Éphésiens 1 - Face au mal extrême, la puissance souveraine de Dieu
Éphésiens 1 - Face au mal extrême, la puissance souveraine de Dieu
« Je fais mention de vous dans mes prières, afin que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire […] illumine les yeux de votre cœur, afin que vous sachiez […] quelle est la grandeur surabondante de sa puissance envers nous qui croyons selon l’action souveraine de sa force. »
Éphésiens 1.16-19
Nous connaissons l’engouement suscité par les sports extrêmes qui produisent les sensations les plus fortes et mettent à chaque instant la vie des athlètes en péril. Dans le domaine de la biologie, on a découvert des formes de vie étonnantes capables de survivre dans des conditions extrêmes et qui dépassent l’entendement des évolutionnistes impuissants à en expliquer l’origine. Sur le plan politique et religieux, les médias nous rapportent régulièrement des attentats meurtriers perpétrés par différents groupes extrémistes qui détiennent l’étrange pouvoir d’enflammer dans le cœur des kamikazes le désir et la détermination de se faire sauter avec la bombe qu’ils transportent. Il semble bien que nous vivions à l’époque des extrêmes…
Le chrétien confronté à la vie moderne (ou « post-moderne », diront les analystes) est quotidiennement troublé par les assauts multipliés du mal qui se déploie sans honte et sans retenue dans ce monde qui a perdu la boussole. Nous avons l’impression d’être entraînés dans une spirale vertigineuse qui n’aspire qu’à nous engouffrer toujours plus dans le mal le plus extrême. Qu’il nous suffise de penser au répugnant déchet, pour ne pas dire à la déchéance effrénée de la pornographie partout accessible en ligne. Ou encore à la légèreté désinvolte avec laquelle nous disposons dans les sacs à poubelle aseptisés de nos hôpitaux de centaines de milliers de bébés avortés ou encore des embryons « non désirés » ou « surnuméraires » dans des centres de recherches. Chacun d’entre nous saura bien compléter de ses propres observations l’énumération des maux extrêmes qui nous assaillent.
Mais lorsque c’est chez soi, à notre porte, dans notre foyer et même dans notre propre cœur que jaillit le mal le plus laid, auparavant insoupçonné, le dégoût et l’impuissance font place à la honte, à la culpabilité, à la peur et au désarroi. N’oublions pas que c’est autour et au milieu du « camp des saints » que notre adversaire le diable rôde comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer (1 Pi 5.8). Et n’oublions pas que c’est du cœur de l’homme — de notre propre cœur — que viennent les mauvaises pensées, même les pires, qui conduisent aux actes les plus graves, meurtres, adultères, prostitutions, vols, faux témoignages, blasphèmes, comme l’a dit Jésus (Mt 15.19). L’enfant de Dieu n’est pas à l’abri, lui non plus, du mal extrême, qu’il soit subi ou infligé. Nous qui pensions avoir tout vu et tout traversé, voilà qu’un nouvel assaut diabolique vient frapper ceux que le bon Berger appelle tendrement ses brebis, vulnérables et sans défense qu’elles sont par elles-mêmes. Le diable sait qu’il lui reste peu de temps… Que nous réserve le prochain détour?
Le Seigneur, quant à lui, n’est jamais pris au dépourvu. L’apôtre Paul avait prié pour les Éphésiens, pour que le Seigneur illumine les yeux de leurs cœurs, afin qu’ils sachent « quelle est la grandeur surabondante de sa puissance envers nous qui croyons selon l’action souveraine de sa force » (Ép 1.19). Les chrétiens d’Éphèse avaient bien besoin de cette prière. Ils avaient fait de bons progrès dans la foi et dans l’amour. En même temps, ils avaient toujours besoin d’être affermis dans la grâce du Seigneur. Face aux nombreux défis de leur temps, ils étaient exhortés à se revêtir de toutes les armes de Dieu, « afin de pouvoir résister dans le mauvais jour et tenir ferme après avoir tout surmonté » (Ép 6.13). Dans sa prière pour l’Église, Paul multiplie donc les mots, tous plus percutants les uns que les autres, comme pour nous convaincre de l’extrême toute-puissance du Seigneur à l’œuvre dans le monde et dans nos vies. Aucun mot n’est superflu dans cette amplification, car chacun d’entre eux, inspiré par l’Esprit de Dieu, nous amène à estimer davantage l’excellence du trésor qui nous est offert dans l’Évangile.
