Cet article sur 1 Jean 2.1,18-20 a pour sujet la nécessité de devenir comme un petit enfant, faible et dépendant du Christ, pour entrer dans le royaume de Dieu, pour grandir en maturité dans la foi et pour devenir un adulte en Christ.

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1 Jean 2 - Petits enfants

Psaume 131
Matthieu 10.16
Marc 2.1-5
1 Jean 2.18-23

L’apôtre Paul n’était pas marié et il n’a pas eu d’enfant. Cela nous dit que, si avoir des enfants est une belle chose, ce n’est pas la seule manière d’être fidèle et fécond. Cela est important.

Ce qui est frappant, c’est que quand Paul s’adresse à Timothée — qui n’est donc pas son enfant et qui n’est pas non plus un enfant —, il écrit : « Timothée, mon enfant bien-aimé » (2 Tm 1.2).

De même, aucun indice ne nous permet de dire que l’apôtre Jean a été marié. Mais quand il écrit sa première lettre, il s’adresse aux destinataires en écrivant, à plusieurs reprises : Petits enfants, et même : « Mes petits enfants » (1 Jn 2.1). Écrivait-il à des enfants? Pas du tout! Cela nous parle-t-il seulement de l’affection que Paul ou Jean, âgés, voulaient exprimer aux autres chrétiens? Pas seulement.

1. Petits enfants…🔗

Plusieurs passages des Évangiles nous renseignent à ce sujet. Par exemple, Marc rapporte que Jésus a dit au paralytique qu’on lui a amené : « Mon enfant, tes péchés sont pardonnés » (Mc 2.5). Pourtant, ce n’était pas un enfant. Ce n’était pas un enfant, mais… il était porté comme un enfant, sans force, entièrement dépendant des autres. Et dans son acquiescement — car on n’imagine pas cet homme amené contre son gré —, sa posture est celle d’un enfant. Ainsi en est-il du chrétien! Quel que soit son âge, quand un homme ou une femme devient chrétien, il devient comme un enfant : il perd la suffisance, la fierté, l’autonomie qui caractérisent l’adulte qui dirige sa vie. Il devient dépendant, entièrement dépendant1. C’est la position de l’enfant. C’est la position du disciple qui écoute, qui apprend; du chrétien.

Luc nous rapporte un questionnement qui occupait les disciples : « Lequel parmi eux était le plus grand? » (Lc 9.46). Jésus prend alors un petit enfant, le place près de lui, et leur dit : « Celui qui est le plus petit parmi vous tous, c’est celui-là qui est grand » (Lc 9.48). Le modèle a changé! Il faut repasser par la case « enfant ».

Le même épisode est rapporté par Matthieu : « Quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera appelé grand dans le Royaume de Dieu » (Mt 18.4; voir 2 Ch 7.14). Et dans Marc : « Quiconque ne recevra pas le Royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera pas » (Mc 10.15. Pensons à ce que Jésus a dit à Nicodème en Jn 3). Ce n’est pas une question d’âge. C’est une question d’humilité, c’est une question de réceptivité. En réalité, cela nous parle très directement de la foi et de la nouvelle naissance par laquelle un homme ou une femme — quel que soit son âge — devient un enfant de Dieu.

Je mentionne encore une parole de Jésus : « Quiconque donnera seulement un verre d’eau froide à l’un de ces petits parce qu’il est mon disciple, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense » (Mt 10.42). « Un de ces petits parce qu’il est mon disciple » : est-ce une question de taille ou de statut social? Pas du tout. Cela peut désigner une personne de 1,80 mètre ou un chef d’entreprise : le mot « petit » est employé par Jésus comme synonyme de « disciple », exactement.

Est-ce que je me reconnais, dans cette appellation? Tous ceux qui prennent le pain et le vin du repas du Seigneur doivent s’y reconnaître. Sinon, il vaut mieux qu’ils s’abstiennent. En un sens, le péché a fait de moi un grand, dans le sens négatif : personnel, raisonneur, prompt à dire non, prompt à dire « moi je »… Or, il est impossible de vivre la dimension du Royaume de Dieu dans ces conditions. Impossible. Impossible même de recevoir l’amour de Dieu, sa grâce et son pardon.

