Les manuscrits du Nouveau Testament
Les manuscrits du Nouveau Testament
Tout comme Dieu avait veillé sur l’authenticité des livres du recueil de la deuxième partie de la Bible, de la même manière il a veillé à leur préservation et à leur transmission, aux copies tirées à partir des originaux. Cette opération fut menée avec un tel soin qu’avec les éditeurs de la Bible dite la T.O.B. (traduction œcuménique de la Bible) nous pouvons dire que « … les résultats obtenus depuis 150 ans environ par la critique textuelle du Nouveau Testament sont remarquables. Le texte du Nouveau Testament peut actuellement être considéré comme bien établi. »
Sans hésitation, nous dirons que le texte grec du Nouveau Testament se trouve bien la deuxième partie de la Bible chrétienne, l’Écriture sainte, Parole de Dieu inspirée par l’Esprit et confiée à l’Église. La providence divine a veillé à cela avant que l’Église ne s’y applique elle-même. Nous n’avons pas de soucis à nous faire pour la disparition des autographes (les manuscrits originaux) qui auraient entraîné l’altération d’une copie à l’autre laissant actuellement entre nos mains non la Parole transmise par les fidèles apôtres, mais un texte abâtardi, sans autre valeur que littéraire ou historique. Or, nous avons de solides convictions sur le texte actuel du Nouveau Testament grec qui nous révèle le dessein de Dieu, et ainsi tout homme, à chaque génération, sera confronté à la révélation de Dieu. Un tel miracle eut lieu avec le concours des fidèles croyants. Des hommes prirent soin de nous transmettre les copies des originaux veillant de leur côté à ce que rien ne soit altéré.
Il appartient à la critique dite textuelle d’étudier et d’examiner la manière dont on a procédé pour transmettre les copies des manuscrits originaux. Il n’entre pas dans notre propos d’étudier en détail toute l’histoire de ce processus. Nous en signalerons simplement les grandes étapes, mentionnant en passant seulement le mode ou les modes anciens d’écriture au moment où ont été rédigés ces textes.
1. Les matériaux de rédaction⤒🔗
Commençons par l’important aspect de la transmission qui nous occupe. Quels furent les matériaux d’écriture dont se servaient les anciens avant qu’ils n’aient eu recours au papier et que ne soit inventé l’ordinateur moderne sur lequel nous transcrivons chacun des mots et des signes de notre présente étude?
a. Le papyrus←↰⤒🔗
Le premier à être rappelé sera le papyrus, dont dérive notre mot français papier. Le papyrus fut découvert et utilisé pour la première fois en Égypte où poussent des roseaux à partir desquels il est fabriqué. C’est en Égypte qu’on peut trouver, depuis fort longtemps, des représentations picturales de scribes en position d’écrire. Le plus ancien manuscrit ou fraction de papyrus date de la cinquième dynastie et c’est à partir de cette époque-là que l’utilisation de ce matériel se généralise. Il restera en usage jusque vers l’an 640 de notre ère, notamment en Arabie. Des fragments de papyrus comportant des inscriptions en langue hébraïque, grecque, latine, araméenne, copte et arabe se trouvent rassemblés dans plusieurs bibliothèques et musées. Nous nous intéressons principalement à l’usage qu’on en a fait en Palestine où furent rédigés la majorité des livres composant la Bible chrétienne.
Le climat humide de ce pays ne favorisait pas la longue conservation ni un emploi généralisé du papyrus. La rédaction des livres du Nouveau Testament eut précisément lieu durant cette période. Le papyrus fut également employé dans les grands centres culturels de l’antiquité qu’étaient les villes d’Alexandrie en Égypte et d’Antioche en Syrie. À Rome, lorsqu’on écrit une note commerciale, par exemple une facture ou un autre billet économique, on se sert d’un papyrus de médiocre qualité. Lorsqu’il s’agit d’expédier un billet doux à son épouse ou à son amant, on utilise un matériel de meilleure qualité.
Le papyrus abonde en Égypte au bord du Nil. Dans son Histoire naturelle, l’auteur latin Pline l’Ancien explique longuement le procédé de sa fabrication. Des morceaux coupés soit à l’horizontale soit à la verticale forment des feuilles qu’on attache ou colle ensemble pour en faire une feuille plus longue, permettant ensuite de l’enrouler. Cette méthode explique la variété des dimensions des rouleaux qui nous sont parvenus. Certains pouvaient mesurer de 5 à 45 centimètres de long. Sans doute des livres du Nouveau Testament tels que la lettre de Paul à Philémon ou les deuxième et troisième lettres de Jean furent écrites sur une seule feuille. Pline précise qu’un rouleau ne devait pas dépasser les 20 feuilles, auquel cas il atteignait une longueur de presque 5 mètres. Si le document était plus long, on ajoutait au rouleau une ou plusieurs feuilles supplémentaires. En revanche, s’il était plus bref, on en découpait certaines.
