Cet article a pour sujet les mauvaises et coupables raisons pour lesquelles l'Église dissimule les cas de maltraitance et de violence conjugale qui lui sont rapportés.

2 pages. Traduit par Claire Giroux

Pourquoi l’Église dissimule-t-elle les abus de maltraitance et de violence conjugale?

  1. La peur
  2. « Ne rien demander, ne rien dire »
  3. La pensée fantaisiste
  4. Le traumatisme

Puisque nous vivons dans un monde déchu où la justice ne fleurit pas, les abus de maltraitance et de violence conjugale existent bel et bien dans les Églises chrétiennes. Les gens sont pécheurs et les dirigeants d’Église ne peuvent pas voir ce qui se passe dans leur cœur ou dans leur maison. Tragiquement, il arrive que les dirigeants d’Église ne tiennent aucun compte des signes de maltraitance ou de violence conjugale ou, pire encore, les dissimulent. La question qui se pose alors est la suivante : pourquoi les dirigeants d’Église couvriraient-ils ce péché odieux? Jeff Crippen et Anna Wood donnent quelques raisons dans leur livre A Cry for Justice [Un cri pour la justice]1. Voici les raisons (éditées en raison de leur longueur) qui expliquent pourquoi les Églises couvrent parfois la maltraitance et la violence conjugale.

1. La peur🔗

Lorsque nous recevons un rapport faisant état d’un péché particulièrement odieux commis dans notre propre Église, nous avons peur. De quoi avons-nous peur?

a. Du tort causé à notre Église : destruction des relations, scandale rapporté dans les journaux, perte d’unité parmi les membres, conséquences juridiques, procès, etc.

b. De la critique. En général, les personnes qui s’occupent des abus signalés seront attaquées et critiquées par certaines personnes avant même que l’affaire ne soit terminée.

c. Le système de justice pénale. Dans la réalité de la vie d’Église, nous ne sommes tout simplement pas très familiers avec les tribunaux, la police, les procureurs et les prisons. Soudain, nous nous retrouvons face à eux lorsque nous dénonçons des situations d’abus. Si nous voulons penser clairement et obtenir une justice biblique pour la victime, nous devons apprendre à maîtriser notre peur très tôt dans le processus.

2. « Ne rien demander, ne rien dire »🔗

L’abus est un mal qui se nourrit du silence, du secret et de la honte. Parfois, des pressions sont exercées sur les gens pour qu’ils ne posent pas de questions ou ne parlent pas de la maltraitance ou de la violence conjugale, parce que cela nuirait aux deux parties, ou aux deux familles, en leur faisant inutilement honte. Cependant, « ne rien demander, ne rien dire » n’aide pas la situation. Il est d’une importance primordiale que nous affirmions notre devoir fondamental d’aider et de protéger la victime. L’Église, le corps du Christ, est l’avocate des faibles et des innocents.

3. La pensée fantaisiste🔗

Nous dissimulons les abus dans l’Église parce que nous voulons nous protéger de la vie réelle et de ses maux. Les chrétiens, et en particulier les chrétiens conservateurs qui croient en la Bible et désirent vraiment vivre pour le Christ, adoptent facilement une vision du monde magique et fantaisiste dans laquelle la prière saupoudre de poudre de perlimpinpin et orne de clinquant ce qui arrive, éliminant tout ce qui est « dégoûtant ». Comme leur monde se réduit au domaine de leur propre communauté chrétienne protégée et sans danger, ils peuvent devenir aveugles à l’expérience quotidienne de la plupart des gens. Cependant, la Bible ne fait pas cela. Dieu dénonce des péchés horribles, y compris les péchés d’ordre sexuel.

4. Le traumatisme🔗

Étroitement lié à la pensée fantaisiste pouvant expliquer notre tendance à dissimuler les faits se retrouve un phénomène que l’on pourrait qualifier de « traumatisme ». Lorsque nous sommes confrontés à quelque chose de laid et de terrible, notre tête se met à tourner. D’une certaine manière, la chose ne semble pas réelle. La réception d’une telle information entraîne souvent une réaction semblable à celle de l’autruche enfonçant sa tête dans le sable, la personne qui reçoit l’information réagissant par le déni afin de se protéger de la douleur et des conséquences. Le déni est souvent une réaction puissante lorsque nous sommes confrontés à une chose horrible. Le déni permet de l’atténuer. Cependant, comme il en est pour la peur, de même en est-il pour le déni. Les décisions motivées par le déni ne sont ni bonnes ni justes. Rien de bon ne peut en résulter2.

Notes

1. Jeff Crippen et Anna Wood, A Cry for Justice: How the Evil of Domestic Abuse Hides in Your Church [Un cri pour la justice : Comment le mal de la violence conjugale se cache dans votre Église], Calvary Press, 2012, 335 pages.

2. Dans leur livre que je recommande, cité dans la note précédente, Crippen et Wood reviennent sur ces quatre points et notent qu’il existe d’autres raisons pour lesquelles les Églises dissimulent parfois les abus. Ils poursuivent en offrant des conseils bibliques sur la manière de gérer et de traiter les abus dans l’Église. Voir aussi mon article La manière non biblique – et courante! – de traiter les signalements d’abus dans l’Église, qui s’inspire de cette ressource.