Conçu du Saint-Esprit, né de la vierge Marie
Conçu du Saint-Esprit, né de la vierge Marie
Que veut dire : conçu du Saint-Esprit et né de la vierge Marie?
Que le Fils éternel de Dieu, qui est vrai Dieu de toute éternité et demeure tel1, a pris, par l’œuvre du Saint-Esprit2, une vraie nature humaine de la chair et du sang de la vierge Marie3, afin d’être la vraie descendance de David4, semblable à ses frères en toutes choses5, le péché excepté6.
1. Jn 1.1; Jn 10.30-36; Jn 17.5; Rm 1.3-4; Rm 9.5; Col 1.15-17; 1 Jn 5.20.
2. Lc 1.35.
3. Mt 1.18-23; Jn 1.14; Ga 4.4-5; Hé 2.14.
4. 2 S 7.12-16; Ps 132.11; Mt 1.1; Lc 1.32; Rm 1.3.
5. Ph 2.7; Hé 2.17.
6. Hé 4.15; Hé 7.26-27.Catéchisme de Heidelberg, Q&R 35
- Vrai Dieu et vrai homme
- Il a choisi de devenir homme
- Il savait ce qui l’attendait
- Il est véritablement homme et il a réellement souffert
- Il peut compatir
Les différentes étapes de la vie et du ministère de Jésus constituent le cœur du Symbole des apôtres, tel que traité dans notre Catéchisme. L’œuvre de Jésus-Christ nous est décrite sous deux angles distincts : tout d’abord sous l’angle de son humiliation, présentée en cinq étapes : sa conception du Saint-Esprit et sa naissance de la vierge Marie, ses souffrances, sa mort, son ensevelissement, sa descente aux enfers. Son œuvre est ensuite décrite sous l’angle de son exaltation, présentée en quatre étapes : sa résurrection, son ascension, son règne actuel, son retour glorieux. Durant tout son ministère, sur terre ou dans le ciel, son œuvre montre merveilleusement qu’il est Jésus, le Sauveur, le Christ Messie, le Fils de Dieu et le seul Seigneur. Considérons cette fois-ci la première étape de son humiliation : sa conception et sa naissance.
Quand nous regardons de plus près les Évangiles, nous nous apercevons qu’ils parlent en fait très peu de la naissance de Jésus. Seuls deux Évangiles en font mention assez brièvement, soit Matthieu et Luc. Marc et Jean n’en parlent même pas. Les évangélistes nous ont rapporté beaucoup plus de détails concernant ses souffrances que sa naissance. La dernière semaine de sa passion nous est longuement présentée dans chacun des quatre Évangiles, plusieurs chapitres (près du tiers des Évangiles) étant consacrés à cette étape décisive de son ministère terrestre qui l’a mené à la croix. Quant au Symbole des apôtres, la naissance de Jésus est traitée dans un seul article sur douze.
Toute l’importance que nous accordons à la fête de Noël nous semble disproportionnée par rapport aux autres fêtes chrétiennes, telles que le Vendredi saint, Pâques, l’Ascension et la Pentecôte, dont on entend si peu parler. Nous devons porter particulièrement attention à ne pas axer la naissance de Jésus sur les sentiments, comme si nous avions besoin d’une atmosphère spéciale. Encourageons-nous à célébrer la fête de Noël de façon très sobre. L’incarnation de Jésus est avant tout une doctrine de la Bible, une doctrine fondamentale de l’Évangile du salut. Il est important de garder cette perspective si nous voulons être témoins fidèles de Jésus-Christ dans le monde.
1. Vrai Dieu et vrai homme⤒🔗
Nous confessons avec joie la pleine divinité de Jésus. Il est le Fils unique de Dieu, le Fils éternel, naturel et unique de Dieu. Il est Seigneur, le « Kurios », c’est-à-dire Yahvé, Dieu lui-même, le Dieu de l’alliance, fidèle à ses promesses. Cependant, dans cette alliance, Dieu a fait la promesse d’une descendance de la femme. Cette promesse se trouve en Genèse 3.15 : « Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : Celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui écraseras le talon. » Quelqu’un allait naître de la femme pour venir écraser la tête du serpent. Le Sauveur devait être assez fort pour écraser le diable; en même temps, il devait être un homme comme nous.
Cette promesse du Sauveur s’est précisée tout au long de l’histoire de la révélation. Abraham reçut la promesse que sa descendance deviendrait une source de bénédiction abondante pour toutes les nations. « Toutes les nations de la terre se diront bénies par ta descendance » (Gn 22.18). Le Sauveur promis devait venir de la tribu de Juda (Gn 49.10). David reçut la promesse d’une descendance royale à travers laquelle le grand Roi allait venir (2 S 7.12-16). Le Sauveur annoncé devait être vrai homme, fils d’Abraham et fils de David, et en même temps vrai Dieu éternel et tout-puissant. Il devait naître d’une vierge (És 7.14) à Bethléem (Mi 5.1), lui « dont l’origine remonte au lointain passé, aux jours d’éternité » (Mi 5.1). Vrai Dieu et vrai homme, en vérité, comme le prophète Ésaïe l’a si admirablement prophétisé :
« Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la souveraineté reposera sur son épaule; on l’appellera admirable Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix » (És 9.5).