Il nous est facile de perdre courage, de manquer de gratitude ou de nous laisser troubler. C’est pourquoi nous avons tant besoin de prier les uns pour les autres, afin de connaître davantage aussi bien « la grandeur surabondante de sa puissance » que « l’action souveraine de sa force ». Nous serons ainsi en quelque sorte entraînés dans une autre spirale, celle de Jésus-Christ, de sa grâce et de sa puissance invincible.
Mais vers où l’apôtre Paul dirige-t-il nos regards? Non pas vers nous-mêmes, car dans notre condition actuelle nous n’arrivons pas à reconnaître, ni dans le monde ni dans nos propres vies, une réalité qui correspond à la puissance du Seigneur. Bien souvent, dans notre faiblesse, c’est plutôt le contraire que nous constatons, parfois jusqu’au mal extrême que le diable utilise pour nous effrayer ou nous décourager… Non, l’apôtre Paul élève nos regards vers Jésus-Christ lui-même, ressuscité d’entre les morts, assis à la droite de Dieu, « au-dessus de toute principauté, autorité, puissance, souveraineté, au-dessus de tout nom qui peut se nommer, non seulement dans le siècle présent, mais encore dans le siècle à venir » (Ép 1.21). Jésus a vaincu les pires ennemis qui soient : la gravité du péché, l’horreur de la mort, le diable en personne. Il est le Roi de gloire et le Sauveur parfait! Il nous faut regarder à lui seul et à la gloire de son triomphe, et ainsi, dans notre faiblesse, sa grâce nous suffira.
Nous qui sommes héritiers de la Réformation du 16e siècle, joignons-nous au puissant témoignage de nos pères dans la foi. À leur époque, comme aujourd’hui, les forces du mal étaient sans cesse à l’œuvre, pour ne pas dire déchaînées, aussi bien dans l’état moral et spirituel lamentable des populations que dans les persécutions qui faisaient rage contre les fidèles qui avaient autrefois redécouvert l’Évangile de la grâce. Leur propre vie n’était pas à l’abri, elle non plus, des assauts du mal, même dans le cœur et dans la vie des plus fervents. Au milieu même du mal qui pouvait parfois leur paraître extrême, les chrétiens réformés et consolés par la Parole du bon Berger ont fidèlement confessé Jésus-Christ. Ils ont cru que le pire des pécheurs pouvait être réconcilié avec Dieu par le sang de la croix et que le cœur le plus endurci n’était pas hors de portée de la puissante action régénératrice du Saint-Esprit.
Ils ont confessé que « Dieu dispose de moyens admirables pour se servir des démons et des impies, de telle sorte qu’il sait convertir en bien le mal qu’ils font et dont ils sont coupables » (Confession de La Rochelle de 1559, article 8). Dans un monde qui n’était pas digne d’eux, ils avaient la grande consolation d’espérer le retour du Seigneur qui viendra un jour juger les vivants et les morts, afin de punir les méchants et de récompenser gratuitement les élus. Ils ont appris à mettre quotidiennement leur confiance en Jésus Sauveur, Juge et Roi.
Marchons aujourd’hui à leur suite et prions les uns pour les autres. Prions le Seigneur pour qu’il illumine les yeux de nos cœurs, afin que nous sachions « quelle est la grandeur surabondante de sa puissance envers nous qui croyons selon l’action souveraine de sa force ». Nous qui sommes des brebis faibles et vulnérables, que nous puissions sans cesse revenir à la croix de notre Seigneur Jésus pour y trouver réconciliation et paix avec Dieu. Comptons sur la puissance du Saint-Esprit qui régénère et transforme nos cœurs qui sont si rebelles. Ne nous décourageons pas et ne nous lassons pas de faire le bien, car nous recevrons comme une récompense gratuite les fruits de nos labeurs et de nos travaux. « Ne sois pas vaincu par le mal, mais vainqueur du mal par le bien » (Rm 12.21). Croyons que notre Seigneur dispose pour ses enfants de moyens admirables pour convertir le mal en bien. Et gardons l’espérance qu’un jour le Seigneur manifestera définitivement sa victoire sur le mal, lors de sa venue triomphante. Comme nos prédécesseurs qui ont confessé avec confiance, « nous attendons ce grand jour avec un ardent désir, pour jouir pleinement des promesses de Dieu en Jésus-Christ, notre Seigneur » (Confession des Pays-Bas de 1561, article 37).
Ô Seigneur, dans ta grâce,
Tourne vers moi ta face
Et prends pitié de moi.
Dans mon malheur extrême,
Pour l’amour de toi-même,
Ô mon Dieu, sauve-moi!
(Psaume 6, 4e strophe, versifié par Roger Chapal)