Jean 20 - La foi victorieuse du doute
Jean 20 - La foi victorieuse du doute
« L’un des douze, Thomas, surnommé le Jumeau, n’était pas avec eux lors de la venue de Jésus. Les autres disciples lui dirent : Nous avons vu le Seigneur! Mais il leur répondit : Si je ne vois pas la marque des clous dans ses mains, si je ne mets pas mon doigt à la place des clous, et si je ne mets pas la main dans son côté, je ne croirai pas. Huit jours plus tard, les disciples étaient de nouveau réunis dans la maison. Cette fois-ci, Thomas était avec eux. Jésus vint, alors que les portes étaient fermées. Il se tint au milieu d’eux et leur dit : Que la paix soit avec vous! Puis il dit à Thomas : Porte ton doigt ici, vois mes mains; avance ta main et mets-la dans mon côté. Ne sois donc pas incrédule, mais crois. Thomas lui répondit : Mon Seigneur, et mon Dieu! Parce que tu m’as vu, tu crois!, lui dit Jésus. Heureux ceux qui croiront sans avoir vu. Jésus a accompli, sous les yeux de ses disciples, encore beaucoup d’autres signes miraculeux qui n’ont pas été rapportés dans ce livre. Mais ce qui s’y trouve a été écrit pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant, vous possédiez la vie en son nom. »
Jean 20.24-31
Que savez-vous au juste de Jésus-Christ, et si vous pensez le connaître, comment le connaissez-vous? Voilà une question qui peut sembler étrange, mais qui prendra du relief à la lumière du passage cité ci-haut, tiré de l’Évangile selon Jean, au chapitre 20. L’épisode narré se situe huit jours après la résurrection de Jésus-Christ, qui est apparu vivant à ses disciples le soir même de cet événement.
Voyez-vous, lorsque les disciples se sont rassemblés, au premier soir de la semaine, et à nouveau une semaine plus tard, aucune autre raison apparente n’était la cause de leur réunion que leur association avec un certain Jésus de Nazareth. Et pourtant, nous lisons dans ce passage de la Bible qu’il n’y avait pas entre eux d’unité de vues ou de perception sur la réalité de ce Jésus. Même s’ils l’avaient suivi depuis le début, à ce point particulier de leur vie ils n’étaient pas d’accord sur la réalité de sa résurrection. C’est ce qu’illustre parfaitement l’histoire de Thomas.
C’est pourquoi nous devrions aussi nous demander ce que nous savons de Jésus-Christ et comment nous le connaissons. Comment pouvons-nous sérieusement avancer que nous connaissons quelqu’un qui a vécu il y a deux mille ans? Ne sommes-nous pas la proie d’une illusion collective en parlant de sa résurrection, comme l’auraient été les premiers disciples? Seule une vraie foi peut répondre de manière assurée à ces questions. Encore faut-il nous demander ce qu’est une vraie foi. On pourrait dire qu’une vraie foi, entre autres nombreuses caractéristiques, résiste victorieusement à toutes les tentatives de nous faire douter de la réalité des promesses de Dieu.
Le Catéchisme de Heidelberg, ce précieux texte du temps de la Réforme, au 16e siècle, répond ainsi à la question « Qu’est-ce qu’une vraie foi? » :
« Ce n’est pas seulement une connaissance certaine par laquelle je tiens pour vrai tout ce que Dieu nous a révélé par sa Parole; mais c’est aussi une confiance du cœur que l’Esprit Saint produit en moi par l’Évangile et qui m’assure que ce n’est pas seulement aux autres, mais aussi à moi que Dieu accorde la rémission des péchés, la justice et le bonheur éternels, et cela par pure grâce et par le seul mérite de Jésus-Christ. »
Une vraie foi n’est pas quelque chose d’évident, et c’est ce dont notre propre expérience témoigne. La confrontation régulière de notre foi avec le doute ne nous est pas inconnue. De plus, beaucoup d’incroyants prétendent que la foi n’est pas un moyen de connaître quoi que ce soit. Pour eux, la foi n’est qu’un sentiment subjectif, une projection sublimée de certaines attentes, projection que nous élevons au rang de certitude par notre simple volonté de croire. La foi est même, pour beaucoup, une manière d’échapper à la raison, une sorte de béquille pour les faibles qui ont besoin d’être soutenus dans le monde sans merci qui est le nôtre. Alors, notre question initiale demeure actuelle : Que savons-nous de Jésus-Christ et comment le connaissons-nous? Méditons ensemble, si vous le voulez bien, l’histoire de la rencontre de Jésus avec Thomas pour trouver la réponse à notre question.