Il est raisonnable de penser qu’un rouleau ordinaire du Nouveau Testament pouvait atteindre une longueur d’environ 10 à 12 mètres. Une fois roulé, le papyrus prenait la forme d’un cylindre d’une épaisseur de 25 centimètres et d’un diamètre de 3 à 4 centimètres. L’Évangile selon Luc, le plus long des quatre Évangiles, dut nécessiter un rouleau de 10 à 11 mètres. Le livre des Actes, du même auteur, exigea un deuxième rouleau, ce qui est expliqué par son introduction dans laquelle il est question du « premier livre », sans aucun doute allusion à l’Évangile de Luc. Certaines lettres de Paul adressées à des Églises nécessitèrent également plus d’un rouleau.
Suivant les possibilités de veines horizontales de la feuille écrite au recto, les veines courent parfois à la verticale du côté opposé, la feuille pouvant aussi être écrite du côté opposé. En lisant Apocalypse 5.1, on comprend ce que l’auteur veut dire lorsqu’il parle d’un rouleau ou livre écrit de deux côtés.
D’autres matériaux de rédaction, cela va sans dire, c’est l’encre et la plume. La plume est faite d’un long morceau de roseau, « kalamos » en grec, que mentionne 3 Jean 13. Sa pointe extrême est coupée en deux et elle sera trempée dans de l’encre, qui est mentionnée dans 2 Corinthiens 3.3 et 2 Jean 12.
À l’usage, le rouleau de papyrus présenta de nombreux inconvénients. Ainsi, d’un côté, il fallait le dérouler avec un très grand soin pour permettre de lire le texte, d’autre part, l’enrouler, également en en prenant grand soin, à mesure que la lecture progressait. Cette méthode compliquait la tâche de celui qui devait donner une référence précise du texte, ou bien consulter tel ou tel passage se trouvant au milieu du rouleau! C’est ainsi qu’on songea au codex, qui consiste à disposer des feuilles de papyrus non plus collées en longueur, mais superposées, ce qui rappelle la manière dont sont actuellement reliés nos livres. On pense que son usage débuta vers le 2e siècle de notre ère et que ce furent sans doute des chrétiens qui, les premiers, en firent l’usage. Peut-être en étaient-ils même les inventeurs? Le plus ancien fragment d’un tel codex est celui découvert dans les années 20 de notre siècle et qui porte le nom de Papyrus Rylands, du nom de la bibliothèque qui se trouve à Manchester, en Angleterre, où il est conservé. Il comporte un fragment de l’Évangile selon Jean et date de la deuxième moitié du 2e siècle de notre ère. Ce nouveau mode changeait également la disposition et la longueur des colonnes qu’on utilisait sur les feuilles anciennes.
b. Le parchemin←↰⤒🔗
La fragilité relative du papyrus notamment sous des climats défavorables, trop humides comme c’est le cas en Palestine, ne lui assura pas une longévité et il fut remplacé par un matériel plus solide qu’était le parchemin. Une certaine tradition attribue l’origine de sa découverte et de son utilisation à la ville de Pergame, en Asie Mineure, d’où aussi le nom grec de « pergamènè ». On rapporte que, lors de la victoire de Thoutmès III à Meguiddo, vers le 7e siècle avant notre ère, son exploit fut inscrit sur un rouleau de peau conservé dans le temple de Mun. Selon Hérodote, historien grec de l’antiquité, les Ioniens (une des ethnies composant la nation grecque) qui ne pouvaient facilement se procurer du papyrus se seraient servis de ce matériel pour rédiger leurs textes.
Les Hébreux ne tardèrent pas à l’adopter. Nous apprenons que le prophète Jérémie dicta ses oracles à son secrétaire Baruch (Jr 36.4). Par la suite, le roi Johakim prit un couteau et sous l’emprise d’une violente colère le déchira en morceaux puis le jeta au feu (Jr 36.23).