L’ange Gabriel est venu annoncer à Marie qu’elle verrait s’accomplir cette promesse afin que Jésus vienne sauver son peuple de ses péchés :
« Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès du Seigneur. Voici : tu deviendras enceinte, tu enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père. Il régnera sur la maison de Jacob éternellement et son règne n’aura pas de fin. Marie dit à l’ange : Comment cela se produira-t-il, puisque je ne connais pas d’homme? L’ange lui répondit : Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra sera appelé Fils de Dieu » (Lc 1.30-35).
Cette conception miraculeuse et cette naissance d’une vierge s’appellent l’incarnation du Fils de Dieu. Le Fils éternel de Dieu est entré dans le sein de la vierge Marie par l’action puissante et miraculeuse du Saint-Esprit. Il a pris sur lui la nature humaine de Marie tout en restant Dieu. Jésus est donc à la fois vrai Dieu et vrai homme, Emmanuel, « Dieu avec nous ».
« Que veut dire : conçu du Saint-Esprit et né de la vierge Marie? Que le Fils éternel de Dieu, qui est vrai Dieu de toute éternité et demeure tel, a pris, par l’œuvre du Saint-Esprit, une vraie nature humaine de la chair et du sang de la vierge Marie… » (Q&R 35).
Il est « vrai Dieu de toute éternité » et il « a pris une vraie nature humaine ». Il est vrai Dieu et vrai homme, possédant pleinement deux natures unies et désormais inséparables, et en même temps distinctes et non confondues, « sans confusion ni changement, sans division ni séparation », comme l’affirme la Déclaration de Chalcédoine de 451.
2. Il a choisi de devenir homme←⤒🔗
Nous avons tous été conçus, nous avons tous une date de naissance. Aucun de nous n’a cependant eu un seul mot à dire à ce sujet. Nous n’avons pas été consultés avant de venir au monde. Nous n’avons pas soumis de demande non plus! Notre conception et notre naissance se sont produites sans notre collaboration. Même si nos parents ont nécessairement été impliqués dans notre naissance, ce ne sont pas eux non plus qui nous ont donné la vie. Les parents peuvent choisir d’avoir des enfants ou pas, mais en fin de compte, c’est Dieu qui nous a donné la vie et qui nous a placés dans notre famille.
Le cas de Jésus est différent, il est unique au monde. Jésus est né dans ce monde de son propre choix. Notre texte nous dit qu’il « a pris une vraie nature humaine ». Il s’agit là d’un acte libre et souverain! Avant sa conception dans le corps de Marie, Jésus avait une « préhistoire », une préexistence éternelle. Jésus a choisi consciemment, volontairement, de prendre sur lui notre nature humaine. L’auteur de la lettre aux Hébreux, en citant le Psaume 40, nous parle de Jésus quand il est entré dans le monde : « Voici, je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté » (Hé 10.7). Le Père a envoyé son Fils dans le monde et le Fils est venu dans le monde. Il est venu de son propre choix. Il n’a pas été forcé.
Nous n’avons pas choisi de naître; nous n’avons pas choisi notre famille, notre pays, l’année de notre naissance, etc. Si nous pouvions choisir, certains choisiraient d’autres conditions, certains choisiraient même de ne pas naître, comme Job qui a maudit le jour de sa naissance. Jésus, lui, a choisi de laisser sa gloire céleste pour venir vivre dans ce monde corrompu au temps voulu.
3. Il savait ce qui l’attendait←⤒🔗
Jésus devait être complètement insouciant ou bien très déterminé! Nous ne savons pas ce que la vie nous réserve. Nous faisons des projets, nous avons des espoirs, nous vivons parfois des déceptions. Pour ce qui est de Jésus, avant même de revêtir notre humanité, il savait exactement ce qui l’attendait sur terre. Il connaissait parfaitement les exigences de son Père : Il devait vivre dans une obéissance parfaite à ses commandements, dans une justice et une sainteté impeccables. En même temps, le Seigneur Jésus savait très bien que le monde était corrompu par le péché. C’est justement pour expier nos péchés qu’il est venu sur terre. Il savait ce qui l’attendait : le rejet, la haine des hommes, la couronne d’épines, les clous sur la croix, l’agonie effroyable, la terrible colère de Dieu déversée sur lui à cause de nos péchés. Tout cela, il le savait d’avance.
Les prophètes de l’Ancien Testament en avaient déjà parlé. Jésus était bien au courant de ce que le prophète Ésaïe, au chapitre 53, avait annoncé d’avance à son sujet : « Homme de douleur et habitué à la souffrance » (És 53.3). Et pourtant, Jésus n’a pas hésité un seul instant : « Voici, je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté. » C’était son désir le plus grand, faire la volonté de son Père! Si nous savions d’avance ce qui nous attend, bien souvent nous refuserions d’y aller. Jésus connaissait sa description de tâche dans tous ses détails et il l’a acceptée consciemment, joyeusement, sans réserve. Quel amour insondable! Qui peut comprendre et apprécier cet amour à sa juste valeur? Qui peut mesurer la largeur, la longueur, la profondeur, la hauteur de son amour?