Beaucoup d’entre nous aiment à identifier Thomas avec le disciple qui ne voulait pas croire. Ceci est en partie injuste, en ce sens que les autres disciples non plus ne voulaient pas croire aux tout premiers rapports de la résurrection de Jésus, rapportés par les femmes qui avaient vu le tombeau vide et auxquelles il avait parlé. Quelle valeur pouvait avoir un tel témoignage, justement rapporté par des femmes. Les femmes ne sont-elles pas crédules par nature, prêtes à gober n’importe quelle histoire? Voilà en gros quelle était l’attitude des disciples. Mais même le témoignage des premiers hommes à avoir rencontré Jésus ne leur suffisait pas.
Thomas, quant à lui, arrive plus tard, trop tard peut-être. Il a entendu ces rapports continuels concernant la résurrection de Jésus, mais il n’arrive pas à dominer la résistance offerte par ses sens. Il a besoin de voir, davantage, de toucher. Car il n’est pas impossible que Thomas veuille croire, qu’il désire intensément croire. Après tout, quelle raison aurait-il de se joindre aux autres disciples si tout espoir est perdu, si l’aventure auprès de Jésus, cet être exceptionnel, est bien terminée? Thomas doit être en proie à une lutte intérieure intense. Pour lui, comme pour tous les incroyants depuis deux mille ans, les autres disciples ont été victimes d’une illusion collective. Mais si, par hasard, ce n’était pas une illusion? Alors Thomas pose des conditions catégoriques : « Si je ne vois pas la marque des clous dans ses mains, si je ne mets pas mon doigt à la place des clous, et si je ne mets pas la main dans son côté, je ne croirai pas. » Je ne croirai pas, à moins que… Ce que Thomas fait, c’est de vouloir forcer Jésus à lui apparaître, il veut forcer le Maître à remplir les conditions posées par le disciple!
Et que croyez-vous que la réaction naturelle de Jésus devant de telles exigences devrait être? Eh bien, le Seigneur ressuscité s’accommode des exigences de son disciple incrédule. Qui plus est, il le salue lui aussi avec ces mots : « La paix soit avec vous. » Thomas voulait voir la marque des clous? « Vois mes mains », lui dit-il. Thomas voulait mettre sa main dans la blessure portée au côté de Jésus? « Avance ta main et mets-la dans mon côté. » La paix promise ne peut emplir ceux qui doutent.
Jacques, l’auteur d’une lettre qui fait partie du Nouveau Testament, l’écrit sans ambiguïté :
« Lorsque quelqu’un demande [à Dieu], il faut qu’il demande avec foi, sans douter, car celui qui doute ressemble aux vagues de la mer agitées et soulevées par le vent. Qu’un tel homme ne s’imagine pas obtenir quoi que ce soit du Seigneur. C’est un indécis, qui est inconstant dans toutes ses entreprises » (Jc 1.5-8).