Celui qui reçoit l’amour de Dieu qui brise et qui relève est définitivement devenu un « petit » aux yeux de Dieu, aux yeux des autres et à ses propres yeux. Un enfant! « Petits enfants », dit Jean, dans notre passage. C’est l’esprit des Béatitudes ou encore du Notre Père (« Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien », Mt 6.11). Le brigand repentant sur la croix est devenu un petit enfant en reconnaissant son péché et en invoquant le nom de Jésus : « Nous avons ce que méritent nos crimes. Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton règne! » (Lc 23.41-42). Son cœur a été circoncis, blessé par la vérité et par l’amour de Dieu.

Le chrétien a été blessé au cœur lors de sa conversion, c’est-à-dire dans toute sa personne. Son cœur a été circoncis et cela se voit dans toute sa manière d’être. Quand on le voit, quand on l’entend, on reconnaît une personne qui a été blessée à salut par le Seigneur, comme Jacob après sa lutte avec l’ange : il a reçu la bénédiction, mais il boitait (Gn 32.25-32).

Dans le Psaume 131, c’est le roi David qui dit : « Éternel, je n’ai ni un cœur qui s’enfle ni des regards hautains. Je ne m’occupe pas de choses trop grandes et trop relevées pour moi. Loin de là, j’ai l’âme calme et tranquille comme un enfant sevré. » C’est un disciple. C’est une brebis auprès de son berger. « L’Éternel est mon berger » (Ps 23.1).

C’est un croyant qui a laissé les mauvais combats et trouvé son repos. « Vous trouverez du repos pour vos âmes » (Mt 11.29). « Ne vous inquiétez donc pas. […] Votre Père sait… » (Mt 6.31-32).

2. Vous n’êtes plus des enfants!🔗

Ceux à qui l’apôtre Jean s’adresse ne sont pas des enfants, et ce qu’il leur dit n’est pas pour rire.

« Petits enfants, vous savez que c’est la dernière heure […] et que plusieurs antichrists sont déjà à l’œuvre. […] Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n’étaient pas des nôtres » (1 Jn 2.18-19).

Malgré leur apparence…

Que dit Jean encore? « Pour vous, vous avez reçu l’onction de la part de celui qui est saint [il parle du Saint-Esprit qu’a reçu chaque chrétien] et vous avez tous de la connaissance » (1 Jn 2.20). Jean est en train de dire à ces chrétiens : Vous n’êtes plus des enfants.

En sommes, il leur dit ceci : Petits enfants, vous n’êtes plus des enfants!

Je crois que c’est ce que devons entendre nous aussi. Est-ce que je peux accepter — moi qui ne suis plus un enfant — que le Seigneur me parle comme à un enfant, de temps en temps? Soit pour me consoler, soit pour me reprendre… Non pas pour que je demeure un enfant, mais pour que je devienne un adulte dans la foi.

J’ai cité Jésus et Jean; je cite Paul maintenant, qui écrit aux chrétiens de Thessalonique : « Nous avons été pour chacun de vous ce qu’un père est pour ses enfants, vous exhortant, vous conjurant de marcher d’une manière digne de Dieu » (1 Th 2.11-12).

La pédagogie de Dieu consiste à dire : Redevenez des enfants et le chemin de nouveau s’ouvrira devant vous; et vous pourrez grandir et devenir réellement des adultes! Retournez à la case « enfant » pour devenir enfin des adultes2!

L’apôtre Jacques le dit autrement : « Humiliez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera » (Jc 4.10). Et l’apôtre Pierre le dit ainsi : « Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu et il vous élèvera au temps convenable » (1 Pi 5.6). Avant d’ajouter : « Votre adversaire, le diable, rôde autour de vous, cherchant qui il dévorera. Résistez-lui avec une foi ferme » (1 Pi 5.8). S’humilier en vue de devenir fort. Être comme un enfant, en vue de devenir enfin un adulte.

Le mot « enfant » a parfois un sens négatif. Nous voyons l’apôtre Paul reprocher aux chrétiens de Corinthe d’être encore des enfants : « Pour moi, frères, ce n’est pas comme à des hommes spirituels que j’ai pu vous parler, mais comme à des hommes charnels, comme à des enfants en Christ » (1 Co 3.1). Nous ne devons pas demeurer des enfants immatures. Nous avons à le devenir, en vue de devenir adultes. On pourrait dire : Être un enfant, c’est la position qui permet d’apprendre et de devenir adulte3.

Paul écrit aux Éphésiens :

« Afin que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, mais que, professant la vérité dans l’amour, nous croissions à tous égards en celui qui est le chef, Christ » (Ép 4.14-15; voir Ga 4.9).

