La très sainte Trinité
La très sainte Trinité
- Il y en a trois à qui les perfections de la divinité sont attribuées, et qui ne sont qu’un seul Dieu, et ces trois sont, le Père, le Fils, et le Saint-Esprit
- Jésus-Christ est Dieu
- Par lui, toutes choses ont été créées
- Il sonde les cœurs et les reins
- Il connaît toutes choses
- Il est égal à son Père
- Il est adoré des anges
- Il est le Fils de Dieu
- Sa génération est éternelle
1. Il y en a trois à qui les perfections de la divinité sont attribuées, et qui ne sont qu’un seul Dieu, et ces trois sont, le Père, le Fils, et le Saint-Esprit⤒🔗
« Enseignez toutes les nations, en les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Mt 28.19).
Jésus-Christ veut :
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Que ses apôtres enseignent tous les peuples, au lieu que jusqu’alors Dieu ne s’était fait connaître que dans la Judée (Ps 76.2-3; 147.19-20; Mt 10.5).
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Ensuite qu’on ajoute le baptême à la prédication pour être le sceau de son Alliance.
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Il veut qu’on l’administre au nom et en l’autorité du Père, du Fils et du Saint-Esprit; ce qui montre : 1. Que le Fils n’est pas une créature; car puisque le baptême emporte un entier dévouement au service de celui, au nom duquel nous sommes baptisés, il ne saurait être administré sans impiété, au nom d’une créature. 2. Que le Fils et le Saint-Esprit sont distingués du Père. 3. Que le Saint-Esprit n’est pas une qualité ou une vertu, car on n’est pas baptisé au nom d’une vertu.
« Il y a diversité de dons; mais il y a un même Esprit. Il y a aussi diversité d’administrations; mais il y a aussi un même Seigneur. Il y a aussi diversité d’opérations; mais il y a un même Dieu, qui opère toutes choses en tous » (1 Co 12.4-6).
Il y a divers dons; don de prophétie, don des langues, etc., mais c’est un même Esprit qui distribue ces dons; il est donc distingué de ses dons. Il y a aussi diversité de ministères : pasteurs, diacres, docteurs; mais il n’y a que Jésus-Christ seul qui nous appelle à ces fonctions. Il y a aussi diverses opérations miraculeuses qui sont employées à la confirmation de la vérité; mais il n’y a qu’un seul et même Dieu, qui opère toutes ces choses par sa puissance, en tous ceux dont il se sert pour opérer ces merveilles.
« La grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu, et la communication du Saint-Esprit, soient avec vous tous » (2 Co 13.13).
La grâce par laquelle le Seigneur Jésus nous a réconciliés avec Dieu et nous a rachetés de nos péchés; l’amour par lequel le Père nous a aimés en son Fils, nous a adoptés, et nous protège, et la communication du Saint-Esprit par laquelle nous sommes de plus en plus fortifiés dans la grâce du Fils, et dans l’amour du Père; soient avec vous. Ainsi, nous demandons au Fils les sentiments de sa grâce; au Père, les assurances et les effets de son amour; et au Saint-Esprit qu’il se communique salutairement à nous, et nous distribue ses dons. Or ce passage nous est une preuve de la Trinité, car le Père et le Saint-Esprit y sont invoqués.
« Car il y en a trois qui rendent témoignage au ciel; le Père, la Parole, et le Saint-Esprit, et ces trois-là sont un » (1 Jn 5.7).
Il y a trois témoins célestes, qui rendent témoignage aux hommes, touchant la vérité que saint Jean vient d’établir que Jésus est le Fils de Dieu; etc. Le Père a rendu ce témoignage plusieurs fois : dans le baptême de Jésus-Christ (Mt 3.17); dans sa transfiguration (Mt 17.5; Jean 5.37), et ailleurs. Le Fils qui est la Parole, et qui est dans le ciel, a confirmé cette vérité, non seulement par les miracles qu’il a faits, lorsqu’il était sur la terre (Jn 10.38), mais encore depuis son ascension par l’envoi de son Esprit sur ses apôtres (Ac 2.3-4), par les miracles que ses apôtres faisaient en son nom (Ac 3.6-7) et par l’établissement de son Évangile dans tout le monde; l’Esprit a aussi rendu ses témoignages par ses dons miraculeux, et ces trois témoins ont une même essence.