Selon le Talmud, livre sacré du judaïsme actuel, la loi serait écrite sur de la peau de bétail. Josèphe, l’historien juif du premier siècle de notre ère rapporte que des parchemins sur lesquels étaient écrits les livres de l’Ancien Testament furent envoyés à l’étranger, à Alexandrie, afin d’être traduits en grec (la version dite des Septante ou LXX). L’usage du parchemin se généralisa progressivement. Dans 2 Timothée 4.13, l’apôtre demande à son collaborateur qu’il lui ramène les « membranas », des livres, qui ne devraient être autres que des parchemins. On signale que ce fut au cours du 4e siècle de notre ère que le parchemin l’a définitivement emporté sur le papyrus.
La célèbre bibliothèque d’Origène et celle de Pamphilius en Césarée étaient menacées de disparaître. Deux prêtres se mirent alors à copier tout sur du parchemin ou du vellum. L’empereur Constantin (également du 4e siècle) demanda à Eusèbe, le premier historien de l’Église, de faire copier sur parchemin cinquante Bibles. À partir de cette époque, la forme du codex fut définitivement adoptée pour la copie des Bibles et autres livres. Lorsque le codex était ouvert, les pages qui se regardaient, c’est-à-dire les deux pages ouvertes, étaient écrites sur le côté de la peau, c’est-à-dire la face collée à la chair. Pour permettre une direction régulière de l’écriture, on traçait des lignes sur le côté opposé devenu transparent, et les colonnes pouvaient s’écrire régulièrement.
Le palimpseste, du grec « palin » de nouveau, et « psao », gratter, est du parchemin dont on a effacé une première écriture pour rédiger un nouveau texte. Des procédés modernes ont permis la lecture des fragments des écrits même grattés.
Pendant longtemps, on s’est servi des lettres majuscules appelées unciales ou onciales, qui désignent la grosseur des lettres semblable à un ongle; plus tard, à partir du 9e siècle, on employa des minuscules. Lorsque l’Écriture lie les lettres entre elles, le texte s’appelle « cursive ». Après le 9e siècle, l’usage des lettres majuscules fut réservé exclusivement aux titres des chapitres. Elles avaient servi également à des manuscrits latins. Toutefois, des actes de la vie courante étaient généralement rédigés en lettres minuscules. Dans les textes cursifs, on employait un signe appelé « paragraphos » en grec pour séparer des parties du texte. Il semble que la ponctuation et l’accentuation étaient plutôt rudimentaires. Les abréviations y sont nombreuses. Souvent, à la fin du texte, une note (en latin « inscriptio ») reproduit ou complète le titre (« suscriptio »). On mentionne parfois le nombre des stiques (« stikhos », ligne de 16 syllabes) qui permettait d’évaluer la peine du scribe et de fixer son salaire.
Lorsqu’un manuscrit était destiné à être lu en public, on divisait le texte selon le sens en revenant à la ligne après chaque membre de la phrase courte et qui se prêtait à être lu d’un seul jet de la voix.
En raison du manque de parchemin et de papyri, les palimpsestes sont plus nombreux entre les 6e et 9e siècles de notre ère.
2. Les manuscrits←⤒🔗
La critique textuelle a recours à certaines disciplines scientifiques qui cherchent à établir avec la plus grande exactitude possible le texte original. Elle s’occupe d’abord des documents anciens associés forcément avec la paléographie, ou science des écrits anciens. Ensuite, avec la recension qui est l’étude des relations internes des documents, elle peut vérifier les liens de famille et la généalogie des manuscrits afin d’établir un texte archétype, c’est-à-dire un modèle.
Vient ensuite le processus du choix entre les variantes des documents, qui cherche à résoudre une difficulté qui demeure insoluble ou conjecturée. C’est là un travail de titan, mais lequel a permis d’établir avec une très grande exactitude les textes actuels qui composent le Nouveau Testament grec, surtout depuis le tournant du siècle avec l’édition du Nouveau Testament grec de E. Nestle, plus récemment celle publiée par les soins des savants comme Kurt Aland, Matthiew Black, Bruce Metzger et Allen Wikgren.
Il y a peu, on recensait 81 papyri, 266 onciales, 2754 minuscules et 2135 manuscrits dits de lectionnaire. On n’a donc que l’embarras du choix. En outre, à côté des manuscrits grecs de l’original, on aura également recours à des versions anciennes, ainsi qu’à des citations qu’on trouve éparses dans des textes des Pères ecclésiastiques.
