Dieu est Dieu
Dieu est Dieu
À en croire les affirmations athées, Dieu ne serait pas. Selon une soi-disant théologie, il serait mort, et à en juger d’après le comportement de certains chrétiens, il serait impuissant… Qu’en est-il au juste? Qui, en dernière analyse, contrôle le cours des événements, depuis les révolutions des astres célestes jusqu’à la naissance des créatures les plus fragiles? Dieu est-il confiné à son ciel? Se laisse-t-il reléguer à l’arrière-plan des activités humaines? Les événements sont-ils le produit d’un hasard aveugle? L’homme serait-il l’ultime responsable de sa vie, c’est-à-dire plus qu’une créature mortelle?
Il est certain que l’iniquité s’accroît de manière vertigineuse, nous arrachant des gémissements de détresse et nous jetant dans un tourbillon d’angoisse.
L’ère qu’on appelle post-chrétienne n’est en réalité qu’anti-chrétienne, comme toutes celles qui l’ont précédée. Si l’on peut parler plus ou moins de chrétienté en ce qui concerne les siècles qui nous ont précédés, il faut admettre en toute lucidité que, même dans nos pays les plus évolués, ces siècles-là ne furent jamais complètement christianisés.
Aussi à l’heure actuelle, Dieu, l’Église et la foi sont considérés comme des résidus d’une mentalité archaïque, cela au moment même où la confusion et le chaos dominent universellement. Les mots « liberté » et « démocratie », qui depuis plus d’un siècle avaient suscité tant d’espoirs et dont on attendait tant de bienfaits, sont devenus des mots vides de sens, voire la cause de nouveaux cauchemars.
La condition du monde est telle que les convictions classiques en la toute-puissance de Dieu sont ébranlées et qu’un mystère opaque plane au-dessus de toutes choses.
Analysons un peu dans les grandes lignes la situation présente, non pas pour répéter des rengaines journalistiques ou réciter certaines des litanies contemporaines, mais en vue de tourner, au sein même de notre angoisse, nos regards vers celui qui demeure dans les cieux et sur la terre, en dépit de nos doutes et de nos méfiances, le Dieu tout-puissant.
La société moderne se trouve dans une agitation qui rappelle les vagues déchaînées d’un océan furibond. Outre les calamités naturelles telles que sécheresse, séismes, inondations ou tornades dévastatrices sévit un carnage perpétré par les hommes dans des guerres où les armes utilisées, qui ont atteint une rare perfection meurtrière, anéantissent des milliers et des milliers de vies, tant civiles que militaires.
Il n’existe aucune partie de la planète qui soit épargnée par ces holocaustes annihilateurs.
Les découvertes scientifiques, conçues en vue du bien-être matériel de l’humanité, sont devenues des machines de mort et des outils de mensonge, quand ce n’est de propagande avilissante au service d’idéologies perverses.
Dans certains pays, des millions de sous-alimentés meurent peu à peu de famine endémique, et dans les pays où la disette n’existe pas, les populations vivent avec plus de quatre mille tonnes d’explosifs par habitant comme une terrifiante épée de Damoclès suspendue sur leur tête jour après jour, année après année.
La conquête de l’espace est réduite, elle aussi, à une méthode d’asservissement au service de l’espionnage international, et cet espace devient l’écluse d’où peut pleuvoir, d’un instant à l’autre, un feu mortel dévorant nos cités et nos campagnes.
Simultanément, l’accroissement de la violence, de l’insécurité, de la brutalité, du crime sous toutes ses formes et de la déprédation de tout ce qui est sacré — aussi bien au sein de nos communautés urbaines qu’ailleurs — semble aller de pair avec l’envahissement de la superstition, l’accroissement de comportements irrationnels, la dégénérescence morale et un matérialisme grossier et vulgaire. On ne peut plus douter que notre monde n’est décidément pas le meilleur des mondes…
La scène planétaire est entièrement plongée dans une obscurité qui n’est pas le fait d’une panne instantanée. Ainsi, nous sommes obligés de nous poser, même au milieu de nos doutes et de nos craintes, la sempiternelle question : Où est Dieu? Exerce-t-il son pouvoir?