« La grâce et la paix vous soient données par celui qui est, et qui était, et qui est à venir; et par les sept Esprits [le Saint-Esprit est marqué par les sept Esprits; soit à cause de la multitude de ses dons, soit plutôt par allusion aux sept Églises de l’Asie Mineure, auxquelles saint Jean écrit, qui sont devant son trône], et par Jésus-Christ qui est le fidèle témoin, le premier-né d’entre les morts, et le Prince des rois de la terre » (Ap 1.4-5).
Saint Jean souhaite ici toute sorte de bonheur et de prospérité pour cette vie présente, et pour celle qui est à venir; de la part de Dieu qui était avant le temps, qui est dans le temps, et qui sera lorsqu’il n’y aura plus de temps; de la part de l’Esprit, qui a communiqué ses dons aux sept Églises de l’Asie Mineure, et qui avait été représenté à Zacharie par les sept lampes du chandelier du Temple, et de la part de Jésus-Christ, qui nous a apporté l’Évangile du sein de son Père, et qui a confirmé son témoignage par sa mort; qui est le premier, et le Prince des morts qui ressusciteront en immortalité et en gloire, et qui possède une dignité supérieure à celle des rois, et des souverains, et de qui tous les rois tiennent leur élévation.
2. Jésus-Christ est Dieu←⤒🔗
« Et cette Parole était Dieu » (Jn 1.1).
Jésus-Christ est appelé ici la Parole, par allusion au chapitre 1 de la Genèse, et au chapitre 8 des Proverbes, et cette Parole est appelée Dieu, parce qu’elle l’était, en effet; elle était au commencement avec Dieu le Père.
« Christ qui est Dieu sur toutes choses, béni éternellement » (Rm 9.5).
Saint Paul qui avait dit que Jésus-Christ était descendu des anciens patriarches selon la chair, c’est selon sa nature humaine, dit qu’à un autre égard il est Dieu bénit sur toutes choses, ce qui ne se peut dire d’une créature, sans impiétés, car par ce titre il est élevé au-dessus de tous ceux qui sont appelés Dieu; il est sur toutes choses, sur les hommes, les anges, toutes les créatures; il est la source de toute bénédiction, et il est le sujet de nos louanges.
« Attendant la bienheureuse espérance, et l’apparition de la gloire du grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ » (Tt 2.13).
La bienheureuse espérance signifie le bonheur et le salut que nous espérons qui est joint avec cette dernière et glorieuse apparition de Jésus-Christ, qui est appelé ici notre grand Dieu et Sauveur. Le premier mot marque ce qu’il est de toute éternité; le second mot nous enseigne ce qu’il a fait pour nous, lorsqu’il nous a acquis le salut par sa mort.
« Nous sommes au véritable, savoir, à son Fils Jésus-Christ; c’est lui qui est le vrai Dieu, et la vie éternelle » (1 Jn 5.20).
Le Fils de Dieu nous a donné la droite et salutaire connaissance du Dieu vivant et vrai, et par la foi nous avons communion avec ce Fils, qui est le Véritable, aussi bien que le Père; car il est le vrai Dieu, il en a toutes les perfections; et comme il est vivant en lui-même, il est aussi la source et la cause de la vie des créatures; il nous a promis de nous donner la vie éternelle, et il nous la donnera un jour.
3. Par lui, toutes choses ont été créées←⤒🔗
« Toutes choses ont été faites par elle [c’est par la Parole, qui est Jésus-Christ]. Et sans elle, rien de ce qui a été fait n’a été fait » (Jn 1.3).
De toutes les créatures qui sont au monde, il n’y en a aucune qui ne doive son existence au Fils de Dieu, et par conséquent il est Dieu, puisque Dieu se distingue des autres êtres, par la création du monde (És 40.25; Jr 10.11-12).
« Par lui [c’est par Christ] ont été créées toutes les choses qui sont aux cieux, et qui sont sur la terre, visibles et invisibles; soit les trônes, ou les dominations, ou les principautés, ou les puissances. Toutes choses ont été créées par lui, et pour lui; et il est devant toutes choses et toutes choses subsistent par lui » (Col 1.16).
