Foi chrétienne et guérison
Foi chrétienne et guérison
La présence parmi nous de handicapés physiques ou mentaux, et d’une manière générale l’actualité permanente de la maladie, nous posent des questions douloureuses, par moments angoissantes, que nous ne saurions taire, mais auxquelles il convient d’accorder notre attention, d’apporter une réponse, même si cette dernière n’était que partielle. Nous leur consacrerons une brève étude.
Une telle étude ne relève pas du domaine de la théorie. Quadriplégies, sclérose en plaques, maladie de Parkinson, affections du système neuromoteur, arthrite et arthroses, des esprits brillants frappés de dépression aiguë, d’autres atteints de schizophrénie, des parents dépassés par un mal qui torture leurs enfants et met à rude épreuve leur résistance nerveuse, des jeunes affligés de dyslexie, d’autres souffrant des troubles du système nerveux, ce ne sont là que quelques-unes de ces pénibles épreuves physiques qui plongent même la foi la plus robuste dans une véritable perplexité au sujet des voies divines, et plus particulièrement celles que Dieu emprunte pour traiter avec ses propres enfants.
Ce qui frappe le plus le chrétien est le fait que même lui, enfant de Dieu, ne soit pas épargné. L’Écriture sainte cite nombre de cas où la foi fut grandement secouée et le doute s’empara d’esprits dont on n’aurait jamais attendu la moindre défaillance. À première vue, il semble qu’ils dussent être à l’abri de la douleur. Songez à Job, ce personnage de l’Ancien Testament. Vous vous rappelez également du mal indéfinissable dont souffrait l’apôtre Paul. Avoir la foi ne semble pas être une garantie contre le mal; le chrétien n’est pas immunisé contre l’infirmité. Il ne suffit ni de prier pour en être délivré ni de faire naïvement preuve de crédulité et, dans une attitude quasi superstitieuse, s’attendre en une guérison miraculeuse. Nous sommes avertis par l’Écriture : seule la grâce de Dieu nous soutiendra, mais la grâce divine n’est pas l’équivalent d’une assurance tout risque contre l’accident. Notre existence chrétienne est voilée par des circonstances souvent inexplicables.
Si tel est le cas, et nous n’avons pas de doute qu’à la lumière des Écritures chrétiennes ce soit vraiment le cas, non seulement il serait naïf, mais encore irresponsable, voire malhonnête, de prétendre que le chrétien, tout chrétien, a automatiquement droit à l’immunité et que, dès à présent, son corps mortel sera à l’abri de la déchéance physique, parfois même celle de l’esprit. « L’écharde dans la chair » de l’apôtre Paul, les ulcères de Job, les plaies que des chiens de la rue léchaient sur les membres de Lazare, personnage d’une des paraboles de Jésus, sont le rappel douloureux, bien qu’utile, que bien que déjà participants au Royaume de Dieu, nous ne cessons de séjourner dans un corps d’humiliation, « sous une tente », selon l’expression apostolique, laquelle non seulement sera délogée, peut-être à l’improviste, mais qui est souvent violemment secouée et ébranlée par des orages violents; le mal nous attaque parfois avec férocité et ne nous épargne aucune de ses flèches empoisonnées.
Ce n’est pas de gaieté de cœur que l’on constate des réalités aussi sombres et par moments désespérants. Émotivement, de telles expériences peuvent devenir insupportables.
Ceux qui, sans doute bien intentionnés mais ignorant, ou encore niant ouvertement que le mal fait partie du lot quotidien des fidèles disciples du Christ-Jésus, osent prétendre contre toute évidence que le Sauveur nous doit absolument tout, sur-le-champ, ici et maintenant. Selon eux, la foi est la panacée magique contre le mal physique (sauf, bien entendu, qu’ils se savent incapables de souder les morceaux d’une jambe coupée ou rappeler à la vie l’un de leurs proches décédés malgré leur foi, qui, disent-ils, peut soulever des montagnes). Ils vont jusqu’à nous questionner : où est donc votre foi? Heureusement que l’Écriture nous protège contre de tels abus : Écoutez les lignes suivantes extraites du livre de Job 7.11-20 :
« C’est pourquoi je ne retiendrai pas ma bouche
Je parlerai dans la détresse de mon âme
Je me plaindrai dans l’amertume de mon âme…
Laisse-moi, car mes jours ne sont que vanité
Quand cesseras-tu d’avoir le regard sur moi?
