Introduction à la première épître aux Corinthiens
Introduction à la première épître aux Corinthiens
- La ville de Corinthe
- Fondation de l’Église
- Auteur
- Circonstances et date de composition
- Message
- Analyse du contenu
1. La ville de Corinthe⤒🔗
Sous l’occupation romaine, Corinthe était, à plusieurs égards, la ville la plus importante de toute la Grèce. Alors qu’Athènes ne constituait que le centre de la pensée et des activités intellectuelles, siège d’une célèbre université, Corinthe, elle, était devenue le siège du gouvernement de l’occupant, centre à la fois gouvernemental et commercial, ville très active et foyer du développement économique de l’ensemble du pays.
Corinthe était bâtie sur l’étroit isthme reliant l’Achaïe au Péloponnèse, et possédait deux ports : le Lechaeum du côté ouest, servant l’Adriatique et l’Italie, et Cenchrée (Ac 18.18 et Rm 16.1), situé sur le côté est et desservant la mer Égée et l’Asie.
Quoique située à l’intérieur de la presqu’île, elle jouissait de tous les avantages d’un important port maritime, occupant une position centrale sur la voie des communications entre Rome et l’Orient. Des petits navires traversaient le détroit par une voie de navigation soigneusement préparée pour éviter le voyage autour du cap du Péloponnèse; les voyageurs en provenance de l’Italie et se rendant à l’est débarquaient à Lechaeum pour s’embarquer à nouveau à Cenchrées. Importante plaque tournante, des marchands et des officiels s’y côtoyaient constamment. Sa population était composée de Grecs et de Romains, mais également de juifs et d’Orientaux. Les marchands et les marins étaient les plus nombreux à la traverser, y amenant des éléments de civilisation et de leur culture religieuse ainsi que nombre de coutumes et traditions locales.
Au temps de saint Paul, Corinthe était une colonie romaine. Deux siècles plus tôt, la ville grecque, bâtie sur le même emplacement, avait était détruite par les envahisseurs et conquérants romains. Après avoir durant plus d’un siècle subsisté comme un amoncellement de ruines ou presque, Jules César, vers l’an 46 avant J.-C., avait entrepris de la reconstruire et lui redonner son ancienne prospérité.
Outre son importance commerciale, Corinthe jouissait également de la réputation mondiale de centre de Jeux isthmiques, ce qui ne manquait pas de lui attirer un grand nombre d’athlètes et d’amateurs de sport. Sa plus grande notoriété était cependant due au Temple d’Aphrodite ou Vénus, dont le culte exigeait le sacrifice de la virginité des jeunes filles, qui la servaient en qualité de « prostituées sacrées » (hiérodules). Les habitants étaient connus à l’époque pour leurs mœurs dissolues. À l’actif de la ville, on pourrait également rappeler la présence de factions adverses; les Corinthiens étaient toujours prêts à débattre des questions philosophiques et morales et à trancher au sujet des compétences ou des insuffisances de leurs orateurs et « professeurs ». Cet état de choses jette une vive lumière sur les conditions de vie dans cette ville aux mœurs relâchées. On pouvait aller jusqu’à introduire sur une scène de théâtre un homme en état d’ébriété avancée. « Vivre à la corinthienne » était une expression devenue proverbiale pour signaler un degré de dégradation morale rarement atteinte ailleurs. À l’époque où Paul y exerce son ministère apostolique, on estime la population de la ville à quelque 200 000 hommes libres et 400 000 esclaves.
2. Fondation de l’Église←⤒🔗
La première visite de Paul à Corinthe eut lieu au cours de son deuxième voyage missionnaire, après son apparent échec à Athènes, sans doute vers l’automne de l’an 50 de notre ère ou peut-être un an ou deux plus tard (les dates ne peuvent être citées qu’avec approximation). Le séjour de l’apôtre y dura 18 mois (Ac 18). À son arrivée, il y rencontra Aquilas et son épouse Priscille, un couple de juifs récemment expulsés de Rome, à la suite du décret de Claude, qui cherchait à mettre un terme à des conflits dus à une dispute entre les juifs de la capitale au sujet d’un certain Chrestus (il n’est pas certain qu’il s’agit de Christ, qui en grec aurait dû s’écrire Christos). C’était un couple d’artisans fabriquant des tentes, comme Paul. L’apôtre se joignit à eux pour travailler et logea chez eux.
