Psaume 31 - Mes destinées sont dans ta main Message du Nouvel An
Psaume 31 - Mes destinées sont dans ta main Message du Nouvel An
« Éternel! Je cherche en toi mon refuge : Que jamais je ne sois confondu! Délivre-moi dans ta justice! Incline vers moi ton oreille, hâte-toi de me secourir! Sois pour moi un rocher protecteur, une forteresse, où je trouve mon salut! Car tu es mon rocher, ma forteresse; et à cause de ton nom, tu me conduiras, tu me dirigeras. Tu me feras sortir du filet qu’ils m’ont tendu; car tu es mon protecteur.
Je remets mon esprit entre tes mains; tu me délivreras, éternel, Dieu de vérité! Je hais ceux qui s’attachent à de vaines idoles, et je me confie en l’Éternel. Je serai par ta grâce dans l’allégresse et dans la joie; car tu vois ma misère, tu sais les angoisses de mon âme, et tu ne me livreras pas aux mains de l’ennemi, tu mettras mes pieds au large.
Aie pitié de moi, Éternel, car je suis dans la détresse; j’ai le visage, l’âme et le corps usés par le chagrin. Ma vie se consume dans la douleur, et mes années dans les soupirs; ma force est épuisée à cause de mon iniquité, et mes os dépérissent. Tous mes adversaires m’ont rendu un objet d’opprobre, de grand opprobre pour mes voisins, et de terreur pour mes amis; ceux qui me voient dehors s’enfuient loin de moi. Je suis oublié des cœurs comme un mort. Je suis comme un vase brisé. J’apprends les mauvais propos de plusieurs, l’épouvante qui règne alentour, quand ils se concertent ensemble contre moi : Ils complotent de m’ôter la vie.
Mais en toi je me confie, ô Éternel! Je dis : Tu es mon Dieu! Mes destinées sont dans ta main; délivre-moi de mes ennemis et de mes persécuteurs! »
Psaume 31.1-16
Apparemment, tout laisse entendre que la destinée de ce fidèle de l’Ancienne Alliance dépendait des événements dont il était la victime. Une expérience sans pareille l’avait ébranlé profondément. Son extrême détresse touchait son corps aussi bien que son âme. Sa vie n’est-elle pas pareille à un vase brisé? N’est-il pas devenu le symbole d’opprobre pour ses amis? N’est-il pas oublié des cœurs les plus proches? Son existence semblait ne plus compter pour personne. Tant de rejets avaient fini par constituer une somme de douleurs insurmontables.
L’un ou l’autre parmi nous reconnaît peut-être dans l’expérience du psalmiste des traits qui lui rappellent sa propre expérience. Au seuil d’une année nouvelle, lorsque nous jetons un regard en arrière, nous faisons si souvent, et peut-être même avec complaisance, la récapitulation des souvenirs aigris. Nos échecs, l’humiliation subie, une déception cuisante nous poussent à envisager l’avenir avec lassitude et pessimisme, ou simplement avec cynisme. Même les moins défavorisés parmi nous n’auraient-ils pas une blessure cachée, qui ne cesse de les talonner et qui les tourmente?
L’auteur du Psaume 31 ne s’adonne pas à une désolante comptabilité négative. Au contraire, bien qu’accablé, et précisément parce qu’il est accablé, il se tourne vers le seul qui ne l’avait oublié et qui seul restait en mesure de changer ses cris de détresse en un cantique d’espérance et en une confession de foi solide. Ainsi, sa destinée se trouvait en réalité dans les mains de Dieu. Dès le début de sa prière, il se confie en lui.
« À cause de ton nom, dit-il, tu me conduiras. » L’honneur de Dieu et sa fidélité, sa puissance et sa sainteté forment le fondement solide sur lequel s’édifie sa foi d’homme malheureux. « Incline vers moi ton oreille, hâte-toi de me secourir. » Si la tension caractérise l’attente de l’intervention de son Dieu, une certitude sereine l’anime et fait de cette prière ardente une confession de foi authentique : « Mais en toi je me confie, […] je dis, tu es mon Dieu, mes destinées sont cachées dans ta main. » Il est l’être fragile, pris dans le tourbillon de la vie, mais il reste quand même le cœur croyant qui, titubant de faiblesse, se jette dans la main sûre et dans les bras puissants du Seigneur.