Le Christ ressuscité a sauvé Thomas de cette indécision et inconstance, il lui a donné la paix, de telle manière que Thomas, et après Thomas quiconque croirait en lui, soit pénétré d’une assurance profondément enracinée que les promesses de Dieu sont totalement accomplies en Jésus-Christ. Désormais, Thomas ne poserait plus aucune condition à sa foi, il se soumettrait à celui qu’il appela justement : « Mon Seigneur et mon Dieu. »
Le chapitre 20 de l’Évangile selon Jean conclut sur ces paroles : « Ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom. » Ce n’est naturellement pas par hasard que Jean écrivit ces mots juste après avoir rapporté l’épisode sur lequel nous venons de méditer. Car les dernières paroles de Jésus, au cours de cet épisode sont les suivantes : « Parce que tu m’as vu, tu crois! Heureux ceux qui croiront sans avoir vu. » Il est clair que cette promesse nous est adressée, nous qui vivons deux mille ans après la résurrection, nous qui n’avons pas vu de nos yeux, ni touché de nos doigts. Alors comment connaissons-nous ces choses?
D’abord, nous les connaissons parce qu’elles ont été mises par écrit à notre intention. Jean ne les a pas rapportées comme un chroniqueur impartial, simplement parce qu’il pensait qu’il serait intéressant de partager avec d’autres l’histoire d’événements qui lui paraissaient dignes d’être consignés par écrit. Non, il l’a fait en tant qu’évangéliste, en tant que personne profondément concernée par le sort de chacun de ses lecteurs : « Ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous possédiez la vie en son nom. » Voilà ce que je crois, voilà ce que l’Église du Christ ressuscité croit. Nous ne croyons pas simplement qu’un certain Jésus de Nazareth a été crucifié par les Romains en Palestine il y a deux mille ans et qu’il est revenu à la vie trois jours après, comme si quelque chose de mystérieux s’était produit, sans plus. Non, il y a bien plus dans la vraie foi.
« Ce n’est pas seulement une connaissance certaine par laquelle je tiens pour vrai tout ce que Dieu nous a révélé par sa Parole; mais c’est aussi une confiance du cœur que l’Esprit Saint produit en moi par l’Évangile et qui m’assure que ce n’est pas seulement aux autres, mais aussi à moi que Dieu accorde la rémission des péchés, la justice et le bonheur éternels, et cela par pure grâce et par le seul mérite de Jésus-Christ. »
Comme le souligne le Catéchisme de Heidelberg, la signification de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ s’adresse à moi personnellement. Christ est mort pour mes péchés, pas seulement pour ceux des autres, exactement de la même façon qu’il est mort et ressuscité pour Thomas, pas seulement pour les autres disciples. Il s’est montré personnellement à Thomas. Et il se manifeste à chacun de vous individuellement lorsque vous lisez les paroles de Jean, qui ont été écrites afin que vous croyiez. Car l’Esprit de Jésus-Christ est à l’œuvre chaque fois que ces paroles, ainsi que toutes les paroles contenues dans la Bible, sont lues et entendues. Si donc maintenant nous avons une connaissance et une conviction profonde, c’est que l’Esprit du Christ est à l’œuvre. Tous les témoignages de la résurrection pourraient être en face de nous, si l’Esprit de Dieu ne travaillait pas en nous, nous les rejetterions tout comme les contemporains de Jésus.
Alors, écoutons une fois de plus avec joie la bénédiction qui nous est adressée par le Christ ressuscité : « Parce que tu m’as vu, tu crois! », lui dit Jésus. « Heureux ceux qui croiront sans avoir vu. » Les paroles rapportées par Jean l’évangéliste ne sont pas trompeuses, car quiconque a persévéré dans la vraie foi a pu faire l’expérience de cette bénédiction. Ces mots ont été écrits pour vous et moi. Oui, il y a deux mille ans le Christ vous a bénis, vous qui recevez avec foi ce message. Dieu vous a accordé la rémission des péchés, la justice et le bonheur éternels, et cela par pure grâce et par le seul mérite de Jésus-Christ. Puissiez-vous vivre de cette assurance chaque jour de votre vie, sans vous laisser envahir par le doute, et ce, jusqu’à son retour glorieux.