Ecclésiaste 4 - Deux valent mieux qu’un
Ecclésiaste 4 - Deux valent mieux qu’un
« J’ai vu, d’autre part, toutes les oppressions qui se commettent sous le soleil : Voici les larmes des opprimés, et personne pour les consoler! La force est du côté de leurs oppresseurs, et personne pour les consoler! Moi, je déclare les morts plus heureux d’être déjà morts que les vivants d’être encore vivants, mais mieux encore que les uns et les autres celui qui n’a pas encore existé et qui n’a pas vu l’œuvre mauvaise qui se fait sous le soleil. J’ai vu que toute peine et que tout succès d’une œuvre ne sont que jalousie de l’homme à l’égard de son prochain. Cela est encore vanité et poursuite du vent. L’insensé se croise les bras, et mange sa propre chair. Mieux vaut le creux de la main plein de repos que deux poignées de peine et de poursuite du vent. J’ai vu encore une autre vanité sous le soleil. Voilà un homme seul sans personne d’autre, il n’a ni fils ni frère, et pourtant son travail n’a point de fin. Même ses yeux ne sont jamais rassasiés de richesses. Pour qui donc est-ce que je travaille et prive mon âme de bonheur? C’est encore là une vanité et un souci malsain. Deux valent mieux qu’un, parce qu’ils ont un bon salaire de leur peine. Car s’ils tombent, l’un relève son compagnon; mais malheur à celui qui est seul et qui tombe, sans avoir un second pour le relever! De même, si l’on se couche à deux, on a chaud; mais celui qui est seul, comment se réchauffera-t-il? Si quelqu’un maîtrise un homme seul, deux peuvent lui résister, la corde à trois brins ne se rompt pas vite. »
Ecclésiaste 4.1-12
Chers [mariés], chers parents et amis, chers frères et sœurs en Jésus-Christ,
Ceux qui, parmi nous, ont des talents artistiques connaissent la technique du clair-obscur. Rembrandt, le fameux peintre hollandais du 17e siècle, a souvent utilisé cette technique. Sur la plupart de ses toiles, il utilise des jeux d’ombre et de lumière pour mettre en relief la scène qu’il dépeint. La partie sombre occupe beaucoup d’espace, tandis que le rayon de lumière met en évidence un objet, un geste, l’expression d’un visage. Le jeu des contrastes attire immanquablement le regard vers la partie lumineuse qui donne un sens au reste de la toile pourtant très sombre.
Notre ami l’Ecclésiaste raffole de cette technique du clair-obscur. Observateur attentif de la société de son époque, l’Ecclésiaste nous livre ses réflexions sous forme d’un tableau littéraire très sombre. « Vanité des vanités, tout est vanité », dit-il. L’existence est une accumulation de « poursuites du vent » qui ne mènent à rien. Et pourtant, à mesure que nous progressons dans son livre, de beaux rayons de lumière jaillissent à des endroits précis. Le regard est attiré par une clarté qui fait contraste et qui donne espoir. Voyez notre texte. Vous avez sans doute remarqué le côté sombre, mais aussi le rayon de lumière au verset 9 : « Deux valent mieux qu’un… » Parole de sagesse prononcée il y a 3000 ans, parole d’actualité pour nous aujourd’hui. Oui, « deux valent mieux qu’un »! C’est ce que nos deux mariés ont conclu, puisqu’ils demandent la bénédiction de Dieu sur leur mariage. Ils ont cette belle espérance qu’au milieu de ce monde obscur, vivre à deux vaut mieux que vivre seul. Regardons tour à tour les parties claires et obscures du tableau, pour mieux voir le relief.
Deux valent mieux qu’un. Pour quelle raison? L’Ecclésiaste donne trois raisons qui se résument en trois mots :
1. L’entraide⤒🔗
Oui, à deux, on s’entraide. Par exemple, au travail, on est plus productif, on est plus efficace. « Deux valent mieux qu’un parce qu’ils ont un bon salaire de leur peine » (Ec 4.9). Pas très romantique, me direz-vous! C’est vrai! Je vous rappelle que l’Ecclésiaste, ici, ne parle pas spécifiquement du mariage. Il parle du compagnonnage, ce qui inclut l’amitié, le partenariat, le groupe de soutien, la vie en Église, et bien sûr le mariage, qui est une forme privilégiée d’amitié et de partenariat. Deux valent mieux qu’un parce qu’à deux, à travailler ensemble, on produit plus que le double. Vous en avez sûrement déjà fait l’expérience. Un projet culinaire, un chantier de construction, un service en Église. En équipe, on s’encourage, on s’entraide, on se complète mutuellement, et alors on est plus efficace.