4. Il est véritablement homme et il a réellement souffert←⤒🔗
Il a pris notre nature humaine. Était-ce seulement une apparence de nature humaine? Il y a des gens dans l’histoire de l’Église qui ont pensé que Jésus a fait semblant d’être homme sans l’être véritablement (par exemple ceux qui ont enseigné le docétisme). Cela signifie qu’il aurait eu seulement l’apparence de souffrir et de mourir. Il aurait fait semblant d’avoir soif, d’être fatigué, d’agoniser, etc. Tout cela n’aurait été qu’une pièce de théâtre, comme un acteur qui fait semblant de souffrir atrocement. Cette idée est tout à fait contraire à l’enseignement des Écritures saintes.
Toute sa vie humaine et toutes ses souffrances étaient bien réelles pour Jésus : « Christ a souffert dans la chair » (1 Pi 4.1); « Christ a souffert pour vous » (1 Pi 2.21). Il a réellement marché sur cette terre, il a réellement souffert dans son corps et dans son âme. Il est réellement mort, car il était réellement homme. En même temps, il est toujours demeuré vrai Dieu : « Il est vrai Dieu de toute éternité et demeure tel » (Q&R 35). Il a gardé sa toute-puissance. C’est ce qui lui a permis de supporter le poids de la colère de Dieu, d’affronter la mort et de remporter la victoire. Jean nous dit qu’un des tests de la foi, c’est de voir si nous confessons Jésus-Christ venu en chair (1 Jn 4.3).
5. Il peut compatir←⤒🔗
Il nous arrive de dire ou d’entendre des gens nous dire : « Personne ne peut me comprendre, personne ne peut comprendre mon problème ou l’épreuve que je traverse. » Que penser d’une telle affirmation? Il est vrai que si je n’ai jamais eu d’enfant handicapé, j’aurai plus de difficulté à comprendre des parents qui en ont un; que si je n’ai jamais eu de problèmes de santé, je serai moins porté à manifester de la compassion envers des personnes malades, etc. Si, au contraire, j’ai déjà vécu ce genre d’épreuves, je pourrai dire : « Oui, je sais très bien, je connais ça, je suis déjà passé par là. » Jésus, lui, s’est fait homme véritable. Il a eu un corps humain, une âme humaine, il a été fatigué, il a eu soif, il a eu faim, il a eu des émotions, il a eu des angoisses, il a pleuré, il a souffert, il a affronté les puissances de l’enfer, l’atrocité de la mort. Il peut donc compatir, car tout en demeurant pleinement Dieu, il s’est fait de même nature humaine que nous.
L’auteur de l’épître aux Hébreux nous dit que Jésus s’est fait semblable en toutes choses à ses frères.
« Aussi devait-il devenir, en tout, semblable à ses frères, afin d’être un souverain sacrificateur miséricordieux et fidèle dans le service de Dieu, pour faire l’expiation des péchés du peuple » (Hé 2.17).
Le même auteur ajoute cette parole de grand réconfort :
« Car nous n’avons pas un souverain sacrificateur incapable de compatir à nos faiblesses, mais il a été tenté comme nous à tous égards, sans commettre de péché » (Hé 4.15).
Il a été tenté exactement comme nous! Nous oublions souvent qu’il est devenu comme nous et qu’il nous comprend. Les enfants, par exemple, peuvent penser que Jésus n’a jamais eu de problèmes avec ses parents sur terre. En réalité, la Bible nous dit que Jésus a dû apprendre l’obéissance (Hé 5.8).
Pensons par exemple à l’incident dans le temple à l’âge de 12 ans. Jésus aurait eu l’occasion de dire du mal de ses parents, mais il ne l’a pas fait. Et que dire de son adolescence? La Bible n’en dit rien, sauf qu’il a grandi « en sagesse, en stature et en grâce, devant Dieu et devant les hommes » (Lc 2.52). En tant qu’être humain, Jésus a dû traverser les étapes de la puberté, avec tous les tiraillements que cela comporte. Nos adolescents et leurs hormones vivent des tensions et des tentations qui peuvent les amener à pécher. Jésus comprend. Il est passé par là, sans toutefois pécher! Il comprend nos problèmes et nos tentations, quelles qu’elles soient. Il a fait face à des tentations bien pires que les nôtres. La seule différence d’avec nous, c’est qu’il n’a jamais succombé. Il est toujours resté libre par rapport au péché, car il est également Dieu. Il a obtenu la victoire sur le diable et sur les tentations. Il peut donc compatir à nos faiblesses et à nos difficultés. Nous pouvons en tout temps trouver grâce et obtenir le secours dont nous avons besoin auprès du trône de Dieu!