Connaître et aimer Jésus-Christ
Connaître et aimer Jésus-Christ
La lecture et l’étude des saintes Écritures offrent la source exclusive de notre connaissance de la personne de Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur, ainsi que la condition essentielle pour l’accroissement de notre foi, pour la constance dans l’espérance, pour l’obéissance dans l’amour.
Elles nous assurent la présence du Seigneur et nous maintiennent dans son intimité. Comment grandirions-nous dans la connaissance de sa vérité libératrice, comment rendrions-nous possible notre sanctification si nous négligions la pratique quotidienne de la lecture des Écritures, Parole de Dieu, pain quotidien de notre vie spirituelle? Lire et méditer la Bible n’est pas l’occupation exclusive du pasteur ou du théologien professionnel de la foi; elle est le privilège de chaque croyant, fidèle disciple de Jésus-Christ. C’est une grâce que de la fréquenter et aussi une règle constante qu’il faut pratiquer si nous ne voulons pas subir les graves conséquences au plus profond de la foi, de notre piété, de notre vie religieuse intime.
La vie chrétienne est essentiellement notre relation avec lui, le Berger suprême de nos âmes et l’Époux divin de nos cœurs. « Christ en vous, l’espérance de la gloire », écrivait saint Paul (Col 1.27), soulignant la réalité de l’intime union du disciple avec son Maître. Pour que cette union se développe et se consolide, il nous faut par conséquent le connaître, tel qu’il est, selon les données de sa propre Parole, dans les règles d’une Écriture qui, seule, révélera et précisera la nature de cette intime communion avec lui.
Ce sont les pages du Livre saint qui développeront notre connaissance du Christ, et alors notre amour pour lui augmentera en proportion; ce sont les pages divinement inspirées du recueil de l’Ancien et du Nouveau Testament qui, en nous rappelant les récits de sa vie, le sens de son ministère, la nécessité de sa passion et la gloire de sa résurrection, nous assisteront pour mieux le connaître, l’aimer plus sincèrement, le suivre avec joie, le servir d’un zèle plus intense; nulle part ailleurs qu’ici, dans ce livre unique, son livre à lui, se trouve ce moyen de grâce, comme aimaient le qualifier nos pères dans la foi, les réformateurs.
Un auteur chrétien écrivait naguère :
« Vous le savez bien : pour vos affections humaines, l’amour ne grandit qu’avec la connaissance et que par elle. Il en va de même pour notre attachement au Christ. Plus la connaissance demeure insatisfaite, plus l’amour devient exigeant, jusqu’à l’instant où l’amour lui-même augmente la connaissance. Le chrétien s’avance alors vers le bienheureux moment que l’apôtre entrevoyait déjà avec l’indomptable certitude de celui qui a été saisi par le Christ, où la perfection de la connaissance sera dans la perfection de l’amour. »
Pour aimer le Christ, il faut le connaître. Pour le connaître, il faut l’aimer. Si nous cherchons à le connaître dans la lecture des pages des saintes Écritures, nous nous sentirons infailliblement, en vertu même de cette soif qui nous dévore, attirés et comme enveloppés par la grâce du Christ pour nous. Et nous lui répondrons par notre amour. Selon Jean Calvin, le grand réformateur français, le témoignage du Saint-Esprit et sa persuasion intérieure viennent confirmer à notre cœur de croyants la véritable interprétation de l’Écriture. À cause de cette règle, cette condition essentielle de notre intelligence du sens du message biblique, nous ne nous laisserons plus emporter par les trouvailles d’une logique humaine fallacieuse ni, et à sa suite, égarer dans des interprétations pouvant nous éloigner de la personne du Sauveur et de son ministère de divin Rédempteur descendu du ciel « pour nous les hommes et pour notre salut ». Nous ne nous embourberons pas dans des discussions byzantines sur des points mineurs; sa Parole et son Esprit Saint, eux, nous conduisent infailliblement, clairement et avec autorité vers celui que nous sommes appelés à connaître et à aimer.
Ce n’est donc ni une Église autoritaire qui doit dicter à notre foi et imposer à notre conscience ce que nous devons accepter des Écritures; ce ne sont pas davantage des théologiens enivrés de leur savoir et égarés par leur imagination, qui nous proposeront les articles d’une foi prétendument moderne, « mise à jour », mais en réalité vidée de son sens rédempteur. Non! Ni l’Église doctrinaire ni le savant en théologie ne réussiront à nous enlever notre bien-aimé Maître et à le placer là où eux-mêmes ne savent où!
Le combat de la Réforme fut précisément le combat pour la défense, la réhabilitation et la reconnaissance de l’Écriture comme seule source d’autorité; la formule latine l’exprimait bien : Sola Scriptura, afin que ne demeure comme objet de connaissance et comme sujet d’adoration que le Christ seul. Solo Christo, disaient-ils encore, c’est-à-dire que c’est par le Christ seul que nous obtenons le salut et non point par des enseignements équivoques, humains; trop humains pour avoir une valeur salvatrice. Le Christ seul, dans l’Écriture seule, telle est notre devise de chrétiens évangéliques, et cela ne veut pas dire que tout protestant est virtuellement un pape Bible en main!
La Réforme fut le retour à la Bible, le droit à la Bible pour chacun, afin que par le témoignage et la persuasion intérieure du Saint-Esprit, le croyant ait un accès direct à la personne du Christ, son Seigneur, et qu’il l’aime et le serve de tout son cœur, de toute sa pensée, de toute sa force et avec toute son âme.