L’Ecclésiaste donne un exemple au verset 10 : « Car s’ils tombent, l’un relève son compagnon; mais malheur à celui qui est seul et qui tombe, sans avoir un second pour le relever! » À l’époque, c’était dangereux de voyager. Les routes étaient cahoteuses, parfois montagneuses avec des ravins. Le voyageur qui s’aventurait seul et qui tombait dans un trou était mal pris. À deux, l’un relève son compagnon. On s’entraide sur la route.
Dieu nous a créés pour vivre en compagnie d’autres personnes. Dieu n’a pas fait alliance avec des individus isolés les uns des autres. Il a fait alliance avec un peuple. Il nous appelle à vivre en communion ensemble dans son Église. Nous mettons ensemble nos talents variés au service de Dieu et des autres. Nous sommes faits pour nous entraider.
Au commencement, Dieu a dit qu’il n’était pas bon que l’homme soit seul (Gn 2.18). Alors, il a donné à l’homme une femme pour l’aider. L’homme n’était pas capable d’accomplir seul la grande mission que Dieu lui avait confiée. Les deux ont reçu de leur Créateur un projet commun à développer, un travail à réaliser ensemble pour la gloire de Dieu et le bien de leur prochain. Dieu a fait le mari et l’épouse pour être complémentaires.
[Aux mariés], vous êtes des partenaires de vie, des partenaires de travail, des partenaires de voyage. Dieu vous met ensemble sur la même route pour bâtir ensemble un foyer à sa gloire et pour servir ensemble dans son Église. Vous aurez besoin de connaître vos forces et vos faiblesses, et surtout de vous compléter mutuellement.
Si l’homme avait besoin d’une aide avant la chute, il en a encore plus besoin après l’entrée du péché. Nous vivons dans un environnement difficile avec de nombreux dangers spirituels. Nous sommes facilement portés à tomber. Quand l’un tombe, quand l’un agit mal ou a une mauvaise attitude, l’autre n’est pas là pour l’accuser ou le rabaisser, l’autre est là pour aider son compagnon, sa compagne à se relever, avec la force de Dieu, afin de continuer à marcher ensemble avec Dieu.
Petit regard sur la zone obscure. L’Ecclésiaste dit au verset 4 : « J’ai vu que toute peine et que tout succès d’une œuvre ne sont que jalousie de l’homme à l’égard de son prochain. Cela encore est vanité et poursuite du vent. » Est-ce là un exemple d’entraide? Pas du tout! L’Ecclésiaste déplore le travail motivé par la jalousie. On regarde son voisin, on veut posséder ce qu’il possède, on travaille et travaille sans relâche pour le dépasser, on en veut toujours plus.
« J’ai vu encore une autre vanité sous le soleil. Voilà un homme seul sans personne d’autre, il n’a ni fils ni frère, et pourtant son travail n’a point de fin : même ses yeux ne sont jamais rassasiés de richesses » (Ec 4.7-8).
L’Ecclésiaste voit-il des partenaires qui s’entraident? Non! Il voit un homme seul, un égoïste qui travaille pour lui-même, pour son propre avancement. Il n’a personne d’autre que lui dans la vie, ni fils ni frère. Quelle triste histoire! Peut-être qu’il est marié, peut-être même il a une famille quelque part oublié dans un coin, mais il n’a aucun temps à leur consacrer. Il est totalement absorbé par son travail, du matin au soir. Impossible de se faire des amis, encore moins de prendre soin d’une épouse et des enfants. Parfois, cet homme a un brin de lucidité. Il se pose la question : « Pour qui donc est-ce que je travaille et prive mon âme de bonheur? » (Ec 4.8). Mais vite il enterre la question et se replonge à corps perdu dans son travail.
Ce vieux texte n’est-il pas d’actualité? La compétitivité est tellement féroce. Souvent, les employeurs ont tellement peu de considération pour la vie de couple et pour la famille. Les employés qui ne font pas attention sont entraînés dans un tourbillon qui devient un esclavage.
Tout de même, certaines personnes, par réaction, résistent à ce tourbillon et refusent d’être des bourreaux de travail. « L’insensé se croise les bras, et mange sa propre chair » (Ec 4.5). On appelle ça des paresseux. Sauf que la paresse n’est pas la solution! Les paresseux sont des insensés, ils finissent par n’avoir plus rien d’autre à manger que se manger eux-mêmes!
