1 Timothée 4 - Un bon serviteur du Christ-Jésus
1 Timothée 4 - Un bon serviteur du Christ-Jésus
« En exposant cela aux frères, tu seras un bon serviteur du Christ-Jésus, nourri des paroles de la foi et de la bonne doctrine que tu as exactement suivie. Mais repousse les fables profanes, contes de vieilles femmes. Exerce-toi à la piété; car l’exercice corporel est utile à peu de choses, tandis que la piété est utile à tout, elle a la promesse de la vie présente et de la vie à venir. C’est une parole certaine et digne d’être entièrement reçue : nous travaillons et luttons, parce que nous avons mis notre espérance dans le Dieu vivant, qui est le Sauveur de tous les hommes, surtout des croyants. »
1 Timothée 4.6-10
- Introduction
- Une bonne alimentation (v. 6-7a)
- Beaucoup d’exercice (v. 7b-8)
- L’amour du métier (v. 9-10)
- Conclusion
1. Introduction⤒🔗
J’ai une prédication un peu délicate à vous apporter aujourd’hui, parce qu’il y sera essentiellement question… de moi. Enfin pour être exact, le texte que nous allons étudier concerne particulièrement les hommes qui sont engagés à plein temps dans un ministère particulier au service du Seigneur. Je serais donc tenté de tous vous inviter à partir à l’exception de ceux parmi vous dont la profession est pasteur, missionnaire ou secrétaire itinérant régional des GBU. C’est vrai que les quelques versets de notre texte sont vraiment destinés à encourager le jeune pasteur qu’est Timothée. Paul, dans cette partie de sa lettre, veut inciter son jeune apprenti à la persévérance, malgré les difficultés de son travail. Il lui donne quelques conseils pour garder le cap et se garder en bonne santé spirituellement. Mais si vous n’êtes pas dans une situation similaire à celle de Timothée, ce message vous concerne quand même d’au moins deux manières : premièrement, le discours de Paul pourra vous aider à recentrer vos attentes vis-à-vis des pasteurs que vous connaissez, voire à corriger la perception que vous avez de leur travail; deuxièmement, les conseils de Paul pour une bonne santé spirituelle, s’ils s’appliquent aux pasteurs, doivent probablement s’appliquer aussi à la vie de tout chrétien.
Avant de regarder le texte, je voudrais vous parler d’une étude qui a été réalisée par l’Institut Schaeffer, aux États-Unis, sur une période de presque vingt ans. C’est une étude sur les pasteurs, et voici, entre autres, ce que cette étude a révélé. 90 % des pasteurs se sentent fréquemment épuisés. 77 % des pasteurs estiment ne pas avoir un bon mariage. 75 % des pasteurs ont l’impression d’être mal équipés pour leur travail. 71 % des pasteurs luttent contre la dépression. Et un quart des pasteurs seulement trouvent qu’ils sont eux-mêmes adéquatement nourris spirituellement. Si ça, c’est la réalité aux États-Unis, dans un pays où les ressources chrétiennes sont relativement importantes, imaginez ce que ça doit être en France. Cette réalité tranche avec l’idée reçue du pasteur qui travaille un jour par semaine et qui mène une vie pépère. Comment persévérer dans ces conditions? Comment être un bon serviteur de Jésus-Christ, quand on fait un travail apparemment si difficile? Et vous, qu’est-ce qui vous maintient en bonne santé spirituellement, lorsque vous constatez que la vie chrétienne en général, ce n’est pas facile? Eh bien, il n’y a rien de révolutionnaire; voici les trois conseils santé de Paul dans ce texte : une bonne alimentation, beaucoup d’exercice et l’amour du métier. Qu’est-ce que ça veut dire pour le ministère pastoral, et plus largement, pour la foi chrétienne? Eh bien, regardons le texte.
2. Une bonne alimentation (v. 6-7a)←⤒🔗
a. Le contexte←↰⤒🔗
Je vous rappelle que, dans les premiers versets de ce chapitre, Paul a voulu augmenter notre vigilance vis-à-vis des doctrines et des philosophies (notamment religieuses) qui circulent aujourd’hui. Pourquoi? Parce que, comme nous l’avons vu dans une prédication précédente, le danger en ce qui concerne notre foi vient de l’hérésie plus que de la persécution! Et tout au long de ses deux lettres à Timothée, Paul insiste donc sur l’importance de maintenir la bonne doctrine, de rester attaché aux Écritures, bref, de « garder le bon dépôt ».
b. L’importance de la doctrine←↰⤒🔗
Ainsi, au verset 6, encore une fois, Paul rappelle à Timothée combien il est important d’être nourri de la bonne doctrine et de nourrir les autres de cette même nourriture.
