La révélation générale - (5) Des textes réformés
La révélation générale - (5) Des textes réformés
- La Confession de foi de La Rochelle
- La Confession de foi des Pays-Bas (Belgica)
- Jean Calvin (L’Institution chrétienne, livre II, chapitre V)
1. La Confession de foi de La Rochelle⤒🔗
Article 1. « Nous croyons et confessons qu’il y a un seul Dieu, qui est une seule et simple essence, spirituelle, éternelle, invisible immuable, infinie, incompréhensible, ineffable, qui peut toutes choses, qui est toute sage, toute bonne, toute juste, et toute miséricordieuse. »
Article 2. « C’est ce Dieu qui se fait connaître aux hommes : Premièrement, par ses œuvres, aussi bien par leur création que par leur conservation et la manière dont il les conduit. Deuxièmement, et plus clairement encore, par sa Parole qui, au commencement révélée par oracle, a été ensuite rédigée par écrit dans les livres que nous appelons Écriture sainte. »
2. La Confession de foi des Pays-Bas (Belgica)←⤒🔗
Article 1. « Nous croyons tous du cœur et confessons de la bouche qu’il y a un seul Dieu, qui est un Être simple et spirituel. Il est éternel, incompréhensible, invisible, immuable, infini, tout-puissant, parfaitement sage, juste et bon. Il est aussi la source très abondante de tout bien. »
Article 2. « Nous le connaissons par deux moyens : Premièrement, par la création, la conservation et le gouvernement de l’univers, qui s’offre à nos yeux comme un livre magnifique dans lequel toutes les créatures, petites et grandes, sont comme autant de lettres qui nous amènent à contempler les choses invisibles de Dieu, c’est-à-dire “sa puissance éternelle et sa divinité”, comme le dit l’apôtre Paul (Rm 1.20). Toutes ces choses sont suffisantes pour convaincre les hommes et les rendre inexcusables. Deuxièmement, il se fait connaître à nous plus clairement et plus pleinement par sa sainte et divine Parole — aussi pleinement que nous en avons besoin dans cette vie, pour sa gloire et pour le salut des siens. »
3. Jean Calvin (L’Institution chrétienne, livre II, chapitre V)←⤒🔗
1. « Dieu a imprimé des marques de sa gloire en toutes ses œuvres. Or parce que la souveraine félicité et le but de notre vie gît en la connaissance de Dieu, afin que nul n’en fût exclu, non seulement il a engravé cette semence de religion que nous avons dite en l’esprit des hommes, mais aussi il s’est tellement manifesté à eux en cet édifice beau et exquis du ciel et de la terre, et journellement s’y montre et présente, qu’ils ne sauraient ouvrir les yeux qu’ils ne soient contraints de l’apercevoir. Son essence est incompréhensible, tellement que sa majesté est cachée bien loin de tous nos sens; mais il a imprimé certaines marques de sa gloire en toutes ses œuvres, voire si claires […] que toute excuse d’ignorance est ôtée aux plus rudes […] du monde… (Ps 104.2)… »
3. « Dieu n’est pas loin de nous et les petits enfants eux-mêmes chantent ses louanges. […] Pour cette raison aussi saint Paul, après avoir montré que Dieu se peut en tâtonnant sentir des aveugles, ajoute […] qu’il ne faut pas chercher loin, parce que chacun sent dedans soi cette grâce céleste de laquelle nous sommes tous fortifiés (Ac 17.27-28). Or si pour comprendre ce qu’est Dieu il ne nous faut point sortir hors de nous-mêmes, quel pardon ou quelle excuse mérite la nonchalance de ceux qui, pour trouver, ne daignent pas se retirer en eux où il habite? À ce propos aussi David, après avoir célébré en peu de mots le nom de Dieu et sa majesté qui reluisent partout […] s’écrie : Qu’est-ce que l’homme, Seigneur, que tu penses à lui? (Ps 8.5). »
6. « Témoignages de la puissance de Dieu. Qu’il nous souvienne donc, toutes les fois que chacun considère son état, qu’il y a un seul Dieu qui gouverne tellement toutes natures, qu’il veut que nous regardions à lui, que notre foi s’y adresse, que nous le servions et invoquions, vu qu’il n’y a rien plus confus ni déraisonnable que de jouir des grâces si précieuses qui montrent en nous quelque divinité, et mépriser l’auteur duquel nous les tenons. Quant à la vertu de Dieu, combien a-t-elle de témoignages qui nous devraient ravir à la considérer? Car ce n’est point chose cachée ou obscure, quelle vertu est requise à soutenir cette machine et masse infinie du ciel et de la terre; quel empire c’est, en disant le mot, de faire trembler le ciel et éclater de tonnerres, brûler ce que bon lui semble de foudres, allumer l’air d’éclairs, le troubler de diverses sortes de tempêtes, le rendre clair et paisible en une minute. […] Or sa puissance doit nous conduire à connaître son éternité, vu qu’il faut que celui duquel toutes choses prennent origine soit éternel et n’ait commencement que de soi… »
