Le coeur d'une petite fille
Le coeur d'une petite fille
Je me souviens de la première sortie de ma fille aînée avec un garçon. J’étais là. Elle avait juste un peu moins de deux ans et c’est moi qui l’accompagnais. Contrairement à nos habitudes, j’avais dû m’absenter de la maison pendant une semaine et je savais qu’elle avait besoin d’une attention spéciale de la part de l’homme de sa vie. Nous sommes sortis manger du maïs soufflé ensemble dans la partie « restaurant » d’une épicerie. Nous avons partagé un Pepsi. Elle était aux anges!
Elle sort avec moi assez régulièrement maintenant, bien que nos sorties soient devenues un peu plus coûteuses. (Un ami, qui a lui-même une fille adolescente, m’a dit que cette tendance allait se maintenir!) Et puisque le Seigneur, dans sa bonté et sa miséricorde, nous a bénis, ma femme et moi, en nous donnant deux autres filles, j’ai maintenant le privilège d’accompagner ces jeunes dames lors de sorties au cours desquelles j’ai pour objectif de leur enseigner comment être aimées par un homme.
Nous avons maintenant une tradition familiale chère à nos cœurs : chacune de mes filles bien-aimées a l’honneur d’avoir droit à une sortie prolongée avec son père à l’occasion de son anniversaire. Avec le temps, ces sorties ont fini par inclure un souper au restaurant, une nuit dans un hôtel avec piscine ainsi qu’une visite à un site touristique des environs. Après en avoir rêvé pendant des mois, chacune d’entre elles sort sa plus belle robe pour moi, s’habillant le plus chic qu’elle peut, dans un effort peu subtil pour gagner mon affection et obtenir mon approbation. Elles y parviennent merveilleusement.
À travers tout cela, j’en suis venu à bien connaître et à comprendre clairement le cœur d’une petite fille. C’est un cœur qui a été façonné et formé par Dieu afin d’être aimé par un homme. Au stade où elles en sont maintenant, au tout début de leur vie, cet homme, c’est moi. Lorsque je donne des conseils aux gens pour leur mariage, je note souvent que les besoins émotionnels fondamentaux de l’être humain sont assez faciles à identifier, du moins dans une forme simplifiée. Ils correspondent aux exhortations que Paul adresse aux maris et aux femmes, que l’on trouve en Éphésiens 5.22-33. Alors que les hommes ont un « besoin » normal d’être honorés et respectés, les femmes ont un « besoin » caractéristique normal d’être aimées.
Par conséquent, le devoir que Jésus nous a attribué à nous les maris n’est pas de nous assurer que nous soyons honorés ou d’imposer l’autorité que Dieu nous a donnée, mais plutôt de voir à ce que notre partenaire pour la vie dans l’alliance du mariage soit aimée. Profondément aimée. Gardée précieusement comme un trésor. Comblée et chérie. (J’ajouterais, sans intention ultérieure égoïste : Quelle femme de Dieu n’honorerait pas avec joie et de plein gré celui qui la considère et la traite comme un tel trésor?)
C’est ainsi que je désire que mes filles apprennent à être aimées par un homme. Et pendant qu’elles grandissent, je ne souhaite pas que leurs tuteurs soient des garçons de leur âge, immatures et inexpérimentés. Durant ces jeunes années de leur développement, leur enseignant, dans cette école de la vie des plus importantes, devrait être leur père. Mon but est simple : qu’en les aimant comme elles devraient l’être, que plus tard elles n’attendent et n’acceptent rien de moins chez un mari.
Je souhaite de tout mon cœur que mes filles soient rendues capables par Dieu de vivre leurs années d’adolescence sans les horribles insécurités si caractéristiques de la vie des jeunes filles de notre époque, ces insécurités qui poussent les jeunes femmes à rechercher l’affection du premier homme qui leur donne de l’attention. Ce sont ces insécurités qui font que les femmes endurent des comportements grossiers et rudes, ou même de mauvais traitements, que ce soient des abus sexuels ou de la violence. En fin de compte, c’est cette recherche instinctive de l’attention des hommes qui peut les conduire à une intimité physique moralement non appropriée et qui peut avoir des conséquences néfastes pour le reste de leurs jours, tout cela dans un vain effort d’être aimées.
Lorsque j’exprime ce souhait et cette prière, je sais que je suis un moyen utilisé pour leur sanctification. Je sais que la Parole me commande, en reconnaissant pleinement mes propres tendances au péché, d’éviter de les irriter, de provoquer leur colère (Ép 6.4). Par conséquent, tout en leur enseignant avec l’aide de mon épouse que « la grâce est trompeuse et la beauté vaine » (Pr 31.30), je leur donne mon affection et ma tendresse. Quand je rentre du travail à la fin de la journée, je suis accueilli avec des câlins et des baisers. Et tout en leur enseignant fidèlement « la beauté inaltérable d’un esprit doux et tranquille, qui est d’un grand prix devant Dieu » (1 Pi 3.4), je soutiens et stimule leur beauté féminine lorsqu’elle est exprimée avec la pureté de la modestie et avec une dévotion sincère.
Il est si facile d’exaspérer le cœur d’une petite fille, si facile de le frustrer. Ma propre dureté due au péché ou mon impatience qui n’a pas sa place font sortir le pire en elles. Si je les néglige, elles deviennent frustrées. Cependant, ma gentillesse les stimule. Ma prévenance les ravit. Et mon affection, bien qu’elle doive parfois être accompagnée de ma discipline paternelle, les incite à se soumettre docilement et leur donne le désir de me faire plaisir.
Je les laisse donc me faire plaisir! Je me réjouis lorsqu’elles m’apportent un verre d’eau froide quand je suis en sueur après avoir travaillé à l’extérieur. Je les complimente lorsqu’elles me frottent le dos après une dure journée de travail. Je les laisse s’asseoir sur mes genoux lorsque je leur fais la lecture chaque soir avant qu’elles se couchent. Je leur téléphone lorsque je suis loin de la maison. Je leur achète des cadeaux modestes pour leur exprimer mon amour. Et je leur montre que j’aime leur mère plus que n’importe qui, cette femme qui a accepté sa vocation d’enseigner à ces petites, par son propre exemple, ce que signifie être une femme de Dieu.
J’ai de nombreux espoirs pour mes enfants, aucun plus grand cependant que le désir de les voir marcher dans la vérité tous les jours de leur vie. Dans une perspective terrestre, mon plus grand espoir est que chacune d’entre elles puisse être bénie par un homme auquel je pourrai transmettre la responsabilité de les aimer si profondément. Je prie le Seigneur que chacune de mes filles si précieuses puisse être unie à un homme auquel elle pourra se présenter comme une aide appropriée, un homme qu’elle pourra aimer et honorer de tout son corps et de toute son âme aussi longtemps qu’ils vivront tous les deux.
Je prie donc que quelque part se trouve un père qui, dans la bonne providence de Dieu, soit en train d’enseigner à son fils à être un bon mari pour ma petite fille si précieuse. Je prie pour ce futur mari qui recevra ce cadeau que j’essaie de préparer pour lui, afin qu’il puisse en prendre soin et la chérir, afin qu’il puisse être prêt à donner sa vie pour elle, tout comme Jésus-Christ a aimé l’Église et a donné sa vie pour elle, « pour la faire paraître devant lui glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et sans défaut » (Ép 5.27).