Jacques 5 - Si quelqu'un souffre
Jacques 5 - Si quelqu'un souffre
« Quelqu’un parmi vous est-il dans la souffrance? Qu’il prie. Quelqu’un est-il dans la joie? Qu’il chante des cantiques. Quelqu’un parmi vous est-il malade? Qu’il appelle les anciens de l’Église, et que ceux-ci prient pour lui, en l’oignant d’huile au nom du Seigneur; la prière de la foi sauvera le malade et le Seigneur le relèvera; et s’il a commis des péchés, il lui sera pardonné. Confessez donc vos péchés les uns les autres, et priez pour les autres, afin que vous soyez guéris. La prière agissante du juste a une grande efficacité. »
Jacques 5.13-16
- Quelqu’un parmi vous est-il dans la souffrance?
- Quelqu’un est-il dans la joie?
-
Quelqu’un parmi vous est-il malade?
a. L’onction d’huile
b. La dimension communautaire
c. Le pardon des péchés
Il y a dans ce passage de la lettre de Jacques des mots qui nous parlent directement : « Si quelqu’un souffre […], si quelqu’un est dans la joie […], si quelqu’un est malade… »
On voit, déjà, que le vécu des chrétiens de cette époque (car il s’agit de chrétiens, ici) ressemble beaucoup au nôtre, malgré tous les changements qui ont pu intervenir par ailleurs. Que de changements, en effet! Et pourtant, rien n’a changé sur le fond. C’est un premier enseignement, notamment pour tous ceux qui s’imaginent qu’à force de progrès, la vie deviendra un jour facile et sans surprises. Si quelqu’un souffre, si quelqu’un est dans la joie…
Il y a un deuxième enseignement, c’est que pour chacune de ces situations mentionnées, la foi est sollicitée d’une manière appropriée : « … qu’il prie, […] qu’il chante des cantiques, […] qu’il appelle les anciens. » On n’est pas des robots; et le Seigneur non plus! Notez que chaque fois la bouche doit s’ouvrir pour exprimer quelque chose.
1. Quelqu’un parmi vous est-il dans la souffrance?⤒🔗
« Parmi vous » : il s’agit de la communauté chrétienne. Le souci de Jacques, comme celui de Paul, ce sont les chrétiens et la communauté qu’ils forment.
« Dans la souffrance » : le mot grec fait penser à une souffrance subie à cause des autres, un mauvais traitement, une forme de persécution. Ne croyons pas que cela n’existe qu’ailleurs. Si nous cherchons à plaire à Dieu en toutes choses, nous serons maltraités de diverses manières (au travail, dans la rue, dans la famille parfois…).
« Qu’il prie. » Que veut dire Jacques? Le temps de souffrance, quelle que soit cette souffrance, est un temps pour s’approcher de Dieu. Pour chercher sa face, comme on dit parfois. C’est aussi cela, la prière. Pour cela, il sera sans doute nécessaire de s’isoler, le temps qu’il faudra. Jésus l’a fait. Qu’il prie : qu’il « entre dans sa chambre et ferme la porte » (voir Mt 6.6)…
« Qu’il prie » : qu’il s’humilie, car la souffrance est toujours une humiliation. Il ne s’agit pas d’inventer des péchés qu’on n’a pas commis; ceux qu’on a commis suffisent. Et même si l’on n’en a pas commis, car Jésus a souffert et il n’avait pas péché, et il s’est humilié. « Il m’est bon d’être humilié, afin que je garde ta parole » (Ps 119.71).
« Qu’il prie », cela signifie aussi : qu’il écoute ce que le Seigneur a à lui dire — et pas seulement qu’il réclame que cela aille mieux. En un sens, c’est le plus important. Si le Seigneur permet une épreuve, de l’opposition, ce n’est pas pour rien. C’est pour nous faire avancer plus loin. Vous n’avez pas l’impression que ce serait souhaitable d’aller plus loin? Mais comment, si l’on n’écoute pas ce que le Seigneur veut nous dire1? Il y a une manière de prier qui est sourde. Ce n’est pas bon. La prière du païen ne fait que demander. La prière du chrétien est aussi une prière qui écoute.
2. Quelqu’un est-il dans la joie?←⤒🔗
« Qu’il chante des cantiques! » Est-ce que nous le faisons? Il y a des personnes qui oublient le Seigneur quand elles souffrent : leur foi est par terre. Il y en a d’autres qui oublient le Seigneur quand elles sont dans la joie. Elles deviennent superficielles, et quelques fois insensées, un peu fofolles — et du coup, leur joie ne dure pas!
Chanter des cantiques, c’est rendre grâce à Dieu, directement (c’est grâce à toi!); ou c’est témoigner de sa bonté, de sa fidélité (c’est grâce à lui!). Dans les deux cas, c’est glorifier le Seigneur, c’est sanctifier son nom — ce qui est le but même de la vie chrétienne! Et ne pas le faire, c’est vivre comme un ingrat, comme un voleur. (Laissons cela à ceux qui ne connaissent pas le Seigneur!)
3. Quelqu’un parmi vous est-il malade?←⤒🔗
« Qu’il appelle les anciens de l’Église. » Est-ce que nous le faisons? Pas toutes les cinq minutes, bien sûr. Mais pas tous les trente ans non plus. Il n’est pas anormal qu’un chrétien soit malade, car il est fait comme tout le monde.
Ceci d’autant plus que le mot « malade », ici, n’a pas le sens limité que nous lui donnons habituellement (la grippe, le cancer…). Il signifie plus exactement faible, abattu, qui n’avance plus2… Vous croyez que cela n’arrive qu’aux non-chrétiens3? Nous sommes faits des mêmes matériaux!