Selon ses habitudes (Ac 13.5, 14; 14.1; 17.2), Paul commença par prêcher d’abord dans la synagogue juive, cherchant à convaincre ses compatriotes de la messianité de Jésus. L’arrivée de ses proches collaborateurs Silas et Timothée renforça sa position et l’œuvre commencée ne manqua pas de produire d’heureux effets. Nombre de juifs acceptèrent son message, parmi lesquels un certain Crispus, chef de la synagogue, ainsi que Titius Justus, un prosélyte. La majorité des juifs resta cependant hostile et l’apôtre dut se retirer de leur milieu. Son retrait n’apaisa pas pour autant l’agitation des légalistes juifs attachés à l’ancienne dispensation. Au contraire, les passions s’exacerbant, on traduisit Paul devant Gallion, le gouverneur de la province, l’accusant d’enseigner une fausse religion. Le haut fonctionnaire romain se désintéressa de ce qu’il qualifia de querelle d’opinions sans incidence sur la tranquillité de la ville. Les Grecs approuvèrent la décision du gouverneur et maltraitèrent Sosthène, le nouveau chef de la synagogue. Protégé par la loi civile, Paul put poursuivre sa mission jusqu’au printemps 52, date à laquelle il prit la route pour Éphèse et Jérusalem afin d’y célébrer la Pâque.
Après avoir quitté Éphèse, Apollos, un juif cultivé d’Alexandrie converti récemment à l’Évangile, y arriva et se fit connaître à l’Église. Sa christologie était quelque peu incomplète, mais sous la direction du couple Aquilas qui avait accompagné Paul à Éphèse, il devint un évangéliste à la fois éloquent et efficace. Il désira se rendre à Corinthe et, après un certain temps, des frères d’Éphèse le recommandèrent à l’Église de cette dernière (Ac 18.27; 2 Co 3.1).
À Corinthe, sa prédication remporta un grand succès et ses qualités d’orateur public attirèrent nombre de Corinthiens qui le préférèrent au style plutôt dépouillé de Paul. Il est également probable que l’apôtre Pierre ait rendu visite à la ville, bien qu’il n’existe pas de preuve concluante pour étayer l’hypothèse. Paul le mentionne comme quelqu’un qui est connu à Corinthe (1 Co 9.5).
L’Église, comme la ville, était composée de membres juifs et grecs, appartenant à toutes les classes sociales. (Rappelons-nous que la lettre de Paul aux Romains sera rédigée à partir de Corinthe.) Certains des membres appartenaient à des classes aisées, d’autres provenaient plutôt des couches populaires. Il est certain qu’il n’existait pas dans l’Église d’élite intellectuelle, ou de gens exerçant une haute autorité, ni de membres de la noblesse locale. La majorité, de condition modeste, devait travailler péniblement pour sa subsistance matérielle. Certains convertis d’origine juive attachaient encore de l’importance au rituel de l’Ancien Testament; d’autres se vantaient de leurs vues libérales, plusieurs d’entre eux avaient été arrachés à des mœurs dégradantes et devaient scrupuleusement veiller sur leur conduite.
Pour mieux comprendre la situation à laquelle se réfère la première lettre, il faudrait brièvement s’arrêter sur le phénomène des factions. L’analyse que nous ferons plus loin de son contenu le résumera suffisamment.
3. Auteur←⤒🔗
Il n’a jamais existé de doute sérieux quant à l’authenticité paulinienne de ces deux lettres. Selon Manley, la beauté et la force du caractère de l’apôtre apparaissent tout au long de cette lettre et elle ne laisse subsister aucun doute quant à son ancienneté. On a des preuves externes de celle-ci, avant la fin du premier siècle, dans la lettre aux Corinthiens de Clément de Rome, dans laquelle il est fait mention du nom de l’apôtre. Elle fut très certainement citée ou utilisée par Ignace d’Antioche (110) et Polycarpe de Smyrne (115), et probablement par le Pasteur d’Hermas (120). Les détails de la lettre concordent avec les faits rapportés par le livre des Actes aussi bien sur les conditions particulières de l’Église et de la ville de Corinthe que sur l’enseignement et l’expérience de Paul, ainsi que nous l’apprenons par ses lettres aux Galates et aux Romains.