Qu’est-ce que cela signifie? Cela signifie que le chrétien n’est pas appelé à juger les choses par lui-même, selon ses propres sentiments ou ses propres pensées; mais qu’il est appelé à exercer un jugement selon Christ, à partir de Christ, en fonction de sa connaissance intime de Christ.

Paul écrit par exemple : « Frères, ne soyez pas des enfants pour ce qui est du jugement. Pour la malice, soyez des enfants, mais pour ce qui est du jugement, soyez des hommes faits » (1 Co 14.20). Je le transcris avec mes mots : Pour ce qui est de faire le mal, ne faites pas les malins : préservez-vous plutôt, comme des enfants. Mais pour la manière de vous conduire, soyez des adultes, à même de discerner constamment ce qui est juste et ce qui ne l’est pas.

Être adulte tout seul, c’est être dans une impasse; et certains s’y cognent la tête toute leur vie. Nous devons devenir des enfants en Christ pour devenir des adultes en Christ et marcher vers une maturité toujours plus grande, apprenant chaque jour — c’est-à-dire recevant de Dieu instruction en toute occasion —, y compris et peut-être particulièrement de nos échecs (voir Ph 2.15).

Le centenier de Luc 7, dont Jésus a admiré la foi, démontre que celui qui craint Dieu porte à la fois en lui l’image positive de l’enfant modeste et obéissant et de l’adulte qui comprend et qui assume sa responsabilité. Et cela se voit dans cette seule parole qu’il dit : « Moi qui suis soumis à des supérieurs, je dis à mon serviteur : Fais ceci, et il le fait » (Lc 7.8)4.

« Mais vous [dit Jean dans notre passage], vous avez tous reçu l’onction de la part de celui qui est saint, et vous avez tous de la connaissance » (1 Jn 2.20). Qu’est-ce que cela signifie? Vous n’êtes plus aveugles, vous n’êtes plus ignorants! Vous avez été instruits, et celui qui vous enseigne premièrement, c’est le Seigneur par son Esprit, de telle sorte que vous ne croyez plus n’importe quoi; de telle sorte que votre jugement s’affine de plus en plus; de telle sorte que votre foi s’affermit de plus en plus et que vous êtes en mesure de secourir ceux qui sont ébranlés.

De telle sorte que si quelqu’un se présente comme un frère tandis qu’il ne l’est pas, vous vous en rendiez compte, au lieu d’être séduit parce qu’il parle bien! C’est ce que dit Jean : « Cela est arrivé afin qu’il fût manifeste que tous ne sont pas des nôtres » (1 Jn 2.19). Cela signifie qu’il ne s’agit pas d’être sentimental, ou puéril, ou naïf, ou léger, mais de voir les choses et de les comprendre dans l’éclairage de Dieu, d’autant plus que nous approchons des temps de la fin où la séduction sera présente partout. Qu’est-ce que la séduction? C’est quand quelque chose ressemble à la vérité, mais n’en est pas. Et il est écrit que beaucoup seront séduits. Plaise à Dieu que nous ne le soyons pas.

« Seigneur, je veux accepter que tu puisses m’appeler “mon enfant”, quand j’ai besoin d’être consolé, ou si j’ai besoin d’être repris. Je veux même accepter qu’un frère ou une sœur puisse me rejoindre ainsi, s’il le faut. Non pas pour demeurer un enfant, mais pour devenir un adulte dans la foi, plein de force et de sagesse, dans la grâce. »

Notes

1. Une infirmière a répondu à un Monsieur qui ne pouvait pas accepter de devenir dépendant : « Mais nous sommes tous dépendants! »

2. En réalité, la situation est celle-là : l’homme et la femme, en se séparant de Dieu, ont voulu s’émanciper de Dieu et devenir adultes, en quelque sorte. « Vos yeux s’ouvriront et vous deviendrez comme des dieux » (Gn 3.5). Mais dès ce moment-là, Dieu a mis un obstacle devant leurs pas de telle sorte que chacun se trouve comme dans une impasse.

3. On peut observer une certaine inversion aujourd’hui : des adultes se comportent comme des enfants, tandis que les enfants fonctionnent comme des adultes; ils n’écoutent plus, ils n’obéissent plus.

4. Cela apparaît aussi dans l’épisode de Jésus enfant : il parle avec maturité aux docteurs de la loi et répond avec assurance à ses parents, tout en leur étant soumis (Lc 2.49-52).