Que dit Jacques? Celui parmi vous qui est faible, languissant, abattu, qui n’arrive plus à avancer, qu’il ne reste pas seul! Passé le temps où (1) il s’est d’abord approché du Seigneur (« qu’il prie »), passé le temps où (2) il a prié avec un frère ou une sœur, (3) « qu’il appelle les anciens de l’Église, et que ceux-ci prient pour lui, en l’oignant d’huile au nom du Seigneur; la prière de la foi sauvera le malade; et s’il a commis des péchés, il lui sera pardonné. » Que devons-nous comprendre par là?
a. L’onction d’huile←↰⤒🔗
Dans la Bible, elle signifie la mise à part et la consécration à Dieu. On pense à l’huile placée sur le lobe de l’oreille, le pouce et le gros orteil (Lv 14.17). On pense au jeune David, oint d’huile par Samuel pour être le futur roi en Israël. Vous voyez : ce n’est pas juste « être guéri »! Ce n’est pas l’huile miraculeuse. L’objectif est d’être de nouveau en mesure de servir le Seigneur, de participer à l’édification du peuple de Dieu, d’être porteur d’un bon témoignage. Faible peut-être, si Dieu le veut (comme Paul l’était), mais pas abattu!
Bien sûr que c’est aussi pour la personne qui a demandé; mais ce n’est pas que pour elle. Paul écrit : « Nul de nous ne vit pour lui-même, et nul ne meurt pour lui-même. Car si nous vivons, c’est pour le Seigneur » (Rm 14.7-8). « Jésus la fit lever en lui prenant la main, et à l’instant la fièvre la quitta. Puis elle les servit » (Mc 1.31).
C’est ce que disent les deux expressions : « La prière de la foi sauvera le malade, le Seigneur le relèvera. » Cela veut dire que le Seigneur va le visiter de telle sorte qu’il ne soit plus abattu, même si l’infirmité ou la faiblesse devaient demeurer (2 Co 12.10). En d’autres termes, un chrétien peut être malade, voire mourant, sans être abattu : il peut demeurer (par la grâce de Dieu et par l’action du Saint-Esprit dans son cœur) un témoin vivant, un reflet de l’amour de Dieu, jusqu’au bout.
b. La dimension communautaire←↰⤒🔗
La dimension communautaire doit toujours être rappelée. Elle indique, elle aussi, que ce n’est pas que pour moi. C’est exactement comme pour la cène : c’est pour moi, c’est vrai, mais c’est aussi et en un sens essentiellement pour le corps qu’est l’Église, uni dans la foi vivante pour le Seigneur!
Rappelons-nous que ce qui touche un membre de l’Église touche toute l’Église (1 Co 12.26). C’est aussi à cause de cela que je ne dois pas accepter d’être abattu de manière durable. Non pas pour moi seulement, mais pour l’Église et pour le Seigneur. Guéri signifie relevé, restauré (2 Ch 7.14) : en mesure de servir.
C’est comme un soldat : s’il est défaillant (ou même négligent), il met ses compagnons en danger et il compromet la mission. Ce n’est pas seulement une question personnelle ou de bien-être! « Puis elle les servit » (Mc 1.31).
C’est une des raisons pour lesquelles il est écrit : « Qu’il appelle les anciens de l’Église. » C’est parce que l’intérêt commun de l’Église est concerné.
c. Le pardon des péchés←↰⤒🔗
« Et s’il a commis des péchés, il lui sera pardonné. » Que voyons-nous? Tout d’abord que le ministère des anciens est un ministère de nature pastorale. Ils ne viennent pas seulement prier pour la guérison. Ils viennent comme des bergers de la part du Seigneur, comme des pasteurs, et s’il y a quelque chose qui ne va pas dans la vie de la personne, quoi que ce soit, c’est le moment de le mettre en lumière. Ce ne sont pas des accusateurs; ce sont des bergers à qui l’on peut tout dire.
La faiblesse, on le sait, n’est pas nécessairement la conséquence d’un péché. Mais il n’est pas exclu qu’elle le soit; et même si elle ne l’est pas, l’humiliation qu’elle entraîne est une posture qui va permettre à Dieu de révéler ce qui peut faire obstacle à une nouvelle consécration, à une mesure de grâce plus grande, à un meilleur service au sein du peuple de Dieu. L’objectif est d’ôter les obstacles qui demeurent; l’objectif est de grandir! Y compris chez celui ou celle qui a déjà beaucoup avancé4.
Aujourd’hui, reconnaissons-le, on est très sensible à la souffrance; beaucoup moins au péché. Cela situe la maturité à un certain niveau… « S’il a commis des péchés, il lui sera pardonné. » Quelle formidable affirmation! Sans reproches, sans esprit de jugement! Mais cela signifie que ces péchés n’ont pas été dissimulés; au contraire, ils ont été mis en lumière, ils ont été reconnus, ils ont été confessés (Ps 32.3-5).
La marche dans la lumière… Jacques la mentionne juste après : « Confessez donc vos péchés les uns les autres, et priez pour les autres, afin que vous soyez guéris » (Jc 5.16). Guéris, c’est-à-dire restaurés pour servir, quelles que soient nos forces.
Notes
1. Dieu dit à Ananias : Va voir Saul, car il prie; c’est un instrument que j’ai choisi (Ac 9.11,15). Il prie = il écoute, enfin!
2. Le mot grec « astheneia » signifie littéralement : « qui ne peut pas tenir debout tout seul ».
3. Paul utilise ce même terme : « Quand je suis faible, c’est alors… » (2 Co 12.10). Le mot signifie : qui ne peut pas tenir debout tout seul! En un sens, c’est la condition des disciples…
4. Un chrétien âgé m’a dit un jour : « Ne priez pas pour que j’aille mieux; priez pour que je sois fidèle. »