Avant même de répondre à ces questions qui sont les seules questions essentielles que puissent se poser nos esprits limités, nous devons tenir compte de deux points d’une extrême importance : Il convient de ne pas juger la toute-puissance divine selon les apparences. Il ne faut pas accabler Dieu pour la situation que nous venons de décrire. Certes, partout où se tournent nos regards, nous voyons les nations et les individus se comporter avec une perverse folie. Est-ce que, pour autant, Dieu en est directement responsable? Ou aurait-il abdiqué son pouvoir? Serait-il disposé à nous abandonner à notre sort? Absolument pas.
C’est l’homme, et l’homme seul, qui est responsable du chaos dans lequel il est plongé. Génération après génération, il a écouté les suggestions du grand Malin et s’est laissé séduire par ses tentations. Or, le Malin n’est autre que le père de tout mensonge et le diviseur par excellence. Il est l’Adversaire, notre plus ancien et redoutable ennemi. En voulant supprimer la vérité sur Dieu, l’homme n’a réussi qu’à supprimer la vérité sur sa propre personne. Car nier le Dieu Créateur revient à nier, voire à annihiler l’homme, sa créature.
Refuser la toute-puissance divine signifie renoncer à donner un sens à notre existence humaine. S’opposer à la dépendance vis-à-vis de Dieu, source de la vie, c’est nous couper définitivement de toute source de vie. Dans sa folie, sa méchanceté et son ingratitude coupable, l’homme s’aliène de l’origine de sa vie. D’où ses multiples perditions : aliénation de Dieu, aliénation et hostilité vis-à-vis d’autrui, inimitié mortelle dans son propre être. Car comment peut-on échanger la vérité contre le mensonge et ne pas en pâtir mortellement? Comment ne serait-on pas victime du mal, lorsqu’on a consenti à être la dupe du Malin?
Aussi le diagnostic véritable et la réponse correcte nous seront donnés par ce livre appelé la Bible, dont la lumière est la seule qui puisse éclairer nos intelligences et dissiper nos obscurités.
Ce diagnostic nous invite tout d’abord à vivre par la foi seule et non par la vue. Il nous engage surtout à nous conformer à ses mesures, à nous placer sous ses normes, à refaçonner toute notre existence — pensée, discours et actes — d’après le modèle original. Elle est la seule qui nous annonce et nous décrit, sans aucune erreur possible, la nature véritable de notre mal et de notre situation de misère et qui y apporte remède. Car elle est la Parole de Dieu, et c’est dans la lumière de Dieu que nous pouvons être éclairés. Nulle part ailleurs.
Dieu est actif, affirme cette Bible chrétienne, Ancien et Nouveau Testament. Actif et tout-puissant en dépit du silence d’un certain nombre d’Églises modernes et de leurs porte-parlottes théologiens qui cherchent à rétrécir et à réduire Dieu pour le ramener à leurs propres dimensions de nains.
Mais Dieu demeure l’auteur d’une action efficace, car par définition Dieu est éternel et Créateur. Il exerce une souveraineté totale et absolue. Il est impossible de le détrôner ou de le réduire à nos dimensions de finitude. Un Dieu non souverain serait la plus insupportable des contradictions. C’est le Dieu du Dr Rieux de La Peste, caricature infraprophétique… Rappelons-nous à cet égard que n’est pas prophète qui veut et qu’Albert Camus ne le fut pas malgré ses bonnes intentions et la qualité de ses écrits. Le seul prophétisme digne de ce nom est celui qui nous parvient à travers les pages bibliques ou qui s’en inspire. Tout le reste n’est que prophétie de malheur, et rien de plus.
Trois domaines principaux constituent le champ où s’exerce la toute-puissance divine.
D’abord la création : La Bible rend un témoignage éloquent et émouvant à l’action créatrice de Dieu.