Il ne faut pas s’étonner si notre Médiateur a un souverain Empire sur toutes choses, puisqu’il les a toutes créées, non seulement celles qui sont sur la terre, mais toutes celles qui sont dans les cieux; non seulement toutes celles qui tombent sous nos sens, mais même les invisibles, les esprits immortels quels qu’ils soient, trônes ou dominations, ou principautés, ou puissances. C’est lui qui est l’auteur de toutes choses, et qui en est la fin; de sorte que comme elles ont été créées par lui, il est raisonnable qu’elles existent pour lui; et que comme il leur a donné l’être par sa bonté, elles se rapportent toutes à son honneur et à sa gloire. Par l’éternité de son essence, il existe avant elles, et par sa puissance il les soutient et les empêche de retourner dans le néant dont il les a fait sortir.
« Toi, Seigneur, tu as fondé la terre, dès le commencement, et les cieux sont les œuvres de tes mains » (Hé 1.10).
Ces paroles sont tirées du Psaume 102. Ainsi l’apôtre appliquant à Jésus-Christ ce qui ne peut convenir qu’au vrai Dieu, nous apprend qu’il a reconnu Jésus-Christ pour le vrai Dieu.
4. Il sonde les cœurs et les reins←⤒🔗
« Toutes les Églises connaîtront que je suis celui qui sonde les cœurs et les reins, et je rendrai à chacun de vous selon ses œuvres » (Ap 2.23).
C’est Jésus-Christ qui parle; or il s’ensuit de là qu’il est Dieu; car il n’y a que Dieu, qui sonde les cœurs (2 S 16.7; 1 Ch 28.3; Jr 10.10; 17.10; 20.12; Ac 1.24), et il n’y a que Dieu qui puisse rendre à chacun selon ses œuvres, parce que pour le faire, il faut non seulement les connaître par leur dehors, mais encore en pénétrer le principe, la fin et tout ce qu’il y a de bien ou de mal.
5.Il connaît toutes choses←⤒🔗
« Seigneur, tu sais toutes choses » (Jn 21.17).
C’est la réponse que fait saint Pierre à Jésus-Christ, qui lui demandait s’il l’aimait, et par cette réponse, il fait voir qu’il était persuadé de la connaissance infinie de Jésus-Christ, qui ne peut convenir qu’à Dieu
6. Il est égal à son Père←⤒🔗
« Lequel étant en forme de Dieu, n’a point réputé que ce fût une usurpation d’être égal à Dieu » (Ph 2.6).
Ces paroles marquent :
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Que Jésus-Christ, avant que se faire homme, non seulement était Dieu, mais qu’il en avait la majesté et la gloire.
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Qu’il était égal à Dieu son Père, et que ce n’a point été une usurpation sur les droits inaliénables de la divinité lorsqu’il s’est fait égal à Dieu (Jn 5.18), un avec son Père (Jn 10.30), qu’il a parlé, et agi avec l’autorité d’un Dieu, et qu’il a reçu de ses disciples les adorations, qui ne peuvent appartenir qu’à Dieu (Jn 20.28; Lc 24).
« Moi, et le Père sommes un » (Jn 10.30).
Jésus-Christ veut prouver que nul ne ravira ses brebis de ses mains, comme nul ne les peut ravir des mains de son Père; il le prouve en disant qu’il est un avec son Père, et qu’ayant une même nature, il a une même puissance, et il prend le même soin pour le salut de son troupeau; et les Juifs le comprirent bien, quand ils le voulurent lapider.
7. Il est adoré des anges←⤒🔗
« Que tous les anges de Dieu l’adorent » (Hé 1.6).
Ces paroles sont tirées du Psaume 97. Ce qui fait voir que Jésus-Christ est l’Éternel, dont il est parlé dans tout ce Psaume, et par conséquent le vrai Dieu. Et certainement, il n’y a qu’un Dieu à qui les anges et les hommes doivent rendre leurs adorations puisque l’adoration est l’acte le plus soumis de la créature.
« Afin que tous honorent le Fils, comme ils honorent le Père » (Jn 5.23).