Quand me laisseras-tu le temps d’avaler ma salive? »
Certes, le croyant du Nouveau Testament ne s’adressera pas à Dieu en de termes semblables. Mais en fait, il se laissera parfois, à son tour, emporter et il protestera avec amertume. Cependant, l’apôtre Paul nous apprend qu’il se contentera en « toutes circonstances, par celui qui me fortifie » (Ph 4.13). Même la certitude que tous les événements se produisent selon la volonté de Dieu ne fait pas taire automatiquement nos questions douloureuses. Jésus dans le jardin de Gethsémani n’avait aucun doute quant au dessein rédempteur de Dieu, pourtant il supplia le Père céleste d’éloigner la coupe de lui. Son attitude dans cette circonstance devrait nous consoler lorsque notre résistance fléchit. Sachons cependant que Dieu ne nous éprouvera jamais au-delà de nos forces. Mais rappelons-nous aussi que la providence divine, si salutaire pour notre foi, s’enveloppe parfois d’un manteau sombre, voire effrayant.
Comment faire face au mal, physique ou psychique? Considérons quelques-unes des lignes de conduite tracées par l’Écriture sainte.
Le premier point à considérer est que l’humanité tout entière est assujettie au pouvoir du mal et que nul ici-bas n’est définitivement à l’abri d’un handicap physique. La chute originelle n’a pas seulement mis au grand jour la culpabilité de l’homme, mais elle a encore provoqué la ruine sur tous les fronts, une ruine universelle. Chacun d’entre nous, dans un degré plus ou moins grand, fera face à des déceptions douloureuses aussi bien sur le plan physique que psychique. Nos corps sont sujets à la fatigue et à l’épuisement, nous éprouvons la douleur, nous subissons la maladie, nous sommes frappés d’infirmité, nous sommes destinés à la sénescence, nous faisons l’expérience d’une misérable coordination de nos articulations, sans mentionner des troubles de la vue, de l’ouïe, ou la perte de toute motricité. La névrose semble aussi nous atteindre sans distinction, au point où à certains moments, même lors d’instants de lucidité, nos esprits témoignent de capacités grandement amoindries. Il existe des organismes humains plus ou moins normaux, il faudrait dire : moins et non plus. Il n’en existe aucun qui soit impeccable. Comparé au couple créé à l’origine, le spécimen le plus brillant de l’esprit humain n’est, depuis la chute originelle, qu’un pauvre déchet!
En second lieu, rappelons-nous que chaque personne fait l’expérience d’une douleur qui lui est propre. L’homme naît pour souffrir, déclarait le livre de Job (Jb 5.7). Certes, pas tous les hommes souffrent avec le même degré d’intensité. Certains accumulent tristesse sur tristesse. Combien de mes propres amis, souvent jeunes et doués, se sont plaints amèrement — et j’ai envers eux, elles, une immense compassion — que si certains jouissent d’une excellente santé, il est donné à d’autres de souffrir sans mesure… Cependant, chacun d’entre nous traverse à sa façon, et d’un pas lourd, la sombre vallée de la mort. Il n’existe aucun foyer sur lequel ne plane le spectre de la mort et qui ne soit hanté par un mal quelconque : chômage, veuvage, rupture conjugale, alcoolisme, maladie incurable, pauvreté matérielle, solitude, couple sans enfants, et même névrose dans ses degrés les plus affligeants.
Je crois que tout homme frappé du mal a droit à notre sympathie et mérite notre encouragement moral. Ce devrait être quasi une mission que de partager avec notre prochain les encouragements dont nous avons été, en tant que chrétiens, les bénéficiaires privilégiés. Il est probable que nos propres infirmités nous aient rapprochés du divin Consolateur, que notre handicap ait aiguisé notre perception spirituelle, que du point de vue où nous nous situons, debout ou sur le lit de la maladie ou de l’infirmité, nous ayons acquis une vue qui manque à d’autres, que notre maladie nous ait accordé une perspective entièrement nouvelle.