L’expérience de ce fidèle, sa confession de foi, sont pour nous qui méditons ce texte une exhortation à placer nos propres destinées dans les mains de ce même Seigneur, afin que notre cœur trouve en lui le repos auquel il aspire.
Au seuil de cette nouvelle année, tout encapuchonnée de nuages, où les inquiétudes, les pressentiments, les fantômes de l’avenir nous hantent, et qui gâchent les minces bonheurs qui nous restent, il est bon de faire cette même expérience. Peut-être notre situation personnelle, celle de notre famille et des hommes en général n’est pas rassurante. Des orages violents ne cessent de s’abattre sur nous et qui brisent notre résistance.
Nous vivons aussi dans un temps de transition où l’ordre ancien cède le pas à l’ordre nouveau qui s’impose et qui déroute nos esprits. En proie à des forces obscures, nous nous demandons : Qu’allons-nous devenir? Comment défendre l’homme dans cette situation inextricable où il se débat, déchiré et sans espoir? Assurément, notre anxiété, pour nous et tous les hommes, n’est pas due aux seuls événements extérieurs : notre propre cœur n’est-il pas traître, et notre péché cause de nos égarements? Dans tous les cas, nous ignorons ou nous oublions que Dieu contrôle toutes choses et que les détails même insignifiants de notre existence n’échappent pas à son regard paternel bienveillant.
Oh! certes, nous aurions tellement préféré qu’il nous révèle son plan dans tous les détails! Pourtant, si Dieu ne partage pas avec nous les mystères encore insondables de la vie et du Royaume, il nous guide avec sa main paternelle pour notre progrès quotidien. Il nous révèle toujours sa personne; il se place sur notre chemin, il écoute notre appel, il reste celui vers qui nous pouvons nous tourner pour obtenir le salut.
Il s’est révélé pleinement en participant à toutes nos détresses et à toutes nos tentations d’homme. Il a touché de sa main la misère des hommes pour les secourir, pour les consoler et pour les libérer. Bien plus, il a accepté le rejet le plus total, il a souffert dans son âme et dans son corps plus cruellement qu’aucun d’entre nous. Sa vie s’est consumée de grande douleur et tous ses adversaires l’ont rendu un objet de grand opprobre. Mais alors même qu’il étendait ses bras sur la croix du Calvaire, notre destinée se jouait et notre salut s’opérait par lui.
Dans la mort et dans la résurrection de Jésus-Christ se trouve cachée une vie nouvelle. Vie libérée d’opprobre, du pouvoir du péché et de celui de la mort. « Je tiens dans ma main les clefs de l’enfer », déclarait le Sauveur à son Église combattante. Jésus-Christ a pris la défense de l’homme malheureux que nous sommes, de l’homme en détresse qu’est chaque homme que nous rencontrons aujourd’hui.
Notre passé demeurera irrévocable; nous n’y pouvons rien changer. L’avenir, celui dont nous voudrions percer le brouillard, échappera à notre contrôle. Cependant, nous pouvons y avancer dans le calme et la confiance. Celui qui nous accompagne est le même qui nous a précédés et nous a préparé le chemin. Il a donné l’ordre à toutes choses de concourir à notre bien. Désormais, nous vivons sous le signe de la fidélité, de la sagesse et du pouvoir de Dieu. Il veut cependant briser notre incrédulité et dissiper nos doutes coupables.
Pourquoi nous mettre en peine pour ce qui ne dépend que de lui? Comment oserions-nous faire une provision de l’amour de Dieu, pour en user à notre gré, alors que sa bonté se renouvellera chaque matin? Avant même que le jour ne se lève, sa providence apparaîtra pour prendre soin de nous.
Pour nous en convaincre, il suffit de tourner les pages du Livre saint, où nous avons lu la prière du psalmiste. Ce psaume ne relève plus du domaine exclusif de l’expérience d’un homme. Par la décision même de l’Esprit Saint, il est, pour nous qui le méditons, Parole de Dieu, Parole qui, dans la détresse, veut nous servir d’inspiration, d’encouragement et d’appel au secours. L’Esprit qui nous aide à prier par des soupirs inexprimables place à portée de la main l’Écriture, message personnel et moyen de grâce. Par elle, Dieu nous guide, nous éclaire et nous secourt. Avec elle, pour l’année qui commence et pendant les années qui suivront, nous pouvons, comme le psalmiste, dire à Dieu et confesser devant les hommes : « Désormais et jusqu’à ce que vienne le Royaume, mes destinées sont dans les mains de mon Dieu. »