Le baptême, signe et gage de son amour
Le baptême, signe et gage de son amour
Par elle-même l’eau du baptême procure-t-elle la purification des péchés?
Non, car seuls, le sang de Jésus-Christ et le Saint-Esprit nous purifient de tous les péchés1.
1. Mt 3.11; Ép 5.25-27; 1 Co 6.11; 1 Pi 3.21; 1 Jn 1.7.
Pourquoi donc le Saint-Esprit appelle-t-il le Baptême le bain de la nouvelle naissance et la purification des péchés?
Ce n’est pas sans grandes raisons que Dieu nous parle ainsi : Il veut d’abord nous apprendre que de même que la saleté du corps est enlevée par l’eau, de même nos péchés sont enlevés par le sang et par l’Esprit du Christ1; mais, de plus, par ce gage et ce signe divins, il veut nous assurer que nous sommes aussi sûrement lavés spirituellement de nos péchés que nous le sommes corporellement par l’eau2.
1. 1 Co 6.11; Ap 1.5; Ap 7.14.
2. Mc 16.16; Ac 2.38; Rm 6.3-4; Ga 3.27.Catéchisme de Heidelberg, Q&R 72 et 73
Nous continuons notre étude sur le baptême, signe et sceau de l’alliance de grâce. Le Catéchisme contient six questions sur le baptême. Nous avons vu les trois premières. La question 69 traite du symbolisme du baptême, la question 70 de son contenu et la question 71 de son institution. Sans nous attarder sur cette dernière question, rappelons que c’est Jésus-Christ lui-même qui a institué le baptême avant de monter au ciel. Il nous reste encore à traiter de trois questions sur le baptême. La question 72 parle du rejet des erreurs, la question 73 de la grâce donnée, et la question 74 des participants, en particulier les enfants des croyants. Nous traiterons de cette dernière question dans un article suivant.
Le jour de la Pentecôte, Pierre a proclamé l’Évangile aux Juifs réunis à Jérusalem. Il a dit : « Repentez-vous et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour le pardon de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit » (Ac 2.37-38). Quand le Seigneur Jésus s’est révélé à Saul, Ananias est venu lui dire : « Lève-toi, sois baptisé et lavé de tes péchés, en invoquant son nom » (Ac 22.16). Plus tard, Paul lui-même a dit : « Il nous a sauvés […] par le bain de la régénération et le renouveau du Saint-Esprit » (Tt 3.5). D’après ces textes, il existe un lien étroit entre le baptême et le pardon des péchés, entre le baptême et le don du Saint-Esprit. Quel est exactement ce lien? La question 72 nous dit ce qu’il n’est pas et quelle erreur nous devrions éviter. La question 73 nous dit comment nous devrions comprendre ce lien.
1. Ne confondons pas le signe et la chose signifiée (Q&R 72)⤒🔗
Cette question vise particulièrement l’Église romaine. Comment l’Église romaine voit-elle le lien entre l’eau du baptême et le pardon des péchés? Pour elle, les deux sont confondus. Le Catéchisme de l’Église catholique de 1992 dit ceci au paragraphe 1213 : « Par le baptême, nous sommes libérés du péché et régénérés comme fils de Dieu, nous devenons membres du Christ et nous sommes incorporés à l’Église et faits participants à sa mission. » Puis au paragraphe 1263 : « Par le baptême, tous les péchés sont remis, le péché originel et tous les péchés personnels ainsi que toutes les peines du péché… » Le péché originel c’est le péché que nous avons tous hérité d’Adam. Rome enseigne que le baptême aurait le pouvoir d’ôter le péché originel. D’après Rome, l’eau du baptême n’est pas un signe et un sceau du salut, mais un moyen efficace de conférer le salut. Pour eux, le signe et la chose signifiée se confondent. La grâce du pardon serait contenue dans l’eau elle-même. L’eau du baptême serait une substance aux propriétés thérapeutiques. Au moment où l’eau du baptême touche le front de la personne baptisée, les péchés sont immédiatement lavés et la personne baptisée est automatiquement régénérée.
Au temps de la Réforme, cette idée était déjà très répandue. Presque cinq cents ans plus tard, elle est malheureusement encore en circulation… Les réformateurs ont compris que cette idée était contraire à l’Évangile de la grâce. Quel est le problème avec cet enseignement? Le salut est ainsi réduit à un rituel. Les sacrements auraient un pouvoir en eux-mêmes. Il suffirait de les recevoir, peu importe que nous ayons la foi ou non, et peu importe que les parents de l’enfant baptisé soient des croyants engagés ou non. Pourvu que la personne soit baptisée, afin de recevoir efficacement ce que le baptême représente. Chez la personne baptisée, il ne resterait plus rien qui l’empêcherait d’entrer dans le Royaume de Dieu, ni le péché d’Adam, ni le péché personnel.
