Cet article a pour sujet le péché qui est profondément ancré en nous, jusqu'à s'attacher à notre personnalité, et la grâce de la sanctification de Dieu qui est puissante pour nous transformer.

3 pages. Traduit par Paulin Bédard

Puis-je même changer?

  1. Le péché tenace
  2. Une nouvelle création
  3. Réorienter notre caractère

La lutte contre les péchés peut donner l’impression d’être un combat qui ne cessera jamais. La bataille est toujours en cours, elle est souvent décourageante et la victoire semble insaisissable.

Nous croyons en l’action sanctifiante du Saint-Esprit, mais nous ne voyons pas toujours de preuves tangibles de changement. Nos luttes contre le péché persistent, souvent ce sont les mêmes que l’année dernière et que l’année précédente.

À mesure que Dieu nous fait grandir en maturité, nous devenons plus conscients de ces vulnérabilités. Nous commençons également à voir comment ces défauts sont étroitement rattachés à notre personnalité. Il peut arriver qu’un chrétien doive toujours se battre contre sa tendance à l’entêtement; un autre luttera contre son introspection morose; un autre sera aux prises avec une impulsivité qui a tendance à offenser les gens.

La lutte contre ces péchés se poursuit, mais les progrès se font attendre. Les péchés qui sont ancrés dans mon caractère sont particulièrement difficiles à faire disparaître, c’est comme s’ils étaient trop profonds. Peut-être suis-je ainsi fait?

Quelle est donc la place des faiblesses de caractère dans la vie chrétienne? Pouvons-nous les surmonter par un effort plus vigoureux? Puis-je même changer?

1. Le péché tenace🔗

Permettez-moi de préciser d’emblée que je ne suis pas psychologue, mais pasteur. Je suis moins familier avec les descriptions des types de personnalité qu’avec le fait de prendre mon exemplaire de la Bible lors de visites pastorales. Des années d’expérience m’ont montré le large éventail de caractères et de personnalités qui existe parmi le peuple de Dieu. Une telle diversité peut être fascinante, car l’Esprit est à l’origine de tant de beaux dons et de tant de richesses dans le corps du Christ. Cela signifie certainement qu’il n’y a pas deux visites pastorales identiques.

Cependant, j’ai aussi vu comment le caractère d’une personne peut être le foyer de faiblesses particulières et tellement frustrantes. Nous trébuchons tous de bien des manières (Jc 3.2), mais nous échouons aussi d’une manière qui nous est propre en raison de certains aspects de notre personnalité.

Un introverti résolu peut lutter contre le péché qui consiste à se désintéresser froidement des personnes qu’il devrait aimer. Ou encore, une forte personnalité de type A, qui a tendance à prendre rapidement des décisions et à vouloir se surpasser, peut avoir du mal à être patiente et empathique.

Parfois, les gens sont même caractérisés par un défaut moral : « Elle est tellement têtue. » Ou peut-être avons-nous avoué à notre sujet : « J’ai une personnalité portée à la dépendance », « Je suis une personne inquiète ». Le fait est que le péché est profondément ancré en nous.

En Hébreux 12.1, le Saint-Esprit nous exhorte à « rejeter tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si facilement ». Le péché qui nous enveloppe si facilement est notre péché qui nous habite, ce sont ces schémas de péché qui sont inscrits de manière indélébile dans nos cœurs et dans nos vies. Heureusement, nous sommes bien plus que la somme totale de nos défauts de caractère. Seulement, parfois, nous ne savons pas exactement où commence le péché et où s’arrête notre tempérament personnel.

Sinclair Ferguson a observé ceci :

« Le péché a une façon de s’inscrire dans le tissu même de notre être, dans notre caractère et notre personnalité, dans nos propensions et nos faiblesses et, même dans nos forces, parfois surtout dans nos forces. Il devient mon péché distinctif.1 »

Telle est notre lutte permanente.

2. Une nouvelle création🔗

Si mon péché est tellement lié à ce que je suis, comment puis-je espérer être libre? Nos modes individuels de pensée et de comportement sont si profondément ancrés : tendance à l’orgueil, à la sensibilité excessive, à l’insécurité, à la jalousie, etc. La perspective de construire de nouvelles voies semble improbable. Nous serions totalement désespérés sans la grâce de Dieu.

Dieu peut nous changer. Là où le péché abonde, la grâce abonde encore plus (Rm 5.20). Notre tempérament ne nous définit pas, pas lorsque Dieu nous remodèle et nous donne une nouvelle identité en Christ. Dieu est plus que capable de transformer un cœur de pierre en un cœur de chair!

C’est ainsi que le chrétien déclare, sans aucune exagération : « Je suis une nouvelle création » (2 Co 5.17). Grâce à l’action surnaturelle du Saint-Esprit, il n’y a rien dans notre vie, dans notre caractère ou dans notre disposition qui puisse rester intouché, pas même dans les parties les plus profondes et les plus sombres de notre être. Dieu crée et recrée à partir de rien.

Nous changeons, même si le changement se produit d’une manière d’abord imperceptible. Le moment de la conversion n’est qu’un instant miraculeux, tandis que le projet de sanctification de Dieu se poursuit tout au long de notre vie.

J’aime la façon dont Paul parle des croyants qui sont transformés « de gloire en gloire » (2 Co 3.18). Petit à petit, notre caractère change. À mesure que nous mourons au péché, nous assistons en même temps à la croissance de nouveaux traits de caractère et à l’apparition de meilleures tendances. Les triomphes sont petits, mais lorsque Dieu est actif à transformer ses enfants bien-aimés, les triomphes sont certains.

3. Réorienter notre caractère🔗

Le récit de Paul dans Romains 7 nous rappelle que la lutte contre le péché va perdurer. Un croyant luttera toute sa vie contre le défi d’avoir un caractère agréable. Un autre luttera contre sa préférence profondément enracinée pour la paresse. Un autre aura un esprit de cupidité tenace ou une propension à s’inquiéter.

Cependant, en reconnaissant ces tendances de notre caractère, nous pouvons être mieux préparés à mener le bon combat. Nos péchés, auxquels nous sommes étroitement attachés, devraient nous inciter à nous accrocher plus étroitement au don quotidien du pardon et du renouveau de Dieu, car il nous promet sa grâce.

C’est la grâce qui mènera à son terme la bonne œuvre que Dieu a commencée.

La promesse de Dieu signifie-t-elle qu’un jour nos personnalités propres seront éradiquées, totalement submergées dans la sanctification? Je ne le crois pas. Dieu aime sûrement trop la diversité du corps du Christ pour transformer chacun d’entre nous en un clone de personnalité. En conformant chacun d’entre nous à l’image de son Fils, Dieu peut réorienter certains de nos traits de caractère pour les transformer en forces singulières et saintes.

Une personne têtue devient résolument déterminée à vivre pour le Christ. Un extraverti apprend qu’il est capable de communiquer facilement l’Évangile à des non-croyants. Une âme tranquille oriente sa réflexion vers la compréhension des autres et prie pour eux avec empathie.

La bonne nouvelle est que le Christ est capable de faire de grandes choses avec chacun de nous, peu importe qui nous sommes ou d’où nous venons. Nous louons Dieu qui, « par la puissance qui est agit en nous, peut faire infiniment au-delà de tout ce que nous demandons ou pensons » (Ép 3.20).

Puis-je même changer? Non, mais je peux être changé par Dieu.

Note

1. Sinclair Ferguson, Devoted to God: Blueprints for Sanctification [Consacré à Dieu : plans pour la sanctification], Edinburgh, Banner of Truth, 2016, p. 198, souligné par l’auteur.