C’est pour cette raison que des humanistes chrétiens, à l’exemple de l’un des plus grands, quoique parmi les moins connus, le Français Jacques Lefebvre d’Étaples, l’avaient admirablement compris. Lui qui avait entrepris de traduire pour le peuple de France quelques-uns des livres de la Bible, « ordonnés, écrit-il, en langue vulgaire… [c’est-à-dire celle du peuple], afin que les simples membres de Jésus-Christ puissent être aussi certains de la vérité évangélique que ceux qui l’ont en latin ». Et ailleurs :
« Que les hommes et leurs doctrines ne sont rien sinon d’autant qu’elles sont corroborées et confirmées de la Parole de Dieu. Mais Jésus-Christ est tout. Il est tout homme et toute divinité, et tout homme n’est rien sinon en lui, et nulle parole d’homme n’est rien sinon en parole de lui. »
Et de nouveau, ailleurs :
« Et si certains disent qu’il vaut mieux lire les Évangiles… en ajoutant, diminuant ou exposant, et qui par ainsi sont plus élégants, se peut répondre qu’on n’a pas voulu aucunement user de paraphrase, crainte de bailler [c’est-à-dire donner] autre sens que le Saint-Esprit avait suggéré aux évangélistes; pour cette cause, user de paraphrase en traduisant la Parole de Dieu est chose périlleuse. Et sachez que ce que plusieurs estiment élégance humaine est inélégance et parole fardée devant Dieu. Qui est-ce donc celui qui n’estimera être chose due et convenante à salut d’avoir ce Nouveau Testament en langue vulgaire? Qui est chose plus nécessaire à vie, non point de ce monde, mais à vie éternelle? Et qui est-ce qui défendra aux enfants d’avoir, voir et lire le Testament de leur père? »
Paroles admirables que le chrétien le plus simple devrait rappeler aux modernes décortiqueurs de la Bible, comploteurs contre la foi chrétienne véritable, fossoyeurs de celle-ci, car ils empêchent d’aimer le Christ tel qu’il s’offre à nous sur les pages de la Bible. Quelle que soit d’ailleurs leur confession, mais surtout s’ils sont protestants. Chez ces derniers, la chose me paraît encore plus grave, puisqu’ils ont trahi l’héritage de la Réforme, l’Église de la Parole, ou encore à ceux qui, se voulant de nos jours évangéliques, produisent des paraphrases indigentes du Nouveau Testament. J’ai sous les yeux, éditée à grands frais par de mercantiles maisons d’édition, une ahurissante paraphrase de la Bible sous le titre La Bible vivante, traduite de l’américain et importée chez nous comme si ma Bible synodale, ou celle de Martin, ou même la version Louis Segond n’avaient pas été des Bibles vivantes! Nous trouvons encore sur le marché ce Nouveau Testament, dit « Version nouvelle pour notre temps », préfacée et produite par un professeur d’un Institut biblique en Suisse, et que le fondateur, que j’ai connu dans ma jeunesse, aurait certainement désavoué, car il était un homme profondément attaché aux Écritures…
L’auteur que je citais plus haut écrivait encore :
« Mais ce ne sont pas seulement les précurseurs de la Réforme ni ses docteurs ou ses théologiens qui ont découvert et formulé le double fondement de la certitude chrétienne et de la vie chrétienne : la Bible et le Saint-Esprit. Ce double témoignage a subi victorieusement l’épreuve de l’expérience, l’épreuve du feu. En effet, le témoignage rendu à la Bible par les martyrs est unanime. Un historien le reconnaît : On ne revient pas de surprise en lisant les interrogations de ces hommes, pour la plupart d’humble naissance, de les entendre défendre les doctrines évangéliques avec une précision, une vigueur, une habileté que pourraient leur envier les théologiens de profession. Aux prises avec les docteurs (catholiques) qui avaient à leur disposition à la fois la science et la sophistique des écoles, ils ne pouvaient l’emporter sur eux que par la supériorité de leurs connaissances bibliques, et cette supériorité-là, ils l’eurent. Incontestable, écrasante. »
Voici un exemple entre mille qui nous montre où ces géants, tout ensemble de la foi chrétienne et de l’histoire, puisaient leur profonde sérénité, leur divine confiance à l’heure de la mort. Le pasteur Aymon de la Voye exhortait ainsi les étudiants de Bordeaux, accourus pour le voir mourir :
« Mes frères, Messieurs les étudiants, je vous en prie, étudiez l’Évangile; il n’y a que la Parole de Dieu qui demeure éternellement. Apprenez à connaître la volonté de Dieu, et ne craignez pas ceux qui n’ont puissance que sur le corps et n’ont point de puissance sur l’âme. »
La connaissance que les martyrs avaient du Christ augmentait par la lecture et la méditation des saintes Écritures, et leur amour pour le Seigneur était proprement sans bornes. Ils connaissaient d’expérience cet article fondamental de la foi : être en Christ était un article non professé dans une langue de bois, mais confessé dans des langues de flammes, celles du martyre. Ils étaient assidus à l’école de la Bible; ils bâtirent une Église de la Parole, que certains de leurs héritiers démolirent brique par brique avec leurs marteaux du pseudo-progressisme, ripolinés d’un modernisme de pacotille, s’acharnant fiévreusement à fabriquer une Réforme frauduleuse.
Si vous voulez connaître le Christ, aimer votre Sauveur, adorer le divin Rédempteur Fils du Père, lisez votre Bible et demandez à son Esprit d’éclairer votre intelligence, et d’éclairer aussi celle de votre Église, afin de la conduire vers le Christ et de lui enseigner tout ce qui concerne notre Seigneur et notre Dieu.