Quel attribut de Dieu cette erreur attaque-t-elle? Elle attaque la libre souveraineté de Dieu. Dieu ne pourrait plus sauver des gens selon son choix libre et souverain. Il devrait forcément sauver ceux qui ont reçu le baptême d’eau. Il s’agit là d’une notion païenne du salut. Dans l’Ancien Testament, les prophètes ont sévèrement réprimandé Israël d’avoir eu une telle attitude. Les Israélites ont pensé pouvoir manipuler Dieu. Ils ont cru que leurs rituels (les sacrifices d’animaux) étaient suffisants pour plaire à Dieu, même sans une véritable foi et sans une obéissance du cœur.
« Je n’ai rien à faire de vos nombreux sacrifices, déclare le Seigneur. J’en ai assez des béliers consumés par le feu et de la graisse des veaux. Je ne désire pas le sang des taureaux, des agneaux et des boucs. Vous venez vous présenter devant moi, mais vous ai-je demandé de piétiner les cours de mon temple? Cessez de m’apporter des offrandes, c’est inutile; cessez de m’offrir la fumée des sacrifices, j’en ai horreur; cessez de célébrer les nouvelles lunes, les sabbats ou les fêtes solennelles : je n’admets pas un culte mêlé au crime » (És 1.11-15; voir 1 S 15.22; Os 6.6; Mi 6.6-8).
Le Seigneur avait établi ces sacrifices pour les aider à regarder aux promesses de Dieu avec foi. Il n’y avait pas dans ces rituels de pouvoir magique qui aurait pu leur assurer une protection automatique. Israël a durement appris la leçon; ils ont été déportés en exil.
« Par elle-même l’eau du baptême procure-t-elle la purification des péchés? Non, car seuls le sang de Jésus-Christ et le Saint-Esprit nous purifient de tous les péchés » (Q&R 72).
Le geste de baptiser ne contient pas de pouvoir particulier. De l’eau, c’est de l’eau. On peut en verser autant qu’on veut, cela ne changera rien à l’état spirituel et moral de la personne. Avant le baptême, nous avons un pécheur sec. Après le baptême, nous avons un pécheur mouillé! Rien de plus. Les Écritures enseignent que c’est seulement le sang du Christ et l’Esprit du Christ qui peuvent nous laver de notre culpabilité et de la pollution du péché. Nous avons absolument besoin de son sang et de son Esprit pour être purifiés. « Tous les prophètes rendent de lui le témoignage que quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon des péchés » (Ac 10.43).
Le pardon des péchés est reçu seulement par la foi. Ceux qui ont été baptisés, mais qui refusent de croire aux promesses signifiées par le baptême n’hériteront pas du Royaume de Dieu. Ils n’ont aucune part avec Jésus-Christ. Confondre le signe et la chose signifiée, c’est réduire le christianisme à un rituel et c’est réduire Dieu à un être faible qui dépendrait des actions de certains hommes qui baptisent les autres. Gardons bien à l’esprit la gravité de cette erreur, d’une part pour nous encourager à ne pas nous éloigner de la vérité, d’autre part pour rendre témoignage avec amour à ceux qui sont prisonniers de l’erreur.
2. Ne séparons pas le signe et la chose signifiée (Q&R 73)←⤒🔗
C’est une chose de dénoncer les erreurs et de dire ce que le baptême n’est pas. C’en est une autre de dire positivement ce qu’il signifie. La question 72 dénonce l’erreur catholique romaine. La question 73 nous explique ensuite le lien qui existe entre le baptême et le pardon des péchés. Nous avons déjà vu l’exemple du discours de Pierre :
« Repentez-vous et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour le pardon de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit. Car la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera » (Ac 2.37-39).
Nous avons également entendu l’enseignement de Paul : « Il nous a sauvés […] par le bain de la régénération et le renouveau du Saint-Esprit » (Tt 3.5). D’où la question : « Pourquoi donc le Saint-Esprit appelle-t-il le baptême le bain de la nouvelle naissance et la purification des péchés? » (Q&R 73). Autrement dit, comment se fait-il que le signe et la chose signifiée soient utilisés de façon interchangeable dans la Bible? Voici les deux raisons données.
La première raison :
« Ce n’est pas sans grandes raisons que Dieu nous parle ainsi; il veut d’abord nous apprendre que, de même que la saleté du corps est enlevée par l’eau, de même nos péchés sont enlevés par le sang et par l’Esprit du Christ » (Q&R 73).
