lecture!

L’origine du racisme blanc a été décrite, non pas par Rufo, mais par un témoin oculaire afro-américain de première ligne, Manning Johnson, dans son livre Color, Communism and Common Sense [Couleur, communisme et bon sens] (1958). Il décrit une vaste tentative délibérée des communistes soviétiques et américains en 1934-1935 pour saper la foi dans les institutions américaines par le biais d’un programme massif qui démasquerait les États-Unis comme étant profondément racistes. L’objectif était de créer « un front commun contre les oppresseurs blancs¹² ». Johnson indique que le complot visant à utiliser « les Noirs comme avant-garde que l’on peut sacrifier » pour saper l’Amérique a été créé par Staline en 1928, dix ans après la création du Comintern (l’Organisation mondiale du communisme), dont l’objectif était d’anéantir la civilisation occidentale. Cette tactique a également été employée par « les principaux dirigeants communistes blancs américains » qui ont hypocritement promu l’idée d’un conflit racial dans « une lutte pour le pouvoir menée de sang-froid » afin de « faire avancer la cause du communisme » en Amérique¹³.

L’objectif était de « rendre le système de l’homme blanc, le gouvernement de l’homme blanc, responsable de tout ». Il note : « La diffamation est une technique cardinale », cherchant à « diviser l’Amérique », ce qui ne peut être qualifié que de « canular de propagande¹⁴ ». « Ce que Moscou voulait, c’était la rébellion des Noirs. Un conflit racial sanglant diviserait l’Amérique. Dans la confusion, la démoralisation et la panique s’installeraient.¹⁵ » En même temps, apparemment, les antiracistes n’avaient guère de temps à consacrer aux Noirs. Selon Walter Williams, récemment décédé, Marx considérait la race noire comme beaucoup plus proche du règne animal¹⁶. Robert Robinson observe : « Je peux dire en tant qu’expert que l’un des plus grands mythes jamais lancés par l’appareil de propagande du Kremlin est que la société soviétique est exempte de racisme.¹⁷ »

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Il n’est pas étonnant que le marxiste Marcuse « ait suggéré un nouvel axe pour la révolution : “le conflit racial” ». Il pensait que le conflit de classe et la révolution culturelle pouvaient être engendrés par ce conflit racial. « Il voyait dans le mouvement militant noir un moyen viable de briser la mainmise de l’establishment sur la langue et la culture » [20]. Il considérait que la notion libérale démocratique de tolérance était une illusion (voir ci-dessus) et a proposé un nouveau régime de « tolérance libératrice » (intolérance à l’égard des mouvements de droite). La liberté d’expression et la liberté d’association étaient « un danger manifeste et actuel » [22]. La révolution pour la justice aujourd’hui n’est pas basée sur la classe sociale et les valeurs économiques (comme dans l’ancien marxisme), mais sur l’identité humaine et la justice raciale. C’est le côté « néo » du marxisme. Les wokistes définissent l’identité blanche comme étant imprégnée de culpabilité en raison de son caractère oppresseur, ce qui constitue une antithèse à l’identité noire, qui est profondément opprimée. Le néo-marxisme insiste pour dire que la blanchité est en soi une force invisible malveillante qui produit une maladie culturelle.