La question la plus importante pour notre foi est bien évidemment celle qui revient souvent à l’esprit et que de nombreuses personnes ont posée, malheureusement en y apportant leur mauvaise réponse. Sommes-nous actuellement en mesure d’affirmer que le texte de la Bible, dont nous disposons, nous est parvenu sans altération et sans profonde corruption?
Notre réponse, déjà donnée au début du présent chapitre, est affirmative : sous la providence divine toute spéciale, l’Esprit qui a inspiré les auteurs et les autographes de manière infaillible a aussi veillé à ce que ces textes, même dans leurs nombreuses copies, nous parviennent sans corruption qui altérerait le contenu de la révélation, et sans porter la moindre atteinte à la rédemption dont le Dieu trinitaire, dans sa grâce infinie, a fait de nous les bénéficiaires pour le temps et pour l’éternité. Pour nous, cette affirmation est quasiment un dogme.
Cependant, même si notre conviction est entière en la transmission des manuscrits anciens, placée sous le regard de la providence, cette conviction ne se dissimulera pas pour autant un certain nombre de problèmes soulevés par des variantes entre certains de ces manuscrits.
Quiconque a entrepris de copier un texte relativement long ne tardera pas à se rendre compte qu’il lui est pratiquement impossible de ne commettre aucune faute de copie. Si on doit copier à partir de cette première copie d’autres copies, on se rendra encore mieux compte que d’autres erreurs viendront s’ajouter aux premières, de sorte que la chaîne des copies ne sera plus à cent pour cent identique à l’original.
Nous ne craignons donc pas d’admettre que le Nouveau Testament nous soit parvenu à travers de nombreux « accidents » de parcours, ce qui est d’ailleurs le propre de toute littérature que l’antiquité nous a léguée. Les erreurs des scribes furent également dues à la méthode d’écriture primitive. En effet, une écriture cursive ne permet pas une lecture facile des lignes ou des mots, car il est difficile de distinguer entre deux lettres qui se ressemblent ou de couper une phrase au bon endroit. Parfois, une mauvaise coupure d’une syllabe ou d’un début de paragraphe a pu induire le copiste en erreur.
Ailleurs, c’est le mauvais accent qui donna au mot un sens différent. Une erreur largement répandue consistait à remplacer le « omikron », petit « o », par le « oméga », grand « ô ».
L’erreur devenait inévitable lorsque, pour faire une relecture de correction, on confiait la tâche à des esclaves dont la culture littéraire n’était pas des plus solides! Mais économie oblige! Une main-d’œuvre bon marché coûtait cependant assez cher sur le plan de la transmission littéraire absolument sans faille. Il n’est pas étonnant que, parmi les milliers, plus de 5000 manuscrits du Nouveau Testament grec à notre disposition, il n’existe quasiment pas deux qui soient absolument identiques du début à la fin. En outre, si nous tenions compte du fait qu’entre l’autographe original grec et la copie du manuscrit le plus ancien se sont passés au moins 250 ans, nous comprendrons combien le danger était grand de voir le texte s’altérer.
Chose surprenante, ce qui rehausse davantage encore la confiance que nous pouvons avoir dans les manuscrits qui sont absolument dignes de notre foi, le manuscrit le plus ancien que nous possédons date de l’an 250 après l’original, les fragments de manuscrits de 150 ans; alors qu’en ce qui concerne d’autres textes classiques, par exemple ceux de l’auteur latin Virgile, la plus ancienne copie est postérieure à 350 ans, ceux de Démostène, auteur grec, de 1200 ans, de Platon, de l’Académie à Athènes, de 1300, des auteurs tragiques grecs, de 1400 ans et plus. Des tragédies d’Eschyle, nous ne possédons actuellement qu’une cinquantaine de copies; de Sophocle, à peine une centaine. Mais du Nouveau Testament, nous avons la riche moisson qui s’élève au total à plus de 5000, soit des textes complets, soit des fragments de textes. Les manuscrits des versions anciennes s’élèvent à près de 10 000! On peut comprendre qu’il puisse y avoir des variations, mais, selon les deux éminents spécialistes britanniques du siècle passé, Westcott et Hort, ces variations n’excèdent pas le millième du contenu du Nouveau Testament et, selon Sir Frederick G. Kenyon, autre spécialiste du Nouveau Testament, pas un seul article de notre foi chrétienne et du dogme biblique ne se fonde sur un texte controversé.