En d’autres mots, le symbole de l’eau est une analogie qui convient très bien. Quoi de mieux que de l’eau pour se laver lorsqu’on est sale? La nature de l’eau est parfaitement adaptée à cet usage. Nous en faisons l’expérience tous les jours. De même, le sang du Christ et son Saint-Esprit sont parfaitement adaptés à notre besoin spirituel. Quoi de mieux que le sang du Christ pour nous laver de nos péchés? Quoi de mieux que son Esprit pour nous régénérer et nous faire vivre de la vie nouvelle? Le baptême ne nous confère pas lui-même la grâce, mais c’est un signe qui nous montre sans nous tromper où se trouve la grâce libre et souveraine de Dieu : en Jésus-Christ et en rien ni personne d’autre. Le signe de l’eau est une excellente image du pardon en Jésus-Christ. Une image qui nous parle et qui nous interpelle. Un signe extérieur qui nous représente visiblement une réalité intérieure invisible.
La deuxième raison :
« Mais, de plus, par ce gage et ce signe divins, il veut nous assurer que nous sommes aussi sûrement lavés spirituellement de nos péchés que nous le sommes corporellement par l’eau » (Q&R 73).
Le baptême n’est pas seulement un signe, c’est aussi un gage, un sceau, qui est là pour nous donner une certitude. Le baptême est la garantie que tous ceux qui croient en Jésus-Christ sont lavés par son sang et reçoivent le pardon des péchés.
« En lui, nous avons la rédemption par son sang, le pardon des péchés selon la richesse de sa grâce » (Ép 1.7).
« Ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau » (Ap 7.14).
Le baptême est également la garantie que tous les croyants sont lavés par le Saint-Esprit. L’Esprit a promis de les renouveler et de les sanctifier.
« Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ et par l’Esprit de notre Dieu » (1 Co 6.11).
Même si le baptême lui-même ne nous sauve pas, le Saint-Esprit utilise notre baptême pour nous donner l’assurance que nous sommes réellement lavés de nos péchés, car il a lui-même étroitement uni le signe et la chose signifiée.
Il nous faut donc utiliser notre baptême toute notre vie. En professant publiquement notre foi, nous avons fait nôtres ces promesses. Toute notre vie, nous sommes appelés à répondre aux promesses que nous avons reçues de Dieu, signifiées et attestées à notre baptême.
Pour l’Église romaine, le baptême est comme une boîte où Dieu a mis sa grâce. Il ne serait pas nécessaire d’avoir une foi personnelle pour y avoir part. Il suffirait d’avoir reçu la boîte. Pour nous, le baptême est plutôt comme les anneaux que les époux s’échangent le jour de leur mariage. Quand un homme donne une alliance à la femme qu’il épouse, il lui donne un symbole et un gage de son amour. En lui donnant cette alliance, il promet de l’aimer, d’en prendre soin, de la protéger. Le jonc en lui-même ne contient pas l’amour du mari. Ne confondons pas les deux. Le jonc n’est pas un fétiche qui protégera les époux ou qui en prendra soin automatiquement. En même temps, ne séparons pas le signe de la chose signifiée. Le jonc est un gage de tout ce que l’époux et l’épouse veulent donner l’un à l’autre. Cet amour ne se trouve que dans une relation personnelle avec son mari ou sa femme. Il en est de même du baptême. Le Seigneur Jésus ne nous donne pas son amour et sa grâce dans le baptême. Il donne sa grâce à ceux qui sont intimement liés à lui par la foi et dans l’amour. Le baptême est un rappel constant et un gage merveilleux de l’amour de Jésus-Christ pour son Église.
Pour beaucoup d’évangéliques, le baptême serait plutôt un acte par lequel le croyant témoigne de son adhésion à la foi chrétienne. Pour reprendre l’analogie des anneaux, la réception du signe serait un moyen pour la mariée d’exprimer symboliquement qu’elle a expérimenté l’amour de son époux. Pour nous, le baptême est au contraire un acte par lequel Dieu témoigne de sa promesse envers nous. C’est Jésus-Christ, l’Époux fidèle et aimant, qui met son signe d’alliance sur nous pour nous représenter et nous confirmer ses promesses de salut, de pardon et de sanctification, valides pour notre vie entière. Il le fait pour nous fortifier et nous aider à croire et à grandir dans son amour. Aussi certainement qu’il nous a donné cet anneau, aussi certainement il nous aime. Aussi certainement que nous avons été baptisés avec de l’eau, aussi certainement nous sommes lavés par le sang du Christ et par son Esprit Saint au moyen de la foi. Il nous a donné ce gage, non comme une prédiction, mais comme une promesse à recevoir par la foi. Ne doutons jamais qu’il nous a fait la promesse de nous pardonner par son sang et de nous donner la vie nouvelle par son Esprit.