En 1972, Marcuse a affirmé que la seule voie vers la libération était l’établissement d’un régime socialiste, dont la finalité serait le marxisme traditionnel [35]. Selon Marti Gurri, un ancien analyste de la CIA qui étudie les médias et la politique, « il ne s’est pas produit de plus grande chose depuis la conversion de Constantin que l’idéologie woke de la DEI ». Presque toutes les grandes institutions américaines — y compris le gouvernement fédéral, les gouvernements des États et les gouvernements locaux¹⁸, les universités et les écoles publiques, les hôpitaux, les assurances, les médias, les entreprises technologiques et les grandes marques de distribution — ont accepté la justice sociale de la DEI, qui colporte une fausse moralité fondée sur la haine et la vengeance. L’idéologie qui la sous-tend prétend qu’une telle infrastructure est essentielle à la bonne santé et au bon fonctionnement de la nation. La plupart des grandes entreprises et des universités ont adhéré à cette idéologie qui revendique un pouvoir moral en rejetant le racisme blanc tout en soutenant des groupes minoritaires tels que les mouvements LGBTQ et les droits reproductifs des femmes (avortement). D’Amazon à Walmart, la plupart des grandes entreprises ont créé des bureaux DEI et se sont dotés d’agents DEI au sein de leur bureaucratie de ressources humaines. Il en va de même pour les services sanitaires, les services de police, l’armée et les ministères de l’agriculture, du commerce, de la défense, de l’éducation et de l’énergie. Les employés peuvent être licenciés sur-le-champ s’ils osent remettre en question la définition de l’équité de la DEI. Nous assistons au début d’un fascisme qui associe l’État, les médias et les entreprises. L’année dernière, il a été proposé de mettre en place un comité de gouvernance de la désinformation qui aurait eu le pouvoir de censurer (« annuler ») la parole des citoyens mal informés. Ce comité a échoué lamentablement puisque la personne chargée de juger les propos, Nina Jankowicz, a fait l’objet d’attaques incessantes pour ses opinions partisanes et partiales. La tentative politique de contrôler l’expression de la parole est arrivée trop tôt, mais si les choses continuent ainsi, nous pourrions voir un tel comité revenir à l’avenir pour « annuler » la liberté d’expression.

« Tout ce que nous avons vu en Union soviétique nous inspirera dans notre propre lutte… » [89], a déclaré la raciste radicale Angela Davis. Elle a salué Marcuse comme « le leader intellectuel de la révolution de la nouvelle gauche » et a déclaré : « Nous ne pouvons pas combattre le racisme tant que nous n’avons pas détruit l’ensemble du système » [75]. Ce dont nous avons besoin, c’est d’un « changement total et complet des structures de la société » [82], liant ainsi le racisme woke au marxisme [69].

Le contrôle politique du comportement et de la parole (l’objectif de la théorie critique de la race et du wokisme) est une étape importante dans l’avènement d’un marxisme culturel intégral. Bien que Rufo n’aborde pas les questions religieuses dans son livre, il déclare sur sa page Substack que l’avenir de l’Amérique passe par le rejet à la fois de la religion (morale chrétienne) et du libéralisme politique (c’est-à-dire du droit constitutionnel) :

« Le problème que je vois est que l’abandon d’un cadre moral chrétien et d’un cadre politique libéral signifie l’abandon des États-Unis dans leur ensemble. […] Cela signifierait que nous sommes dans un scénario de Weimar, avec des mouvements radicaux à travers l’échiquier politique qui se disputent le régime.¹⁹ » [21].

En Allemagne, la République de Weimar a conduit au régime hitlérien.

Pour survivre dans le monde de Dieu, les êtres humains ont au moins besoin d’une connaissance de la loi de Dieu. Il incombe donc aux croyants chrétiens de faire connaître Dieu en tant que Créateur et Rédempteur, de prêcher l’Évangile, certes, mais aussi la loi, comme le dit si éloquemment l’apôtre Paul dans 2 Corinthiens 4:6 :

« Car Dieu [le Créateur], qui a dit : “La lumière brille du sein des ténèbres”, a brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ [le Rédempteur]. »

Nous pouvons nous sentir extrêmement découragés en voyant la direction que prennent les États-Unis (et l’ensemble de l’Occident), et la paix et la tranquillité ne nous sont pas promises. Pourtant, l’étonnante complexité de la création de Dieu incite encore les personnes réfléchies à s’asseoir et à prendre conscience de ce qui se passe. Ceux qui sont prêts à reconnaître le Créateur pourraient bien être attirés par la beauté, la puissance et l’amour du Dieu Rédempteur, qui accueille quiconque met sa foi dans le Seigneur Jésus-Christ.

Notes