Aussi faut-il les partager avec autrui. Il existe un charisme, et ici j’accorde à ce terme biblique tellement galvaudé, exploité, escroqué même, son sens originel : un don de sympathie, ou si l’on préfère, celui de l’empathie. Il est possible que grâce à lui nous soyons même en mesure de déclarer comme le Psalmiste : « Il est bon que j’aie été affligé » (Ps 119.71).
En troisième lieu, nous nous rappellerons du principe énoncé dans un texte apostolique : « Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8.28).
Certes, il est parfois plus facile de déclarer en parole que l’on est d’accord en principe avec ces propos bibliques que d’en vivre personnellement. Pourtant, nous devons en vivre. Très souvent, il ne reste rien d’autre à faire. En outre, ces propos bibliques déclarent ce que nous connaissons déjà avec certitude : la certitude de notre foi, que notre expérience confirme. Saint Paul avait été battu, trahi, avait connu le naufrage, avait été jeté dans d’immondes geôles, éprouvé une extrême lassitude, avait été rejeté et humilié, jusqu’à presque désespérer. Mais, en dépit de toutes ses douloureuses expériences, il avait appris que rien ne pouvait le séparer de l’amour de Dieu manifesté en Christ (Rm 8.38-39). Seules la bonté et les infinies compassions divines suivaient une telle expérience, et ce, chaque jour de sa carrière mouvementée. Dieu cherchait à le rendre semblable au Christ; absolument tout dans sa vie devrait tendre vers ce but.
Il n’existe aucune raison de gémir : « Je suis à bout, je suis fini, je n’en peux plus, je n’espère plus rien! » Sachons que, quelque soit le point où nous soyons parvenus, nous nous approcherons de l’Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde et qui également porte nos fardeaux.
Cela peut vouloir dire que nous pouvons même glorifier son nom dans nos afflictions, en dépit de la position terriblement désavantageuse qui serait la nôtre. Ce qui explique pourquoi la plupart des promesses énoncées dans le livre de l’Apocalypse — le dernier livre du Nouveau Testament — s’adressent à celui qui saura résister, qui surmontera la tribulation et qui sera vainqueur. Cela veut également dire que Dieu nous offre la possibilité de le glorifier au sein de nos tribulations. Lorsque nous sommes conscients que nous ne pouvons lui présenter que notre patience avec notre infirmité et notre faiblesse, c’est là qu’il manifestera quand même sa force.
« Et il m’a dit : Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi » (2 Co 12.9).
Le grand poète britannique John Milton a quelques lignes d’une très haute inspiration composées après que la cécité l’eut frappé, et qui, depuis trois siècles, ont été une source inépuisable d’inspiration pour plusieurs générations de chrétiens. J’en traduis imparfaitement la dernière phrase : « Ceux-là aussi le servent — servent Dieu — qui seulement se tiennent debout et qui attendent. »
En quatrième lieu, il faut tenir compte du ministère communautaire dans lequel sont engagés tous les fidèles disciples du Christ. Chacun d’entre nous est appelé à servir le Seigneur, et on le sait aussi bien par le Nouveau Testament que depuis la Réforme du 16e siècle, qu’il n’existe pas une caste cléricale à laquelle serait réservé exclusivement le service chrétien; il est opportun de se rappeler le passage d’Éphésiens 4; nous sommes liés, et ce jusqu’à notre dernier souffle, à d’autres membres du corps du Christ. La maladie ou l’infirmité, ainsi que d’autres handicaps, ne sauraient nous en empêcher. Nous devons servir parce que pratiquement nous pouvons servir. Nul ne devrait s’estimer inutile. Chacun d’entre nous reste le gardien de son frère, quelle que soit sa condition physique.
C’est la raison pour laquelle il nous faut sans cesse demander la plénitude de l’Esprit Saint (Ép 5.18). Aussi exaltantes qu’aient été certaines de nos expériences de jadis, nous ne cessons pas de vivre dans l’obligation de nous renouveler, de nous recycler spirituellement. Une bénédiction doit en suivre une autre. Le premier résultat en sera la prise de considération des besoins d’autrui et la recherche de son intérêt. Selon l’exhortation apostolique, nous nous soumettrons les uns aux autres (Ép 5.21).
