« Le jardin d’Éden était-il le paradis? Si oui, pourquoi a-t-il disparu? »

Question d’un correspondant

Le premier livre de la Bible, la Genèse, nous présente en effet le jardin d’Éden comme le paradis terrestre, comme la création divine dans un état encore parfait. Le premier couple humain y vivait jusqu’à l’événement catastrophique qu’il a amorcé, cette rupture de confiance entre Dieu et l’homme due à sa rébellion. Rupture qui a signifié un changement radical de condition pour l’homme, la femme et leur descendance. Désormais, tout serait marqué par une brisure, une cassure : les relations entre hommes et femmes (on ne le voit que trop dans la vie courante), les relations entre les humains et leur environnement, dont nous sommes aussi quotidiennement les témoins, la relation entre les humains et leur Créateur, qui se manifeste par le rejet de Dieu par les hommes, ou sa substitution par toutes sortes d’idoles destructrices. En bref, la mort est entrée dans le monde par le biais de cette rupture de confiance, cette désobéissance.

Cet endroit que la Genèse nomme le jardin d’Éden ne pouvait donc plus être conservé comme tel. Nous lisons au chapitre trois ce qui suit :

« L’Éternel Dieu dit : Maintenant que l’homme est devenu comme l’un de nous pour la connaissance du bien et du mal, évitons qu’il tende la main pour prendre aussi de l’arbre de vie, en manger et vivre éternellement. L’Éternel Dieu le renvoya du jardin d’Éden, pour qu’il cultive le sol d’où il avait été tiré. Après avoir chassé l’homme, il mit à demeure à l’est du jardin d’Éden les chérubins et la flamme de l’épée qui tournoie, pour garder le chemin de l’arbre de vie » (Gn 3.22-24).

Mais qui ou que sont ces chérubins? Certainement pas de petits angelots bien dodus, comme on les a représentés pendant des siècles dans la peinture occidentale. Dans l’Antiquité orientale, les chérubins étaient des créatures au corps de lion ou d’animal et à la tête humaine. Sous forme de sculptures, ils servaient de gardiens des temples, des sanctuaires, ils en gardaient et protégeaient l’accès.

Donc on voit que la Genèse considère le jardin d’Éden comme un sanctuaire, le lieu sacré de la présence divine et de la communion entre Dieu et les hommes. Lieu saint par excellence donc, mais profané par la désobéissance des hommes. L’arbre de vie qui représente le cœur de la présence divine au sein de ce sanctuaire ne doit pas être profané davantage, il doit être tenu à l’écart des hommes rebelles. Raison pour laquelle l’accès au jardin est désormais rendu impossible¹. L’épée, elle, est le symbole de la justice et du jugement divins. Elle tournoie afin d’empêcher aussi l’accès à ce sanctuaire.

Cela signifie-t-il que les hommes seront à toujours privés de l’accès à l’arbre de vie? La révélation apportée par la Bible nous enseigne le contraire. Dieu viendra restaurer la communion avec lui, il se choisira un peuple et le conduira vers la vie éternelle. Son Fils Jésus-Christ, source de vie pour tous ceux qui croiront en lui, est présent auprès du fleuve et de l’arbre de vie au chapitre 22 du dernier livre de la Bible, l’Apocalypse. Voici comment Jean décrit cette vision du paradis restauré :

« Finalement, l’ange me montra le fleuve de la vie, limpide comme du cristal, qui jaillissait du trône de Dieu et de l’Agneau. Au milieu de l’avenue de la ville, entre deux bras du fleuve, se trouve l’arbre de vie. Il produit douze récoltes, chaque mois il porte son fruit. Ses feuilles servent à guérir les nations. Il n’y aura plus aucune malédiction. Le trône de Dieu et de l’Agneau sera dans la ville. Ses serviteurs lui rendront un culte : ils verront sa face et porteront son nom sur leurs fronts. Il n’y aura plus jamais de nuit. On n’aura donc plus besoin ni de la lumière d’une lampe, ni de celle du soleil, car le Seigneur Dieu répandra sur eux sa lumière. Et ils régneront éternellement » (Ap 22.1-5).

Note