4. Circonstances et date de composition←⤒🔗
La 1re lettre aux Corinthiens est rédigée à une date où Paul se propose de quitter bientôt Éphèse. C’est sans doute un peu après la Pâque, et l’apôtre pense y rester jusqu’à la Pentecôte. D’après Actes 20.1, il dut quitter précipitamment Éphèse, plus tôt qu’il ne l’avait pensé, à moins que les projets énoncés dans 1 Corinthiens 16.3-8 n’eussent été modifiés entre-temps. Il dut s’écouler peu de temps entre la première aux Corinthiens et le départ de Paul, quelques mois à peine entre la première et la seconde lettre. La première devrait par conséquent dater du printemps 57 (?). Il nous faudrait émettre beaucoup d’hypothèses invérifiables pour la situer au printemps de 55, ou deux ans avant la composition de la seconde.
La première lettre nous parvient dans son intégralité. Durant l’intervalle qui s’étend entre son départ de Corinthe, où il venait de fonder l’Église, et la date de la première lettre, il avait visité les Églises de la Galatie et de la Phrygie, et il s’était rendu à Éphèse. Il y demeura durant plus de deux ans, en y arrivant soit en 53 soit en 54 et la quittant vers 56 ou 57. C’est à Éphèse que des nouvelles alarmantes au sujet de la situation de l’Église corinthienne lui parvinrent. Plusieurs de ses membres régressaient vers l’ancien paganisme. Il rédigea alors une lettre dans laquelle il donnait des instructions précises et exhortait à mener une vie digne de l’Évangile. Dans notre « première lettre » (1 Co 5.9), il se réfère à celle-ci. Mais cette lettre ne fut pas accueillie favorablement par les membres de cette Église. Certains comprenaient mal les instructions reçues, d’autres objectaient que s’il fallait suivre tout à la lettre, il faudrait sortir du monde. D’autres encore lui refusèrent le droit de se mêler de leurs affaires personnelles. Ils lui répondirent par une lettre sur laquelle Paul revient souvent (1 Co 5.10; 7.1; 8.1-10; 10.25; 11.2). Il devenait clair que les Corinthiens n’avaient nulle hâte de résoudre les questions d’immoralité; ils demandaient aussi de plus amples renseignements. Ils lui soumettaient nombre de problèmes en demandant son avis. Cette lettre fut apportée, pense-t-on, par trois membres éminents de l’Église, Stéphanas, Fortunatus et Achaius (1 Co 16.17).
Entre-temps, Paul avait aussi entendu parler des factions sévissant au sein de la communauté. Ces nouvelles lui avaient été rapportées par des membres de la famille de Chloé (1 Co 1.11), une femme bien connue des Corinthiens, sans que nous ayons la certitude qu’elle fut chrétienne.
Toutes ces informations causèrent à l’apôtre beaucoup de peine. Il dépêcha alors Timothée par la route macédonienne (Ac 19.22; 1 Co 4.17) pour leur rappeler l’essentiel de sa conduite et de son ministère. En même temps, il rédigea sa première lettre qu’il envoya peut-être par l’intermédiaire de Tite et d’un autre frère (2 Co 12.18), par une route maritime plus courte, afin qu’elle parvienne avant que le jeune Timothée n’arrive à Corinthe, lettre dans laquelle il le recommandera fortement pour que les chrétiens l’accueillent favorablement (1 Co 16.10).
La lettre commence par des reproches adressés au sujet des divisions et une exhortation à l’unité. Ensuite, Paul donne des réponses circonstanciées aux questions posées par les Corinthiens.
« Le style de la lettre est moins solennel que celui de Romains, mais beaucoup plus direct et davantage personnel. Il reflète l’amour passionné de Paul pour le Christ et pour ceux qu’il nomme ses enfants. On a répété avec raison que les passages où Paul se moque le plus de la philosophie et de la rhétorique grecques sont aussi les plus profonds et les plus éloquents de son épître. Ils ne sont pas le fait d’un rhéteur habile, mais d’un homme de bien qui veut gagner ses correspondants à son Maître, le Christ. La langue est celle d’un juif cultivé de la diaspora, connaissant parfaitement bien les Septante. La densité doctrinale de la lettre et la documentation historique qu’elle apporte sur la communauté de l’Église primitive en font l’une des plus précieuses du corpus paulinien.1 »
5. Message←⤒🔗
On peut reconnaître au contenu et au message de ces deux lettres la même fonction : elles traitent essentiellement de l’union du fidèle avec le Christ. Dans Galates, l’apôtre affirmera : « Je suis crucifié avec le Christ, néanmoins je vis non pas moi, mais Christ en moi » (Ga 2.20). Christ et son apôtre son tellement unis en esprit et dans leur intelligence que la vie même du Christ fait battre la pulsion de Paul. Il s’abandonne à lui d’une manière si complète et se soumet si profondément à l’influence de son esprit qu’il vit, agit, pense et souffre « en Christ ». Le sentiment de son union avec le Christ le soutient dans tous ses efforts et dans toutes ses entreprises, et il désire éprouver la présence de celui-ci dans une mesure toujours plus grande.