« En exposant cela aux frères, tu seras un bon serviteur du Christ-Jésus, nourri des paroles de la foi et de la bonne doctrine que tu as exactement suivie. Mais repousse les fables profanes, contes de vieilles femmes » (4.6-7).
Voilà quelle est la bonne alimentation du pasteur et du chrétien. Paul insiste sur le discernement que Timothée doit exercer entre ce qui constitue la bonne théologie et la mauvaise, entre ce qui est exact et ce qui est mensonger, entre « les paroles de la foi » et les « doctrines de démons », ou pour le dire encore autrement : entre la vérité et le mythe (« fable »).
c. Doctrine et nourriture←↰⤒🔗
Je le disais dans une prédication précédente : nous vivons à l’âge de l’information. Vous allumez votre ordinateur et vous naviguez sur internet, et c’est comme si vous vous promeniez dans un supermarché. Les rayons sont remplis de produits alimentaires différents. Vous voulez rester en bonne santé? Alors, qu’est-ce que vous allez mettre dans votre panier? Paul dit à Timothée qu’un bon serviteur du Christ-Jésus, c’est quelqu’un qui se nourrit de bonne doctrine. Un chrétien qui pense pouvoir se passer de doctrine et de théologie, c’est comme quelqu’un qui pense pouvoir survivre en mangeant exclusivement au McDo.
d. L’orthodoxie prétendument généreuse←↰⤒🔗
Il y a un discours que j’ai régulièrement entendu dans des milieux prétendument chrétiens. C’est le suivant : « Avec toute ta théologie, tu étouffes le Saint-Esprit. » La vérité, c’est que c’est l’absence de théologie qui étouffe le Saint-Esprit. N’est-ce pas le Saint-Esprit qui a conduit les auteurs de la Bible? N’est-ce pas le Saint-Esprit qui nous parle par le moyen de propositions intelligentes et de raisonnements logiques, qui se présentent à nous sous la forme de phrases écrites dans les pages d’un livre? La doctrine n’étouffe pas le Saint-Esprit. La doctrine, c’est l’œuvre du Saint-Esprit.
Vous avez peut-être entendu parler de cette expression très populaire dans certains milieux : « l’orthodoxie généreuse ». L’idée, c’est d’amoindrir, dans l’Église, l’importance de la doctrine en faveur de l’expérience, du relationnel et de l’ouverture. Ça pourrait être bien si Paul ne disait pas à Timothée de suivre exactement la bonne doctrine, de s’en nourrir, de la dispenser aux autres et de repousser ce qui est contraire à cette doctrine. L’orthodoxie généreuse, en réalité, n’est pas généreuse parce qu’elle donne à manger aux gens du Mac Do plutôt que du Bocuse. Premier conseil santé de Paul dans ce texte, pour être un bon serviteur de Jésus, il est important de recevoir une bonne alimentation, c’est-à-dire valoriser la bonne doctrine. La rechercher, l’étudier, la recevoir avec joie lorsqu’elle nous est présentée.
3. Beaucoup d’exercice (v. 7b-8)←⤒🔗
a. L’importance de la discipline personnelle←↰⤒🔗
Deuxième conseil santé de Paul : beaucoup d’exercice! Au verset 8, Paul compare l’exercice de la piété avec l’exercice corporel. « Exerce-toi à la piété; car l’exercice corporel est utile à peu de choses, tandis que la piété est utile à tout » (4.8). Beaucoup de gens pensent que Paul fait référence au sport dans ce verset et qu’il est en train de dire que le sport, ce n’est pas bien. Ce n’est pas vraiment le cas. Par « exercice corporel », Paul pense aux disciplines ascétiques comme le jeûne ou le célibat (contraintes physiques), dont il a déjà été question. Paul est en train de dire que ce genre de contrainte physique peut être utile, mais pas autant que la piété. Et par le mot de « piété », il veut dire la consécration spirituelle à Dieu. Donc, pour résumer, Paul est en train de dire à Timothée : « Travaille à être entièrement consacré à Dieu, parce que ça, c’est vraiment utile pour ta vie et ton service, alors que les diverses contraintes physiques que certains s’imposent sous prétexte de foi en Dieu, ce n’est pas si utile que ça. »
C’est vrai que le mot « exercice », en grec, c’est le mot qui a donné « gymnastique » en français, et c’est une métaphore que Paul emploie pour faire comprendre à Timothée que l’exercice de la piété, c’est l’entraînement dont il a vraiment besoin pour sa vie et son service.