Selon l’avis de la critique textuelle, on peut affirmer que le texte grec du Nouveau Testament est sorti des mains des premiers auteurs inspirés de la Bible. L’appareil critique au bas de la page de l’édition spéciale du Nouveau Testament donne toutes les variantes recensées et permet un rigoureux contrôle et examen du texte.
Dans l’impossibilité d’étudier l’histoire, à vrai dire passionnante, de l’établissement du texte du Nouveau Testament (à partir d’Érasme au 16e siècle, avec le Textus Receptus, le texte reçu) ni de chercher à entrer dans la querelle surgie entre les partisans de ce texte et ceux du texte moderne de Nestle-Aland, nous nous restreindrons à énumérer les sources de ces manuscrits. Il en existe trois : les manuscrits grecs du Nouveau Testament; les manuscrits des versions anciennes; les manuscrits attribués aux Pères ecclésiastiques qui citent des passages du Nouveau Testament.
L’histoire de l’étude des manuscrits, elle, se divise en trois périodes : celle du papyrus (à partir de l’an 2000 avant Jésus-Christ et jusqu’au 7e siècle avant notre ère); la période dite du parchemin allant surtout du 3e siècle avant notre ère jusqu’au 15e après Jésus-Christ; enfin celle du papier qui débute à partir déjà du 14e siècle. Du fait que cette période coïncide avec celle de l’imprimerie, nous ne voyons pas d’intérêt à insister sur elle.
La période du papyrus, avons-nous vu, fut la plus longue. En ce qui concerne le mode d’écriture, ou l’art d’écrire, elle aussi se divise en deux parties : la période des majuscules allant jusqu’à la fin du 10e siècle, et la période de « pzôn », ou minuscules, qui débute à partir du 8e siècle de notre ère.
La présence de tant de manuscrits nécessita une étude comparative extrêmement minutieuse. Il a fallu également donner des appellations pour pouvoir distinguer les uns des autres. Un signe particulier les distingue tous (nous recommandons vivement à ceux qui le pourraient de consulter l’introduction du Nouveau Testament grec édité par Nestle-Aland).
Les manuscrits sur papyrus sont relativement peu nombreux. On les désigne par la lettre p suivie d’un chiffre. Certains d’entre eux (le groupe s’appelle « Chester Beatty ») furent découverts en Égypte dans les années 1930 et jettent une vive lumière aussi bien sur le texte du Nouveau Testament que sur d’autres points du contenu de celui-ci.
Les manuscrits sur parchemin sont désignés par une autre méthode. Le système actuellement en vigueur a été mis au point par le savant J.J. Westsein, suivi par C.R. Gregory. Les manuscrits en majuscules sont désignés soit par des lettres majuscules latines (A, B, C, D,…), soit par des lettres majuscules grecques (Γ, Δ, Θ), soit encore par des chiffres arabes commençant par 0. Les manuscrits en minuscules sont désignés par des chiffres arabes (1, 2, 3…).
L’une des catégories des manuscrits du Nouveau Testament est ce qu’on appelle des lectionnaires des textes liturgiques à usage lors des célébrations des cultes. On les divise en Évangiles ou évangéliaires s’ils comportent des péricopes des Évangiles, ou en Apôtres s’il s’agit des épîtres. Ces textes-là ont une moindre valeur que les manuscrits cités plus hauts, étant donné que, pour des besoins liturgiques, il fallait souvent les adapter à l’original. On les désigne par un chiffre arabe précédé de la lettre l.
Terminons en énumérant les noms des manuscrits les plus célèbres : codex Vaticanus (B), codex Alexandrinus (A), codex Sinaïticus (ℵ), Palimpseste d’Ephraïm le Syriaque (C), codex Bezae (D), codex Claramontanus (D c).
3. Aperçu chronologique←⤒🔗
Nous reproduisons ici un texte non signé qui se trouvait parmi nos documents, qui offre un aperçu concis sur les dates de la parution des manuscrits, des plus anciens aux plus récents.
5e-1er s. av. J.-C. Les livres de l’Ancien Testament (Loi, Prophètes, Psaumes et Écrits) sont progressivement rassemblés.
300-130 av. J.-C. En Égypte, traduction de l’Ancien Testament en grec, version dite des Septante.
3e s. av. J.-C. Fragment du rouleau de Samuel, de Qumrân, en hébreu : le plus ancien témoin du texte biblique.
2e s. av. J.-C. Les Papyrus Rylands (grec 458) à Manchester, et Fouad (266) au Caire : les plus anciens témoins de la version des Septante.
1er s. av. J.-C. Rouleau du prophète Ésaïe, de Qumrân, en hébreu.