Mais regardez le beau rayon de lumière qui jaillit de la zone obscure. « Mieux vaut le creux de la main plein de repos que deux poignées de peine et de poursuite du vent » (Ec 4.6). Qu’est-ce que cela veut dire? Il s’agit du contentement. « Deux valent mieux qu’un », parce qu’on est plus productif à deux. En même temps, une seule main pleine de repos vaut mieux que deux mains remplies de dur labeur et de futilité. Il n’y a pas que la productivité, il n’y a pas que la fatigue du travail, il y a aussi le repos. Et pour trouver le repos, il faut apprendre à se contenter de ce que Dieu nous donne.
[Aux mariés], un défi que vous aurez dans cette société sera de trouver pour votre foyer l’équilibre entre le travail et le repos, comme c’est le cas de pratiquement tous les couples que je connais. Vous aurez besoin de sagesse, la sagesse qui vient de Dieu, pour trouver cet équilibre. Vous aurez besoin d’apprendre à vous entraider, à vous compléter, pour être productifs à la gloire de Dieu. Vous aurez aussi besoin d’apprendre à vous contenter de ce que Dieu vous donnera pour être capables de vous reposer.
« Deux valent mieux qu’un. » Deuxième raison :
2. Le réconfort←⤒🔗
À deux, on se réconforte. Revenons à la zone claire. « De même, si l’on se couche à deux, on a chaud; mais celui qui est seul, comment se réchauffera-t-il? » (Ec 4.11). Je vous rappelle que l’Ecclésiaste ne parle pas spécifiquement du mariage ni de la sexualité. Si le sujet vous intéresse, je vous invite à lire le Cantique des cantiques. Un beau livre sensuel de la Bible! Ici, l’Ecclésiaste parle des bienfaits du compagnonnage. Notre voyageur traverse un désert au Moyen-Orient. Le jour, il fait chaud; la nuit, il fait froid. S’il voyage seul et qu’il doit dormir la nuit dans le désert, il va geler. Si des compagnons voyagent à deux, ensemble ils pourront se réchauffer.
Et bien sûr, le mari et l’épouse, qui sont les meilleurs amis au monde, pourront dormir la nuit ensemble, se réchauffer, se blottir l’un contre l’autre, se réconforter mutuellement. Ah! Oui, c’est bon!
Et nous avons tous besoin d’une autre sorte de chaleur. Vous connaissez l’expression « être une personne chaleureuse ». C’est attirant d’aller vers une personne chaleureuse. Une telle personne, jeune ou vieille, rayonne d’empathie, elle a une bonne écoute, elle est compatissante. Voilà ce que Dieu nous appelle à être pour les autres. Voilà ce que Dieu vous appelle à être l’un pour l’autre. Nous en avons besoin dans ce monde rempli de froideur.
Voyez la zone obscure, les horreurs observées par l’Ecclésiaste.
« J’ai vu, d’autre part, toutes les oppressions qui se commettent sous le soleil : Voici les larmes des opprimés, et personne pour les consoler! La force est du côté de leurs oppresseurs, et personne pour les consoler! » (Ec 4.1).
Des oppresseurs et des opprimés, des agresseurs et des victimes, ça existe encore. Ça existe au loin, très nombreux, dans tant de pays. Étudiez par exemple les 25 dernières années de l’histoire du Congo. C’est incroyable comme les hommes peuvent être méchants les uns envers les autres! Ça existe proche de nous, parfois chez des couples et des familles qu’on ne soupçonnerait même pas. Vous en connaissez sûrement. Peut-être vous en faites partie. La vie à deux, la vie en famille, la vie en groupe, en société, en Église, n’est pas ce qu’elle devrait être. Dieu nous fait le cadeau de la vie sociale, mais nous avons cette propension à détruire ses dons les plus beaux. Et personne pour consoler ceux qui pleurent! Quel contraste avec ces deux voyageurs, par nuit froide, qui se collent pour se réchauffer! Quel contraste avec des personnes chaleureuses qui font rayonner leur chaleur compatissante autour d’elles! Nous prions que, par la grâce de Dieu, vous soyez l’un pour l’autre source de chaleur, de réconfort, de consolation. Nous prions que votre couple, ensemble, soit source de chaleur et de consolation pour d’autres autour de vous qui en ont besoin. Que jamais l’on ne puisse dire dans l’entourage des chrétiens : « Personne pour consoler! »
« Deux valent mieux qu’un. » Troisième raison :
3. La protection←⤒🔗
À deux, on se protège. Revenons à la zone claire, avec ses beaux rayons de lumière. « Si quelqu’un maîtrise un homme seul, deux peuvent lui résister » (Ec 4.12). Les voyageurs devaient faire attention aux ravins, aux nuits froides, mais aussi aux brigands prêts à les attaquer. À deux, on est plus fort. Face aux agresseurs, on peut mieux se défendre. À trois, c’est encore mieux. « La corde à trois brins ne se rompt pas vite » (Ec 4.12). En Église, c’est encore mieux. Dans ce monde rempli de dangers, des forces du mal sont puissamment à l’œuvre pour nous détruire, et ce mal se loge même à l’intérieur de nous. Nous avons besoin d’amitiés solides pour être forts et savoir résister au mal et vaincre le mal par le bien. À deux, en couple, nous additionnons nos péchés, c’est vrai. Parfois même, nous les multiplions! Seul, il est plus simple de gérer ses propres fautes. À deux, il faut gérer aussi les fautes de l’autre. Il faut savoir pardonner, il faut savoir encourager vers le bien. C’est plus compliqué. En même temps, Dieu unit l’homme et la femme pour qu’ils puissent mutuellement se protéger des attaques du diable et s’encourager à bien faire au service de Dieu.