Or, ce qu’il a pu réaliser dans sa vie, il cherche à l’inculquer aussi à ses lecteurs et auditeurs. Leur union avec Christ lui semble imparfaite, aussi les qualifie-t-il de nourrissons dans la foi. Bien qu’ils ne s’en rendent pas compte dans leur propre vie spirituelle, il est assuré qu’en réalité Christ habite en eux; il désire qu’ils reçoivent toujours davantage de sa part. À partir de cette pensée dominante — celle de l’union entre le Christ et le chrétien —, l’apôtre parvient à deux conclusions principales : d’une part, la nécessité de l’union avec les frères, d’autre part la pureté de la vie.
Il existe plusieurs points de la foi chrétienne que cette lettre souligne avec force.
L’un des aspects les plus saillants en est le témoignage indépendant qu’il rend aux faits de la vie, de la mort et de la résurrection du Christ. L’apôtre insiste particulièrement sur la crucifixion et la résurrection. La lettre a été rédigée avant les Évangiles, quelque 25 ans après l’ascension, mais elle est en total accord avec les faits rapportés par ces derniers. Nous y apprenons que les sacrements étaient institués et célébrés, mais qu’il y avait du désordre chez les Corinthiens dans l’observation de la Cène. Le Baptême est administré à ceux qui confessent leur foi, et la Cène observée en rompant le pain et en distribuant le vin après un examen de la foi au Christ.
Associé à la Cène, mais la précédant, on pratiquait l’agapè, un repas communautaire pris entre les membres de la communauté. L’agapè aussi témoignait de l’esprit de communion fraternelle. C’est en rapport avec ce repas que des abus sont d’abord apparus.
La foi en Dieu le Père (1 Co 8.6), en Jésus le Seigneur (8.6 et 11.1) et en l’Esprit Saint (12.3) constitue le fondement de la foi nouvelle. Le Crucifié est le grand sujet de la prédication (1.23). Christ a affranchi les hommes. Il est mort à cause de leurs péchés. Il est le parfait exemple qu’ils doivent suivre (11.1), l’objet principal de leur amour (16.22). Sa mort révèle la puissance de Dieu pour le salut de celui qui croit (1.24) et demeure le grand motif de la sainteté (5.7-8). Sa résurrection est le fondement de la foi en la résurrection des morts (15.16), le fondement et le terrain de l’espérance en notre immortalité (15.18), l’assurance aussi de notre pardon.
Le message rend également témoignage à l’idée de l’unité de l’Église (1 Co 1.2; 3.11; 11.18), au pardon accordé par le Christ (15.30), aux grandes affirmations chrétiennes de la résurrection du corps (15) et de la vie éternelle. Étroitement associée à ces vérités se trouve l’idée de la responsabilité chrétienne, le renoncement à soi, l’unité dans l’amour (9.30) et la pureté (3.16-17). La mort du Christ produit dans l’âme des hommes une vie nouvelle par l’Esprit (1.30; 2.2-5; 6.20; 7.23).
Le culte public était célébré d’une façon spontanée. Chacun priait ou chantait dans un discours exalté souvent inintelligible aux auditeurs étrangers (1 Co 14.12-17). On comprend qu’un tel culte, bien que chaleureux et favorisant l’épanouissement des sentiments, donnait néanmoins lieu à des abus, aggravés par les rivalités entre membres de la communauté. On en était arrivé au point de proférer des blasphèmes. L’apôtre impose des règles fixes pour la célébration du culte, selon le principe que tout devra se dérouler dans l’ordre pour la seule gloire de Dieu et pour l’édification de l’Église.
Il ne semble pas qu’à Corinthe il y ait eu un très grand souci d’organisation. Sans doute est-ce la raison qui incite Paul à conseiller de se placer sous la conduite spirituelle de la maison de Stéphanas et des anciens (1 Co 16.15-16).