Papyrus Nash (à Cambridge), en hébreu.
Fragment du Lévitique, de Qumrân, version des Septante
Pâques 30 (?) Mort et résurrection de Jésus-Christ.
50-64 (?) Rédaction des lettres de Paul, des Évangiles et des lettres catholiques, en grec.
Fin du 1er s. De nombreux écrits bibliques sont souvent copiés sur papyrus en Égypte. Passage de la forme du rouleau à la forme du livre (codex).
Vers 125 Le Papyrus Rylands (p 52) le plus ancien fragment du Nouveau Testament (Jn 18.31-33 et 37-38).
Vers 125 Marcion (85-160) réunit l’Évangile de Luc et dix épîtres de Paul. Cette sélection exclusive incite l’Église à examiner les écrits chrétiens, déjà nombreux, et à reconnaître les écrits qui composent le canon du Nouveau Testament.
Vers 150-170 Traduction du Nouveau Testament :
en latin en Europe occidentale (vieux latin, itala);
en syriaque en Asie occidentale (Diatessaron ou synopse des Évangiles par Tatien, 120-173).
Vers 200 Les écrits du Nouveau Testament s’imposent comme canoniques au jugement de l’Église.
Vers 200-250 Le Papyrus Bodmer (p 66) : les deux tiers de l’Évangile de Jean (chapitres 1-14).
Les Papyrus Chester Beatty : un quart des Évangiles et Actes (p 45); les cinq sixièmes des épîtres de Paul (p 46); un fragment de l’Apocalypse (p 47).
3e s. Traduction du Nouveau Testament en copte (haute et basse Égypte).
Vers 232 Des peintures inspirées de récits du Nouveau Testament décorent la chapelle chrétienne de Doura-Europos, au bord de l’Euphrate (Syrie occidentale).
240-245 Origène (185-254) rédige les « Hexaples », énorme ouvrage comportant en six colonnes deux textes hébreux et quatre versions grecques de l’Ancien Testament.
303 Persécution des chrétiens sous Dioclétien (284-305).
313 Égalité des droits entre le christianisme et la religion romaine proclamée par Constantin le Grand (empereur de 306 à 337).
350-380 Ulfila (311-383), apôtre des Goths, invente un alphabet et traduit la Bible en gothique dans l’actuelle Bulgarie.
4e-5e s. Les grands codex sur parchemin.
vers 350 Codex Vaticanus et Sinaïticus.
vers 430 Codex Alexandrinus.
vers 450 Codex Ephraem.
vers 500 Codex Bezae.
381 Le christianisme est déclaré religion d’État dans l’Empire romain.
382-420 Jérôme (331-420) donne une nouvelle traduction latine de la Bible : la Vulgate.
Traduction à cette même période de la Bible en arménien.
Vers 500 Le « codex argenté » (la Bible gothique de Ulfila).
Vers 530 Le moine Denys s’efforce de retrouver la date de la naissance du Christ. Il introduit l’usage de prendre cette naissance pour origine d’une nouvelle ère : l’ère chrétienne.
5e-10e s. Travail des Massorètes (savants juifs) à Tibériade et à Babylone sur le texte hébraïque de l’Ancien Testament.
Vers 800 À l’instigation de l’Empereur Charlemagne : révision de la Vulgate par Alcuin (726-804).
Traduction de l’Évangile selon Matthieu (de Mondesse) en vieil haut allemand (franconien-bavarois).
10e s. Le texte hébraïque de l’Ancien Testament revu par Moïse ben Ascher à Tibériade, avec vocalisation et massore.
Notkker le Lippu (952-1022), à St-Gall, traduit les Psaumes en allemand.
Vers 1100 Traduction en vieux français-normand du Psautier par des moines disciples de Lanfranc (1005-1089).
Copie d’Eadwin de 1120.
Fin du 12e s. Pierre Valdo fait traduire en langue française quelques livres de la Bible (Évangiles).
Début du 13e s. Étienne Langton, de Cantorbéry, professeur à Paris et Chanoine de Notre-Dame, divise la Bible en chapitres.
Du 11e au 15e s. La plupart des manuscrits de la Bible de nos bibliothèques datent de cette époque.
Passage du parchemin au papier.
1226 -1250 La première Bible en français par les professeurs de l’Université de Paris, sous le règne de saint Louis.
1382 La première Bible traduite en anglais, d’après la Vulgate, par Jean Wyclif (v. 1331-1384).