Je me rends compte que l’application de cette règle spirituelle ne soulève pas de difficultés aussi grandes que dans la vie des handicapés physiques. Leurs besoins sont impérieux, contraignants, apparemment exclusifs, difficiles à satisfaire. Leur situation les pousserait plutôt vers l’égocentrisme et vers une entière dépendance. Or, l’antidote le plus efficace à une telle attitude sera de se laisser remplir par l’Esprit. Sa présence et sa plénitude détourneront l’attention de soi-même et de la revendication de ses propres droits pour la concentrer sur les devoirs envers autrui, pour rappeler aussi que, quelque soit le handicap et les limitations qu’il implique, l’on doit demeurer des adultes responsables vis-à-vis du prochain. L’Esprit accomplira même plus que cela. Il placera un chant joyeux dans nos cœurs. En toutes choses, nous saurons rendre des actions de grâce à Dieu notre Père (Ép 5.20). Ce sera ici le point culminant de toute discipline chrétienne, le signe le plus sûr que nous sommes devenus les disciples de notre divin Sauveur. Non seulement être capables d’accepter les frustrations, la peine, l’immobilité, peut-être même d’être privés de l’usage de la parole, mais encore ferons-nous preuve d’un contentement intérieur. Quelle manière merveilleuse alors de surmonter l’adversité et quelle victoire éclatante remportée sur le mal!
Cinquièmement, notre dépendance vis-à-vis d’autrui s’exercera à la lumière de la vie et de l’exemple du Christ, qui, tout Fils qu’il fut, il fît l’expérience du voilement de sa gloire. Son identité divine fut cachée dans les circonstances terrestres et à son tour, comme tout homme, il dut vivre par la foi. Il remit constamment son sort entre les mains du Père céleste et se laissa guider par le Saint-Esprit. Il dut également dépendre de ses parents selon la chair. Il demeura avec eux et il leur obéit. Il bénéficia du ministère des anges, compta sur l’assistance de ses compagnons, et, à la fin, il fallut qu’il dépende de la bonté de Joseph d’Arimathée pour que son corps descendu de la croix soit enseveli dans la tombe du jardin de cet ami.
Vivre la condition humaine veut dire que nous acceptons de dépendre d’autrui. Dans le cas de l’infirmité physique une telle dépendance peut être une expérience dramatique. Cela peut signifier un coup sévère porté à notre suffisance et à notre orgueil. Pourtant, nous sommes tous liés les uns aux autres. L’infirmité met un terme à notre prétention à l’indépendance totale et nous apprend qu’il ne nous reste qu’à regarder vers le Christ, celui qui accepta l’effacement de sa gloire, qui implora le secours humain, qui apprit à dépendre d’hommes mortels et pécheurs.
Finalement, rappelons-nous que notre existence individuelle est d’un prix précieux aux yeux de Dieu. Or, l’une des tentations les plus fréquentes du handicapé serait celle de s’apitoyer sur son sort, car il lui semble qu’il habite un corps avili, déchu, sans valeur. Cependant, ce qu’il importe de savoir c’est ce que Dieu pense de nous sans nous contenter de notre propre appréciation. Il nous accepte et nous aime tels que nous sommes. Il a même décidé de nous qualifier de « lumière du monde ». Il inscrit notre nom sur ses registres divins, voire, selon l’expression du prophète, dans le creux de sa main (És 49.16). Nous sommes pauvres et nécessiteux, mais jamais oubliés de lui (Ps 40.17).
Si Dieu nous accepte, nous n’avons plus le droit de nous mépriser, de nous considérer comme le déchet et le rebut de la société humaine. Dieu ne sera jamais dépassé ni par la quadriplégie ni par notre insuffisance cardiaque; aucune maladie incurable ne dressera une barrière à sa présence ni une résistance à sa grâce toute suffisante.