b. Ne pas se tromper de préparation←↰⤒🔗
On parle beaucoup d’entraînement et de préparation dans le milieu du sport. On en parle moins dans le milieu de l’Église! Et pourtant, Paul en parle ici. Paul compare d’ailleurs la vie chrétienne à une compétition sportive. « L’athlète n’est pas couronné s’il n’a combattu suivant les règles » (2 Tm 2.5). « Ne savez-vous pas que ceux qui courent dans le stade courent tous, mais qu’un seul reçoit le prix? Courez de manière à l’obtenir » (1 Co 9.24). Paul dit qu’il ne faut pas négliger un bon entraînement ou s’entraîner en faisant les mauvaises choses. Un peu comme un coureur cycliste qui veut participer au Tour de France, mais dont la principale préparation physique est de taper dans un punching-ball. C’est « utile à peu de choses ».
c. Les disciplines spirituelles←↰⤒🔗
Je suis un jeune pasteur comme Timothée, et je confesse que j’ai tendance à négliger l’exercice de la piété. Ce n’est donc pas étonnant si je me fatigue et si je me décourage. Vous aussi, si vous êtes fatigués et découragés, serait-ce parce que vous manquez d’exercice, pour ainsi dire? Serait-ce parce que vous ne travaillez pas à être entièrement consacré à Dieu? Serait-ce parce que vous négligez les moyens que Dieu a mis à votre disposition pour être « en forme » spirituellement, si j’ose dire, et qui sont, par exemple, la prière, l’étude de la Bible, la participation au culte et la communion fraternelle?
Paul dit que ces choses (dans la mesure où elles constituent l’exercice de la piété) ont « la promesse de la vie présente et de la vie à venir » (4.8). Ce que Paul veut dire, c’est que l’exercice de la piété nous habitue à considérer notre condition présente à la lumière de l’éternité. Calvin dit qu’à travers la piété, si « Dieu nous fait […] sentir ses bienfaits en ce monde, […] c’est […] pour nous donner un goût de sa bonté, et par ce goût nous attirer à désirer les biens célestes, afin que nous prenions notre contentement en ceux-ci ». Vous voyez que ce qu’on appelle les disciplines spirituelles change l’expérience que nous faisons de notre condition présente, car l’exercice de la piété nous fait contempler l’héritage céleste qui est réservé, dans l’éternité, à tous ceux qui confient leur vie à Jésus. Deuxième conseil santé de Paul, donc : beaucoup d’exercice, c’est-à-dire chercher à être entièrement consacré à Dieu grâce aux moyens que Dieu a mis à notre disposition.
4. L’amour du métier (v. 9-10)←⤒🔗
a. Une raison de continuer←↰⤒🔗
Maintenant, voici le troisième conseil santé de Paul : l’amour du métier! Les versets 9 et 10 sont très intéressants, parce que nous voyons que Paul veut dire quelque chose de très important à Timothée. Et ce qu’il veut lui dire est censé donner à Timothée une raison convaincante de persévérer dans un travail qui est très, très difficile.
« C’est une parole certaine et digne d’être entièrement reçue : nous travaillons et luttons, parce que nous avons mis notre espérance dans le Dieu vivant, qui est le Sauveur de tous les hommes, surtout des croyants » (4.9-10).