Dieu le Père, qui a commis à son Fils la conduite, et le gouvernement de son Église, et le jugement de l’univers, veut qu’on rende à son Fils les mêmes honneurs, et la même adoration, qu’à lui-même; or cela ne se peut dire, sans blasphème d’une créature, parce qu’il n’y a point de créature qui mérite des honneurs divins. Dieu ne donne point sa gloire à un autre.
8. Il est le Fils de Dieu←⤒🔗
« Tu es mon Fils, je t’ai aujourd’hui engendré » (Ps 2.7).
Il n’y a que Jésus-Christ, comme le remarque saint Paul (Hé 1.5), à qui le Père ait tenu ce discours; parce qu’il n’y a que lui à qui il ait communiqué, de toute éternité, son essence, et ses perfections; et lorsque Jésus-Christ est ressuscité, et qu’il est monté au ciel, il a fait voir qu’il était bien ce Fils, que le Père avait engendré. Aussi saint Paul applique cet oracle à la résurrection, parce qu’il a été alors déclaré Fils de Dieu (Rm 1.4).
9. Sa génération est éternelle←⤒🔗
« J’ai été engendrée avant que les montagnes fussent posées » [dit la Sagesse éternelle, qui est Jésus-Christ] (Pr 8.25).
C’est la sagesse qui parle, qui ne peut pas être ici une propriété de Dieu; car la sagesse considérée comme un attribut de la divinité ne dirait pas qu’elle ait été engendrée de Dieu. Cette façon de parler ne peut avoir lieu proprement, que quand il s’agit d’une personne, ou improprement, lorsqu’il s’agit d’une chose qui est distinguée de son auteur; mais jamais d’une chose qui serait réellement la même avec son principe.
Salomon nous décrit donc ici la génération du Fils, et que cette génération est éternelle. Car par ces expressions, avant que les montagnes fussent posées, et plusieurs autres, l’Écriture marque l’éternité (comme Jb 15.7; Ps 90.2).
« De toi, Bethléem, me sortira quelqu’un pour être Dominateur en Israël; et ses issues sont dès les jours d’éternité » (Mi 5.2).
Il paraît que Dieu oppose ici la génération éternelle de son Fils, à celle qui s’est faite dans le temps, afin de relever par cette génération éternelle, la bassesse de sa naissance temporelle. Cette génération est marquée ici par le mot d’issues, qui vient d’un mot hébreu, qui signifie sortir, par lequel Dieu avait marqué la naissance temporelle de Jésus-Christ; mais elle est exprimée par le mot d’issues au pluriel, pour en mieux relever l’excellence et la dignité, selon l’usage des Hébreux (1 Pi 1.20; Rm 9.4).
Il paraît de ce que nous avons dit au commencement de ce chapitre, ce que nous devons penser du Saint-Esprit, savoir qu’il est Dieu avec le Père et le Fils, et qu’il est distingué de l’un et de l’autre.
Cette distinction paraît, non seulement par les passages allégués, mais encore par celui-ci.
« Quand celui-là, savoir l’Esprit de vérités sera venu, il vous conduira en toute vérité, car il ne parlera point de soi-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et vous annoncera les choses à venir. Celui-là me glorifiera; car il prendra du mien, et il vous l’annoncera » (Jn 16.13-14).
Quand l’Esprit qui est l’Auteur de toute vérité sera venu, et vous sera donné, comme je vous l’ai promis, il n’y a point de vérité qu’il ne vous révèle, et il ne permettra pas que vous tombiez dans aucune erreur, et comme il fera ici la fonction d’Ambassadeur, il ne dira que ce qu’il a appris de ceux qui l’auront envoyé, savoir du Père et de moi. Non seulement il vous révélera les choses passées, mais encore les choses à venir. Il me glorifiera, en faisant connaître clairement la divinité de ma personne, l’excellence de ma charge, la vertu de ma mort, mes combats et ma victoire, et il tirera tout ce qu’il vous dira de mes trésors, comme un envoyé ne dit rien que selon les instructions qu’il a reçues. On y peut joindre Jean 15.26, où il paraît qu’il procède du Père, et qu’il est envoyé par le Fils, nous parlerons ailleurs de ses opérations.