« Que tes œuvres sont en grand nombre, ô Seigneur! Tu les as faites toutes avec sagesse. La terre est remplie de ce que tu possèdes. […] Tous les animaux mettent leur espoir en toi pour que tu leur donnes la nourriture en leur temps » (Ps 104.24,27).
Non seulement Dieu donna naissance à l’univers, mais encore il le soutient jour après jour… Sa providence n’est pas une façon statique de regarder le monde à la manière de ces minables démiurges de la mythologie grecque, mais elle est un acte souverain. Dieu œuvre depuis le commencement, car il serait insensé et inconcevable qu’il demeurât inactif, ne serait-ce qu’un seul instant.
La rédemption de l’humanité est l’autre champ de son activité, celui où il intervint de manière encore plus directe et visible. Dieu avait décidé l’incarnation de son Fils; sa naissance, sa passion, sa mort et sa résurrection furent l’exécution et l’accomplissement de ses desseins éternels.
À côté de cette rédemption en vue du salut des hommes, toutes les révolutions et toutes les violences, toutes les libérations et toutes les théologies au goût du jour ne sont que futilité et fumée, pétarades sans conséquence où aux conséquences tragiques, parce que s’engouffrant dans la perdition.
Jésus a dit : « Le Fils de l’homme est venu […] pour donner sa vie en rançon pour beaucoup » (Mc 10.45). Saint Paul explique de son côté : « Dieu est riche en miséricorde et à cause du grand amour dont il nous a aimés, il nous a rendus à la vie avec Christ » (Ép 2.4-5). Certes, les apparences semblaient, ici surtout, contraires à la toute-puissance divine. Car ce Jésus-Christ, que les chrétiens reconnaissent et confessent comme le Fils incarné de Dieu, fut arrêté et exécuté comme un vil criminel. On pourrait porter un jugement complètement erroné sur la toute-puissance de Dieu en présence de l’abandon de Jésus par ses amis, de la trahison par l’un des siens ou du reniement lamentable de la part de l’un de ses intimes. Mais au sein même de cette innommable vilenie que fut la mise à mort de l’innocent par excellence, Dieu était à l’œuvre. La mort du Christ constituait précisément le but même de l’œuvre divine : « Dieu était en Jésus-Christ réconciliant le monde avec lui-même. […] Celui qui ne connaissait le péché, il l’a fait péché en vue de notre libération totale et réelle » (2 Co 5.19,21).
Enfin, le dernier champ d’intervention de la toute-puissance divine est celui que nous nommons le jugement dernier.
Une telle affirmation n’a jamais manqué de susciter soit le scepticisme, soit des sarcasmes. L’espérance eschatologique des chrétiens et le châtiment qui attend les iniques sont très souvent l’objet de ricanements, parfois même de la part de certains chrétiens. Les attitudes n’ont pas varié à cet égard depuis les origines de la foi chrétienne. Qu’importe, nous avons décidé d’écouter une fors pour toutes l’Écriture sainte, seule source de foi et seule norme de croyance.
Elle nous annonce, pour nous rassurer et pour nous consoler, que le jugement dernier aura lieu pour condamner toute iniquité et pour anéantir tous les « ouvriers d’iniquité », selon les propres paroles de Jésus. Car sans ce jugement ultime, notre vie ainsi que toute l’histoire de l’humanité n’auraient aucun sens. L’idée même de la justice est tissée dans l’ensemble de la texture sociale. Ôtez-la et vous n’aurez que la justification de tous les crimes, de toutes les injustices et de toutes les brutalités. N’est-ce pas d’ailleurs la répudiation de cet article fondamental de la foi et de l’espérance chrétiennes qui nous offre actuellement, plus que dans le passé, des conceptions de la justice complètement dévoyées, soumises aux idéologies et aux modes du jour, qui vont de la cruauté la plus inhumaine jusqu’au sentimentalisme le plus ramolli…
Que de chrétiens — plus au fait de ces modes que des doctrines bibliques — sont tombés dans ce dernier piège! Ils ont confondu l’amour de Dieu avec un sentimentalisme qui n’a rien de biblique; ils se sont voulus plus justes que Dieu et ses lois, plus miséricordieux que le Christ et que ses apôtres et disciples de la première heure…
Notre société fait les frais, depuis un certain nombre d’années, de cette indulgence tous azimuts pour le crime. Un certain nombre de professionnels de la justice, depuis les préposés à l’ordre public, en passant par les avocaillons marrons jusqu’à ceux qui occupent les plus hautes fonctions, semblent se serrer les coudes pour créer des conditions favorables au désordre et à l’insécurité, déculpabilisant les délinquants tout en laissant souffrir doublement les victimes sans défense, notamment personnes âgées, femmes et enfants.