Paul s’associe à Timothée (ce qui révèle son désir de l’encourager) pour lui dire, littéralement : « Nous nous fatiguons, toi et moi en tant que pasteurs, et nous subissons l’opprobre. Pourquoi? Alors que nous pourrions faire un autre métier, gagner plus d’argent, vivre en sécurité. » Paul lui donne la réponse : « Parce que toi et moi nous avons remis notre vie à Dieu, au Dieu unique et vivant, dont le plan pour le monde est de la plus haute importance. » Paul reconnaît la difficulté particulière de la vocation de pasteur (et plus généralement, de la vocation de tout chrétien), et il veut donner à Timothée l’amour de son métier, une raison de continuer.
b. Témoignages de gens qui font un métier difficile←↰⤒🔗
Il y a beaucoup de métiers difficiles dans le monde. Les gens qui font ces métiers ont généralement une bonne raison de les faire, une raison suffisante pour les motiver à se lever le matin et à se mettre au boulot. Voici par exemple le témoignage d’une femme qui est éducatrice spécialisée :
« Je fais ce métier parce qu’il m’apporte une stabilité d’abord à moi-même. […] J’adore mon boulot, je travaille avec des ados qui sont des “cas sociaux”, et leur contact m’apporte chaque jour; les voir évoluer, changer, grandir me fait grandir. »
Voici le témoignage d’un maçon :
« Ce métier est difficile, mais gratifiant : tous les jours à l’extérieur et par tous les temps, […] le maçon doit manipuler de lourdes charges, travailler en hauteur… Malgré cela, il reste le plaisir de créer et de monter à partir de rien… »
c. Rien de plus important←↰⤒🔗
Voici le témoignage de Paul : « Nous travaillons et nous luttons, parce que nous avons mis notre espérance dans le Dieu vivant, qui est le Sauveur de tous les hommes, surtout des croyants » (4.10). Paul veut que la vie de Timothée soit conditionnée par cette perspective : Dieu est vivant, il a un plan qui concerne tous les hommes, et il va sauver tous ceux qui croient à l’Évangile. C’est comme s’il disait : « Timothée, ton travail est très difficile. Mais l’enjeu est de la plus haute importance! » Et quel est, précisément, cet enjeu? C’est que tout être humain qui n’est pas attaché, par la foi, à Jésus-Christ est destiné à subir, un jour, le juste châtiment de ses fautes.
Ça, c’est la perspective éternelle que Paul maintient sur sa vie présente à travers l’exercice de la piété. Ça, c’est aussi la bonne doctrine que Dieu a révélée dans la Bible, et dont Paul se nourrit. Dieu est un juste juge qui ne laisse pas le péché impuni. Mais Dieu est aussi un Dieu d’amour qui a envoyé son Fils unique dans le monde pour sauver les pécheurs. Sur la croix, Jésus s’est donné en rançon pour délivrer du jugement, que les hommes méritent tous, ceux qui se confient en lui. Et Dieu veut que cette bonne nouvelle soit proclamée à tous les hommes et qu’à travers cette proclamation, les croyants soient sauvés. « Voilà, Timothée, pourquoi nous travaillons et nous luttons. »
5. Conclusion←⤒🔗
Alors, comment être un bon serviteur de Jésus-Christ, quand, en tant que pasteurs, nous faisons un travail apparemment si difficile? Et vous, qu’est-ce qui vous maintient en bonne santé spirituellement, lorsque vous constatez que la vie chrétienne en général, ce n’est pas facile? Nous l’avons vu dans ce texte, Paul nous livre trois conseils santé : une bonne alimentation (c’est-à-dire recevoir, connaître et promouvoir la bonne doctrine), beaucoup d’exercice (c’est-à-dire chercher, par les moyens que Dieu a mis à notre disposition, à lui être entièrement consacré), et l’amour du métier (c’est-à-dire considérer l’enjeu de notre vocation en tant que témoins de Jésus-Christ).
Peut-être que ce discours de Paul vous a aidé à comprendre pourquoi, dans notre Église, nous mettons beaucoup l’accent sur l’exactitude de la doctrine. Pourquoi nous insistons sur l’importance d’assister au culte, mais aussi d’avoir l’habitude, à titre personnel, de lire sa Bible et de prier. Pourquoi, enfin, nous parlons avec tant de gravité du salut que Dieu accorde à tous ceux qui remettent leur vie à Jésus, par la foi. Peut-être aussi ce discours de Paul est-il venu à point nommé dans votre vie, à un moment où vous êtes vraiment découragé et peut-être en proie au doute. Savourez la bonne doctrine que Dieu vous présente dans sa Parole, ces vérités fiables qui sont la nourriture du chrétien. Cherchez la face de Dieu dans la prière, habituez-vous à contempler dès aujourd’hui l’héritage que Dieu vous réserve dans l’éternité, si vous avez placé votre confiance en Jésus-Christ. Certes, la vocation chrétienne est parfois difficile, mais le jeu en vaut la chandelle.