Le principe de la discipline était bien reconnu dans l’Église, et on savait que le châtiment pour les fautes très graves était une mesure d’excommunication (1 Co 5.3-5; 11). Cependant, des divergences d’opinions prévalaient au sujet de l’exercice pratique de cette discipline. C’est principalement le côté sombre de la vie de l’Église qui nous est décrit dans cette lettre. Les points lumineux n’y manquent cependant pas. Les fidèles font preuve d’une étonnante vitalité. Ils ont reçu des dons (charismes). Ils progressent dans la grâce et la connaissance de Dieu (1.4-9) et, en dépit d’une situation particulièrement préoccupante, l’apôtre peut rendre grâces à Dieu pour les progrès réalisés. Il espère que des choses meilleures se produiront encore.
6. Analyse du contenu←⤒🔗
1. Introduction (1.1-9)
Paul se présente et nomme aussi Sosthène, qui vraisemblablement est son secrétaire. Il loue le Seigneur et lui rend grâces dès le début de sa lettre, car l’Église de Corinthe a été :
- sanctifiée en Christ,
- appelée à devenir sainte,
- enrichie en Christ par une sagesse céleste et des dons spirituels,
- marquée par l’esprit de vigilance relatif au retour du Christ.
2. L’esprit de faction (1.10 à 4.21)
Tandis que dans d’autres lettres l’apôtre commence par une partie doctrinale et conclut par une leçon pratique, il commence celle-ci par des admonestations. La famille de Chloé lui a appris que des factions et des jalousies jettent le trouble dans l’Église.
Il existe quatre parties qui se réclament :
- de Paul
- d’Apollos
- de Pierre
- du Christ, se vantant de ne pas suivre de conducteur humain.
Paul leur reproche ces divisions et les accuse :
- D’avoir du Christ une conception fausse. Christ n’est pas divisé et par conséquent ses disciples ne devraient pas l’être. De même que Christ est un, de même son corps, l’Église, est un.
- D’avoir une opinion erronée de l’Évangile. L’Évangile n’est pas une sagesse humaine que des hommes savants peuvent discuter, mais la puissance de Dieu pour le salut de ceux qui croient.
- D’avoir une conception erronée du ministère. Les ministres du Christ ne sont pas des rivaux, chacun cherchant à gagner le plus grand nombre de partisans, mais des serviteurs et des ouvriers de Dieu. « C’est Dieu qui donne l’accroissement » (1 Co 3.7).
3. Le désordre moral (5.1 à 6.20)
a. Un cas flagrant d’inceste
Un fils vit maritalement avec sa belle-mère et la triste vérité est que l’Église ne prend pas de mesure contre ce couple immoral. Or, la discipline doit être exercée. Le but en est triple :
- maintenir l’honneur de Dieu;
- conserver l’Église pure;
- sauver celui qui commet l’iniquité.
b. Des procès entre chrétiens devant les cours païennes
Un trouble avait éclaté parmi les fidèles — peut-être au sujet des propriétés et leur partage — et les membres de l’Église s’étaient permis d’avoir recours à des tribunaux païens. Selon Paul, cela est intolérable. Il est infiniment préférable que ce soit un autre fidèle de l’Église qui arbitre de tels différends. Il faut éviter de s’adresser à une cour de justice.
c. Des cas de fornication
Certains membres s’associent avec des gens de mauvaise vie. Or, l’immoralité est grave parce qu’elle offense Dieu, car le corps du chrétien est le temple du Saint-Esprit.
4. Questions relatives au mariage (7.1-40)
a. Se marier ou ne pas se marier?
Il est préférable de choisir le célibat, répond l’apôtre (notons cependant qu’à cet endroit il s’agit d’une opinion personnelle de l’apôtre). Le mariage permet d’éviter l’incontinence, et si quelqu’un est marié il doit demeurer fidèle à son conjoint.
b. Groupes particuliers et mariage
Les vierges et les veuves devraient rester de préférence célibataires, quoiqu’il n’y a aucun mal à se marier ou à se remarier.
Les époux doivent vivre ensemble, mais s’ils se séparent pour une raison quelconque, ils ne devront ni divorcer ni se remarier. Paul en parle comme d’un commandement divin. Même le conjoint croyant devra cohabiter avec son conjoint non croyant, à moins que ce dernier l’abandonne. C’est là une tolérance, explique Paul. Notons que ce texte n’offre pas de base et ne garantit pas le mariage entre chrétiens et non-chrétiens. Il convient de garder à l’esprit le fait que, lorsque l’Évangile fut prêché à Corinthe, les conversions avaient lieu sans que certains conjoints suivent leur époux ou épouse. D’où le problème particulier soulevé dans cette lettre.