En ce qui concerne certains « ordres », ceux qui n’ont pas eu à les subir directement peuvent avoir facilement accès à une abondante littérature, car les témoignages écrits abondent sur les États de type totalitaire. Personne n’a le droit de « ne pas savoir ». Mais même si les idées perverses de la justice peuvent triompher un temps, qu’il soit le temps d’une idéologie au pouvoir, le temps d’un ministère ou de plusieurs ministères, d’un ou de plusieurs mandats présidentiels, il n’existe et il n’existera qu’une seule idée de la justice qui soit vraie : celle qui s’étend de l’éternité jusqu’à la fin de l’histoire. C’est elle qui sera un jour exécutée sans que personne puisse rien y changer.
Telle est ma conviction, partagée par vingt siècles de générations chrétiennes. Et, même actuellement, je suis loin d’être le dernier des Mohicans! Nous sommes très, très nombreux à partager ces convictions et nous ne cesserons de les proclamer devant nos États et nos gouvernements, devant les professionnels d’une injustice officialisée et de pouvoirs publics sans aucune véritable autorité.
Je vous le dis : Depuis des injustices telles que des génocides jamais reconnus, comme celui du peuple d’Arménie ou ceux des peuples vietnamien, cambodgien, balte, et combien d’autres, jusqu’au mal et à l’injustice subie par des particuliers sans défense, chaque crime, chaque injustice, chaque génocide, chaque goulag, verront un jour leur juste et définitif dénouement. Aucun crime ne restera sans châtiment. C’est Dieu lui-même qui l’affirme, et il n’a jamais, lui, manqué à sa Parole.
Même nos propres tricheries ne seront pas épargnées. Jésus est le Juge universel, et malheur à celui qui aura décrété blanc ce qui est noir et noir ce qui est blanc! Chaque être devra reconnaître le suprême pouvoir du souverain Juge.
Il me suffit d’entendre saint Paul déclarer devant le prestigieux Aréopage des Athéniens sur la colline de Mars : « Il a fixé un jour où il va juger le monde selon sa justice par celui qu’il a désigné » (c’est-à-dire Jésus-Christ, Ac 17.31).
Ce jugement universel sera l’acte final de Dieu et le terme de ses interventions au cours de notre histoire souillée de sang. Il jugera et purifiera toutes choses afin de créer une terre nouvelle et d’établir de nouveaux cieux.
Quant aux chrétiens, leur foi sera encore éprouvée ici et maintenant. Mais qu’ils vivent dans la paix intérieure et dans la sérénité! Qu’ils prient, espèrent et témoignent de la puissance souveraine de leur Seigneur et Sauveur, car il ne saurait tarder. Il « vient bientôt » établir le Royaume de justice et de paix.
Dieu est Dieu, mes amis. Il est un Dieu souverain. Que nos interrogations et notre quête de vérité ne commencent pas au bas de l’échelle, du côté de l’homme. Cessons de nous préoccuper exclusivement des phénomènes sociaux et des statistiques sur la criminalité; regardons vers celui qui, tout-puissant, sauve et protège, juge et fait disparaître jusqu’aux moindres traces du mal. Dieu tient entre ses mains toutes choses. Il est amour et justice, et il veut notre bien.
« C’est de lui, par lui et pour lui que sont toutes choses » (Rm 11.36).