Oui, deux valent mieux qu’un. Mais il y a une condition! Vous avez vu comment l’Ecclésiaste décrit la zone obscure? Toute la vanité qu’il observe dans ce monde se déroule « sous le soleil ». N’est-ce pas ironique? Le soleil a beau briller de tous ses feux dans le ciel, sur la terre, la réalité demeure très sombre. Comment espérer voir ce rayon de lumière que nous attendons? Comment espérer que deux vaudront réellement mieux qu’un? Comment éviter que les deux deviennent jaloux l’un de l’autre? Comment empêcher qu’ils deviennent froids l’un envers l’autre, égoïstes ou même agresseurs? Comment la vie à deux permettra-t-elle de nous entraider, de nous réconforter, de nous protéger? D’où le rayon de lumière viendra-t-il?
Il ne peut pas venir de nos cœurs pécheurs. Oublions ça tout de suite. L’Ecclésiaste est très lucide. Il a bien remarqué l’obscurité qui se loge dans nos cœurs, la jalousie, l’égoïsme, la froideur, l’agressivité. Le rayon de lumière doit venir d’au-delà du soleil. « Dieu est au ciel et toi sur la terre », lisons-nous au chapitre suivant (Ec 5.1). Vérité simple et profonde toujours vraie pour notre temps! Nous ne sommes pas Dieu, nous ne possédons pas en nous d’étincelle de divinité qui serait prête à briller. Non! « Dieu est au ciel et toi sur la terre ». Et à partir du ciel, Dieu nous parle sur terre. Nous ferons bien d’écouter! À partir du ciel, Dieu a envoyé son propre Fils sur la terre pour partager notre condition humaine.
Jésus a vécu en société avec les hommes. Il a subi l’égoïsme, la jalousie, la froideur et l’oppression des autres. Il en a souffert jusqu’à la croix. C’est alors qu’il a été puni par son Père à notre place, pour porter nos péchés d’égoïsme, d’orgueil, de jalousie, de froideur, de dureté. Jésus-Christ a vaincu toute cette vanité. Il est ressuscité des morts. Il est vivant, victorieux. Il est remonté au ciel pour nous envoyer son Esprit Saint dans nos cœurs, pour que sa lumière commence à nous réchauffer, à nous transformer, à nous rendre semblables à lui. Jésus-Christ est notre meilleur Ami, celui qui nous apporte son aide. Il nous relève quand nous tombons. Il a compassion. Il nous console des plus grandes afflictions. Il nous protège des pires dangers. « Vous êtes mes amis, dit-il, si vous faites ce que je vous commande » (Jn 15.14).
[Aux mariés], voici l’Ami dont vous aurez besoin tout au long de votre voyage. Pour que vous soyez les meilleurs amis l’un pour l’autre, pour que vous soyez capables de vous entraider, de vous réconforter, de vous protéger mutuellement, vous aurez besoin de la lumière du Christ. Cette lumière descend du ciel et vient jusqu’à nous par sa bonne Parole et par son Esprit Saint. Nous recevons cette lumière par la foi, gratuitement. Elle nous fait briller de joie. Les zones obscures continueront d’exister autour de vous et partiellement en vous. Mais sa lumière est plus puissante. Son amitié est plus forte que tout. Si vous recevez sa lumière chaque jour, votre amitié sera solidement soudée, comme une corde à trois brins, inusable. Le plus grand Ami qu’on peut trouver, c’est Jésus-Christ. Amen.