5. Questions concernant la liberté chrétienne (8.11 à 11.1)
Un problème se présenta au sujet des aliments offerts aux idoles. Si la viande a été consacrée à une idole et ensuite mise en vente à moitié prix dans une boucherie, le chrétien a-t-il le droit de s’en procurer et de la consommer? Si en l’achetant on n’offense et on ne scandalise personne, il est permis de le faire. Ainsi on use de la liberté chrétienne. Mais si un frère plus faible risque d’être scandalisé dans ce cas, il est préférable de s’en abstenir. Il faut renoncer à nos droits, par amour chrétien. La liberté chrétienne n’est pas le souci principal dans l’Église. Il faut s’occuper du bien-être spirituel d’autrui. Si même un sujet inoffensif risque d’offenser une conscience faible, il ne faut pas se permettre une liberté ouvrant la porte au scandale. Au désert, les Israélites abusèrent de leur liberté et ils furent sévèrement punis. Paul en personne a renoncé à beaucoup de choses par motif d’amour envers ses frères.
6. Le désordre dans le culte public (11.2-34)
a. La place illégitime des femmes
Les femmes se dévoilent la tête et, lors du culte, elles se mettent à prêcher et à prier en public comme les hommes. Peut-être pensaient-elles que leur liberté chrétienne leur accordait un tel droit? Paul leur reproche leur audace et leur absence de modestie.
b. La célébration indigne de la sainte Cène
Un repas appelé table ou repas d’amour (agapè) précédait la célébration proprement dite de la Cène. Les aliments et les boissons étaient fournis par les membres de l’Église et du pain et du vin étaient réservés ensuite pour la Cène proprement dite. Les indigents n’étaient pas en mesure d’y contribuer et, par égoïsme ou par esprit sectaire, certains restaient sur leur faim, tandis que d’autres mangeaient à l’excès. D’autres allaient jusqu’à s’enivrer… Quelle façon déshonorante de manger le repas du Seigneur! Paul leur reproche cette grave irrégularité et leur conseille de manger chacun chez soi. La table du Seigneur ne doit pas être déshonorée.
7. Les dons spirituels et leur obn usage (12.1 à 14.40)
À cause de l’effusion du Saint-Esprit, l’Église de Corinthe avait reçu des dons. Cependant, ses membres devaient apprendre à user de ces dons avec discernement. Paul rappelle que, si les dons sont divers, ils possèdent quand même tous une source commune, à savoir l’Esprit de Dieu. Les différentes parties du corps humain sont toutes nécessaires et coopèrent avec harmonie pour le bien de l’ensemble. De la même manière, les dons de l’Esprit doivent être utilisés pour le bien de l’Église. Dans ce passage merveilleux qu’est le chapitre 13, appelé le Psaume d’amour du Nouveau Testament, Paul aborde le don unique par excellence, celui qui accorde aux autres toute leur valeur, le charisme d’aimer. Au chapitre 14, il compare la prophétie (la prédication) au parler en langues (le parler en des langues dites étrangères). Il semble que certains membres de l’Église se vantaient de parler en langues. Mais la prophétie (prédication) lui est préférable, car aussi bien l’assemblée présente qu’un étranger de passage peuvent la comprendre. En outre, elle édifie l’Église et fait régner l’ordre.
8. La résurrection du Christ (15)
Certains membres de l’Église s’étaient mis à douter de la réalité de la résurrection des morts. D’autres en étaient troublés. Paul traite de ces positions. Il affirme qu’il est désastreux de la nier, car si la résurrection n’existe pas, Christ ne serait pas ressuscité et alors notre foi serait vaine. En ce qui concerne la possibilité de la résurrection corporelle des morts, cela ne doit faire aucun problème. Dieu, qui est le Tout-Puissant, nous donne notre corps physique, car tout lui est possible. Le corps que nous recevons sera incorruptible (ne connaîtra point de déchéance), sera glorieux (comme celui du Christ), spirituel (contrôlé par l’Esprit) et immortel.
9. Conclusion (16.1-24)
Des directives sont données au sujet de l’argent que Paul devait collecter en faveur des pauvres de Jérusalem. Chaque jour du Seigneur — le dimanche —, ils doivent apporter régulièrement leur offrande. Finalement, Paul leur annonce son intention de leur rendre visite, leur adresse un avertissement final et termine par des salutations.
Note
1. J. Calbier.