Savoir que Dieu nous accepte implique inversement que nous acceptions Dieu et que nous nous soumettions à ses voies. Job, ce personnage de l’Ancien Testament, dans ses amères protestations jetait un défi au Dieu souverain : Il exigeait qu’il lui rendît compte de l’étrange manière dont il traitait l’innocent. Pourquoi, demandait-il, la souffrance de l’homme juste? Dieu n’exauça aucune de ces demandes, mais il se présenta personnellement devant l’homme injustement torturé (Jb 42.5). Il ne répondra pas davantage à nos impatientes et souvent arrogantes interrogations. Parfois, même nos supplications légitimes, où nos implorations pathétiques témoignent pourtant d’une foi sincère, ne trouveront pas de réponse immédiate, ou pas la réponse que nous souhaitons, si tel est son bon vouloir. Il semble que Dieu nous réponde en des termes que Jésus employa lors d’autres circonstances : « Tu ne sais pas maintenant ce que je fais, mais tu comprendras plus tard » (Jn 13.7).
Apprenons donc à vivre sans vouloir tout comprendre à tout prix, sans tenter de percer des mystères qui ne sont clairs qu’aux yeux de celui que nous appelons notre Père céleste. Sachons cependant que son dessein est bienveillant. Nous aurons à nous exercer à vivre par moments au bord du précipice, voire à la limite de ce que nous pourrions endurer, entre deux éclaircies de sa révélation, sans l’éclairage éblouissant du plein jour, sans parvenir à la plénitude de connaissance.
Comment expliquer cela à ceux du dehors, ceux qui sont étrangers à notre foi, qui sont dépourvus de la vibrante espérance chrétienne? Aux handicapés et aux infirmes qui n’ont aucun appui spirituel, parce qu’ils ignorent le visage du Dieu compatissant?
Souvenons-nous pour commencer que chaque personne venant au monde, issue d’un couple humain, membre de l’humanité, même déchue, engendrée par la volonté d’un homme et d’une femme, porte encore et toujours l’image de Dieu. C’est le cas même pour le handicapé profond. Certes, cette image est ternie, atrocement déformée; pourtant, elle n’est jamais entièrement anéantie. La faculté de penser, d’apprécier la beauté, de s’engager dans une sorte de créativité, de cultiver de profondes relations sociales, et par dessus tout d’entrer en communion avec Dieu, est une faculté qui ne sera jamais anéantie, même par les pires effets du mal, de la maladie, du péché.
Il ne faudrait pas non plus confondre incapacité de communiquer avec défaut d’intelligence. Des victimes de paralysie cérébrale, des affections neuromotrices, des attaques de sclérose en plaques, ne peuvent parler. Cela ne signifie nullement qu’elles ne peuvent entendre, encore moins qu’elles seraient incapables de penser. Même dans le cas d’un comateux profond il est dangereux de supposer que la victime est mentalement hors circuit. (En fait, certaines personnes souffrant de multiples handicaps sévères voisinent les frontières du génie). Le célèbre physicien de l’Université de Cambridge, Stephen Hawkins est, depuis de nombreuses années, affecté par une maladie du système nerveux, cloué sur un fauteuil roulant. Et, depuis une opération de trachéostomie, subie en 1985, il est complètement aphone. Pourtant, il a produit une œuvre telle qu’actuellement on le compare à Newton, à Einstein, à Poincaré. Un aphone, celui qui a perdu l’usage de la parole, n’est pas un idiot.
Les handicapés et leurs familles, s’ils sont chrétiens, appartiennent de plein droit au corps du Christ. Cela veut dire que l’Église, communauté des fidèles, doit exercer auprès d’eux un ministère de compassion, constant et vigilant. Tout obstacle et tout empêchement à leur inclusion intégrale à leur famille spirituelle, l’Église, devraient disparaître.
Aussi sévère que soit la nature d’un handicap, spécialement dans l’infirmité mentale, tout être humain est capable de faire l’expérience de la régénération et d’entrer dans le royaume de Dieu. Il n’est pas indispensable de saisir tous les détails de la foi chrétienne et vivre tous les aspects ce qu’elle implique. Ceci ne veut nullement dire que l’on ne serait pas capable de « naître d’en haut ». L’Esprit Saint opère quand et comme il lui plaît.
Jésus n’a-t-il pas donné l’ordre? : « Ne les empêchez pas de venir à moi. »