12. « Il n’y a pas de connaissance naturelle de Dieu. Or il est à noter que tous ceux qui abâtardissent la religion, comme il adviendra à tous ceux qui suivent leur fantaisie, se séparent du vrai Dieu et s’en révoltent. Ils protesteront bien de n’avoir point ce vouloir : mais il n’est pas question de juger selon ce qu’ils proposent ou qu’ils se persuadent, vu que le Saint-Esprit prononce que tous sont apostats, d’autant qu’en leur obscurité et ténèbres ils supposent des diables au lieu de Dieu. Pour cette raison, saint Paul dit que les Éphésiens ont été sans Dieu, jusqu’à ce qu’ils eussent appris par l’Évangile quel Dieu il fallait adorer (Ép 2.12). […] Par conséquent l’Écriture, afin de donner lieu au vrai Dieu et unique, insiste fort à condamner tout ce qui a été renommé de divinité entre les païens, et ne laisse de résidu sinon le Dieu qui était adoré en la montagne de Sion, parce que là il y avait doctrine spéciale pour tenir les hommes en pureté. […] Bref, bien que tous n’aient point été plongés en des vices […] énormes, et qu’ils ne soient point tombés en idolâtries manifestes, il n’y a eu toutefois nulle religion pure et approuvée, étant seulement fondée sur le sens commun des hommes. […] Le dire de saint Paul n’en demeure pas moins vrai : que la sagesse de Dieu ne se comprend point par les plus excellents du monde (1 Co 2.8)… »
13. « Les étincelles de connaissance que nous pouvons avoir de Dieu ne servent qu’à nous rendre inexcusables. Voilà comment tant de si belles lampes allumées au bâtiment du monde nous éclairent en vain pour nous faire voir la gloire de Dieu, vu qu’elles nous environnent de leurs rayons, de telle sorte qu’elles ne nous peuvent conduire jusqu’au droit chemin. Vrai est qu’elles font bien sortir quelques étincelles, mais le tout s’étouffe avant de venir en clarté de durée. C’est pourquoi l’apôtre, après avoir dit que le monde est comme une effigie ou un spectacle des choses invisibles, ajoute tantôt après que c’est par la foi qu’on connaît qu’il a été aussi bien compassé et approprié par la Parole de Dieu (Hé 11.3). Signifiant par ses mots, bien que la majesté invisible de Dieu soit manifestée par tels miroirs, que nous n’avons pas les yeux pour la contempler jusqu’à ce qu’ils soient illuminés par la révélation secrète qui nous est donnée d’en haut […] (Rm 1.19; Ac 17.27)… »
14. « La faute de cette incapacité de connaître Dieu est en nous. Or, bien que la faculté nous fait défaut par nature pour être amenés jusqu’à une pure et claire connaissance de Dieu, toutefois, d’autant que le vice de cette tardiveté est en nous, toute tergiversation nous est ôtée, car nous ne pouvons pas tellement prétendre ignorance, que notre propre conscience ne nous blâme tant de paresse que d’ingratitude. Car ce n’est pas défense de mise ni recevable, si l’homme, étant doué de sens, allègue qu’il n’a point d’oreille pour entendre la vérité, vu que les créatures muettes ont voix haute et claire pour la raconter; s’il allègue de n’avoir pu voir de ses yeux ce que les créatures qui n’ont point de vue lui auront montré; s’il s’excuse sur la faiblesse de son esprit, quand les créatures qui n’ont ni sens ni raison lui sont maîtresses pour l’enseigner. C’est pourquoi, en ce que nous sommes errants et vagabonds, nous sommes dénués de toute excuse, vu que toutes choses nous montrent le droit chemin. Au reste, bien qu’il faille imputer au vice des hommes, le fait qu’ils corrompent aussitôt la semence que Dieu a plantée en leurs cœurs pour se faire connaître par l’artifice admirable de la nature, au point que cette semence ne produit jamais son fruit entier et mûr, toutefois ce que nous avons dit est toujours vrai : c’est que nous ne sommes pas suffisamment instruits par le simple témoignage […] que les créatures rendent à la gloire de Dieu, quelque magnifique qu’il soit. Car sitôt qu’en contemplant le monde nous avons goûté bien maigrement et à la légère quelque divinité, nous laissons là le vrai Dieu; et, au lieu de lui, dressons nos songes et fantômes et dérobons à la fontaine de sagesse, de justice, bonté et vertu, la louange qui lui est due, pour la transporter çà et là. Quant à ses œuvres ordinaires, ou nous les obscurcissons, ou nous les renversons par notre jugement pervers, en sorte qu’elles ne sont point prisées selon qu’elles méritaient, et que l’auteur est fraudé de sa louange. »